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Mes Univers
19 avril 2016

autobiographie, pages 109 à 111 / 312 :

X1Il y a encore un autre aspect à prendre en considération : je suis un homme handicapé. Oh, j’ai appris à m’adapter à mon handicap. Depuis que je suis enfant, ma mère m’a poussé, souvent jusque dans mes derniers retranchements et sans ménagements, afin que je le surmonte. J’ai fait de la kinésithérapie durant toute mon enfance et toute mon adolescence dans le but de récupérer le maximum de mes capacités motrices. Cela a été dur. J’ai de temps en temps été la proie de crises de convulsions qui m’ont mené à l’hôpital pour de plus ou moins longs séjours. Aujourd’hui, heureusement, tout cela est derrière moi. Le plus gros de mon handicap, je le gère parfaitement journellement. Lorsque je sens qu’une crise de convulsions est sur le point de se déclencher, je m’isole. Je m’assois dans un coin. Je sens les premiers symptômes qui se manifestent. Un peu comme si je voyais le monde au travers d’une espèce de rêve. Puis, ma jambe droite devient engourdie, parsemée de picotements. Soudain, elle s’agite sans que je ne puisse rien faire pour l’en empêcher. Les spasmes qui la parcourent sont violents ; comme si les flux électriques puissants la traversaient. Cela dure entre cinq à sept minutes généralement. Mais à chaque fois qu’elles se terminent, je suis lessivé, essoré physiquement et nerveusement. Enfin, l’ultime phase de ces crises se dévoile : une partie de mon visage devient insensible, engourdi, pendant une dizaine de minutes. Avant que je ne récupère la totalité de la mobilité habituelle de mon corps.

 

Ce sont les médicaments que je prends depuis une bonne trentaine d’années désormais, qui font que ces crises ne durent que quelques minutes. Avant, celles-ci étaient beaucoup plus longues et me conduisaient à l’hôpital. J’y ai effectué de multiples séjours tout le long de mon enfance et de mon adolescence. Non seulement cela, mais, de plus, tout le côté droit de mon corps était entièrement paralysé durant toute cette période. Donc, je ne peux nier qu’il y a eu de l’amélioration.

 

Pour autant, d’autres souffrances physiques se sont substituées à elles. Depuis environ six ans, le soir, lorsque je vais au lit et que je commence à me détendre, mais surtout, après avoir éteint la lumière en priant le Ciel de pouvoir m’endormir paisiblement, je suis pris de douleurs insupportables dans les jambes. Tantôt, ce sont mes pieds qui sont atteints, tantôt ce sont mes chevilles ou mes mollets. Chaque soit – ou nuit plutôt puisqu’il est entre une et deux heures du matin à ce moment là -, des barres compriment mes membres. Un peu comme si on serrait ces endroits précis de ma physionomie dans un étau, et qu’on les pressait inéluctablement. J’ai, à chaque fois, l’impression d’être soumis à la torture. Généralement, l’endroit qui est attaqué par ce mal est assez restreint ; un doigt de pied, une clavicule. Régulièrement, j’ai le sentiment que mes os sont écrasés. Et si je ne me lève pas, que je ne me précipite pas vers la cuisine pour y manger quelque chose afin que ma conscience soit dirigée vers une autre préoccupation plus immédiate, plus substantielle, il m’est impossible de me reposer ou de m’assoupir. Mon esprit reste obnubilé par les sévices dont mon corps est la proie. Je me tourne et me retourne sans cesse entre mes draps. Malgré le Lexomil ou les somnifères que je prends, rien ne vient à bout des supplices que j’endure. Et ce n’est que vers trois heures du matin, après avoir grignoté ce qui me tombe sous la main, après avoir fait dérivé mon esprit de cette manière, que je finis par m’endormir.

 

Le matin, au réveil, le même processus se met en mouvement. Ce sont mes pieds qui sont de nouveau comprimés tant que je ne suis pas levé. Or, comme je suis encore fatigué, j’essaye, en vain, de profiter des quelques dizaines de minutes devant moi. Surtout lorsqu’il n’y a rien d’urgent qui m’oblige à me sortir hors du lit tôt. Cependant, je n’ai aucune échappatoire, et ce que je viens de décrire se renouvelle chaque jour. Et je n’ai jamais rien trouvé jusqu’à maintenant qui puisse me soulager ; même un petit peu. Tous les médicaments que mon médecin personnel me prescrit sont inefficaces.

 

C’est d’ailleurs pour cette raison que je ne suis pas debout avant dix heures trente ou onze heures du matin.

 

En conséquence donc, depuis une dizaine d’années, j’ai grossi. Je suis toutefois convaincu que ce n’est pas la raison principale de toute cette souffrance physique que je subis depuis tant de temps. Certes, je ne bouge pas beaucoup – au grand désespoir de ma mère -, certes, le sport n’a jamais été ma tasse de thé. Autrefois, quand j’habitais Paris, il est vrai que je me promenais souvent en ville. J’avais un emploi, soit à la Bibliothèque Nationale, soit à l’Éducation Nationale, soit dans d’autres secteurs d’activités. Il est certain aussi que je me rendais aux quatre coins de la capitale pour participer aux réunions de jeux de rôles auxquelles j’aimais jouer. Non pas en tant qu’équipier surmontant les obstacles et les péripéties que le maître du jeu mettait sur la route de ces compagnies d’aventuriers. Non, justement, j’étais davantage à l’aise en tant que maître du jeu. Car, déjà à l’époque, l’écrivain qui sommeillait en moi était présent depuis longtemps. Et j’inventais des scénarios originaux, rocambolesques, passionnants, que les personnes que je côtoyais appréciaient particulièrement. Je me souviens, entre autres, « la Tour d’Harald », la campagne Vampire d’où j’ai ensuite tiré le récit actuel intitulé « le Crépuscule des Demi-Dieux ». Je me rappelle encore mes scénarios de « l’Appel de Cthulhu », dont l’univers m’inspirait énormément. Bref, je courais sans cesse aux quatre coins de la mégapole dans le but d’apporter ma pierre à ce monde dans lequel je me sentais particulièrement bien.

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