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Mes Univers
14 janvier 2016

Toute la vérité :

X1

Vous voulez connaitre la vérité ? Savoir pourquoi c’est aussi compliqué, difficile, épuisant, anxiogène, de vivre ce que je vis ? Savoir pourquoi je n’ai aucun moyen d’y échapper, sinon que de subir au quotidien les affres d’une situation que je n’ai pas choisie ? Pourquoi je me renferme sur moi-même et que le seul moyen de m’extérioriser, de tenter d’échapper – un moment – à ces cauchemars qui, chaque jour, me hantent et me détruisent ? Pourquoi j’ai tant besoin de soutien, d’amour, de partage, d’échange ? Mais que je suis dans l’incapacité d’aller vers les autres, et que le seul moyen de leur manifester mon amitié, c’est de leur tendre la main en espérant qu’ils la prenne et qu’ils s’approchent eux-mêmes de moi ?

Pour une fois, je vais m’en ouvrir avec vous totalement. Je vais me mettre à nu complétement. Et ensuite, vous pourrez me juger, vous détourner de moi si vous le souhaitez, comprendre si vous y arriver. Vous pourrez m’apporter ce que vous êtes, venir davantage vers moi si vous le voulez. Mais, au moins, vous saurez.

Bien-sûr, je ne vous dévoilerez pas tout. Ce serait trop complexe et trop long. Je suis tellement fatigué, usé, anéanti, défait, perdu. Je suis terrorisé, continuellement sous pression, sans pouvoir me reposer, rien qu’un instant. Sans pouvoir déposer ce fardeau qui m’accable, qui m’écrase jour après jour. Alors que j’ai tant besoin de paix, de sérénité, de tranquillité ; parce que, moi aussi, mon parcours jusqu’à aujourd’hui, n’est que chaos, effroi, solitude, maladie, blessures, et épreuves me vidant de mon énergie vitale ; tout le temps.

Ce que vous ne savez pas, parce que je ne l’ai jamais mentionné – je suis très discret et extrêmement pudique à ce sujet -, c’est qu’aux environs de 2003 – 2004, lorsque mes parents ont divorcé, un membre très proche de ma famille s’est exilé à Valognes. Cette personne souhaitait s’éloigner de l’atmosphère à couper au couteau qui régnait dans la région où mes parents habitaient alors. En effet, après la découverte de l’homosexualité de mon père depuis son adolescence, le fait que durant toutes ses années de mariage avec ma mère, celui-ci l’ait allègrement trompé avec d’autres hommes, le fait qu’il ait dépensé des fortunes pour mener sa double vie – jusqu’à souscrire de prêts auprès d’organismes de crédit qu’il n’a jamais remboursé -, le fait qu’il ait été – à tort, heureusement ; mais quand même – été soupçonné de pédophilie parce qu’en contact un temps avec un adolescent via internet, etc. a dynamité ma famille. Par ailleurs, à ce moment-là, moi, je n’étais pas au mieux de ma forme, puisque je me remettais lentement d’une dépression à la suite de mon emploi de trois ans au sein de l’Education Nationale. J’y avais en effet donné toute mon énergie, toutes mes forces, autant physiques que psychiques, afin d’être à la hauteur des attentes de mes supérieurs qui n’avaient pas pris en compte que j’étais handicapé. Et finalement, après avoir tout donné de mon énergie, je me suis effondré, épuisé, anéanti que tous ces efforts n’aient pas porté leurs fruits. Puisque je n’y ai pas été titularisé. En parallèle, au même moment encore, la jeune femme que j’aimais et dont j’étais passionnément épris, m’a quitté, ce qui a, évidemment, fini de m’achever.

Bref, tout cela pour dire qu’au moment du divorce de mes parents, je me relevais à peine de mes propres difficultés de vie. Et mon père a décidé d’aller s’installer à Valognes pour refaire sa vie. Abandonné, seul, je l’y ai suivi parce que, malgré les mensonges, malgré les trahisons, malgré les blessures qu’il m’avait infligé durant toute mon enfance et mon adolescence – en plus de mes propres épreuves à cause de mon handicap et de ma tâche de vin, du rejet, des moqueries, des solitudes, etc. dont j’étais alors l’objet -, je ne pouvais me résoudre à me détourner de lui pour toutes ces raisons. C’était mon père après tout. Et malgré toutes les souffrances, malgré tous les rabaissements, malgré toutes les humiliations, qu’il m’avait infligées tout le long de ces années, il restait mon père et je l’aimais malgré tout.

J’ai donc pris sur moi de m’installer également à Valognes. Non pas avec lui. J’ai trouvé un appartement pour moi à quelques pâtés de maison de chez lui. Et je m’en suis occupé au mieux, en allant lui rendre visite de temps en temps, en m’enquérant de sa santé, en m’occupant de l’administratif, des courses, etc. Car, et c’est là où je veux en venir, il y a quatre ans de cela, les docteurs ont découvert – tardivement – qu’il était atteint de sclérose en plaques. Et, à partir de ce moment-là, progressivement, sa santé a commencée à se dégrader, et j’ai été contraint de le prendre de plus en plus en charge. Il est toujours chez lui. Mais il n’en sort pratiquement plus, si ce n’est pour aller chez le kinésithérapeute. Je vais lui rendre visite au moins une fois par jour. J’organise ses rendez-vous chez les médecins – neurologue, urologue ; urologue parce que la sclérose en plaques atteint les reins, et l’un de ses symptômes est de fréquentes fuites urinaires sans qu’il s’en rende compte. Il y a une aide-ménagère qui vient pour s’occuper du ménage trois fois par semaine entre une heure et deux heures à chaque fois. Une infirmière vient lui faire des piqures de médicaments stabilisant sa maladie une fois par semaine. Il va au kinésithérapeute deux fois par semaine, afin qu’il entretienne les muscles de ses jambes, puisque ce sont ceux-ci qui sont d’abord atteints par la maladie.

Le problème est que l’un des symptômes de sa sclérose en plaques – il semble qu’il y ait plusieurs formes de sclérose en plaques – le rend apathique, sans volonté, sans projets. Si je n’étais pas présent au quotidien, il n’y aurait personne pour tenter de le « booster », de le « motiver ». Rien ne l’intéresse. Il reste là, à attendre, des heures, sans rien faire. Et si je ne m’occupe pas de lui pour lui trouver des choses à faire, il ne les fera pas de lui-même. Je dois préparer ses repas. Je dois parfois être présent durant ses repas, parce qu’au sinon, son attention est déviée par n’importe quoi. Je dois donc le ramener à la réalité de son assiette pour qu’il se souvienne qu’il faut manger. Il est lent et se fatigue vite. Il n’y a que la télévision qui capte son regard.

De fait, souvent, je mets toutes mes forces, toute mon énergie, afin qu’il ne se laisse pas totalement aller. Je fais son lit. Je l’aide à faire sa toilette, je l’habille. Mais cette situation qui se poursuit aujourd’hui, et qui se détériore progressivement sans que je ne puisse rien faire pour l’empêcher malgré tous mes efforts, me désespère, parce que j’ai en permanence peur pour lui. Je suis terrorisé, stressé, angoissé, à l’idée qu’il fasse une nouvelle poussée inflammatoire – une crise de sclérose en plaques – qui le conduise à l’hôpital. Comme celle d’il y a quatre ans qui nous a fait découvrir sa maladie.

Malgré mes pleurs, malgré mes cris dans le silence et la nuit, j’y mets toute mon âme, tout mon cœur, afin de m’occuper de lui au mieux de mes possibilités et de mes capacités. Mais, parallèlement, je ne me ménage pas, moi qui suis handicapé, fatigué, usé, lacéré par ces épreuves quotidiennes qui me ne laissent aucun répit, aucun repos. Chaque jour, un incident différent vient mettre mes nerfs à rude épreuve. Alors, je me réfugie dans l’écriture, dans la lecture. Je tente d’y trouver un semblant de calme, de paix, de sérénité, tout en sachant que tout à l’heure, dans une heure – un peu plus, un peu moins -, la réalité va me rattraper et que je vais devoir porter sur mes épaules ce devoir filial qui est le mien, afin qu’il mène une existence la moins pénible possible, la plus apaisée. Et moi, j’encaisse tout, je dois me taire, je dois subir. Je dois avancer coute que coute. Je n’ai pas le droit de me reposer, pas le droit de tomber malade, pas le droit de m’éloigner trop longtemps, au risque qu’il se laisse dépérir. Je dois m’organiser pour que sa vie se poursuive au mieux, au détriment de la mienne.

Quitter Valognes, sauf lorsque je vais voir ma mère comme c’est le cas en ce moment, est une gageure. Parce qu’en attendant, je suis mort d’inquiétude, je stresse, je fais des crises d’angoisse parce que j’ai le sentiment de l’abandonner, de le trahir. Je me ruine la santé – mentale et physique – à m’acharner à être présent à ses côtés aussi souvent que possible.

Mon seul réconfort, mon seul plaisir, c’est le soir, quand je lis. C’est lorsque, durant la journée, j’arrive à grappiller quelques heures à droite et à gauche pour vivre ma propre vie. Pour venir ici et discuter, échanger, partager mes textes, mes réflexions philosophiques, mes exposés historiques ou mythologiques, mes nouvelles ou mes mini-romans. Alors, j’essaye de tendre la main envers ceux et celles avec lesquels j’ai des affinités, des centres d’intérêts communs, des passions qui nous lient les uns aux autres. Je rêve, à chaque fois, que ces personnes avec lesquelles je partage tout ce que j’ai au fond de mon âme, u de mon cœur, avec lesquelles je partage mes connaissances, mes poèmes, mes ressentis, mes états d’âme, prennent ma main, osent aller plus loin qu’un simple coucou ici de temps en temps. Qu’ils me téléphonent, prennent de mes nouvelles, viennent me voir, moi qui suis dans l’impossibilité – du fait de mon handicap – ou dans l’incapacité – parce que je m’occupe de mon père régulièrement – de m’éloigner de Valognes autant que je le souhaiterais. Je me bats avec toute mon énergie, tout mon espoir, tout ce que j’ai et tout ce que je suis, pour vaincre cette fatalité qu’est cette solitude chronique que je vis depuis que je me suis installé dans cette ville pour les raisons que vous savez désormais.

C’est la première fois que je parle de cet aspect de mon existence ici. Mais c’est également la dernière. Je n’y reviendrais pas ; jamais. Car c’est un fragment de mon parcours de vie qui est trop douloureux, qui me conduit souvent aux portes de la démence et du désespoir. Qui fait de moi un homme seul, contraint de vivre quasiment en ermite. Et je ne peux rien faire pour changer cela. Je n’ai pas de compagne. Je suis en manque de tendresse, d’amour, d’affection, de partage, d’échange, ou tout simplement, de sexualité, depuis longtemps. Et cela me pèse en plus de tout le reste. C’est une descente aux enfers quotidienne qui n’a pas de fin, et dont je ne peux me libérer ; à moins qu’il y en ait – hommes ou femmes, ami(e)s virtuel(le)s ou jeune femme pour laquelle j’ai des sentiments – osent venir vers moi. Osent briser cette carapace, osent me libérer de ce carcan que je ne peux poser à terre seul.

Car, juste le fait d’être entouré, de savoir qu’il y a des personnes, ou une personne – qui sont là, et qui ne vous oublient pas ; qui tiennent assez à vous pour cheminer dans votre direction puisque vous n’y arrivez pas, peut faire toute la différence.

Voilà, maintenant vous savez l’essentiel. Je ne me suis pas étendu dans les détails. Mais, je pense que ce n’est pas nécessaire que je vous décrive en profondeur le reste. Ce n’est pas utile. Et puis, je n’ai pas envie de m’apitoyer sur mon sort. Pour que vous me plaigniez sur cet aspect-là de mon existence ; je crois que ce que je détaille parfois ici des épreuves qui sont les miennes est déjà assez lourd à porter. Convenons-en.

Je vous laisse me juger, me condamner, me dire que vous êtes triste ou malheureux pour moi. Cela ne changera pas ce besoin de côtoyer ces gens qui, ici, me sont chers, sans possibilité de les rencontrer. Mais n’oubliez jamais ceci : je tiens à vous parce que je vous considère comme de véritables ami(e)s. Et si je pouvais faire davantage pour vous afin de vous rendre l’existence plus heureuse, plus épanouie, plus sereine, enrichie d’amour, de tendresse, d’affection, de partage, et d’échange, autrement que par les simples mots ou textes que je vous transmets, je le ferai volontiers ; quelle que soit votre situation, vos difficultés, vos épreuves, vos blessures, etc. personnels. Parce que je sais dans ma chair à quel point elles vous meurtrissent, vous détruisent, et vous vident, quand il n’y a personne à vos côtés…

 

Dominique   

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