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Mes Univers
12 août 2008

De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux : Pages 910 - 915

France_au_moyen_ageEn même temps, les questions de financements prennent une nouvelle dimension. La couronne est au-dessus du roi, qui, lui même, ne doit rendre des comptes qu’à Dieu et à la « communauté du royaume ». Les règles de succession doivent être fixes et stables, les finances saines, et les lois justes.

A la même époque, aussi, le mathématicien et philosophe Nicole Oresme rédige un traité, « De la monnaie », où il affirme que les ressources propres du souverain doivent être distinctes des finances publiques, et que la monnaie doit être stable. Il permet cependant des « mutations » - dévaluations – monétaires, si c’est pour le bien du royaume.

De son coté, l’expérience chrétienne, sous l’impulsion des Ordres mendiants d’abord, puis des Mystiques, s’individualise. La pratique de la prière solitaire et, dans les couches cultivées de la population, celle de la lecture des livres d’heures ou d’ouvrages de dévotion se répand. A la crise qui secoue la société en tous sens, ses différentes composantes répondent par l’affirmation et l’approfondissement de leur identité. Cette société mouvante, fractionnée, est sensible aux idées nouvelles : la « dévotion moderne » des clercs des Pays-Bas, l’Humanisme des Italiens, s’implantent profondément en France. Tous ces mouvements accélèrent une mutation dans laquelle l’hérésie a sa part.

En 1306, Weden Ara’ad d’Ethiopie – le fils de Yagba Zion -, envoie une ambassade d’une trentaine de personnes en Avignon. Celle-ci y rencontre bientôt le pape Clément V. Elle lui présente ses respects en compagnie de 74 rois et d’innombrables princes. Elle le prévient que les membres de l’Ordre du Temple en poste dans leur pays, préparent un plan afin de s’emparer de l’Arche d’Alliance. Et ils affirment que ceux-ci aimeraient ramener la relique dans une de leur Commanderies française.

Aussitôt, Clément V prend peur. Il réalise qu’une Relique aussi Sacrée conférerait aux Templiers de quoi défier les autorités séculières et religieuses d’Occident ; ce qu’il ne peut tolérer. Il en appelle alors à Philippe le Bel. Il lui demande d’anéantir l’Ordre du Temple ; mais sans prévenir celui-ci en ce qui concerne l’Arche d’Alliance. Et, en contrepartie, il accepte ce qu’il a refusé au roi de France jusqu'à maintenant : l’aider à récupérer les trésors que les Moines-Soldats cachant dans leurs citadelles éparpillées sur son territoire.

En 1310, malgré l’Inquisition, les Mages habitant le pays continuent toujours de conjurer des Entités Démoniaques. Par l’intermédiaire de pentacles multicolores et de fumigations, ils appellent à eux des Spectres des Ténèbres, qui produisent pour eux du tonnerre, de la foudre, ou d’autres phénomènes du même genre. En énumérant les choses que ceux-ci ont faites par le passé, puis en vaporisant sur les Symboles dessinés au sol, des parfums de Coriandre et de Jusquiame, ils les font surgir sous la forme de Génies. Ils les obligent à se métamorphoser en créatures étranges et multiformes grâce essences de Calaman et de Safran, ainsi que grâce à du sperme de baleine qu’ils ont étalé sur le sol.

De fait, combinée avec la figure, chaque espèce de Diable a son arôme et son signe stellaire spécifique : Asmodée, le Destructeur, la myrrhe et le Bélier ; Astaroth, le pourvoyeur des richesses, la curiandre et le Taureau ; Belzébuth, le prince des Démons, la jusquiame et les Gémeaux ; Léviathan, le Grand Amiral, le Camphre et le Cancer ; Lucifer, le Grand Justicier, le Safran et le Lion ; Moloch, le Prince du Pays des Larmes, le bois de Santal et la vierge ; Nergal, l’œil qui voit tout, le Calbanum et la balance ; Orias, le Démon des Astrologues, l’Opopanax et le Scorpion ; Satan, le Démon de la discorde, le bois d’Aloès et le Sagittaire ; Abaddon, l’Ange Exterminateur, la menthe et le Capricorne ; Abigor, le Démon de la désobéissance, l’Euphorbe et le Verseau ; et Asmodée, le Démon de la luxure, la gomme d’Ammoniaque et les Poissons. Quant aux Planètes, il s’agit de : Azazel, le prince des Exilés, la noix de Muscade et Saturne ; Baal, le Guerrier, le Sapin et Jupiter ; Béhémoth, le Démon de l’Orgueil, le Cèdre et Mars ; Belphégor, le Démon des Découvertes, le Noyer et le Soleil ; Geyrgon, le Démon des Cauchemars, le Cinnamène et Vénus ; Méphistophélès, le Démon de la raillerie méchante, le Cerisier et Mercure ; Démogorgon, le Démon de la peur, l’Encens et la lune.

Chaque Saveur et chaque Signe Céleste a un rôle important dans les préparations incantatoires des Mages.

A cette époque, les Mages savent également évoquer les Mânes Fangeuses. Ils emploient pour cela une technique dérivée. Or, celle-ci est beaucoup plus dangereuse : elle permet en effet d’entrer en communion avec des Espèces non humaines dont l’habitat se situe hors de l’Espace et du Temps ; mais, à l’aide de « Carrés Magiques ». Et voici ce qu’écrit l’un d’eux qui a tenté l’expérience : « Je préparais ces deux Carrés spécifiques il y a plus de 90 ans :

492 276                   618 834

357 951        et         753159

816 438                   294 672

Je me souviens que, bientôt, ma maison se remplit de quelque chose qui ressemblait à une obscurité presque tangible. Cela m’obligea à allumer ma lampe dans une pièce d’ordinaire très lumineuse ; en même temps, ma terrasse se peupla d’ombres que je ne pus distinguer correctement. ».

Plus loin : « Je connus ensuite un certain nombre d’hallucinations extraordinaires. Elles étaient, bien sûr, irréelles, mais d’une nature si terrifiante et si vraisemblable, qu’à un moment, je fus obligé de sauter d’une fenêtre élevée sur le sol en contrebas. »

Et plus loin encore : « Ces hallucinations se répétèrent alors toutes les nuits de pleine Lune ; elles se prolongèrent sur une durée de plusieurs mois. A chaque fois, elles commençaient assez doucement, par de vagues sensations de frayeur, ou par le vague sentiment que quelque chose de monstrueux et de sale rodait alentours. Puis, l’entité se manifestait ensuite sous différentes formes. Elle m’apparaissait d’abord en ayant l’apparence d’un personnage barbu – pas vraiment déplaisant - ; il avait de longs cheveux grisâtres. Elle se transformait peu après en grand serpent rouge pour s’enrouler autour de moi. Parfois aussi, elle se métamorphosait en une créature dont les cheveux étaient parsemés de tètes de reptiles. J’avais le sentiment, à cet instant précis, qu’elle avait l’intention de tout écraser sur son passage. ».

Les Mages traitent également dans leurs ouvrages de la « Kabbala » ; qui signifie littéralement « Tradition ». Ils la désignent sous la forme d’un dogme biblique – à l’exception du Pentateuque » rattaché à la pratique religieuse. Ils supposent qu’elle désigne – de manière orale ou écrite – un système inédit à étudier attentivement.

Grâce à leurs Livres, ils sollicitent également parfois des Esprits Elémentaires assez inoffensifs ; tels des Elfes, des Nains et des Lutins. Mais, même pour appeler ces derniers à leurs cotés, ils recommandent bien de dessiner un Cercle de Protection à leur intention sur le sol. Car, en effet, parfois, ils peuvent, subitement et inexplicablement, devenir très violents.

Les Mages ont en outre l’Art de façonner des objets chargés d’ondes bénéfiques ou maléfiques : la « Corne d’Exorcisme », qui est une amulette protectrice ; le « Cachet d’Ivoire », dont le manche est sculpté afin d’avoir l’apparence d’une tète de mort supportée de trois ferrures – il agit pour repousser les Ombres dans l’Au-Delà - ; des œuvres picturales, telles « la ronde de Sabbat » - avec ses colporteurs aux déplacements insolites et vendant à ceux qui les côtoient des livrets aux propriétés inquiétantes -, « Cauchemar », ou « Tentation » - où un Mage est assailli par une multitude de Démons -. Ces dernières dévorent les Ames Damnées en prononçant devant elles des formules spécifiques. Il y a encore le « Collier des Vivants » ou « l’Anneau de Gygès », qui ont le pouvoir de rendre invisible celui qui les porte ; et, enfin, « la robe Noire », qui est insensible aux flammes et qui ferait vivre son détenteur au moins 200 ans.

Les Mages connaissent aussi le moyen de nouer deux personnes entre elles par le poison, les collyes, les onguents, les philtres, les nœuds et les charmes. D’ailleurs, chaque homme vivant dans les lieux environnant leur domicile, qu’il soit paysan, seigneur ou ecclésiastique, vient régulièrement leur demander leur aide. Enfin, ils sont habiles pour exercer leur influence sur les pensées des individus les plus faibles, ou pour faire plier leur volonté. 

De même, à cette époque, les comètes et les éclipses sont toujours tenues par eux comme des présages de calamités ou de grandes révolutions. Lors de ces phénomènes, ils s’imaginent en effet apercevoir dans le ciel des armées fantômes provoquant un vacarme surnaturel. Ils tiennent les tempêtes ou les ouragans pour l’œuvre de mauvais Génies dont la rage se déchaîne contre la terre. Ils y voient également à ce moment là les âmes sortir de leur séjour invisible et se montrer autours de leurs tombeaux et dans des lieux inhabités. Celles-ci surgissent toujours à des dates fixes de l’année : le 2 Février, le 30 Avril, le 23 Juin – veille de la saint-Jean -, et le 31 Octobre – en souvenir des Druides -. Ils voient dans les Croix formées parfois par les nuages le Symbole de l’Infinie Etendue.

Les Mages sont enfin experts pour manipuler la volonté d’une personne possédée par un Esprit Extérieur. Grâce à des formules lues à haute voix, ils peuvent ainsi prédire un avenir proche ou lointain à ceux qui viennent les consulter, tandis qu’elle est sous l’emprise du Démon. « Car, marmonnent t’ils lorsqu’ils parlent entre eux de cette manière de lire le futur, cette méthode est infaillible depuis Sumer et Babylone ; mais il faut posséder une poupée de glaise représentant symboliquement l’être humain à interroger lorsqu’il est dans cet état de transe. ».

« Le plus étrange pourtant, se disent t’ils, c’est que lors de ce genre d’exorcisme, le possédé vomit régulièrement. Au cours de l’épreuve, il recrache sans cesse des aiguilles, des clous, ou d’autres objets bizarres. ».

Car, pour les Mages, le métal avec lequel ces derniers sont fabriqués est le Symbole de Mars, l’ancien dieu de la guerre. De plus, c’est le matériau ambigu par excellence ; il permet de chasser les Démons bien qu’il soit proscrit pour les usages sacrés de la religion. Par contre, il est également le vecteur qui éloigne les Entités Surnaturelles parce qu’elles sont des Créatures appartenant à un Monde différent du notre. Il les repousse, et peut même, dans certains cas, les renvoyer d’où elles viennent.

                                             

En 1324, un Mage anonyme écrit : « Il est dangereux de divulguer nos Enseignements Secrets, ou de les confier à des coptes mal préparés. C’est pour cette raison que le Seigneur n’a révélé ces Mystères qu’à une minorité de personnes ; et uniquement à celles qui sont à même de les comprendre.

D’ailleurs, il est marqué au cœur des Ecritures qu’il est fondamental de dissimuler ces Enigmes indicibles et Sacrées. Il est nécessaire de les soustraire au vulgaire. Il est important de laisser dans l’ombre la sainte unité de cette Intelligence qui n’appartient pas à notre Monde. Prenons garde que quiconque ne l’entende de la bouche de ceux qui ne sont pas des Initiés. La prudence nous incite donc à munir nos ouvrages remplis de formules d’une serrure. Parce que, si un profane en ouvrait un et le consultait par mégarde, il en résulterait des conséquences aussi inattendues que destructrices. ».

Plus loin : « Pour se servir de certains Rituels, le Mage doit prononcer le nom de Dieu dans des langues anciennes. Il doit ainsi employer des Mots et des Symboles Hébreux, Grecs et Latins. Il doit également utiliser en priorité les quatre Lettres inscrites sur la croix du Golgotha ; le tout, mêlé aux noms des principaux Esprits de l’Univers. ».

Plus loin encore : « Nos formules magiques sont tout ce qui reste de l’Epoque où l’Homme était tout près de Dieu. Nous sommes, en fait, ses derniers Soldats sur Terre. ».

En 1328, à la mort de Charles IV, les Capétiens n’ont plus de successeur direct. Le prince Edouard – futur Edouard III d’Angleterre -, petit-fils de Philippe le Bel par sa mère Isabelle et, à ce titre, héritier le plus proche du trône de France, est un Anglais. Aussi, la noblesse française l’écarte t’elle au profit d’une branche collatérale : Philippe VI de Valois est proclamé roi de France. Edouard lui prête d’ailleurs hommage en 1329 ; mais la rivalité entre les deux pays s’aggravant en Guyenne – le duché d’Aquitaine -, l’Anglais décide, en 1337, d’user d’une arme nouvelle et réclame son héritage, le royaume de France.

Par ailleurs, par son père, Philippe d‘Evreux, et par sa mère Jeanne – fille de Louis X -, Charles, roi de Navarre, est un prince français d’ascendance royale : celle-ci lui donne des droits sur la couronne de France, en cas d’extinction de la branche des Valois. Aussi Charles épouse t’il la fille du roi de France Jean II le Bon, et n’hésite pas bientôt à s’allier aux Anglais pour nuire à la famille régnante.

Les souverains français et anglais préparent l’affrontement à coup d’alliances fort coûteuses. Le combat s’engage en Juin 1340 dans le port de l’Ecluse, en Flandre, et se solde par la destruction de la flotte française. Après ce triomphe, Edouard III adopte la stratégie de la « chevauchée », ou « raid de cavalerie ». Utilisant des complicités locales en Bretagne et en Normandie – comme celle de Charles de Navarre, dit « le Mauvais », un ennemi des Valois qui possède de grands domaines normands -, les Anglais débarquent sur le sol français ; puis, après leurs pillages, ils regagnent sans encombre l’Angleterre, grâce à leur supériorité maritime.

Les Français, de leur coté, sont d’abord confrontés de 1338 à 1345 à une révolte à Gand ; celle-ci, menée par Jacques Van Artevelde, conjugue politique et lutte des métiers. Artevelde s’appuie en effet sur les tisserands de la ville pour mener le soulèvement, mais périt quand il veut échapper à leur emprise. Puis, une fois cet épisode dramatique terminé, forts de leur nombreuse armée, ils choisissent d’intercepter les Anglais ravageant leurs terres et de livrer bataille.

Cette tactique entraîne deux désastres, Crécy et Poitiers. Les troupes anglo-gasconnes – la gascogne est depuis longtemps sous domination anglaise – sont constituées de « retenues », des professionnels bien entraînés et bien armés. L’ost français, au contraire, compte surtout des levées féodales, sans cohésion ni discipline. A Crécy, en 1346, la chevauchée d’Edouard III cherche un port quand, rejoints par Philippe VI, les Anglais mettent pied à terre et, couverts par les archers gallois, attendent la chargé ; les Français sont écrasés sous une pluie de flèches.

Après sa victoire, Edouard III met le siège devant Calais, mais la ville lui résiste pendant près d’un an. Fou de rage, le roi jure que, dès que la ville sera prise, il passera ses habitants au fil de l’épée. Calais se rend le 4 Août 1347. Edouard exige alors que six des plus riches bourgeois lui apportent les clés de la ville, en chemise, pieds nus et la corde au cou pour être pendus. Eustache de Saint Pierre et cinq autres notables se sacrifient. Mais la reine Philippa de Hainaut intercède en leur faveur et fléchit son époux, qui épargne les bourgeois. La ville, vidée de ses habitants, est alors peuplée d’Anglais.

A Poitiers, en 1356, les Gascons du prince de Galles, le fils d’Edouard III, surnommé « le Prince Noir », affrontent de nouveau les charges des chevaliers français sous la protection de leurs archers : près de 6000 soldats français sont tués – alors que, du coté anglais, la perte s’élève seulement à 2400 hommes ; les Français sont décimés et le roi de France Jean II le Bon, est fait prisonnier.

Grâce à cette victoire de Crécy, Edouard III prend Calais en Août 1347 et s’assure ainsi une porte d’entrée en France.

Or, la première « vraie » peste, venue d’Orient, frappe la france, puis l’Europe à partir de 1348. Maladie du rat, transmise par piqûre de puce, elle touche d’abord la ville d’Astrakhan, puis les Tatars qui assiègent Caffa – en Crimée – tenue par les Génois. Ces derniers sont contaminés par les cadavres que les Tatars jettent par-dessus les remparts. Les puces, abandonnant les corps dont la température descend au-dessous de 28°, se mettent alors à piquer les défenseurs. Puis, un peu plus tard, les bateaux génois répandent l’épidémie dans le Levant.

Arrivés à Marseille, ceux-ci contaminent la ville, de là, la france, puis tout l’Occident, y compris la scandinavie et la moscovie. Elle touche aussi la syrie, la palestine et la vallée du Nil. Quelques années plus tard, c’est la population chinoise qui est décimée.

Dès lors, cette brutale disparition du « trop plein » démographique transforme profondément l’agriculture et la société rurale. Elle pose le problème de la valeur du travail : la main d’œuvre étant devenue rare, les salaires augmentent. Les paysans refusent les conditions de leurs seigneurs, n’acceptent les terrains que si les rentes seigneuriales sont abaissées, abandonnent les mauvaises terres. Les paysans plus riches se détournent des céréales et produisent pour le marché vin, légumineuses, plantes tinctoriales. L’élevage et la production de viande de boucherie progressent. Paradoxe de la période : la vie des survivants des épidémies et de la guerre est meilleure que celle de leurs prédécesseurs, leur alimentation plus riche et plus variée. Les rations des moissonneurs ou des ouvriers comprennent viande et vin à tous les repas, quand leurs ancêtres n’avaient qu’une galette arrosée de cervoise. La société paysanne se diversifie et se transforme, remettant en cause le servage et, par là, l’emprise seigneuriale. De sanglantes révoltes éclatent donc un peu partout : qu’il s’agisse des Karls de la flandre ou des Jacques de la plaine de France, elles mettent en branle les couches les plus aisées et les plus dynamiques de la société paysanne ; parfois même, des petits gentilshommes qui prétendent ensuite avoir été contraints de suivre les révoltés. Ceux-ci visent les groupes dirigeants de la société : la noblesse militaire pour les Karls et surtout pour les Jacques, exaspérés par la guerre et par les impôts énormes que celle-ci entraîne ; les juges et les administrateurs royaux, s’ajoutant à la rancœur contre les seigneurs, intensifient le servage.

Ces mouvements violents, qui s’accompagnent de massacres de nobles – femmes et enfants compris – et de destructions de châteaux, sont insuffisamment organisés. Karls et Jacques sont vaincus. Dans les deux cas, la répression est sévère. Mais, bien d’autres soulèvements, en Espagne ou en Italie, témoignent de l’instabilité d’un monde paysan en pleine mutation.

Parallèlement, l’irruption de la mort, apportée par la peste et la guerre, les mutations brusques d’une société et d’un système économique qui paraissait immuables transforment aussi durablement les mentalités. Chez les hommes cultivés et les grands, la roue de la fortune, qui abaisse soudain ceux qu’elle a élevée au sommet, devient, avec l’allégorie de la mort, dont la faux est omniprésente, l’emblème de l’époque. Chez tous, les terreurs irrationnelles dégénèrent en débordements tumultueux : après la peste, des cortèges de flagellants se répandent dans toute la vallée du Rhin et celles de ses affluents, vivant de la charité publique, se fouettant avec des cordes terminées par des clous. Boucs émissaires des terreurs populaires, les Juifs sont à nouveau victimes de terribles pogroms à la frontière espagnole. Enfin, la guerre, omniprésente avec ses « brigands » et ses « écorcheurs » et leur cortège de crimes et d’horreurs, achève de déséquilibrer les cadres mentaux.

Pourtant, la société agit avec vigueur et engendre des comportements nouveaux. A l’horreur de la guerre, la noblesse oppose l’exaltation de l’idéal chevaleresque dans le cadre des Ordres de chevalerie fondés à l’instigation des divers souverains : de la jarretière anglaise à la toison d’Or bourguignonne, en passant par l’Ordre de Saint-Michel français et l’Ordre du Dragon des Luxembourg, les élites militaires donnent un cadre à la fois moral, religieux et politique à leur existence. La bourgeoisie et les métiers affirment leur identité en fondant des hôpitaux et des associations d’entraide religieuses, en organisant de grandes fêtes et des Mystères.

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