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Mes Univers
15 février 2016

Solitudes

X1Il n'y a rien de plus terrifiant au monde que l’extrême solitude. Quand une personne y est confrontée, c'est comme si elle franchissait une frontière dont elle ne revenait jamais totalement indemne. C'est comme si quelque chose d'indéfinissable, et pourtant d'essentiel, se brisait aux tréfonds de son âme et de son cœur. C'est comme si le Ciel s'associait à la Terre, que le Feu s'associait au Vent, pour l'engloutir, puis la déchiqueter immodérément. C'est comme si le silence et la mort devenaient irrémédiablement ses seules compagnes avilissantes. C'est comme si la Démence était la seule issue susceptible de lui permettre d'échapper à cet Enfer permanent.

Chacune de ces sensations, je les éprouvées mille fois. Chacune de ces sensations s'est maintes fois accrochée à mon Esprit, a torturée ma Chair avec virulence. Mes yeux embués de larmes ont été tant de fois pleuré que, finalement, je n'en n'ai plus eu pour évacuer tout ce que je portais en moi. J'ai tant de fois hurlé dans l'anonymat de la nuit la plus profonde que nul n'a jamais perçu les déchirements qui me mutilaient intérieurement.

Mes épouvantes incessantes dont je ne suis jamais parvenu à me défaire : finir répudié dans une chambre d’hôtel miteuse ; ses murs fissurés et constellés de poussières ; son lit aux draps moisis ; son atmosphère nauséabonde ; et moi, amaigri, vêtu de loques, recroquevillé dans un coin sombre, les traits figés par les hallucinations ; en train de mourir solitairement. Cette image m'a accompagnée journellement. Et demain, elle sera toujours présente évidemment.

Alors qu'autour de moi, dans la ville paisible et endormie, chacun et chacune voyageait dans les bras de Morphée ; alors qu'hommes et femmes s'aimaient, assouvissaient leurs désirs et leurs plaisirs les plus divins, les plus voluptueux, les plus secrets ; alors qu'ils rêvaient à des lendemains chantants, à un quotidien innocent et pourtant éloigné de ce que je connaissais ; je m'effondrais. J'étais secoué de spasmes ; j'étais la proie de tiraillements incessants. Je songeais à cet espoir fou auquel je n'avais pas accès : être quelqu'un d'autre, quelqu'un que l'existence n'avait pas foudroyée ; quelqu'un qui n'aurait jamais subi trahisons ou humiliations ; quelqu'un dont nul ne se serait détourné, de peur qu'on le voit à ses cotés. Quelqu'un que les femmes pour lesquelles sont âme, son cœur, son corps, auraient eu le droit de vibrer sans retenue et avec passion. Qu'elles aurait accepté dans leur lit, dont elles aurait accepté les baisers et les caresses libératoires. Quelqu'un auquel elles aurait ouvert leur désir d'être comblée. Quelqu'un qui les adulerait, qui déifierait, uniquement afin de les remercier d'être tout ce qu'elles sont, tout simplement.

Mais non, de tous temps, cela a été impossible. Cette ambition ne m'a conduit qu'à éprouver peur, amertume, désespoir, désillusions. Cette ambition m'a propulsé en des territoires remplis de solitudes, de défaites, de silences, de regrets. Cette ambition m'a menée sur des chemins sur lesquels mes pires cauchemars ne m'ont jamais emmenés. Pire encore, elle m'a obligée à me rouler dans la fange, à transformer mes ongles en griffes acérées destinées à me lacérer le visage, les membres et le torse. Elle a détruit, anéanti cet élan, cette lumière, cette ferveur qui a toujours existé en moi ; et qui, au fil des combats, des épreuves, des espoirs déçus, s'est éteinte définitivement. Elle m'a conduit à dépenser des fortunes, une énergie peu commune, un talent dont je n'attend plus rien. Elle m'a fait endurer à chaque fois que j'ai levé les yeux vers le Soleil incandescent qu'elles incarnent et qui m'éblouit tant, ce martyr terrifiant qui me vide insidieusement. Et contre lequel je ne peux lutter indéfiniment.

Il n'y a rien de pire que cette solitude qu'elles font peser sur moi et qui me rabaisse plus bas que terre. Mais je préfère mille fois m'y confronter que de ne pas essayer, même juste un instant, les approcher ; puisqu'elles sont ma rédemption. Et tant pis si elles me maltraitent, si elles me haïssent – parfois -, si elles se détournent de moi en ricanant – souvent -, ou si elles m'ignorent délibérément. Si elles foulent mes sentiments les plus nobles, les plus respectueux, et les plus tendres, de leurs pieds. Si elles me voient comme un être indigne de leurs émois, ou indigne d'oser envisager de passer une nuit dans leurs bras. Je me sacrifie volontiers puisque le destin en a, depuis des décennies, décidé ainsi. Je ne regrette nul geste, nul parole, nulle affection, nulle tendresse que j'ai tenté de leur procurer. Si je n'en n'ai récolté que de maigres fruits, c'est que c'était écrit. Et qu'hier, comme demain certainement, c'est ce chemin de solitude que je suis. Et c'est dans la solitude et l'indifférence de celles que j'ai tant aimé que je mourrai…

 

Dominique

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