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11 janvier 2012

La Citadelle des Ombres - Nuit du Deuxième au Troisième Jour, Sixième Partie

144- « Que… que s’est-il passé ? Réussit-il à marmonner au bout de quelques secondes. ». J’ai l’impression qu’il a du mal à trouver ses mots. D’ailleurs, tandis qu’il les prononce, il n’a pas encore ouvert les yeux. Il se trouve dans un état semi comateux dont il a du mal à s’arracher. « Ou sommes-nous ? Reprend-il très vite ».
Il essaye de se redresser. D’abord les bras ; puis, le reste du corps. Mais je me rends compte qu’il s’agit d’un effort physique quasi-insurmontable. De fait, malgré l’élancement qui me tenaille la jambe, je viens à son secours. Je me déplace légèrement sur le côté, tout en essayant de rester le plus longtemps possible en position assise. J’y parviens. Puis, je lui fais signe de s’appuyer sur mon épaule. Il réussit finalement à se hausser, et à coller son dos contre le mur fissuré à proximité de lui. C’est également celui auprès duquel je me suis adossé un instant plus tôt.
Il jette ensuite un regard aux alentours. Ses pupilles restent alourdies par le sommeil, et ses globes oculaires laissent apparaître des veinules ; comme si cela faisait plusieurs jours qu’il n’avait pas pris de repos. Je me dis qu’il s’agit certainement là d’un effet secondaire du charme dont il a été victime de la part d’Oleÿth et de ses Serviteurs. Sa faiblesse – autant physique que psychique – s’est retournée contre lui au moment où il était le plus vulnérable. Et les Spectres en ont profité pour le mettre hors d’état de nuire bien avant qu’ils ne se soient manifestés physiquement – si l’on peut dire – au cœur de la crypte. Comme toute créature recourant régulièrement aux Arts Magiques, ils ont neutralisé leurs adversaires les plus faibles. A l’aide de puissants Sortilèges appris de leur vivant, ils ont utilisé des moyens auxquels Fÿn-loth n’avait aucune chance d’échapper. Et seule mon intervention inopinée lui a sauvé la vie.
Le jeune Mage n’a jamais eu conscience du péril qui a été le sien moins d’une dizaine de minutes auparavant ; et c’est tant mieux. Je ne l’en informerai qu’en cas de nécessité absolue. Je ne veux pas l’effrayer davantage qu’il ne l’est déjà. Je ne souhaite pas non plus que, par un geste brusque de sa part, il se rouvre ses blessures en train de cicatriser grâce à mes soins Magiques. Etant de médiocre qualité, je crains que le moindre choc, non seulement, ne les évase, mais surtout, ne les aggrave.
Fÿn-loth reprend son souffle. De mon côté, je m’installe plus confortablement. Je crispe la mâchoire afin de ne pas hurler de douleur lorsque ma jambe engourdie heurte une roche éparse. De la sueur coule de mon front, et je l’essuie de ma manche maculée de poussière. Puis, je dis :
- « Il serait peut-être bon que nous nous installions un peu plus loin ; que nous atteignions l’angle du corridor et le gros pan pierreux effondré sur lui-même, avant de nous reposer pour le reste de la nuit. Je… je crois que ce serait plus prudent, fais je après un instant d’hésitation. ».
Fÿn-loth s’aperçoit instantanément de l’embarras qui est le mien lorsque je le lui dis. « Pourquoi sommes-nous ici ? répète-t-il alors, d’une voix un peu plus ferme qu’auparavant ». Ses yeux étincèlent d’une lueur soupçonneuse. « Que me caches-tu Aÿcart ? Fais-t-il gravement. Il y a des choses que tu ne me dis pas.
- En effet, réponds-je. Disons en gros que, tout à l’heure, alors que nous dormions au cœur de la crypte, j’ai subitement été réveillé par un mauvais pressentiment. Très vite, celui-ci a été confirmé par l’apparition de plusieurs Spectres. L’un d’eux, leur chef à ce qu’il m’a semblé, possédait les traits d’Oleÿth l’Exilé…
- Oleÿth, répète aussitôt Fÿn-loth ; l’un des compagnons de Kÿth-Khanan, le fondateur de Vingareth. Celui qui a été banni de cette Cité après avoir trahi la mémoire d’Ygdrasil. Celui également qui a souhaité utiliser les Connaissances que ce dernier avait transmis aux Exilés pour forcer les autres Villes-Etats ayant échappé à l’effondrement de l’Ancien Empire, à conclure une ébauche d’accord diplomatique. Celui, encore, qui a tenté de renverser Kÿth-Khanan au moment où le Roi-Sorcier de Vingareth était pratiquement parvenu à rallier Sylfeïm et la Cité d’Emeraude à sa cause. Celui, enfin, qui a été banni de Vingareth à l’époque de la signature du Traité d’Algoreth, et dont on n’a plus entendu parler par la suite ; qui a complètement disparu des Chroniques Impériales, et dont on n’a jamais su ce qu’il était devenu. D’ailleurs, poursuit Fÿn-loth, tu as peut-être vu l’épisode où Ygdrasil, Kÿth-Khanan, et les Exilés se rencontrent sur le champ de bataille sur le mur de la crypte.   
- Oui, fais-je. Mais dans l’immédiat, ce n’est pas le plus important. Je crois que nous sommes en fait à l’intérieur de la chapelle mortuaire d’Oleÿth. Le Cercle Mégalithique, ainsi que l’autel qui se trouvent au centre du tumulus qui l’accompagne, sont dédiés à la mémoire de cet Exilé. Et nous les avons profané en nous y réfugiant. Toi, en tentant d’échapper aux monstres reptiliens qui t’ont traqué à travers la plaine ; moi, en essayant de me protéger de l’orage qui avait éclaté depuis un moment. De fait, j’ai le sentiment qu’après la tombée de la nuit, nous avons interrompu le sommeil d’Oleÿth et de ceux qui l’ont suivi au cours de sa retraite forcée au sein des Territoires Extérieurs. Et il a voulu nous punir de notre audace. Il a voulu nous anéantir durant notre sommeil ; et ce n’est que par miracle que j’ai pu t’arracher à leurs griffes, puis, que je nous ai entraîné hors de leur refuge.
- Mais… mais, comment se fait-il que je ne me sois pas réveillé, alors que toi, tu t’es tout de suite rendu compte de ce qu’il advenait ?
- Je crois que, du fait que tu étais à la fois épuisé physiquement et psychiquement, tu as été plus sensible que moi au sortilège « d’Incapacité » qu’ils ont lancé sur nous, avant d’apparaître physiquement dans la pièce. Tu sais que c’est l’une des spécificités de ce genre de Spectres. Bien que tu ne sois – tout comme moi - qu’un Apprenti Mage, tu as dû apprendre, au cours de ton instruction, qu’ils sont les détenteurs d’une Magie très ancienne qui n’a plus court aujourd’hui ; mais qui s’avère très puissante quand on est en état de faiblesse extrême. En tout cas, c’est ce que j’ai personnellement lu dans les ouvrages que m’a fait lire mon ancien Maître. Peu importe de toute façon… ce qui prime, c’est que nous nous éloignions le plus possible de l’ouverture menant à l’intérieur de la crypte. C’est que nous nous protégions de leur influence, afin de pouvoir finir notre nuit le plus tranquillement possible. En outre, demain matin, pour plus de sûreté, avant de quitter ce lieu maudit, je jetterai un coup d’œil sur les écritures hiéroglyphiques que j’ai aperçu à mon arrivée aux abords du Cercle de Pierres Levées. Et je tenterai de décrypter ce qu’elles signifient. Je suis certain que, parmi elles, existent de multiples mises en gardes concernant les dangers de ce lieu ; et peut-être même, des Symboles de protection, ou des incantations de sauvegarde, contre ces derniers.
- Je ne sais pas, renchérit Fÿn-loth. Cela ne me rassure pas pour autant. Je n’ai pas envie, en les parcourant, que tu active un ou plusieurs enchantements que tu ne pourrais plus contrôler ou stopper par la suite. Je sais que tu es plus expérimenté que moi. Malgré tout, je suis inquiet. Déjà qu’il t’a fallu affronter des Revenants surgis du Royaume des Ombres, et que, d’après ce que tu viens de m’expliquer, il s’en est fallu de peu pour que nous soyons tués. Les Dieux seuls savent quels autres maléfices se cachent à l’intérieur de ce tumulus, ou aux alentours de l’autel qui le surplombe.
- Je t’assure que je ferais preuve d’une extrême vigilance. Par contre, ce qui est vital à l’instant où je te parle, c’est que nous nous levions, et que nous parcourions les quelques mètres qui nous séparent du coude de ce corridor. ».

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