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Mes Univers
14 juin 2016

A propos de l'attentat d'Orlando

X3Aujourd'hui, j'ai eu beaucoup de mal, parce que beaucoup d'événements se sont condensés en peu de temps. Néanmoins, j'aimerai prendre cinq minutes afin de dire ceci :

 

Je ne vais pas revenir une fois de plus sur mon parcours personnel extrêmement chaotique, ou sur les difficultés que j'ai vécues à de multiples niveaux tout le long de mon existence. Cependant, je suppose que la majorité des lecteurs et des lectrices qui me suivent plus ou moins régulièrement depuis des semaines, des mois, voire des années, en sont informés. Je suis handicapé. Je suis le détenteur d'un angiome facial interne et externe sur le coté gauche de mon visage. J'ai subi des séances de chirurgie esthétique et reconstructrices dans les années quatre-vingt dix, alors que j'avais dépassé ma majorité – condition sinéquanone pour ce genre d'interventions chirurgicales. Tout le long de cette décennie, celle-ci ont été nombreuses, et ont pris des formes diverses. Elles étaient destinées à recouvrir cet angiome de couleur rouge constitué de myriades de petites veinules recouvrant cette parcelle de ma face. Et le résultat en a été plus que mitigé puisque désormais, cette dernière est couturée de quelques cicatrices qui ne s'effaceront jamais. Et que mon visage est également asymétrique en certains endroits.

 

Quant à la partie interne de cet angiome, les myriades de veinules qui le constituent sont profondément imbriqués à l'intérieur d'un fragment de mon cerveau. C'est inopérable. Et c'est cet état qui m'amène, parfois, à avoir des crises de convulsions m'épuisant de temps en temps, me malmenant souvent, et ayant initié l'hémiplégie partielle du coté droit qui est la mienne. J'ai une jambe de quelques centimètres plus courte que l'autre. De fait, lorsque je suis fatigué physiquement, je boite très vite. Et si je ne peux me reposer, je finis par m'effondrer du fait que ma jambe affaiblie n'est plus capable de soutenir le reste de mon corps. Mon bras et ma main, de leur coté, eux aussi, sont plus faibles et plus malhabiles que ceux de mon coté gauche. Mes doigts sont très peu maniables. Ils sont incapables de s'emparer d'un objet aisément. J'ai besoin de mon autre main pour l'aider à agripper. Et très peu de temps parce qu'ils ne pourront le tenir longtemps.

 

Tout au long de mon enfance et de mon adolescence, j'ai fait de la rééducation chez un kinésithérapeute afin de récupérer le maximum de capacité moteur de ces membres. Cela a été dur, éprouvant, frustrant, long, douloureux, humiliant, etc. Mais, aujourd'hui, à force d'efforts, j'ai réussi à récupérer une part non négligeable – bien qu'insuffisante – de ce qui m'a été enlevé à la suite de la première grave crise de convulsion que j'ai eue à l'age de six mois. Je prends des médicaments chaque jour afin de stabiliser ce que l'on nomme comme étant la « maladie de Sturge-Weber ». J'ai encore quelques crises de convulsions de temps en temps ; surtout lorsque je suis stressé, sous pression, en proie à la peur, ou à des sentiments qui me déstabilisent. J'ai, durant mon enfance et mon adolescence, été l'objet de moquerie, d'humiliations, de rejets, de haines, de violences psychologiques, morales, ou physiques. Pour me protéger de la cruauté du monde et de la plupart des gens qui voient dans le fait que j'ai trouvé ma voix comme une insulte ou une hérésie ; pour ne pas dire pire. Car, désormais, c'est tout ce qui est lié à l'intellectuel, la réflexion, la lecture, l'écriture, la recherche, l'avidité d'apprendre et de découvrir les myriades d'aspects de ce qu'est l'Homme, notre Monde, notre Univers, sous toutes leurs formes, qui domine ma vie. J'y ai trouvé mon équilibre, une certaine forme d'apaisement et de sérénité. Il m'a fallu des années pour en arriver là ; des épreuves, des souffrances, des solitudes, des désespoirs, de blessures mal cicatrisées. Mais j'y ai plus ou moins réussi.

 

Pourquoi je rappelle tout ceci ? Tout ce que je viens d'édicter brièvement fait de moi un homme différent. Il y en à qui ont des maladies ou des handicaps pires que le miens. Je ne me plains pas de ma situation. J'ai des revenus réguliers et suffisants pour vivre sans avoir à me priver. Je ne roule pas sur l'or non plus, il ne faut pas croire !!! Toutefois, il ne faut pas se leurrer, malgré ma culture assez étendue, malgré mon intelligence « normale », malgré la raison qui m'anime, malgré mon « don » pour ce qui a trait à l'univers des mots, malgré tout ce qui fait de moi un homme à part entière, je suis différent. Et j'en suis conscient.

 

Et c'est là où je veux en venir. L'attentat à-priori à tendance islamiste – puisque revendiqué par l’État Islamique – qui a eu lieu récemment, visait la communauté homosexuelle. Celui-ci recèle de nombreuses zones d'ombres puisqu'il semble que l'auteur de ce massacre ait fréquenté un moment la discothèque où il l'a perpétré. En tout état de cause, c'étaient des membres de cette communauté à la sexualité différente qui étaient visés. Or, quand on y réfléchit un peu, si Daesh et ses représentant son révulsés par les Gays, pourquoi ne le seraient-ils pas par toute autre forme de différence. Et, comme je suis différent à cause de mon handicap et du fait que je me revendique en tant qu'intellectuel, pourquoi ne serai-je pas un jour la cible de leur haine et de leur violence ?

 

Car, chacun de nous, par ce qu'il est, par ce qu'il croit, ou pas – personnellement, je suis athée -, par les combats qu'il mène, par sa couleur de peau, par son milieu social, par son milieu culturel, par le lieu où il est né, est différent de son voisin. Chacun à sa propre perception de ce qu'est la – ou les – vérité(s) de ce monde, à son propre mode de vie, a son propre modèle de pensée, à ses propres interprétations des savoirs qu'on lui a enseigné, etc. Nul ne pense jamais exactement la même chose que son voisin, y compris au sein d'une communauté homogène repliée sur elle-même, intolérante, manipulatrice, et haineuse, telle que Daesh. La preuve, puisqu'il y a un Calife – Daesh est censé être un Califat – qui dicte les lois à tous ses sujets, contraints ou non. C'est ce qu'on appelle une dictature. Et le Nazisme, dont j'étudie actuellement les racines idéologiques et ésotériques – ou peu connues du grand public – était également une dictature. Les mécanismes d'endoctrinement, de soumission de la masse à la volonté du Führer – ou « le Chef » - étaient semblables. La grande différence avec jadis étaient que les moyens pour faire plier les foule devant le fanatisme d'Hitler et ses comparses, n'avaient pas la même portée. Si un Hitler vivait aujourd'hui, il est évident que, comme Daesh, il emploierait Internet et les réseaux sociaux pour diffuser son idéologie au maximum d’individus possible. Comme Daesh, il diffuserait sa propagande et ses contre-vérités afin de rallier le plus de gens à sa cause. Quand on y pense, tout un peuple s'est jeté dans les bras du Nazisme grâce au moyens de communication et de propagande qui existaient à l'époque. Nul ne sait les effets dévastateurs qu'auraient les préceptes d'un tel individu à l'heure actuelle.

 

La preuve en est avec tous ces jeunes qui s'imaginent se battre pour un monde plus juste, plus idéal, plus heureux, plus pur, plus détaché de la matérialité quotidienne et des valeurs dans lesquelles ils ne se reconnaissent plus. Alors qu'en fait, ils sont manipulés par des hommes sans scrupules qui ne voient en eux que de la chair à canon à renvoyer chez eux en tant que futurs terroristes. Alors que, comme pour Hitler avec ses Jeunesses Hitlériennes ou autres associations du même genre, il préparait toute une génération à une guerre qu'il avait prévu depuis qu'il avait écrit Mein Kampf.

 

Pire que cela encore, comme l'a très bien démontrée l'attaque d'Orlando, celui qui est différent n'a pas sa place au sein de cette sorte d'idéologie extrémiste – qu'elle soit religieuse ou raciste ; ou les deux. Ainsi, comme les les partisans de l'Extrème-Droite actuelle – nostalgiques de Vichy, membres du FN qui n'ont pas compris qu'ils alimentent la fange dont est issue la pensée Lepeniste, dépités de l'impuissance de nos politiques à trouver des solution à la crise, etc. -, ou comme les intégristes islamistes tentant de renverser la valeurs et les idéaux de liberté qui nous sont chers, il n'y a pas de place pour celui ou celle qui est différent. Il n'y a pas de place pour celui ou celle qui ne se soumet pas à la doctrine unique. Il n'y a pas de place pour celui ou celle qui n'admet pas la vérité unique, indétrônable, inaliénable, professée par ces barbares des temps modernes.

 

Et, si aujourd'hui, ce sont les Gays qui en ont été les victimes, demain, ce sont peut-être tous ceux et toutes celles qui sont déclarés différents par l'idéologie à laquelle ils se rattachent. Hitler n'a pas mieux fait lorsqu'il a déclenché l'opération T4 à l'aube de la Seconde Guerre Mondiale. C'est un épisode peu connu de l'Histoire de cette période, mais dont j'ai étudié certains des aspects à l'occasion de la rédaction de mon ouvrage sur les origines du Nazisme. Mais dème l'écriture de Mein Kampf, et plus encore après sa prise du pouvoir en Janvier 1933, Hitler n'a eu qu'une obsession : transformer le peuple allemand en  « purs » descendants des Aryens issus de l'Atlantide ayant vécu au cours de l'Antiquité. Pour ce faire, il était donc nécessaire d'éliminer tous ceux qui étaient considérés comme des « anormaux ». Et, de fait, considérés comme un danger pour la pureté de la race. Dès lors, handicapés physiques ou mentaux, gays, asociaux, SDF, fous, etc. ont étés exterminés durant un temps, avant que cette monstruosité ne parvienne aux oreilles de l’Église d'Allemagne, et ne suscite le scandale. L'opération T4 a alors été officiellement abandonnée. Bien qu'en fait, elle n'ait jamais véritablement cessé, et que toutes ces personnes différentes aient continué d’être massacrées, puis envoyées dans les chambres à gaz d'Auschwitz et de Dachau tout le long de la Solution Finale.

 

On ne peut donc pas ne pas faire le parallèle avec les objectifs de Daesh en visant la communauté Gay. Ou en stigmatisant tous ceux qui ne sont pas de bons musulmans selon leur vision de ce que doit être un musulman. On ne peux pas fermer les yeux sur l'idéologie soi-disant religieuse qu'elle défend, en tuant tous ceux et toutes celles qu'elle considère comme des « mécréants ». On ne peut pas oublier que d'autres idéologies avant elle – Nazisme ; mais aussi Communisme stalinien qui a employé les mêmes méthodes en envoyant au Goulag ceux et celles qui n'étaient pas soumis à la doctrine du parti – ont tenté de faire plier des peuples entier. Qu'elles ont souhaité transformer les populations en des hordes de robots, tous semblables, tous soumis, tous haineux envers celui ou celle qui est différent. Et je ne peux m’empêcher de craindre qu'un jour, parce que mon handicap et le fait que je sois un intellectuel fasse de moi quelqu'un à abattre physiquement – tout comme ces homosexuels avant-hier -, puisque je ne correspond pas aux critères que ces fondamentalistes religieux – qui ne valent pas mieux que les fondamentalistes Chrétiens ou les fondamentalistes Juifs - veulent imposer au reste de la planète...

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