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Mes Univers
19 décembre 2015

Qui suis-je réellement ?

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Depuis hier, j'avoue que je me pose beaucoup de questions sur moi. Au départ, je ne prenais uniquement en compte mes relations avec mes proches, les membres de ma famille. Qui ont du mal à m'accepter tel que je suis, avec mes qualités et mes défauts, mes capacités et mes incapacités, mes forces et mes faiblesses. Ce qui est partiellement vrai au demeurant.
Mais, après avoir longuement discuté avec ma mère ce matin - un débat houleux mêlé d'amertume, de reproches, d'impossibilités de se comprendre et se s'accepter avec nos différences, nos spécificités, et après avoir entendu certaines paroles non dénuées de vérités, mon désarroi et mes interrogations, se font de plus en plus intenses encore.
En effet, dans ma famille, comme dans la plupart des endroits où je côtoie des personnes qui me sont assez proches, je ne me sens pas à ma place. Je préfère me réfugier dans mon monde, qu'il soit virtuel, littéraire, philosophique, cinématographique, etc. J'ai le sentiment d’être perdu au milieu de la multitude, que ma présence est invisible, que ce que je suis, ce que j'ai à donner ou à partager n'a aucune importance ; n'est d'aucun intérêt. Je dois juste me contenter d’être là, avec mes proches, les écouter parler, échanger, dialoguer, sur des sujets qui ont de la valeur à leurs yeux. Je me tais, j'attends, je laisse le temps s'écouler. Je ne parviens jamais à m'insérer à l'intérieur d'une conversation, à avancer des arguments, à discuter de thèmes qui me sont chers.
Ma vie, également, et ce depuis mon enfance, a été émaillée de tragédies, d'épreuves, d'obstacles, de difficultés inhérentes à mon parcours personnel, aux gens que j'ai croisé sur ma route. Elles m'ont longtemps hanté ; certaines, je les ai dépassé, d'autres pas ; et il semble que je n'y parviendrai jamais. Écrasé par les fortes personnalités des uns et des autres, ma voix n'a jamais porté. Je suis convaincu que le reproche que certains me font aujourd'hui du "moi je", ou tout autre terme de ce genre que j'emploie régulièrement, n'est pas anodin. Il reflète ce manque de confiance en moi au sein de la réalité, les cicatrices qui me déchirent toujours intérieurement, et que je ne suis jamais parvenu à surmonter. Il reflète également mon désir viscéral de faire entendre ma voix, sans y réussir. Cette quête insatiable, désespérée, de montrer qui je suis, ce que je vaux, la richesse culturelle et intellectuelle, etc. qui m'habite depuis mon adolescence. Mais pour laquelle, jusqu’à présent, toutes mes tentatives ont lamentablement échoué.
J'ai le profond sentiment que je reste, et que je resterai, celui vers lequel on ne se tourne pas. Celui dont les propos n'intéressent personne. Parce que différents, totalement tournés vers le Savoir, la Connaissance, les livres, la pensée, la recherche philosophique, historique, sociologique, etc. Et que, dans des échanges avec les gens, dans la réalité quotidienne, au sein de conversations familiales ou de circonstances dans la vie de tous les jours, ces verbiages hors des choses du commun sont inappropriées. 
J'en suis parfaitement, totalement, conscient. Cependant, je ne suis pas en capacité de sortir de ce carcan. C'est ce qui me tient debout, c'est ce qui est accroché à ma personnalité depuis des décennies. Si, à un moment donné, je n'avais pas trouvé ce refuge, ce cocon, cette antre ou je me sens à l'aise, où je suis moi-même, il y a longtemps que j'aurai mis fin à mes jours, c'est une évidence. J'ai traversé bien des tourmentes, bien des tempêtes, bien des souffrances, des peurs, des solitudes, des moqueries, j'en passe. Si je ne m'étais pas jeté à corps perdu sur ce chemin grâce auquel je me suis construit, les épreuves de l'existence m'auraient vaincues; Il y aurait deux décennies, minimum, que j'aurai baissé les bras, et que je me serait entièrement détruit, autant physiquement que moralement, psychiquement, etc. La douleur aurait été trop forte, trop intense, et m'aurait emporté vers la mort ; comme cela a failli se produire à plusieurs reprises entre la fin de mon adolescence et les débuts de ma vie de jeune adulte. 
Je dois avouer que je suis fatigué, usé, terrassé, par cette pression permanente, par cet état de stress dont je suis l'objet du fait de cette situation. Pire, je hais, je déteste - je n'ai pas de mot assez fort - ce cauchemar existentiel qui me poursuit depuis ma plus tendre enfance. J'aimerai tant pouvoir m'arracher cette façon de fonctionner de mon âme, si je le pouvais. Je me maudis souvent, de ne pas être assez fort pour dépasser cette faiblesse de ma personnalité. C'est un déchirement, un hurlement intérieur qui me suit continuellement, et qui résonne en moi au point de me faire trébucher, de faire de moi un être maladroit, affolé, déstructuré parfois, humilié par ce poids que je n'ai jamais réussi à déposer. J'ai suivi, bien évidemment, plusieurs psychothérapies, afin d'essayer de m'en débarrasser. Pour certaines, cela a été le cas ; pour d'autres, non. J'ai juste pris conscience de la personne que je suis réellement ; mais sans réussir à changer ces fragments de ma personnalité qui me font tellement souffrir. Je ne suis jamais parvenu à effacer, à oublier, à surmonter, ces blessures dues parfois à mon handicap, a mes réminiscences d'adolescent, à ce dont j'ai été le témoin à chaque étape du destin qui est le mien. 
Au point que, progressivement, au lieu de me construire une carapace qui aurait pu me protéger de tous ces aléas, au contraire, j'en ai été encore plus fragilisé. Ma sensibilité s'est exacerbée. Les coups que j'ai reçu m'ont rendu de plus en plus nerveux, angoissé, anxieux. Ils m'ont obligé à me replier encore plus afin de m'en protéger. Au point de me détruire, et de me transformer en "asocial" vis à vis de ma famille et des personnes qui me sont chères.
Si je révèle cet aspect de ma personnalité ici, aujourd'hui, ce n'est pas pour que les gens s'apitoient sur mon sort, ou pour qu'ils me plaignent. Car, et heureusement, tout n'est pas noir dans ma vie. J'ai, le plus souvent,une existence paisible, au cours de laquelle je peux me consacrer à mes lectures, à mes écrits, à mes réflexions, ou à mes recherches. Tout cela me rend heureux, soyez en sûr. Je n'ai pas de problèmes d'argent, j'ai un habitat dans lequel je me sens bien, épanoui, serein. C'est un privilège, j'en conviens. J'ai une famille, ma santé, bien qu'étant handicapé, est stable, ne nécessitant aucune hospitalisation ; contrairement à ce que cela a été lorsque j'étais enfant ; où j'ai connu plusieurs séjours plus ou moins longs et marquants. Beaucoup, dont les membres de ma famille, me diraient, que j'ai donc tout pour être heureux. Qu'avec tous ces privilèges, dont beaucoup d'autres sont privés, je devrais être comblé. 
Je le sais, je n'en suis que trop conscient. Cependant, ce n'est pas le cas. Mon incapacité à sortir de mon refuge, d'aller au sein de la réalité vers les autres - y compris mes proches - m'anéantit. Je suis seul, désespérément seul. Et le seul moyen que j'ai trouvé depuis plusieurs années, afin de pouvoir partager ce que j'aimerai échanger avec les gens, c'est ici que je l'exerce. J'aimerai tant que cela soit aussi possible au sein de la réalité quotidienne. Croyez moi ou non, j'ai tout essayé pour y arriver dans la ville où je vis actuellement. J'ai frappé à toutes les portes, j'ai cherché associations, placarder petites annonces, etc. Mais l'agglomération où je vis étant à une dizaine de kilomètres de Cherbourg, lorsque le gens veulent sortir, s'amuser, rencontrer des gens aux mêmes centres d’intérêts qu'eux, c'est là qu'ils se rendent. Ce que moi, je ne peux pas faire, pour de multiples raisons ; le premier d'entre eux étant mon handicap. 
De ce fait, j'écris, j'écris. Je continue à demeurer replié sur moi-même, à communiquer via internet. Je me plonge dans mes textes, mes exposés, mes réflexions personnelles ou philosophiques. Je suis en quête permanente de savoir et de connaissances ; prolongement naturel de l'époque où je travaillais en université ou à la Bibliothèque Nationale. Quand j'y songe, je me dis que ces deux lieux où j'ai fait mes "classes" ont creusé ma tombe, autant qu'ils m'ont donné la force de découvrir les moyens de survivre aux incapacités dont je suis affublé. Et qui se révèlent dans toute leur horreur, dans toute leur démesure, dans toutes leurs exacerbations, lorsque je suis confronté au monde extérieur ; et à ma famille en particulier.
Dominique

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