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20 février 2010

De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux : Pages 1719 - 1721

France_moderneEn Mai 1988, la campagne pour les élections présidentielles oppose plutôt deux hommes que deux projets antagonistes. Au second tour, profitant de sa bonne image auprès de l’électorat centriste, François Mitterrand l’emporte sur Jacques Chirac, avec 54 % des voix. Mais, en Juin, les élections législatives qui suivent la dissolution anticipée de l’Assemblée Nationale ne dégagent aucune majorité franche. Le gouvernement dirigé par Michel Rocard doit passer des alliances au coup par coup, sur chaque projet de loi.

Le parti socialiste de 1988 a changé et sa politique semble plus proche d’une social-démocratie à l’allemande que du grand élan réformateur teinté de marxisme qui a prévalu en 1981. Au gouvernement de Michel Rocard succède celui d’Edith Cresson – première femme à Matignon, en 1991 et 1992 -, puis celui de Pierre Bérégovoy – 1992 et 1993. Mais tous gèrent le pays avec le même pragmatisme rigoureux et le même réformisme prudent. Il en résulte une apparence d’immobilisme et une absence de grands desseins qui engendrent le mécontentement d’une partie de la gauche. En outre, la récession qui frappe le pays et l’ampleur du chômage nourrissent un malaise croissant dans l’opinion. Puisque l’expérience de 1986 – 1988 a prouvé, malgré certaines tensions, que la cohabitation est possible, rien n’interdit à un corps électoral de plus en plus volatil de réagir par un nouveau vote sanction. En Mars 1993, le scrutin des élections législatives confirme le déclin du parti communiste et le recul sensible d’un parti socialiste de plus en plus discrédité. Le R.P.R. et l’U.D.F. bénéficient d’une confortable majorité à l’Assemblée. Le gouvernement d’Edouard Balladur s’engage dans une seconde cohabitation.

Mais, l’ampleur du taux d’abstention manifeste ce que l’on analyse comme un désintérêt des Français pour la vie publique, alors que traditionnellement, voter est considéré comme un « devoir civique ». Le militantisme décline. L’image des hommes politiques souffre d’une dévalorisation diffuse, encore aggravée par de retentissantes « affaires » de corruption ou de financement illégal des partis. Cette désaffection répond à une dilution des repères traditionnels : un « brouillard idéologique » succède aux rigides affrontements droite-gauche du temps de la guerre froide. Mais l’apaisement des tensions partisanes – on parle de « consensus mou » - entraîne l’érosion des engagements. L’instabilité croissante du corps électoral témoigne d’une crise de confiance globale : la politique, soumis aux diktats de l’économie, ne paraît plus à même de proposer et de forger un destin collectif, si bien que les Français s’en détournent. Le référendum sur l’avenir de la nouvelle-Calédonie rend visible cette lassitude : plus de 63 % des inscrits ne se déplacent pas pour aller voter. 

Plus globalement, le sentiment d’appartenance à une collectivité s’affaiblit. Les identités religieuses s’estompent : la proportion des catholiques pratiquants dépasse à peine 10 % de la population – et, dans cette frange même, l’adhésion au catholicisme a le plus souvent cessé de guider les conduites et de dicter les choix personnels, en particulier dans le domaine de la sexualité. L’Islam, devenue deuxième religion en France, suscite parfois des réactions de peur ou d’hostilité. De la même manière, l’idée de classe sociale s’effrite : 56 % des personnes interrogées estiment « appartenir à une classe sociale » clairement définie – contre 68 % en 1976. %. Malgré l’existence, et parfois l’aggravation, de disparités considérables entre les Français, les comportements sociaux et culturels s’uniformisent, si bien que la population ne se reconnaît plus dans les classifications sociologiques héritées du passé. Les jeunes générations, par exemple, manifestent des goûts similaires en matière d’habillement, de loisirs… L’érosion des points de repère individuels et collectifs engendre un vrai désarroi, qui se manifeste notamment, sur le plan politique, par l’émergence de votes protestataires. C’est ainsi que l’extrême droite populiste, incarnée par le Front National de Jean-Marie Le Pen, s’enracine durablement.

En réalité, les tensions n’ont nullement disparu, mais elles s’expriment sur des terrains nouveaux et selon des modalités inédites. Les grandes questions de société – les débats sur les libertés, la culture, l’école ou les mœurs – demeurent capables de mobiliser massivement les Français. Bien qu’affaiblis par leurs divisions internes, les mouvements écologistes – les Verts, Génération Ecologie, etc. – rencontrent un certain écho dans la population. Le succès de S.O.S. Racisme et des Restos du Cœur, fondés par Coluche, l’audience des Téléthons démontrent également que la france peut encore se passionner, mais pour des causes qui lui semblent hors du champ de ce que l’on dénonce comme « la politique politicienne ». L’heure est moins aux adhésions entières et définitives qu’aux « émotions », à la générosité « humanitaire », aux engagements « à la carte », comme en témoigne, sur un autre terrain, le recul du taux de syndicalisation qui chute d’environ 20 %.

Les Français s’affirment à cet égard comme les enfants d’une culture de masse qui engendre dans le même temps une standardisation des comportements et un morcellement des identités. Confrontés à un présent difficile et à un avenir incertain, face à l’éclatement de plus en plus fréquent de la cellule familiale traditionnelle, perdant peu à peu confiance dans les structures institutionnelles et dans leur capacité à vaincre la crise, les Français tendent à privilégier le repli sur soi. Le mythe des « gagneurs » s’estompe et la préservation de la vie privée participe à une recherche diffuse de valeurs et de normes rassurantes. La définition d’un nouveau dynamisme et d’une nouvelle cohésion, sociale et culturelle, représente l’un des enjeux majeurs de la fin du siècle.

A la fin du second septennat de François Mitterrand, il existe de nombreux édifices culturels dans Paris : le « plateau Beaubourg » devient le célèbre Centre d’Art contemporain Georges Pompidou ; il y a le musée de l’Art du XIXème siècle, dans l’ancienne gare d’Orsay, et celle de la cité des Sciences de la villette.

Mais c’est Jack Lang, ministre de la culture, qui est à l’origine de la construction de monuments nouveaux : l’Opéra Bastille, le Conservatoire national de musique à la villette et surtout la très Grande Bibliothèque de France rééquilibrent vers l’Est la vie culturelle de la capitale. A l’Ouest, il y a l’Arche de la défense. Mais la réalisation la plus grandiose reste le Grand Louvre, due à l’architecte Pei ; elles sont suivies par la rénovation du Muséum d’histoire naturelle.

En 1995, la reprise se fragilise, mais certains secteurs, comme l’automobile ou la sidérurgie, semblent se redresser après de sévères « dégraissages » qui ont durement affecté les régions concernées. La construction aéronautique et les télécommunications prouvent leur dynamisme en emportant des marchés à l’exportation. Le franc reste stable. L’inflation est maîtrisée. La balance commerciale, chroniquement déficitaire depuis le début de la crise, affiche désormais un excédent. Par ailleurs, la dynamique née de la construction communautaire européenne incite les entreprises à rationaliser leur production et à multiplier leurs partenariats avec leurs homologues étrangers. L’économie est à même d’aborder l’échéance du Marché Unique et paraît assez armée pour affronter l’horizon de la monnaie commune. Malgré ses difficultés sociales, la france s’affirme comme l’un des membres les plus performants de l’O.C.D.E. – Organisation de Coopération et de Développement Economique v-, qui regroupe les principaux pays développés.

En 1995 encore, l’image prédomine dans la vie quotidienne des citoyens. Les plus fortes font le tour du Monde, devenant le symbole d’une situation particulière, souvent tragique. Mais qu’il s’agisse des actualités télévisées ou de la publicité, la réaction émotionnelle du spectateur tend à se substituer à sa réflexion.

Or, cette « Civilisation de l’image » permet de tronquer l’information : s’il n’est pas présenté au journal télévisé, un événement n’existe pas vraiment pour le public. Et des manipulations sont possibles.

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