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Mes Univers
12 mai 2016

autobiographie, pages 155 à 157 / 312

X1Dans mon malheur, donc, au prix de sommes folles dépensées en minitel et en téléphone, j’ai été amené à croiser deux jeunes femmes par cet intermédiaire. La première donc, habitait en Provence. Un jour, j’ai pris le train pour aller la rencontrer dans sa région. Pour l’occasion, j’ai fait en sorte de reprendre forme humaine. Lavé, rasé, habillé élégamment pour l’occasion, je suis descendu du train. Au début, je ne l’ai pas vu, et j’ai cru que l’on m’avait posé un lapin. J’ai aussi cru qu’en me voyant, avec mes restes de tache de vin, avec mes cicatrices, avec mon handicap, elle ne s’était pas manifesté et avait fui. Non, finalement, au bout d’une ou deux minutes d’angoisse, je l’ai distinguée à travers la foule. Et là, quelle n’a pas été ma surprise. La vingtaine, grande, élancée, blonde, des formes épanouies. Belle, désirable, sensuelle, pleine de charme, je me suis demandé « Mais comment une jeune femme d’une telle beauté peux avoir besoin du minitel pour se trouver un petit ami ? » Et aussitôt ensuite : « Je n’ai aucune chance, je ne vais pas lui plaire. »

 

En fait, ce n’est pas trop à elle que je n’ai pas plu. Si elle avait été seule, je pense qu’elle m’aurait peut-être donné ma chance. Je dis bien : peut-être. Elle m’a conduit jusque chez elle. Jusque chez ses parents, plutôt, puisqu’elle logeait toujours chez eux. Elle était encore étudiante, cela ne pouvait que se comprendre. Des jeunes femmes comme celles-ci, j’en ai croisé quelques-unes au cours de mon existence. Exceptionnellement, c’est vrai, mais c’est arrivé. C’est ce genre de jeune femme que l’on ne rencontre que dans les magazines, qui sont – en tout cas à mes yeux – destinées à devenir des tops model, des starlettes. Des divinités faites femmes sur lesquelles les hommes fantasment, et qui, pour les plus chanceux et les plus fortunés d’entre eux, parviennent à les mettre dans leur lit en les comblant de présents ou de promesse de bonheur. Et qui, parce qu’ils savent qu’ils sont avantagés, les jettent après avoir profité de leurs charmes, avant de répéter leur numéro avec une autre.

 

Bref, en tout cas, j’ai logé chez elle et ses parents la nuit suivante. J’ai mangé en compagnie de cette petite famille. J’ai été gentil, poli, consciencieux. Je n’ai eu que peu de moments de libre avec elle. Apparemment, c’était le père qui avait suggéré à sa fille de s’inscrire sur un site de rencontre par minitel, afin qu’elle y croise son futur mari. J’ai été informé que celui-ci était sicilien, et que c’était en vue de la marier, que cette démarche avait été effectuée. J’ai tenté de lui faire comprendre que je ferai tout ce que je pourrai afin de rendre sa fille heureuse. Evidemment, il m’a posé de nombreuses questions sur ma profession – j’ai un peu menti à ce sujet -, sur ma famille, sur ma respectabilité, etc. Et, au final, le lendemain matin, après avoir dormi dans le lit de cette jeune femme alors que cette dernière avait couché sur le canapé du salon, elle m’a expliqué que je n’entrais pas dans les critères recherchés.

 

Peiné, blessé, humilié, je suis rentré à Paris dans la journée. Et aussitôt après avoir rejoint le pavillon vide de mes parents, j’ai bondi sur le minitel. Et je me suis remis en quête de l’amour.

 

La seconde jeune fille que j’ai rencontrée par cette méthode est un cas un peu différent. Grace au même procédé, nous sommes entrés en contact. Nous nous sommes téléphonés deux à trois jours, avant que je ne fasse le déplacement jusqu’à elle en Normandie. Lorsque je suis descendu du train, celle-ci s’est jeté à mon cou, et a posé ses lèvres sur les miennes, tandis que je me demandais ce qu’il se passait. Je lui avais fait part, à elle aussi, de mon handicap, de ma tâche de naissance et de mes cicatrices. Mais, visiblement, ces inconvénients ne la rebutaient pas. Nous nous sommes rendus dans la petite ville où j’avais débarqué, main dans la main. Toute heureuse, et le courant passant parfaitement entre elle et moi, nous avons discuté autour d’un café. Jusqu’à l’instant où elle m’a expliqué qu’elle devait aller aux toilettes et qu’elle a disparu sans laisser de traces. Je me suis retrouvé seul, avec mon bagage, perdu dans une ville inconnue, ne sachant que faire, et ne comprenant pas sa réaction.

 

A l’époque, les téléphones portables n’existaient pas. J’ai demandé au cafetier l’autorisation de téléphoner ; Heureusement, j’avais son numéro sur moi. J’ai appelé chez elle, une fois, deux. Jusqu’à une dizaine de fois en moins d’une heure, avant qu’elle ne finisse par me répondre, en larmes. Je l’ai questionné. Elle m’a dit que ce n’était pas de ma faute, mais qu’elle me rejoignait très vite.

 

Je l’ai attendu une bonne demi-heure. Elle a fini par apparaître. Elle était accompagnée de sa mère. Nous avons fait le tour du marché de cette petite ville. Elle s’est excusée, en larmes. « Mais, m’a-t-elle avouée, elle a eu peur. En effet, elle n’avait pas tenu informé son père de mon arrivée. Elle avait été terrorisée par sa réaction si elle lui avait dit qu’elle avait rencontré quelqu’un par minitel. De plus, contrairement à ce qu’elle m’avait expliqué au cours de nos conversations téléphoniques, elle n’avait pas 18 ans, mais à peine 15 ans. ». Elle m’a aussi relaté que les choses s’étaient arrangées, et qu’elle avait informé son père de ma venue, et qu’il avait accepté ma présence.

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