Les frontières de notre imagination

L'imagination humaine est sans limites. Les seules limites auxquelles nous nous enchaînons sont nos interdits. Ce sont les préceptes de la morale, de la religion, des a-priori, ou des jugements rattachés à notre éducation. Et, comme chacun de vous,moi-même j'y suis soumis.

Cependant, en ce qui me concerne, je combats avec force et ténacité ceux et celles qui jugent et condamne au nom de ces idéaux - certes honorables et respectables, mais intenables. Moi, comme vous autres, nous ne sommes que des hommes et des femmes. Il nous est impossible de tenir des engagements qui se situent au-delà de l'humain. Et, à ma connaissance, depuis l'aube de la civilisation, cette capacité à transcender ce que nous sommes pour le dépasser,a été extrêmement rare, pour ne pas dire exceptionnel. Car, ni vous ni moi, ne sommes Bouddha, Jésus Christ, Mahomet, ou Moïse. D'autant plus que ces hommes aux consciences étincelantes, qui nous servent de références, nous ne savons même pas s'ils ont existé véritablement. D'aucuns jureront que si c'est écrit dans la Bible, la Torah, le Coran, etc., c'est que c'est vrai. Ce qu'ils oublient, c'est qu'ils parlent au nom de leur foi. Les textes, les dogmes, les enseignements qu'ils vénèrent, sont de l'ordre de la croyance, et non de la raison. Et, qu'ils le veuillent ou non, qu'ils l'acceptent ou non, nous sommes dans un monde où la raison prime sur la foi. C'est pour cette raison, qu'historiquement, il n'y a que très peu d'indices sujets à caution qui révèlent l'existence de ces Piliers de la Foi; Et ces derniers ne sont pas assez nombreux, pas assez substantiels, ou trop orientés, pour qu'ils s'imposent comme une inébranlable vérité.

L'imagination humaine est sans limites, je le répète. Que ce soit dans ce domaine, comme dans tous ceux qui nécessitent l'entendement, la connaissance, l'intelligence, etc. dont nous sommes pourvus depuis l'Aube de l'Humanité. Si nous avons pu arriver jusqu'à l’Ère si magnifique et si terrifiante au sein de laquelle nous demeurons actuellement - et encore pour quelques décennies vraisemblablement -, c'est parce que nous nous sommes servi de notre imagination afin de surmonter les épreuves auxquelles nous avons été confrontés de tous temps. Parfois avec succès ; parfois en engendrant de monstruosités. Mais si ne nous étions pas servi de cette spécificité qui fait de l'espèce humaine une espèce à part, aujourd'hui, nous habiterions toujours dans des grottes et nous nous comporterions comme des animaux dénués de conscience. Quoique certains - et je les comprends - me rétorqueraient que, malgré la civilisation, cette façon de procéder n'a pas beaucoup évoluée depuis cette époque-là. Et je leur répondrai, que par certains cotés, ils n'ont pas tout à fait tort, c'est vrai.

Toutefois, timidement, lentement - trop ? -, mais progressivement, et malgré les soubresauts de l'Histoire et les méfaits de la Religion telle que nous la voyons aujourd'hui dans certaines contrées, il y a du progrès. Malgré également, l'omniprésence du pouvoir de l'argent, malgré la pollution, malgré la violence, j'en passe, nous avançons. Les époques changent, les civilisations se succèdent, les religions disparaissent pour renaître plus tard sous une autre forme. Mais l’être humain, lui, et ce malgré tout le chemin qu'il lui reste encore à parcourir afin d'entreprendre son ultime voyage, évolue. Et même ce que nous trouvons si affreux, si terrible, si monstrueux au sein de nos sociétés, est une phase inévitable, indispensable, de cette évolution. Rien ne s'est jamais fait sans sacrifices, sans souffrances, sans épreuves, sans heurts. Le tout, c'est d'user de cette imagination sans limites, afin de métamorphoser ce qui nous semble si difficile à accomplir, en atouts, en moyens d'aller plus loin encore que là ou nous le désirions. D'ailleurs, quand on y réfléchit un instant, avons nous vraiment le chois de faire autrement ? Non, bien sûr que non !!!

Les religions n'ont pas cette capacité à se dépasser elles-mêmes afin d'évoluer au même rythme que la civilisation. C'est pour cette raison que, périodiquement, les anciennes s'effondrent, pour laisser la place à de nouveaux concepts, à de nouvelles façons de voir et d'approcher le divin. Il en est pareillement pour nos sociétés, nos sciences, nos philosophies, nos mentalités, etc. Ceux et celles qui sont convaincus que notre civilisation est immuable, figée à tout jamais, se trompent, et même s'ils le nient, même s'ils jurent leurs grands Dieux qu'ils ne sont pas dans l'erreur, ils sont conscients de cette vérité.

Réfléchissez-y : pourquoi, dans ce cas, ont-ils si peur, sont-ils si épouvantés par les changements de nos modes de vie, de nos société ? Pourquoi l'Eglise refuse t-elle le mariage pour tous, l'homosexualité, le mariage des prêtres, notamment. Pourquoi Daesh existe t-il ? Pourquoi les fondamentalistes chrétiens ou juifs s'accrochent t'ils avec autant de virulence à des préceptes obsolètes ? Parce qu'ils ont peur ; ils ont peur que ce à quoi ils croient depuis des centaines d'années soit remplacés par de nouvelles visions du monde, de l'univers, et de la place de l'Homme au sein de ces derniers. Parce que leur imagination n'est pas assez développée, parce que les connaissances, les enseignements divers et variés - outre religieux j'entends - n'ont pas de prise sur eux. Et, de fait, ils sont dépassés par ce mouvement de fond, impossible à refréner, qui, inévitablement, les broiera tôt ou tard. Qui broiera le socle sur lequel ils ont bâti tout ce à quoi ils tiennent, qui donne un sens à leur existence. C'est dans la nature des choses. On ne peux pas l’empêcher ou le freiner. Celui ou celle qui ne l'accompagne pas, qui ne l'accepte pas, périra avec. Cela s'est déjà produit à de nombreuses reprises, et se renouvellera.

Dès lors, autant user de notre imagination, de nos imaginaires, pour inventer aujourd'hui ce qui viendra demain. Usant de notre capacité à innover, à créer, pour aller de l'avant, pour dépasser nos inhibitions. Pour faire évoluer l'espèce que nous sommes, et la conduire sur le chemin qui se présente à elle. Plutôt que vouloir absolument l’empêcher, et ainsi la condamner à une éventuelle extinction.

L'ultime frontière est celle de notre imagination. L'ultime frontière est aussi cet Univers démesuré constitué de galaxies, d'amas planétaires, de contrées inconnues et sidérantes qui nous tendent les bras. Et, à mon avis, sans notre capacité à imaginer, à innover, à dépasser nos interdictions, nos restrictions, nos a-priori, etc., jamais nous ne pourrons, un jour, nous y aventurer. Car, à mes yeux du moins, l'un est dépendant de l'autre ; l'un ne va pas sans l'autre...