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Mes Univers
28 avril 2016

De l'éducation de nos enfants

X3Je me doutais que mon texte sur l’Éducation allait faire réagir de cette manière, c'était inévitable.

 

Mais souvenez vous "d'avant", quand les écoles n'étaient pas mixtes, lorsque les femmes n'avaient pas accès à la même forme de scolarité que les hommes, où elles étaient sous la tutelle de leur père, puis de leur mari. O elles n'avaient pas droit d'avorter ou d'avoir de compte en banque sans l'autorisation de leur tuteur ; où leur formation était destinée à les préparer à devenir des femmes au foyer, des épouses et des mères modèles. Quand il fallait l'autorisation des parents pour se marier, ou pire encore, quand c'était le père qui choisissait qui son fils ou sa fille devait épouser. C'était il n'y a pas si longtemps.

 

Bien sûr, aujourd'hui, tout n'est pas rose, il y en a plein qui ne vont pas "dans le bon sens". Comme à chaque époque, récente ou lointaine. Bien sûr, nos enfants - du moins, une partie d'entre eux, s'intéressent davantage à se servir d'un ordinateur, d'une tablette, ou s'envoyer des SMS par téléphone. Aurions nous, nous adultes, pu en faire autant ; pouvons nous en faire autant, alors qu'ils baignent dans la technologie depuis qu'ils sont en age de parler, de marcher, ou de penser. Alors que nous, parents, il nous faut des mois et des années pour comprendre et apprivoiser ce genre de technologie qu'ils manipulent aisément depuis leur plus jeune age. Alors qu'au fur et à mesure de leur formation estudiantine, de la primaire à leur sortie de la scolarité, il y a une multitude de matières à apprendre dans maints domaines, qui n'existaient pas à notre époque, et qu'ils sont obligés d'ingurgiter afin d'avoir les outils nécessaires à leur insertion dans le monde d'aujourd'hui.

 

D'autre part, ce n'est pas parce que des technologies qui n'étaient pas développées jadis existent que nos enfants se détournent forcément de la lecture. Il y a qui lisent grâce à leurs tablettes, à leurs smartphones, ou à leurs ordinateurs, et qui ensuite, y prennent gout. Certes, un tiers de nos enfants ne savent pas écrire, lire, compter, correctement, à leur entrée en sixième ou plus tard. C'est plus voyant aujourd'hui parce que nous y faisons plus attention. Mais ce phénomène a toujours plus ou moins existé, et ce n'est pas l'arrivée des nouvelles technologies qui en est la cause.

 

Ceux qui ont la possibilité ou l'envie d'user de ces technologies pour en découvrir davantage sur le savoir, sur le monde, etc. le font. Les autres non, cela a toujours été ainsi. Jadis, ce n'est pas parce que l'on mettait un livre dans les mains de chaque élève, que celui-ci devenait automatiquement un lecteur assidu, un curieux de ces savoirs automatiquement. Parmi la trentaine d'élèves de chaque classe, il y avait toujours quelques cancres. Je m'en souviens, parce que ce sont eux qui me harcelaient, qui se moquaient de mon handicap et me rejetaient. Aujourd'hui, c'est toujours la même proportion, et on aura beau y faire, quoiqu'on tente, ils seront toujours rétifs à l'école, à l'apprentissage, à l'acquisition des savoirs essentiels que sont la lecture, l'écriture, les mathématiques, l'histoire, etc.

 

Là, le problème est autre, quelle que soit la technologie qu'ils ont entre les mains. C'est une question d'éducation familiale et de milieu social, en plus de leur rejet de la scolarité. Les parents travaillent tous les deux, rentrent tard. Ils ont des frères et des sœurs dont il faut s'occuper, ils n'ont pas le temps l'envie, de se plonger dans leurs livres après être rentrés de cours. Ils vivent dans des cités parfois, où être un bon élève est mal vu, est sujet de moqueries ou de rejet. Dans les milieux plus aisés, "pourquoi travailler alors que papa et maman m'offrent tout, alors que tout est portée de la main, alors qu'ils ne s'occupent pas de moi, concentrés sur leur emploi à longueur de journée qu'ils sont ?". Dans n'importe quel milieu : "pourquoi apprendre alors qu'il est si facile de gagner de l'argent en dealant ? Puisque je gagne en une semaine ce que mon père et ma mère gagnent en un mois à eux deux.". Il y a tant de raisons.

 

Par ailleurs, l'inégalité sociale, qu'on le veuille ou non, qu'on l'accepte ou non, a toujours existé, et existera toujours ; y compris en matière d'acquis des savoirs, de lecture, d'intelligence, de sagesse, etc. Sans elle, pas de société. C'est peut-être choquant, horrible. Mais il y a des personnes qui sont excellentes pour des travaux manuels, et d'autres qui sont excellentes pour des travaux intellectuels. Il y en a qui sont excellents pour diriger, et d'autres pour suivre des directives. Est-ce pour autant que chaque catégorie est heureuse, épanouie, ou pas. Bien sur que non, après, c'est une question exclusivement individuelle. Ce n'est pas parce que l'on a pas fait de hautes études, que l'on a des savoirs littéraires ou encyclopédiques, que l'on rate sa vie. Il y a des personnes autodidactes qui n'ont même pas le brevet des collèges, qui sont millionnaires ou davantage. Il y en a qui ont bac+5 ou plus, qui sont sans emploi et depuis des années au chômage sans perspective d'avenir.

 

Le monde a changé, et les adultes que nous sommes se disent toujours que c'était "mieux avant". A chaque génération, c'est le même refrain. Souvenez vous de votre enfance, où vos parents vous fustigeaient parce qu'à leur avis, ce que l’Éducation Nationale ne vous apportait pas ce qu'elle aurait dû vous apporter. Quand ils vous disaient qu'à leur époque, avec un simple certificat d'études, à quatorze, ils travaillaient, ou ils aidaient leurs parents dans les champs ou au commerce, parce qu'ils n'avaient besoin de rien d'autre pour avoir un emploi. Cette époque où seuls les plus aisés avaient accès au lycée ou à l'université.

 

Nous ne sommes pas tous égaux devant l'éducation, c'est un fait, et peu importe à laquelle on se réfère pour démontrer cela. Ensuite, c'est à chacun de mener sa barque avec les outils intellectuels, technologiques, avec les connaissances ou l'éducation qui est la sienne.

 

La seule chose qui est différente - pas mieux ou pire, juste différente -, c'est qu'aujourd'hui, chacun peut avoir accès à une multitude de savoirs aisément. Par internet, par les livres, par ses trajectoires personnelles ou collectives, etc. Mais cela ne changera pas le fait que nous sommes tous naturellement inégaux devant l'ensemble des vecteurs que je viens de citer. Et vouloir absolument que chaque enfant ait la même chance que son voisin est, non seulement une utopie, mais une impossibilité, voire même un danger, parce que dans toute société, pour que celle-ci fonctionne, il faut qu'il y en aient qui pensent, qui décident, qui dirigent, et d'autres qui suivent des directives, qui travaillent de leurs mains, qui construisent,, etc. Sinon, c'est ce qu'on appelle "le Communisme" ; et même en ce qui concerne cette forme de société qui a échoué, il y avait des dirigeants et des employés.

 

Donc, ce n'est pas une question de forme de société, c'est une question de capacités, de possibilités, de trajectoire personnelle, d'ambition, de rêve ; et à aussi, pour terminer, il est vrai que d'une civilisation mondialisée, d’hyper-consommation, où l'argent-roi et la valorisation sociale dépend de son statut, donc, de niveau hiérarchique où l'on se situe, celui qui n'a pas un "bon métier", qui n'a pas un salaire conséquent après avoir effectué de grandes études, et donc, forcément, avoir acquis un bagage intellectuel et culturel conséquent, est dévalorisé. Parce que dans notre société - française notamment -, le bonheur, la réussite, passe forcément par son métier, le montant de son salaire, par la jolie maison ou voiture qu'il possède.

 

D'autres par contre, estiment que, parce qu'ils font un métier qu'ils aiment, mème si celui-ci n'est pas reluisant - femme de ménage, caissière de supermarché, vigile, employé de bureau - sont heureux avec ce qu'ils ont ; parce qu'ils contribuent à leur manière au fonctionnement de la société dans son ensemble. D'autres enfin, n'ont pas le choix, et ont les emplois auxquels leurs moyens, leurs capacités, leurs possibilités, qui leur sont accessibles.

 

Moi, Dominique, j'ai raté mes études de BEP comptabilité. J'ai eu des emplois où j'étais malheureux, des gens m'ont blessé, humilié, etc. Cependant, aujourd'hui, parce que j'ai trouvé ma vocation en entrant à la Bibliothèque Nationale, et en la suivant ensuite malgré toutes les embûches qui se sont dressées sur ma route, je l'ai suivie. Je suis devenu écrivain. D'aucuns trouveront que ce n'est pas un métier, mais c'est ce que j'aime faire ; de plus, c'est ce pourquoi je suis fait. Alors que longtemps, on m'a dit, Dominique, il te faut un vrai travail, qui te rapportera de l'argent, parce que c'est ainsi que les choses fonctionnent, il n'y a que de cette manière que tu sera utile, et forcément heureux. Ce n'est pas vrai, je m'en rends compte aujourd'hui.

 

Ma sœur, par contre, alors que nous sommes tous les deux issus du même milieu social, que nous avons eu la même éducation, que nos parents nous ont suivi durant toute notre scolarité pour que nous aillons la meilleure formation possible, a suivi une formation dans le milieu agricole. Moi, depuis que je suis enfant, j'ai toujours aimé lire ; elle, très peu. Moi, je suis un intellectuel, elle, elle est une « terrienne », quelqu'un qui préfère être dehors que le nez dans des bouquins. J'ai une grande culture dans beaucoup de domaines, elle, à part le milieu équestre, peu de choses l’intéressent. Et pourtant, il n'y a eu aucune différence entre son éducation et la mienne, entre les possibilités culturelles, au niveau de l'acquisition de savoir, que nous avons eu. Mes parents ont toujours eu des livres chez eux. J'ai eu le désir de les dévorer, pas elle. Pourquoi ? Alors que rien ne nous a différencié durant toute notre jeunesse. Simplement parce qu'il y a des personnes qui ont la « fibre » dans tel domaine, et d'autres qui ne l'ont pas. Et que cela influe aussi sur l'ensemble de ce qu'ils vont devenir par la suite.

 

Chaque trajectoire est différente, et nous faisons tous avec ce que nous avons, comme je viens de l'expliquer longuement. Ce n'était mieux hier. Il n'y avait pas davantage de chances pour celui qui avait un bagage intellectuel et culturel conséquent.

 

Sans compter l'aspect historique des Trente Glorieuses qui, dans l'inconscient collectif, a imaginé que chacun avait les mêmes chances s'il effectuait de hautes études. Un échec complet qui s'est révélé pleinement dans les années 80 avec les débuts de la Crise que nous connaissons toujours actuellement.

 

De fait, tous ces éléments prouvent bien qu'il ne s'agit pas que d'une question de lire, d'acquis de savoirs intellectuels, mais que tout un tas d'autres facteurs font la différence. Qu'on le veuille ou non, qu'on l'accepte ou non...

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