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Mes Univers
7 mai 2016

autobiographie, pages 145 à 147 / 312

X1Lorsque mes parents m’ont contraint à m’orienter professionnellement vers la comptabilité, j’ai été très malheureux. Moi, je voulais me diriger vers les Arts plastiques. J’ai beau eu défendre mon point de vue avec force et énergie, ils ont estimé qu’au vu de mon handicap, c’était la meilleure solution pour moi. Cela a été un véritable désastre. J’ai raté mon « BEP Administration Commerciale et Comptable ». Les mathématiques, et tout ce qui tournait autour de cette matière, n’ayant jamais été ce que j’ai préféré apprendre, la comptabilité était le pire des choix. Tout le long des trois années où j’ai été au lycée, outre les péripéties que j’ai déjà évoquées, et les autres, familiales, dont je parlerai peut-être ultérieurement, je ne m’y suis pas senti à ma place. Je m’y suis ennuyé à mourir. Je passais davantage de temps à dessiner sur mes cahiers de cours, à rêvasser. La dernière année – 1989 -, j’ai, par tous les moyens à ma disposition, surtout tenté de m’évader de cette classe qui ressemblait plus à une prison qu’à autre chose. Au moindre prétexte, je demandais à en sortir : malade, problèmes familiaux, etc. A la toute fin, il m’arrivait de rester en cours une ou deux heures. Le reste du temps, je le passais, soit dans la cour, soit au café non loin du lycée, avec des camarades qui étaient en heures de permanence. Les derniers mois ont, de ce côté là également, été un véritable supplice. Heureusement que des grèves estudiantines, des conseils de classe, des passages de diplômes, sont venus perturber ces ultimes mois. Sinon, je ne sais pas si j’aurai tenu le coup. C’était vraiment interminable, scolairement parlant.

 

Le seul qui a été véritablement heureux de me voir prendre une telle orientation professionnelle, c’était mon grand-père maternel. Celui-ci a eu une carrière d’expert-comptable dans une grosse société – multinationale – de forage gazier, pétrolier et aqueux implantée dans toute l’Afrique. Et notamment au cœur des anciennes colonies françaises d’Afrique de l’Ouest. Ma grand-mère, elle, a été la secrétaire particulière de l’un de ses plus hauts dirigeants. C’est pour cette raison que mes grands-parents maternels ont habité le Sénégal, ont voyagé aux quatre coins de l’Afrique Noire tout le long des « Trente Glorieuses », et que ma mère est née à Dakar. Alors qu’eux-mêmes étaient, pour l’un, d’origine franc-comtoise, et pour l’autre, d’origine lyonnaise. C’est pour cela que j’ai passé la plus grande partie de mes vacances d’Été – et parfois d’Hiver – dans le Doubs. Puisque mon grand-père y possédait une maison familiale remontant au début du 18ème siècle.

 

Bref, tout cela pour dire qu’un temps, mon grand-père s’est imaginé que je reprendrai le flambeau de sa profession. Il m’a même fait engager un mois au siège social de sa société ; non loin de la Défense. Cette expérience a duré un mois, mais n’a pas comblé ses attentes. C’est à ce moment-là que j’ai compris que j’étais irrémédiablement réfractaire à ce genre de métier.

 

Par la suite, et jusqu’à ce que j’entre à la Bibliothèque Nationale, j’ai vagabondé entre petits boulots et emplois précaires. Le seul avantage de mon handicap est que, si je n’ai pas de salaire, celui-ci est immédiatement remplacé par une « Allocation aux personnes handicapées ». Un revenu qui, à l’époque, équivalait à un salaire de travail à mi-temps. Aujourd’hui, celui-ci a augmenté, et grâce aux revenus complémentaires que je possède et ai acquis au fil des années, j’ai un salaire plein, sans avoir l’inconvénient de postuler à des emplois dans lesquels je ne suis pas à mon aise. Pour lesquels je ne suis pas apte à cause de mon handicap. Là, le tournant s’est déroulé en 2003. J’y reviendrais également plus tard, parce que c’est l’un des plus récents et des plus douloureux dans ce domaine, qui a transformé mon existence du tout au tout en quelques semaines. C’est là aussi que j’ai compris que les métiers « normaux » n’étaient véritablement pas faits pour moi. Et que, désormais, je devais me consacrer en totalité, pleinement, à ma vocation d’écrivain. Puisqu’elle sommeillait en moi depuis mon adolescence, et qu’elle s’est véritablement révélée, enrichie, lors de mon passage à la Bibliothèque Nationale.

 

Le Destin peut prendre des chemins détournés, alambiqués, incroyables, insoupçonnables. C’est ce qui est advenu pour moi. Mais à quel prix.

Car, et c’est là où je veux en venir, si mon grand-père a, un moment, imaginé que j’allais lui succéder dans ce métier, quand j’ai abandonné ce sentier professionnel, il a été déçu. Il s’en est remis. Il ne m’en a pas moins aimé pour autant. Il ne me l’a jamais reproché, ou ne m’a jamais culpabilisé. Mes relations avec mes grands-parents maternels sont infiniment plus complexes et délicats. J’y reviendrais, encore une fois, plus tard, car là n’est pas propos de ce que j’écris aujourd’hui. Non, je suis convaincu que la plus déçue, d’une certaine manière, a été ma mère.

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