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Mes Univers
23 mai 2015

Chapitre Un, Dix-neuvième partie :

17A l'autre bout du fil, percevant les déflagrations, Maître Anthelme avait hurlé : « Madame…, madame, vous êtes là ? ». Mais, il n'avait pas perçu de réponse ; uniquement un souffle rauque mêlé de hoquetements spasmodiques. « Allô…, il y a quelqu'un… », avait-il persisté. L'interruption s'était prolongée une ou deux secondes. D'une élocution quasiment inaudible, elle avait murmuré : « Oui… oui, je suis là. Excusez-moi… Une personne vient d'entrer. Et on me dit que je suis sollicitée pour une réunion… ».

- Je comprends. ». Un sourire narquois s'était matérialisé au coin de ses lèvres. Et ses prunelles avaient pétillé malicieusement.

Maître Anthelme avait parfaitement interprété le brusque revirement de ma mère. Il l'avait sommé d'admettre que j'étais détenteur du Don. Que celui-ci, loin d’être un handicap, était un talent apprécié ou envié. Et qu'il y avait des individus qui voulaient me préparer à une existence différente de celle à laquelle elle me promettait. « J'espère malgré tout que vous ne négligerez pas ce que je vous ai dévoilé à propos de Nathanÿel. », avait-il entériné. « J'espère aussi que vous ferez preuve de discernement et de sagesse. D'autant que, comme vous vous en doutez sans doute, les dispositions en rapport avec votre fils ne sont pas toutes contractées. Vous et moi allons devoir en rediscuter. ». Chacun sachant que ce ne serait vraisemblablement jamais le cas.

- Si cela vous semble inéluctable… », avait-elle maugréé. « Bon ! On me fait signe de me dépêcher. Au revoir.

- Au revoir. », avait-il répercuté. Ma mère avait alors abruptement fermé le clapet de son téléphone. Elle avait jeté un coup d’œil distrait autour d'elle. Elle s'était séance tenante replongée dans ses spéculations. Elle s'était lamenté qu'en deux heures approximativement, elle avait vu son univers familier s'écrouler. Que ses certitudes sur moi avaient été remises en cause. Elle avait battu en retraite. Tout en songeant que j'allais, sous peu, en payer le prix.

Serrant les poings de dépit, elle avait ensuite spéculé sur les fougueuses explications qu'elle me réclamerait. « Elles vont être terribles. Elles ne vont pas s'effacer de ta mémoire de sitôt. », avait-elle considéré. « Et ce merdeux de Spencer qui me tient lieu de mari n'aura pas intérêt à s'immiscer dans nos délibérations ! ».

Puis, elle s'était avachi sur son bureau. Dissimulant sa tète entre ses bras repliés, elle s'était abandonnée à sa rancœur. Tandis que la lumière du jour baissait et ensevelissait progressivement les locaux de son agence immobilière dans la pénombre, des flots de larmes accompagnés de spasmes s'étaient détachés d'elle. Et elle s'en était libérée des heures durant.

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