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15 mai 2016

autobiographie, pages 161 à 163 / 312

X1D’autant que mon père, à ce qu’il paraissait, se comportait toujours plus ou moins en célibataire. Fort du soutien indéfectible de ses parents, il prenait des initiatives qui ne correspondaient pas forcément aux choix d’une vie de couple. Mais nous en avons tous compris les raisons en 2004. En tout état de cause, il achetait certains objets, certains meubles, sans en référer à ma mère. Quitte à ce que ces dépenses grèvent le budget du ménage. Ainsi, c’est lui qui, à ce moment-là, et contre l’avis de ma mère a décidé d’acheter leur premier téléviseur. Cela lui faisait plaisir, c’était l’essentiel. Et comme, jusqu’alors, tant qu’il avait vécu chez ses parents, ceux-ci ne lui avaient jamais rien refusé, il estimait qu’il avait le droit de poursuivre dans cette voie. Au grand désespoir et mécontentement de ma mère qui, plus pragmatique, et ayant eu une éducation plus restrictive financièrement, souffrait de ce comportement.

 

Une autre chose, beaucoup plus grave, nous l’avons également découvert en 2004, était que, régulièrement, mon père s’éclipsait. Dès qu’il avait eu le permis de conduire – un peu avant de connaitre ma mère -, il avait pris l’habitude de sortir le soir. Il disait qu’il aimait rouler en voiture. Il vagabondait sur les routes marseillaises et au-delà une bonne partie de la nuit. Et il revenait au domicile très tard. Lorsqu’il s’est marié avec ma mère et qu’ils ont commencé à construire leur vie de couple, à vivre sous le même toit, il n’a pas stoppé cette habitude. Régulièrement, au moins une ou deux fois par semaine, il quittait l’appartement qu’ils louaient. Puis, expliquait-il, il roulait ainsi, au gré de ses envies, de ses excursions nocturnes, perdu dans ses pensées.

 

Ma mère a bien essayé de lui faire comprendre qu’elle aurait préféré qu’il reste avec elle. Que cette lubie n’était pas compatible avec une vie de famille. Qu’elle aurait préféré qu’ils sortent ensemble au cinéma, au restaurant, ou autre, juste pour le plaisir de partager des moments ensemble. Mais mon père, même au cours des années suivantes, a toujours refusé de lui accorder ce genre de faveur. Je me souviens, jusqu’aux dernières heures où j’ai fait partie de sa vie, mon père refusant d’aller se promener avec nous – sa famille – en ville. Il était rare qu’il nous accompagne lors de nos balades, lors de nos sorties, lors de nos rendez-vous au cinéma. Mon père expliquait qu’il ne pouvait pas fumer dans ce genre de lieu public. Qu’il n’y était pas détendu comme chez nous, pouvant s’allonger sur le canapé pour visionner un film, par exemple. Il était rare que nous le rejoignions sur son lieu de travail pour quelque excursion en ville. De fait, ma mère se promenait avec nous, et avec ses propres parents. Quand nous partions en vacances, c’était dans notre demeure familiale de mes grands-parents maternels. Et il était exceptionnel que mon père nous accompagne en ce lieu de villégiature rattaché aux parents de ma mère. Il y était soumis à des contraintes, à des horaires, à des habitudes, qui ne lui convenaient pas. Il ne s’y sentait pas à l’aise, détendu, pour ces raisons. Donc, si ce n’est pour de grandes occasions, il ne nous suivait jamais en vacances là-bas. A la grande tristesse de ma mère, et à la grande incompréhension de mes grands-parents maternels.

 

Une autre chose encore, qui allait avoir des conséquences fâcheuses au fil des années, c’est la manière de considérer son rapport avec l’argent de mon père. Comme je l’ai déjà brièvement révélé, dans l’esprit de celui-ci, c’était lui qui travaillait. C’était lui qui ramenait l’argent du couple au domicile. Ma mère, elle s’occupait des enfants, de l’appartement, du ménage, etc. Pour lui, en bon pied-noir qu’il était, chacun avait une place définie. Et il en était le maître, celui qui exerçait sa domination et sa prééminence, sans qu’il soit tolérable que l’on conteste ses choix. Dans cette perspective, c’était lui qui était censé gérer les revenus du ménage. Ma mère n’avait pas à s’immiscer dans sa façon de répartir ces derniers. Très tôt, il avait attribué une certaine somme mensuelle à ma mère, afin qu’elle paie les courses, ainsi que toutes les autres charges du quotidien. Pour le reste, c’était lui qui s’occupait, à sa façon, de ces détails. Mais ma mère n’avait pas accès au compte en banque du ménage. D’ailleurs, il avait fait en sorte de recevoir ses relevés bancaires à l’adresse de son lieu de travail. Et ce n’est que très tard… trop tard, qu’il a consenti qu’elle puisse y mettre son grain de sel. Mais à cette époque – au milieu des années 1990 -, le mal était déjà accompli. J’y reviendrai plus tard.

 

De fait, dès le début du mariage de mes parents, mes grands-parents maternels – qui en avaient les moyens financiers – ont partiellement subvenu monétairement aux besoins de ma mère afin de l’épauler. Mon père voyait cette aide d’un mauvais œil. Il se sentait humilié par cette initiative de leur part, disait-il. Mais il ne la refusait pas. Le problème était, en fait, que l’argent qu’il octroyait chaque mois à ma mère, était à la limite de la suffisance. Et ma mère n’avait aucune connaissance de ce à quoi servait l’ensemble de ces ressources. En outre, lorsque ma mère expliquait à mon père qu’il lui en fallait davantage pour telle ou telle raison, mon père s’insurgeait. Et les éclats fusaient.

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