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Mes Univers
23 juin 2016

autobiographie, pages 239 à 241 / 312

X1Ainsi donc, j’avais trouvé mon équilibre amical. Par contre, amoureusement et sentimentalement parlant, j’étais toujours aussi blessé que lors de ma période « appartement du 19ème ». J’étais écorché vif, et j’ai été la proie de moments extrêmement destructeurs intenses. Comme deux ou trois auparavant, j’étais tellement tourmenté que, parfois, je m’infligeais des sévices physiques en me lacérant de cicatrices. Quand je me regardais dans le miroir, je me haïssais. J’étais malheureux et jaloux de la facilité avec laquelle mes amis d’alors entretenaient des rapports amoureux avec les jeunes femmes qui croisaient leur route. J’en étais d’autant plus bouleversé que je sortais d’une énième déception sentimentales sur laquelle je reviendrais peut-être plus tard.

 

Une fois de plus, ces amis m’ont vu sous un angle que je n’aime pas dévoiler. Et pourtant, je n’y peux rien, lorsque je suis malheureux, triste, dans la peine et le désespoir, cela se voit. Il suffit de me côtoyer quelques instants, pour s’en rendre compte. Ce n’a pas changé. Dans ce genre de situation, j’ai le visage fermé. Je pleure rarement, car lorsque c’est le cas, c’est comme si des vannes s’ouvraient. C’est un torrent que je ne peux juguler ou contrôler. Et je m’effondre littéralement. Combien de fois ma mère m’a secoué quand j’étais la proie des émotions telles que celles-ci, parce qu’elle estimait que je faisais grand cas de bien peu de choses. Il est vrai que dans ma famille, et notamment du côté de la parenté de ma mère, montrer ses blessures, sa tristesse, ses malheurs, est considéré comme une faiblesse. Depuis que je suis jeune, cela a toujours été le cas. Et je me suis fait souvent réprimandé parce que je ne parvenais pas à les surmonter afin de faire bonne figure. Elle m’en voulait, ainsi que mes grands-parents maternels – et plus particulièrement ma grand-mère -, de ne pas être capable de dépasser mon extrême sensibilité naturelle. Et, à chaque fois, j’étais obligé de fuir et de me réfugier dans la solitude de ma chambre, puisque mon désespoir les irritait.

 

C’est d’ailleurs en partie pour cela qu’au cours de ces décennies de souffrances sentimentales, je me suis souvent tourné vers mes amis afin qu’ils m’apportent leur soutien d’une manière ou d’une autre. J’espérais que je pourrais m’en ouvrir à eux, puisque je n’y avais pas le droit avec ma famille. Les pauvres étaient le plus souvent impuissants. Ils me découvraient anéanti ; ils m’écoutaient, essayaient de me consoler ou d’être à mes côtés du mieux qu’ils le pouvaient. C’était gentil de leur part. Mais, tant que je n’aurais pas réussi à me faire aimer de l’une de ces jeunes femmes qui me fascinaient tant, pour lesquelles ma passion était un vrai torrent qui emportait tout, je savais que je resterais malheureux, inassouvi, vide, blessé par ce passé que je tentais en vain de clôturer définitivement. Je ne réussissais pas à profiter pleinement des bons moments que la vie m’accordait. Même avec toute la bonne volonté du monde, ces instants que j’évoque ici parfois avec regret, me laissaient un gout de cendre dans la bouche. J’étais amer. Voir ce bonheur amoureux autour de moi, auquel il m’était interdit de toucher, détruisait tout le reste.

 

C’est dans ce contexte qu’au début de l’année 1999 – et après une année 1998 profondément tourmentée ; j’y reviendrai -, que j’ai postulé pour un emploi dans l’Éducation Nationale. En fait, il s’agissait d’un concours, comme il en existe tant, afin d’entrer dans l’Administration. Déjà, en 1994, j’avais effectué cette démarche afin de devenir officiellement Aide-Bibliothécaire. En effet, mon emploi à la Bibliothèque Nationale n’était qu’un contrat de trois ans. Or, comme je l’ai déjà spécifié à de nombreuses reprises, pénétrer ce milieu a été, pour moi, une véritable révélation. Ma vocation a démesurément grandi à cette époque. Et si je pouvais l’intégrer définitivement, j’en aurai été heureux ; enfin épanoui professionnellement parlant. C’était d’autant plus vrai que la Bibliothèque Nationale n’a pas été la seule bibliothèque – avant et après – dans laquelle j’ai travaillé. Dès 1986, à la fin du collège, j’avais dû trouver un stage d’un mois. Et c’est à la bibliothèque municipale de la ville où nous vivions, ma famille et moi, que je l’ai suivi. A Laval, au cours d’une session de formation de remise à niveau de mes compétences en comptabilité, c’est à la bibliothèque de la ville que j’ai eu mon stage de validation de cette formation.

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