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Mes Univers
29 avril 2016

De l'imperfection de l'enseignement scolaire

ZPour compléter mon texte d'hier concernant « l’Éducation de nos enfants », je rajouterai ceci :

 

Il est certain, à n'en douter, que notre système scolaire est imparfait. Suppressions de classes, regroupements scolaires, violences, drogue, alcool. Nos enfants sont aujourd'hui confrontés à nombre d'éléments extérieurs qui n'existaient pas jadis. D'aucuns souligneront que, dans ce domaine, il y a beaucoup de choses à améliorer, et je ne les contredirai pas sur ce point. Quand on y réfléchit, il y a toujours des paramètres à modifier, à changer, à optimiser. Ceci est exact pour l'éducation, comme ça l'est dans n'importe quel pan de notre société, de notre civilisation.

 

Malgré tout, outre les défauts de notre système, il ne faut pas oublier qu'il n'y a pas si longtemps – un, voire deux siècles -, l'accès à l'éducation était un luxe réservé à un infime pourcentage de la population. Seuls les fils – pas les filles, qui étaient cantonné au rôle d'épouse et de mère en devenir ; les parents n’investissaient pas les sommes considérables nécessaires à la formation la plus élémentaire - de la bourgeoisie et de la noblesse avaient accès à l'école. Les plus pauvres, paysans ou ouvriers dans leur grande majorité, aidaient leurs parents à leur ouvrage dès qu'ils étaient en age de marcher. Dès l'age de quatre ou cinq. Éventuellement, à partir du 18e siècle surtout, lorsque le curé du comté avait la possibilité d'enseigner aux enfants des rudiments de savoir, il le faisait : écrire, lire, compter essentiellement. Mais, avant cette époque, ou si aucun ecclésiastique n'était disponible pour cette action – n'oublions pas que, longtemps, les curés de campagne ont été aussi analphabètes que les populations auxquelles ils prêchaient la parole du Christ ; à part les rudiments de latin utiles à l'enseignement des dogmes et des Écritures chrétiennes -, les enfants étaient livrés à eux-mêmes. Et ce n'étaient pas leurs parents qui étaient en capacité de les éduquer à ce niveau-là. Ils avaient plutôt l'ambition que le fils reprenne l'activité familiale – commerce ou agriculture, etc. Dès lors, dès leur plus jeune âge, ils les formaient en ce sens. Quant à leurs filles, ils choisissaient de leur procurer un mariage lui permettant d'apporter de la terre supplémentaire afin d'augmenter l'exploitation, le niveau social, de faire des alliances financières, etc.

 

Ce n'est qu'avec Jules Ferry, en gros, que les choses ont commencé à évoluer. Avec la séparation de l’Église et de l’État puisqu'auparavant, c'était celle-ci qui avait la mainmise essentiellement sur l’Éducation depuis le début du 19e siècle. Mais la véritable révolution en la matière, a eu lieu dans les années soixante. Le droit à l'école pour tous, aux études les plus élevées, à l'université, etc. L'émancipation des femmes, l'émancipation vis-à-vis des parents quant à son choix d'études ou de vie. Je ne m'étendrai pas sur cet historique qui mériterait un long article, voire un livre sur le sujet. Et il y en d'excellents sur ce thème si vous désirez vous informer davantage.

 

Ce que je veux souligner, en remémorant ces faits, c'est que notre système actuel, si imparfait soit-il, est assez récent. Par ailleurs, les programmes changent quasiment chaque année. Une fois, c'est un certain nombre de matières qui sont mises en avant. L'année suivante, le programme est modifié. C'est quasi-systématique à chaque rentrée scolaire ; que ce soit en primaire, en secondaire, ou pour l'université. Nos enfants ont tant de matières, dont beaucoup qui n'existaient pas, ou qui n'étaient pas mises en avant à l'époque où nous mêmes étions enfants – que dire de nos parents ou de nos grands-parents !!! - dans un minimum de temps, que ce que nous estimons être l'essentiel à acquérir se réduit comme peau de chagrin. Lecture, écriture, mathématiques, histoire – j'y tiens particulièrement car comme j'aime souvent à le répéter : « notre passé est les racines de notre présent, et le ferment de notre avenir », géographie, sont relégués à des savoirs de moindre importance.

Or, et je suis le premier à me lever pour défendre ce que j'estime être les bases de ce qu'un enfant doit apprendre, se réduit à la portion congrue de l’enseignement. Bien-sûr, on peut s'en indigner, être en colère contre cela. Avec juste raison, mais de manière raisonnable. Parce que je pense que toutes les matières qui sont aujourd'hui enseignées à nos enfants, sont nécessaires et utiles pour ce qui les attend dans le monde de demain. L'anglais, les nouvelles technologies, les sciences, etc. sont des outils dont ils auront un besoin essentiel afin de pouvoir trouver un travail qui leur plaît, où il se sentent épanoui.

 

Par contre, comme dans toute société, il y a des enfants qui, pour des raisons multiples et variées, ne sont pas faits pour les études. C'était vrai hier, c'est vrai aujourd'hui, ce sera toujours vrai demain. Un des grands défauts, à mon avis, des transformations au niveau de l'éducation, mises en branle dans les années soixante, ça a été de croire que chaque enfant avait les mêmes capacités en ce qui concerne l'acquisition de savoirs. On a tous voulu en faire des bacheliers, alors qu'un certain nombre n'étaient pas faits pour effectuer de hautes études. Il y a des personnes qui sont « naturellement » intellectuelles, et d'autres qui sont naturellement « manuelles ». On a pensé que chacun était apte à avoir une multitude de diplômes afin de lui faire accéder à des postes prestigieux ou hautement rémunérateurs. Et beaucoup, en chemin, ont décroché, se sont retrouvé sur le bord de la route, comme c'est toujours le cas aujourd'hui, en voulant les modeler à partir d'un modèle unique.

 

Or, l'échec est désormais visible. De plus, il a entraîné toutes les dérives auxquelles nous assistons : violence, drogue, alcool, démission parentale, enfant roi, etc. Parce que ce modèle unique – ce totalitarisme intellectuel – a engendré une génération d'enfants qui ne se retrouvent plus dans l'école telle qu'elle est actuellement. Plutôt que se demander quelles étaient les capacités de l'enfant, on l'a poussé le maximum de connaissances, espérant ainsi que ses Bac + ? lui permettraient d'avoir un métier valorisant financièrement et socialement.

 

Or, il n'y a rien de déshonorant à faire un métier nécessitant que peu de diplômes, où le manuel l'emporte sir l'intellectuel. Notre société a besoin de personnes qui s'emploient à ces métiers longtemps déconsidérés, et longtemps réservés aux émigrés parce qu'un « français de souche », avec ses hautes études, valait mieux que cela !!! Heureusement, lentement, difficilement, les choses sont en train de changer là aussi. Je crois que, pour les parents, il s'agit d'un crève-cœur, d'une remise en cause profonde de leur vision de l'éducation de leurs enfants. Renoncer à les voir faire des hautes études, considérer que leur bonheur ne se trouve pas dans un métier valorisant tel qu'on le leur a appris à le penser, me rappelle cette vision ancestrale que j'ai mentionnée au début de ce texte : lorsque jadis, il était important pour le clan familial de marier ses enfants à un beau parti permettant de s'élever dans la société ; passer de paysan à bourgeois, puis à noble, au fil des générations. C'est à peu près cette mème vision qui subsiste sous une forme plus actuelle.

 

Par ailleurs, cela contribue a en faire finalement des chômeurs. Puisque toutes les filières pour lesquelles ces enseignements sont mis en avant, nécessitent un enseignement poussé ayant besoin, au minimum, du Bac, non seulement celui-ci a fini par être dévalorisé aux yeux des employeurs. Ils exigent désormais bien plus que ce diplôme – et particulièrement au minimum quelques années d'expérience ; alors que le jeune sort tout juste du cycle de l'enseignement !!! -, de plus en plus de polyvalence, une mobilité maximale et des salaires tirés vers le bas, mais surtout, ils recherchent des personnes aux compétences très spécifiques. L'époque où un Bac général ouvrait les portes de n'importe quelle entreprise, à l'intérieur de laquelle l'individu « se formait sur le tas » est révolue ; et on n'y reviendra certainement plus. Les métiers d'aujourd'hui, et de demain, sont de plus en plus spécialisé, en tout cas en ce qui concerne ceux et celles qui choisissent de suivre de longues études. Et, malheureusement - ? -, il n'y a pas de place pour tout le monde.

 

A contrario, les métiers dits « non intellectuels et ne nécessitant pas de formation universitaire – formations pour des métiers manuels en alternance avec des stages en entreprises – métiers de bouche, du bâtiment, commerciaux, etc. - manquent de main d’œuvre. Certes, ,ils sont plus ardus physiquement, plus contraignant au niveau des horaires ou de la vie de famille. Mais ils ont d'énormes débouchés. Au point que certaines entreprises sont obligées d'aller chercher de la main d’œuvre à l'étranger – bâtiment, infirmiers, métiers de bouche, voire médecins en ce qui concerne la désertification de nos campagnes.

 

Mais, comme ce sont des emplois qui sont accaparants, épuisants nerveusement, physiquement, qui laissent peu de place à la vie privée, les parents poursuivent avec leurs vieilles ambitions d'un age révolu, pour leurs enfants. Ils les voient occuper des fonctions administratives – alors que les concours pour y entrer se réduisent comme peau de chagrin, et juste avec quelques dizaines de places à l'arrivée pour des milliers de candidats. Ils les voient occuper des emplois de cadres, alors que là aussi, les débouchés sont extrêmement restreintes. Mais il n'y a rien à faire, malgré ces difficultés dans ces carrières, ils ne modifient pas la vision archaïque du monde datant d'une époque où le plein emploi était à l'ordre du jour.

 

Non seulement cela, mais l’Éducation Nationale elle même n'a pas encore pris en compte – quand le fera t'elle, alors qu'elle a toujours « une génération de retard » ces bouleversements de plus en plus visibles et grandissants. Et après, tout le monde s'étonne que nos enfants décrochent de la scolarité de plus en plus tôt, de plus en plus vite ; qu'ils préfèrent revendre du shit, s’alcooliser, « partir à la dérive », avec un système qui, autant du coté des parents que du coté des enseignants, est obsolète.

 

Autre fait à souligner, malheureusement : il ne faut pas se faire d'illusion, dans le monde d'aujourd'hui et de demain, acquérir un emploi à vie est une illusion. Cette époque où on entrait dans une entreprise sitôt sa scolarité, ; pour en ressortir au moment de la retraite, est finie. Il est évident que ce qui est en train de devenir la norme – et qui le deviendra de plus en plus – est le CDD. Des contrats qui ne durent qu'un temps, en fonction des besoins et des nécessités des entreprises. Et cela aussi, nos enfants en sont parfaitement conscients, lorsqu'ils voient leurs pères ou leurs mères ayant de plus ou moins longues périodes de chômage entre deux emplois temporaires. Avec des horaires qui ne tiennent pas compte de la famille, du repos dominical, des vacances, pour des salaires qui ne sont que rarement à la hauteur des besoins de la cellule clanique. Il ne faut pas être dupe, nos enfants sont mieux informés sur tous ces sujets, avec tout ce qu'ils voient sur internet, à la télévision, par leurs amis, etc. Ils savent parfaitement comment notre société fonctionne. Et croire que chacun a une chance pour s'élever socialement et financièrement est une utopie.

 

Comme je l'ai dit hier, l'éducation familiale, le milieu socio-culturel, le lieu de naissance, les voies d'apprentissage sur lesquels on les a conduit, et bien d'autres aspects encore, font que quelques réussiront parce qu'ils y ont trouvé leur vocation. Mais, beaucoup d'autres, la grande majorité, se contenteront d'aspirations éducatives contraintes, d'emplois uniquement acceptés afin de payer les factures et de pouvoir faire vivre à peu près correctement le couple ou la famille. Quand, un certain nombre ne décrochera pas en route parce que mal guidés, les ayant poussé vers des voies sans issue, où pour lesquelles ils n'avaient pas de capacités. Qui, par facilité ou voulant profiter malgré tout de notre société d’hyper-consommation et de capitalisme à outrance, tomberont dans la délinquance, ou se contenteront du chômage – pourquoi se fatiguer , quand on est plus payé à rien faire, plutôt qu'un salaire moindre pour lequel je devrais trimer sans que j'en sois satisfait.

 

Ceci étant dit, il y a un autre élément qu'il est nécessaire de rappeler, pour terminer. Certes, notre système éducatif est loin d’être parfait. Il y a toujours des améliorations à apporter. Des fossés à combler, des retards ou des insuffisances à rectifier. Comme dans n'importe quel domaine de ce qui constitue notre société moderne. Néanmoins, il y aura toujours des insatisfaits. Même en y apportant le maximum d'attention, d'amélioration, il y aura toujours des gens pour affirmer que « ce n'est pas de cette façon qu'il faudrait faire » ; « Là, ça ne va pas. » ; « on en fait pas assez » ; « ce n'est pas suffisant » ; « on ne met pas assez de moyens humains, financiers, etc. ». Et ce, malgré tous les efforts fournis. Il y en toujours qui trouveront des aspects qui ne leur conviennent pas, des défauts. Par ailleurs, toujours en fonction de sa propre vision du système, de sa nécessité, de son emploi, etc., ils verront toujours le verre à moitié plein, ou le verre à moitié vide. C'est dans la nature humaine de ne jamais être satisfait de ce qu'on a. Mème si la majorité estime que les choses vont dans le bon sens – toujours quel que soit le thème abordé – il y en a qui le remettront en cause. Il y en a toujours qui se rappelleront nostalgiquement du « c'était mieux avant » ; du « à mon époque, il n'y avait pas tant de violence, tant de drogue, trop de ceci ou pas assez de cela. ». Ils oublieront, volontairement ou involontairement, les inconvénients, les difficultés, les imperfections, de ce qui existait alors dans leur quotidien. Et notamment par rapport à l'éducation, puisque c'est le sujet qui nous occupe : quand il fallait écrire au porte-plume et à l'encre de chine, quand le professeur, pour punir, tapait le bout des doigts, le bonnet d’âne, quand il fallait marcher des kilomètres pour aller et revenir de l'école. Quand seuls les plus fortunés avaient accès aux écoles supérieures, j'en passe.

 

Nous avons la chance d'être dans un pays, où malgré tout, chacun à le droit d'aller à l'école « gratuite » ; mème si le mot « gratuit » est parsemé de nuances. Nos enfants ont l'accès à l'écriture, à la lecture, aux mathématiques, et aux autres matières enseignées. Mème si la méthode pour les leur transmettre a des défauts, mème s'il y a un certain nombre d'élèves qui « décrochent », mème s'il y a de la violence, etc. Mais n'oublions pas que nous sommes des privilégiés, dans ce domaine comme dans bien d'autres. Il y a des pays pas si éloignés de la France, où la scolarité est un luxe, où il faut payer pour y accéder. Ou il n'y a pas d'écoles dans les villes ou les villages – Afrique, notamment -, ou c'est la guerre et où la principale préoccupation des enfants est de survivre, de trouver à manger et à boire. Il y a des endroits où la pauvreté est telle que, comme il y a plusieurs siècles en Europe, les parents préfèrent voir leurs enfants travailler aux champs ou dans des usines afin qu'ils ramènent de l'argent à la communauté familiale, plutôt que de les envoyer à l'école.

 

Evidemment, cela ne veux pas dire que c'est pour cette raison que nous ne devons pas tenter d'améliorer les choses chez non. Jamais je ne dirai cela. Ceux et celles qui me suivent depuis longtemps, savent que je suis un amoureux de la lecture, de l'écriture, de la connaissance, du savoir. C'est ma raison d'être. C'est dans mes gènes. Néanmoins, je suis conscient d’être un privilégié, comparé à beaucoup d'autres un peu partout dans le monde. Et je trouve insultant, égocentrique, orgueilleux, de pleurer sur nos pauvres petits malheurs d'occidentaux pour qui tout ne va pas dans le meilleur des mondes, quand tant de gens autour de nous sont privés de l'essentiel. Quand nous nous déchirons et nous révoltons parce que nos enfants sont confrontés à une éducation qui n'est pas au « top niveau », alors qu'il y en a tant ailleurs qui aimeraient avoir le quart de l'éducation que nous pouvons leur offrir.

 

Nous ne vivons pas dans « le meilleur des mondes ». Rien n'est parfait ici bas, l’Éducation comme n'importe quoi d'autre. Vouloir améliorer les choses est louable. C'est une cause honorable, respectable. Nos enfants le méritent. En mème temps, les archaïsmes de certaines façon de voir notre société sont puissants, profondément ancrés dans notre inconscient individuel ou collectif. Nous choisissons ce qui est bon pour nos enfants, sans se demander si, au fond, cela les rendra forcément plus heureux. Je suis personnellement convaincu qu'il y a plusieurs formes de bonheurs. Je suis personnellement convaincu qu'il y a des personnes qui sont faites pour acquérir des savoir intellectuels, et d'autres pas. Je suis convaincu qu'à vouloir forcer tout le monde à être au mème niveau est non seulement utopique, mais impossible, voire dangereux.

 

Car ces stéréotypes nous conduisent à devenir tous semblables, sans spécificités, sans richesse personnelle permettant l'échange, le dialogue, le partage, la découverte, l'envie de se dépasser, de trouver sa voie e fonction de ses propres possibilités et capacités. Et par dessus tout cela, nous oublions qu'il nous a fallu des siècles pour en arriver où nous sommes afin de donner à peu près la mème chance à tout le monde – chance que beaucoup d'autres n'ont pas -, et que cette évolution dans nos société est donc récente, et donc à améliorer chaque jour un peu plus. Chacun en fonction de ses moyens, chacun à son niveau. Car, après tout, « Rome ne s'est pas faite en un jour »…

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