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Mes Univers
16 mars 2016

autobiographie, pages 49 à 51 / 312

X6A l'Automne, mon arrière grand-père nous a occasionnellement emmené dans la forêt implantée sur les hauteurs du hameau. Nous quittions notre propriété après le déjeuner et la fin des informations télévisées. A l'époque, il faut se souvenir qu'il n'y avait que trois chaînes. Nous regardions la télévision dans la salle à manger-salon coté prairie. Le récepteur s'y trouve toujours. Mais avec l’évolution de la technologie dans ce domaine, il ne doit plus rien diffuser. Nous y visionnions des feuilletons comme « Dallas », des émissions comme « Intervilles » ou « les Jeux de vingt heures ». Le choix n'était pas très étendu, mais nous nous en contentions.

 

Je revois leurs fauteuils de cuir usé ; ils sont encore à leur place. Je réentends le tintement si particulier de l'horloge comtoise de la cuisine qui y retentissait toutes les demi-heures. Je revois les tableaux des murs couverts de boiseries, l'habitacle à l'intérieur duquel ils rangeaient leur vaisselle la plus précieuse. Je revois aussi le tapis sous la table de la salle-à-manger autour de laquelle nous déjeunions le Dimanche midi ou quand ils recevaient des invités. Ces repas interminables qui duraient des après-midi entiers, à évoquer le temps où ils travaillaient ; que ce soit en région parisienne ou en région lyonnaise. Ces discussions sans fin où mes grands-parents, encore en activité, parlaient des forages pétroliers de la société qui les employaient. A cette date, mon grand-père y était en effet expert-comptable, et il a souvent été dans l'obligation de voyager aux quatre coins de l'Afrique de l'Ouest. Il y supervisait les investissements financiers ou les dépenses des sites qui y gîtaient. Une fois, il s'était rendu en Algérie, je me souviens. Il en avait ramené de plans de dattiers entiers ; ils étaient à l'intérieur de couvertures et protégés par des rameaux de bambous.

 

Durant ces années là, mes grands-parents n'ont passé que quelques semaines par an au sein de notre demeure familiale. Le reste du temps, ils ont logé en proche banlieue parisienne, dans une maison qu'ils ont fait construire à leur retour d'Afrique. Le siège de leur entreprise – où ils étaient la plus grande partie de leurs journées – était basé en plein centre de la capitale. Ils quittaient leur foyer très tôt et revenaient très tard. Ils n'avaient que le week-end pour se ravitailler en nourriture au supermarché ou aux halles en plein air de leur agglomération. C'est pour cette raison qu'ils effectuaient souvent leurs achats alimentaires avec ma mère. C'est aussi pour ça que nous allions dîner chez eux le Samedi soir épisodiquement. C'est pour ce motif que j'y couchais ensuite et qu'ils me reconduisaient chez mes parents le lendemain. Cela leur donnait dès lors l'opportunité d'y voir ma sœur et mon petit-frère de la fin de la matinée au début de soirée dominical.

 

Je n''ai jamais posé le pied dans l'immeuble où ils ont été employés. Au début des années quatre-vingt-dix, mon grand-père m'a permis d’être engagé un mois dans une des succursales de cette multinationale. Mais, si ce n'est dans ce cas précis, mes grands-parents ne se sont que rarement appesantis sur leur métier. Tout ce que je sais, c'est que mon grand-père y a été un expert-comptable intègre, sérieux et renommé, et que ma grand-mère y a été la secrétaire personnelle de son dirigeant. En fait, ils n'en discutaient uniquement que lorsque mon grand-père partait à l'aventure au Mali, au Sénégal, au Niger ou en Cote d'Ivoire pour y contrôler des extractions pétrolières ou gazières. Car il était très fier de cela ; ma grand-mère aussi.

 

Quand ils séjournaient dans le Doubs, mon grand-père était heureux d'évoquer ses aventures africaines. Ma grand-mère rappelait divers épisodes de leur longue expérience d'expatriés au Sénégal. Nous écoutions tous sagement. Mon père tentait de briller par son éloquence et par sa culture. Mais généralement, ses mots venaient combler les vides entre deux discussions. En Été, mon arrière grand-père et mon grand-père organisaient des barbecues dans la prairie entourant la maisonnée. Ils l'installaient à une dizaine de mètres de la porte ouvrant sur la cuisine. Ils sortaient la table de jardin ornée d'un parasol, les sièges en plastique et les chaises longues rangées durant la saison froide au grenier. Ils faisaient cuire des grillades, des saucisses, assorties de salades composées ou de salades de tomates. Et tout le monde discutait là, dehors, au Soleil, tandis que mon arrière grand-père et mon grand-père s'activaient autour du feu.

 

A suivre, si vous le souhaitez...

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