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Mes Univers
13 janvier 2016

Prisonnier de sa vie :

X

Parfois, la vie vous écrase plus que vous n’arrivez à le supporter. Vous vous imaginez tout avoir pour être heureux : de l’argent, un beau logement, une famille, etc., des choses dont d’autres souhaiteraient profiter du plus profond de leur cœur et de leur âme. J’en suis parfaitement conscient, et de temps en temps, je me dis que ces états d’âme sont sans aucun fondement, ou sont ridicules. Cependant, malgré tout, malgré le fait de savoir que vous êtes peut-être un privilégié dans certains domaines, cela ne vous empêche pas de ressentir un profond malaise, un grand vide, au tréfonds de ce que vous êtes. Et vous avez beau le combattre, tenter de le repousser, il revient sans cesse. Il ressurgit brutalement par une porte dérobée, par un chemin que vous pensiez avoir cadenassé, et qui se révèle être un fragment parmi les plus fragiles de votre personnalité. 
Vous regardez dans toutes les directions. Mais il n’y a rien susceptible de vous rassurer. Aucune personne, aucun événement, aucun fait capable de vous rasséréner. N’existe sur toutes les routes que vous empruntez, que silence, désolation, blessures, pleurs, cauchemars et déchirements. N’existent que brouillards, hurlements d’effroi, solitudes, violences intérieures, démentielles sidérations. Ne se côtoient autour de vous que monstres purulents, que créatures barbares et avides de sang, que démons infernaux et décadents. 
Vous espérez, continuellement. Vous vous battez afin que votre Destin change, s’améliore. Vous vous dites que ce que vous vivez ne peut pas se poursuivre éternellement. Que toutes ces épreuves ne sont pas vécues en vain. Qu’un jour prochain, finalement, après avoir tout surmonté, vous trouverez enfin la paix, la sérénité, la tranquillité. Mais non, c’est trop demandé. Même si demain est un autre jour, même s’il y a quelques instants de répit, ce n’est jamais sur une longue durée. Du moins, une durée suffisante pour pouvoir panser ses blessures, pour pouvoir se reposer, pour pouvoir reconstituer ses forces, pour pouvoir se régénérer. 
Parfois, vous aimeriez être quelqu’un d’autre, échapper coute que coute à votre destinée. Pour pouvoir savoir ce que c’est que la paix ; ce qu’est une existence normale, un quotidien fait de tous petits riens ; d’un travail qui permet de gagner son pain ; d’une femme, des enfants, des tracas communs ; des courses, de l’école. Toutes ces petites choses sans intérêt, et qui, pourtant, sont essentielles à la vie de chacune et de chacun. Et qui vous manquent cruellement parce que vous ne les avez jamais expérimentés. Dont vous êtes privés depuis que vous êtes né. Parce que vous n’avez jamais su ce que « ordinaire » signifie. Parce que, de tous temps, la maladie, la solitude, le rejet, la peur, le regard des autres, l’humiliation, l’impossibilité d’être soi-même en société à cause des diktats que l’on vous a toujours imposé. A cause de ces femmes que vous avez aimé, mais qui n’ont jamais voulu partager vos sentiments énamourés ; ou même, tout simplement pour certaines, passer une nuit dans leur lit. Se sentir continuellement différent, être défini en tant qu’exception. D’être celui que l’on regarde comme la personne qu’il est « normal », « facile », de délaisser, de se détourner. Qui prendra tout sur lui sans rien dire, sans se révolter. Qui comprendra toujours les malheurs des autres, qui seront toujours cette épaule sur laquelle on peut s’appuyer, cette oreille qui écoute. Celui qui attendra dans l’ombre en laissant passer son tour pour privilégier ceux et celles qui sont importants à ses yeux. De se dévaloriser pour laisser les autres briller, pour ne pas attirer la couverture à soi, sachant que si vous le faisiez, vous en souffririez. Vous en souffririez parce que vous auriez le désagréable sentiment d’être égoïste, égocentrique, que vous ne penseriez qu’à vous, sans vous préoccuper de ceux et de celles qui souffrent, qui sont dans la peine, qui ont davantage de soucis, que vous.
Alors, vous culpabilisez. Vous vous auto flagellez de réagir de cette manière. Vous déchirez votre cœur, votre âme. Vous vous sentez perdu, désorienté, terrorisé par ce que votre esprit, votre conscience, vous fait percevoir de vous-même. Vous cherchez le bonheur sans jamais le trouver. Et vous vous réfugiez, en désespoir de cause, dans la seule chose qui vous maintient débout, qui vous aide à aller de l’avant. L’écriture, la lecture, la connaissance, et vos réflexions philosophiques. Comme vous avez l’impression d’avoir échoué, d’avoir dû cacher ce que vous êtes, de ne pas avoir la possibilité de côtoyer les êtres croisés ici et qui, pourtant, vous sont chers, vous vous repliez sur vous-même. Vous n’avez envie de rien, si ce n’est cet univers dans lequel vous vous protégez de ce qui vous meurtrit inlassablement, inexorablement. Vous rêvez que les choses soient différentes ; vous tentez de trouver des solutions. Mais il n’y en a aucune. Il n’y a que des interrogations, des déceptions, des désillusions, des espoirs condamnés, des rêves torturés et malmenés. Il y a des hommes et des femmes que vous aimeriez rencontrer, mais aux yeux desquels vous êtes, soit invisible, soit en dehors de leur réalité ; et donc, éternellement au second, au troisième, etc. plan de leurs préoccupations, et y songer vous rend triste, vous donne le sentiment d’être abandonné. Si vous aviez des larmes pour pleurer, vous pleureriez. Mais il y a longtemps que vous les avez toutes usées. Malheureusement. Et vous craignez, qu’à force, vous ne lassiez les gens qui sont essentiels pour vous. Et vous vous en voulez davantage encore. Un cercle vicieux dont vous ne vous pouvez pas vous débarrasser tant que vous n’aurez pas concrétisé ce projet fou, ce projet démesuré, ce désir destructeur, maudit, qui vous anéantit jour après jour : celui de pouvoir côtoyer au sein de cette réalité ces personnes qui sont si importantes, si vitales, afin de vous sortir de cette existence de laquelle vous ne pouvez vous libérer seul… 

Dominique

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