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Mes Univers
12 juin 2016

Concernant l'Euro 2016 :

X3Je ne voudrais pas, une fois de plus, jeter un pavé dans la mare. Cependant, je souhaiterai souligner ceci :

 

Hier, dans l'un des quelques groupes auxquels je participe régulièrement en y publiant des textes que je diffuse également sur mon mur, j'ai eu un bref échange avec l'un de ses autres contributeurs. Celui-ci s'enthousiasmait parce que l'Euro 2016 était quelque chose de formidable. Un moment fédérateur derrière lequel toute la France pouvait se retrouver afin de ressentir un élan national et fraternel dont cette dernière a tant besoin en ce moment. Il est vrai qu'avec tous les événements « plombant quotidiennement le moral des français » – grèves, inondations, crise, chômage, attentats, gouvernement « le plus nul » que nous ayant eu depuis les débuts de la Cinquième République, j'en passe -, notre pays aurait bien besoin d’être « reboosté ».

 

D'un coté, il faut bien avouer que le football, et le sport en général, sont des moyens d'expression forts, enthousiasmants, pleins de joie et de bonheur, qui font rêver la grande majorité de nos concitoyens. De ce point de vue, je n'ai rien à y redire.

 

Et pourtant, pour ceux et celles qui commencent à me connaître depuis le temps que j'écris des articles ici ou ailleurs, ils savent combien je n'apprécie pas cette activité physique. Pour des raisons qui me sont personnelles, et à la fois multiples et variées, je n'aime pas le football non plus. Je vais peut-être en choquer beaucoup – tant pis, cela ne sera pas la première fois ; ni la dernière, vraisemblablement -, mais je n'ai jamais visionné un match à la télévision. Cela m'ennuie profondément. Si on désire me faire fuir, on m'endormir, il suffit à quelqu'un de me condamner à en regarder un. C'est sûr qu'au bout de quelques minutes, mes yeux se fermeront d'eux-mêmes, ou que je chercherai un dérivatif afin de m'occuper l'esprit à autre chose. Je préférerai m'enfermer dans ma chambre avec un bon bouquin, le temps que celui-ci se termine, plutôt que d'y être confronté.

 

Néanmoins, ainsi que je tiens à le souligner : il faut de tout pour faire un monde. Je ne dénigre pas, ne méprise pas, ne rit pas, de ceux et celles qui y trouve un immense plaisir. Ils sont aussi honorables, intéressants, respectables, que quelqu'un « d'intellectuel » comme moi. Mieux encore, au cours de mes nombreuses et diverses expériences amicales tout le long de ma vie jusqu’à aujourd'hui, il m'est arrivé d'avoir des ami(e)s qui étaient de véritables passionnés de ce sport. Mon petit frère, qui est mort le 25 Juillet 1998 à l'age de dix-huit ans dans un accident – la date n'est pas anodine puisque c'était deux semaines à peine après la victoire historique de la France face à Brésil, lors de la coupe du monde 1998 – en était un fervent admirateur. C'était un supporter de l'A.J. Auxerre du Guy Roux. Souvent, il jouait sur son console à des jeux de football, et il nous arrivait, éventuellement, mais brièvement, d'en discuter, car nous étions, lui et moi, très proches.

 

Cependant, de là à insister que le football est à considérer comme une force majeure de notre société ; au point que les journaux – télévisés, radiophoniques, écrits, etc. - ne parlent plus que de cela. Qu'ils mettent sous silence tout le reste de ce qui se déroule dans le pays ou ailleurs, je dis non. C'est non seulement une prise d'otages de l'ensemble de la population. Comme si ceux et celles que cela n’intéressait pas n'existaient plus. Qu'ils passaient au second plan, devenaient invisibles, voire antipatriotiques parce qu'ils n'étaient pas enthousiasmé par cette manifestation d'envergure.

 

D'autre part, c'est revenir à des temps immémoriaux. Cela me rappelle l'époque de l'Empire Romain, lorsque le souverain expliquait que pour maintenir le peuple soumis, et que pour détourner son attention des véritables problèmes de société, de la lourdeur des taxes, ou de l'inefficacité de leurs dirigeants, il fallait lui offrir du pain et des jeux. Il faut notamment se souvenir qu'à cette époque, certains gladiateurs étaient de véritables stars. Des stars connues dans l'ensemble de l'Empire, couverts d'or afin de combattre dans l'arène par leurs propriétaires – lorsqu'ils étaient esclaves. Certains, même, une fois leur liberté gagnée, ne renonçaient pas à leur « métier » et le pratiquaient en « homme libre ». Ils devenaient riches, se hissaient aux plus hauts sommets. Et des femmes nobles – qu'ils soient esclaves ou pas – se plaisaient à leur accorder leurs faveurs, fascinées et émoustillées par la notoriété qu'ils possédaient, et l'éclat qu'elles pouvaient en retirer.

 

Ceci ne vous rappelle rien de plus contemporain : ces footballeurs considérés comme des demi-dieux, aux salaires astronomiques, égéries de grandes marques de luxe, sponsorisés et payés afin de participer à des publicités qui n'ont rien à voir avec le monde du sport. Qui gagnent davantage d'argent en dehors du stade que par leurs performances sur le terrain. Ces foules en délire qui les divinisent. Qui entrent en éruption, à grands coups de vuvuzela, de cris, de hurlements de bêtes sauvages lorsqu'ils marquent un but. Qui oublient les maux du quotidien dont ils sont victimes, qui dépensent des fortunes pour être en première place à un match, qui sont prêts à se rendre à l'étranger pour quelques uns des plus fanatiques, quitte à s'endetter, et même s'ils n'ont pas les moyens financiers de faire manger leur famille correctement.

 

Oui, il y a beaucoup de ressemblance avec jadis. Ces rassemblements capables de métamorphoser des être humains pensants, intelligents, tolérants, raisonnables, en barbares scandant les pires horreurs à « l'ennemi », « l'adversaire ». Comme deux armées se faisant face et prêtes à en découdre sur le champs de bataille. On voit ressortir ce qu'il y a de plus violent, de plus animal – au mauvais sens du terme, hélas – chez ces hommes et ces femmes devenues des brutes, et dont certains se retrouvent après le match afin d'en découdre physiquement.

 

C'est ce que l'on voit depuis le début de l'Euro 2016. Et notamment hier soir, alors qu'un supporter est entre la vie et la mort à la suite des combats de rue auxquels il a participé. Alors, qu'on ne vienne pas me dire que c'est un événement fédérateur, merveilleux, ou la fraternité fait loi, où l'élan permet au rêve de se concrétiser.

 

Dans une société où la violence, où la loi du plus fort, où la loi de l'argent, est le moteur de celle-ci, il est naturel de retrouver ces principes gangrenant ce sport ; même si, à l'origine, ses idéaux sont nobles, respectables, honorables, et défendables. D'un autre coté, il est naïf de croire que cette manifestation ne tombe pas opportunément, à un moment où la France et les français souffrent tant du marasme économique dont nos politiques – de droite comme de gauche – sont incapables de nous tirer. Quoi de mieux qu'un dérivatif cachant la pauvreté, la misère, le fossé de plus en plus grand qui se creuse au sein de pans entiers de notre modèle social. Je rajouterai, à cet égard, combien il est indécent de voir ces joueurs gagnant des millions, alors qu'il y a tant de gens qui n'ont mème pas de quoi pour finir leurs mois. On critique -avec juste raison – les salaires des grands patrons du CAC40, qui sont payés à coups de millions. Mais ces joueurs en font de même, et comme eux : ils roulent en voiture de sport, s'habillent en marques de luxe, ont des villas aux quatre coins du monde, et « planquent » leur argent dans des paradis fiscaux.

 

Dans quel monde de fous vivons-nous pour diviniser des hommes ainsi. Pour se transformer en hommes des cavernes avant, pendant, et après ces compétitions. Oui, compétitions, où est valorisé le plus fort, celui qui aura écrasé l'adversaire, l'aura mis à terre pour remporter la victoire. Pire encore : jusqu'à il y a peu, le football était le seul sport – ou à peu près – à être touché par ce système, ainsi que par ce fanatisme outrancier capable de telles dérives quasi-meurtrières. Mais, depuis quelques temps, le rugby, ainsi que d'autres, sont la proie du mème phénomène. Que dire du Tour de France, victime du dopage depuis longtemps ? Tout cela pour gonfler ses performances, pour s'extasier devant ces machines humaines destinées à nous changer en adorateurs quasi-mystiques. N'y voit-on pas là une réminiscence de ces déités antiques que les religions monothéistes ont jadis déboulonné.

 

Comme quoi, quand on y songe, les ages ont beau se relayer, certains des aspects les plus sombres et les plus névrotiques de l'espèce humaine sont toujours présents au plus profond de la très grande majorité d'entre nous.

 

Personnellement, quand j'y réfléchis, ces aspects liés au sport – je le répète, cependant aux idéaux nobles, respectables, honorables, vivifiants au départ – me hérissent, me donnent envie de vomir.

 

Chacun est libre de consacrer son énergie, sa passion, ses rêves, ses espoirs, à ce qu'il souhaite. Nous sommes dans un pays de liberté, et nous ne pouvons que nous en féliciter. Nous somme dans un pays « riche » et « civilisé », qui a dépassé en apparence les pires des comportements que l'on peut parfois voir fleurir en certaines contrées. Mais ne comptez pas sur moi pour adhérer à ces relents dictatoriaux, à cette décrépitude de l'âme humaine, à cette dégénérescence de la pensée raisonnée et de l'intelligence.

 

Pour ma part, je considère que de plus belles causes sont susceptibles de rassembler les hommes de bonne volonté, de transcender les cœurs et les consciences que nous partageons les uns avec les autres. Il y a des événements qui peuvent m'émouvoir jusqu’à m'en faire pleurer de joie et de fierté : la chute du mur de Berlin, cet homme se dressant devant les chars place Tienanmen, le discours de Simone Veil pour le droit à l'avortement, la loi pour le mariage pour tous, l'abolition de la peine de mort, les lois de 1936 pour les congés payés, l'article « J'accuse » d’Émile Zola, la fin de l’Apartheid, le premier pas de l'homme sur la Lune - « Un petit pas pour l'Homme, un bond de Géant pour l'Humanité », le discours de Martin Luther King « I have a dream »… Il y a tant de moyens de rassembler un peuple derrière des grands espoirs, de grands rêves, de grands projets, de grands idéaux…

 

Mais pas ça.. pas ça… Car nous valons mieux que ça… Mais bien entendu, ceci n'est que mon opinion. Tout le monde n'est pas obligé de la partager. Je l'exprime tout simplement, telle qu'elle est et telle que je la ressens. Car oui, à mes yeux, et c'est mon humanité la plus profonde, mon désir irrépressible de montrer aux autres la meilleure part de moi-même, mon envie d'évoluer vers quelque chose de plus riche que l'humble individu que j suis, qui me le dit. C'est ma raison, mon intelligence, ma conscience, qui me le hurlent de toutes leurs forces… Oui, nous valons mieux que cela… oui, je vaux mieux que cela...

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