Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mes Univers
7 juillet 2016

Paradoxes, Humanité, et Universalité

Adaptée

universalitéS'il y a un aspect de l'être humain qui me sidère particulièrement, c'est cette propension à se sentir supérieur à l'ensemble des espèces ; qu'elles soient terrestres, maritimes, aériennes ; qu'elles lui soient connues, ou pour le moment encore, inconnues.

 

Personnellement, je n'aime pas cette autosatisfaction, cet orgueil démesuré qu'il propage partout autour de lui. A chaque fois qu'il conquiert de nouveaux territoires, à chaque fois que sa civilisation évolue, à chaque fois qu'il met en avant ses dogmes idéologiques ou religieux, à chaque fois que sa science lui permet d'aller plus loin, c'est comme s'il se sentait le seul détenteur de la vérité absolue. C'est comme s'il était le maître qui pénètre en pays soumis et docile.

 

Or, rien n'est plus faux que ce sentiment idéalisé qu'il a de lui-même. L'Homme n'est qu'un grain de sable perdu au milieu de l'Univers. Son monde, notre Terre, est encore moins qu'un grain de sable. Il n'est que l'une des myriades de planètes tournant autour de myriades de myriades d'étoiles. La galaxie à l'intérieur de laquelle le Système Solaire existe, n'en est qu'une, de raille moyenne, de constitution modeste, qui se déploie parmi les milliards et les milliards qui l'entourent.

 

L'espèce humaine, de son coté, n'a environ que trois millions d'années d'existence. D'autres espèces dominantes ont peuplé la Terre avant son apparition ; il est plus que probable que d'autres lui succéderont après sa disparition. Que cette dernière soit proche, du fait de sa propension à d’auto-détruire ou à anéantir son habitat naturel – tout en sachant qu'elle n'en n'a pas d'autre -, ou qu'elle soit lointaine, si elle parvient à surmonter les épreuves que sa société dans son ensemble s’apprête à éprouver d'ici peu de temps, l'espèce humaine n'est qu'à l'aube de son histoire. En comparaison, les dinosaures ont gouverné le monde durant plus de 200 millions d'années. Alors, qu'est-ce que trois millions d'années en comparaison ? Qu'est-ce que dix-mille ans de civilisation lorsqu'on y songe ?

 

Rien !!! Rien du tout !!! Une ou deux secondes à l'échelle du temps universel. Que ce soit au regard de la formation du Système Solaire, de la Terre, ou a celle qui a mené cette globalité cosmique du Big Bang à aujourd'hui, c'est infinitésimal.

 

Et d'ici cent ans, mille ans, dix-mille ans, ou un million d'années – ce qui est tellement peu lorsqu'on réalise que le temps sidéral se jauge en centaines de millions ou en milliards d'années -, ce qui nous préoccupe tant, ce qui nous paraît si important en ce moment, sera depuis longtemps enseveli sous les sables de l'Histoire. De nouvelles générations se seront substituées à la notre. De nouvelles formes de civilisations auront remplacé l'actuelle. De nouvelles formes de pensée auront évincé ce qui nous semble moral ou pas, fondamental philosophiquement, religieusement, culturellement, etc. Ce qui est aujourd'hui, appartiendra aux grands événements qui auront marqué un passé lointain et sensiblement divergent. Et l'être humain, également, ne sera plus celui qui est actuellement : il aura probablement évolué, laissant derrière lui cette brutalité sauvage et instinctive issus de l'époque où l'hominidé se détachait de l'animal pour acquérir intelligence, raison, et capacité d'adaptation à son environnement. Peut-être se sera t-il métamorphosé en un agrégat mi-artificiel et connecté rattaché à une forme de conscience et de cérébralité n'ayant que peu de besoins physiques ?

 

Par ailleurs, à plus ou moins longue échéance, les différentes ethnies qui composent l'espèce humaine – couleur de peau, physionomie, langage, etc. -, elles-mêmes issues de l'évolution de ses caractéristiques antérieures, sont destinées, au fil du temps, à s'agglomérer. Leurs disparités en fonction de leur lieu d'origine, de leurs traditions, de leurs croyances, etc. sont condamnées à s'effacer pour n'en former plus qu'une seule. D'ici, bien entendu, plusieurs dizaines ou centaines de milliers d'années. Comme jadis, il y a eu plusieurs sortes d'hominidés se côtoyant sur une même période ; qui ont fini, à force de métissages, de croisements naturels, d'extinctions de certaines branches inadaptées ou inadaptables, à n'en faire plus qu'une.

 

Depuis peu, l'Homme sait que, probablement, la vie sur Terre a été engendrée ailleurs. Que les briques fondamentales qui la composent s'y sont transportées au cœur de comètes qui se sont écrasées sur notre planète il y a 4,5 milliards d'années. Nous savons aussi désormais que des milliards de milliards de systèmes planétaires semblables au notre, avec un Soleil de taille équivalent au notre, constellent le cosmos. Nous savons que, probablement, d'autres comètes ont « fécondé » certaines d'entre elles aux quatre coins de l'Univers. Et que, dans ces conditions, la vie a pu y évoluer également. D'une manière totalement différente que sur notre globe, c'est plus qu'évident. D'une façon que, même l'imagination la plus fertile ne peut concevoir. Car, nous savons aussi que la vie s'est propagée sur Terre jusque dans les endroits les plus hostiles et les plus improbables.

 

N'en déplaise aux « créationnistes » de tous poils accrochés à leur Torah, à leur Bible, ou à leur Coran afin de donner un sens à ce en quoi ils croient. Cependant, tous ces illuminés qui brandissent leur foi comme un bouclier face à un monde qui les dépasse, et dont l’extrême multiplicité les sidère et les inquiète, ne peuvent nier la réalité. Trop de personnes sensées, raisonnables, lucides et éclairées, mettent aisément à bas leurs illusions. Ils se dissimulent derrière leurs sourates, derrière leurs versets, derrière leurs citations afin de marteler leur vérité. La grande majorité de la population, même si elle a la foi, a davantage confiance en la science, en des faits avérés, prouvés, expliqués, qu'en des préceptes jadis destinés à soumettre des individus ignorants, et pour lesquels le religieux était celui qui détenait la connaissance. Ce qui, aujourd'hui, n'est plus le cas.

 

En tout état de cause, si la vie s'est disséminée sur Terre par ce procédé, y compris dans des lieux où, longtemps, on a cru qu'elle n'y était pas possible, il est plus que probable qu'elle ait essaimé ailleurs. Et même si on prend, comme estimation, qu'elle ait éclos sue 0,1 % des planètes aptes à l'accueillir, rien que dans notre galaxie, c'est des dizaines de milliers d'autres « Terres » qui la parsèment. Des centaines de civilisations qui sont nées, se sont propagées. Des dizaines qui, certainement, sont allé plus loin que notre espèce humaine dans leur processus d'évolution. Et qui doivent nous regarder comme des primitifs se querellant pour des buts et des aspirations qui relèvent du barbarisme, de l'obscurantisme, et de la méconnaissance. Jusqu'au jour – nul ne sait quand, mais au fur et à mesure de notre exploration de l'espace, inévitable -, où nous rentreront en contact avec l'une d'elles. Où ce rapprochement remettra beaucoup de choses en question pour nous ; et constituera un pas supplémentaire sur le chemin de l’évolution de notre propre espèce.

 

En ce qui me concerne, j'avoue que c'est ainsi que je vois l'avenir de l'espèce humaine, lorsque celle-ci aura quitté l'enfance où elle est, pour se transporter vers un age adulte encore balbutiant. Mais pas avant plusieurs centaines de millénaires, voire davantage, c'est évident. Car auparavant, elle doit inévitablement être confrontée à cette mue dont les bouleversements écologiques en devenir qui se profilent à l'horizon ne sont que les prémisses les plus visibles actuellement.

 

De nombreuses autres étapes, plus ou moins déterminantes, plus ou moins traumatisantes, plus ou moins terribles, l'attendent après celles-ci. Puisqu'il ne fait aucun doute que, malgré ces transformations environnementales proches, l'Homme s'y adaptera. Certes dans la douleur, en laissant derrière lui tout ce que cette société néo-capitaliste à bout de souffle, lui a offert si avantageusement, mais irrémédiablement. Comme cela a aussi été dans le cas jadis, lorsque de cueilleur, il est devenu chasseur, que de chasseur nomade, il est devenu sédentaire, ou que de paysan, il est devenu manufacturier, puis, consommateur.

 

Nul doute,donc, que l'espèce humaine n'a dépassé que les premières étapes de son histoire. Mais aussi qu'elle n'a pas encore acquis cette capacité à se détacher de ces restes d'animalité symbolisés par la peur, par la défiance, par la haine, par la violence, par l'intolérance, ou par la croyance en une entité démiurge et toute puissante qui gouverne sa destinée dans ce monde ou dans celui d'après. Car, c'est propre à toute société « balbutiante » de se raccrocher au divin pour expliquer ce qu'elle ne comprend pas, ce qui lui est inconnu, ou terrifiant. C'est le propre de l'enfant de l'enfant de lever les yeux vers le ciel, vers un « Père » qui le rassure et qui le protège, qui lui apprend les règles de base de la vie en communauté. Avant, une fois adulte, de prendre son existence à bras le corps, de faire ses propres expériences, de suivre sa propre route sans l'aide de personne. Si ce n'est en usant de sa propre intelligence, de ses propres raisonnements, de ses propres facultés conceptuelles, ou de ses propres capacités d'adaptation.

 

Quoiqu'on en dise, quoiqu'on en pense, quels que soient nos dogmes ou notre foi, la nature est ainsi faite : d'enfant, l'Homme passe à l'état d'adulte. Et un jour, il n'a plus besoin de ses parents, que ce soit son Père ou sa Mère, pour conduire sa propre existence. C'est déchirant, c'est souvent dans les larmes et la douleur, que cela se produit. Mais c'est ainsi.

 

Dès lors, quelle est l'utilité de se complaire dans sa suffisance ? Quelle est cette inutile propension de l'Homme à se croire meilleur que n'importe quelle autre espèce que la Nature a engendrée au fil des Ages présents ou passés ? Ce sentiment auquel il s'accroche désespérément, où il a l'impression que tout lui est forcément acquis. Qu'il n'a qu'à se pencher pour ramasser ce dont il est le détenteur momentané. Et qu'il faut s'en glorifier, jusqu’à en écraser tous ceux et toutes celles qui le gênent, qui ne sont pas comme lui, qui sont différents. Quel est ce besoin de s'imaginer que son intelligence est la seule qui vaille au sein de cet univers si multiple, si étrange, si extraordinaire ; et qui nous réserve encore bien des surprises au fur et à mesure de son exploration. Quel est ce monstre d'outrecuidance, de morgue, face à cette futilité dont nous sommes constamment la proie.

 

Lorsque je réfléchis à tout cela, et Dieu – c'est une façon de parler, puisque je ne crois pas en Dieu – sait que j'y réfléchis souvent, puisque ce sont des thèmes qui reviennent de temps en temps dans mes écrits, je me rends compte que l'Humanité a encore beaucoup de chemin à accomplir. Elle a encore beaucoup d'épreuves à surmonter, avant de prendre conscience de la multiplicité des aspects de la réalité de notre parcours en tant qu'espèce ; mais également, sa richesse, ses possibilités, ses capacités, ou son insignifiance, sa petitesse, ou son inconsistance. C'est là sa spécificité, certes. Mais c'est aussi ce qui me navre, me désespère, parfois, vis-à-vis de mes contemporains qui se contentent du peu qui est à leur portée. C'est ce qui me blesse, face à la bêtise, face à la naïveté, face au manque de curiosité intellectuelle, face au manque d'envie de découvrir ce qu'il y a ailleurs, de différent, de complexe. C'est ce qui me surprend face au manque d'acceptation du fait que la contradiction dans les pensées, dans les concepts, dans les idées, dans les points de vue, dans les observations, dans la façon d'envisager ce qu'est la – ou les – vérité(s) n'a rien d’antinomique.

 

Je considère, au contraire, tout cela – et bien davantage encore – comme une richesse inestimable. C'est un trésor comparable à nul autre, qui permet de s'ouvrir avec fascination et passion aux différences, quelles qu'elles soient et d'où qu'elles viennent ; de s'ouvrir aux autres, même si parfois, je suis en désaccord avec certains d'entre eux. Mais, là non plus, je ne vois pas cela comme un problème. Mais au contraire, un désir de réfléchir plus loin, plus profondément, en moi ou en ce qui m'entoure. C'est une façon de se remettre en question permanente, pour avancer,, pour progresser. Même si, de temps en temps – et j'en ai épisodiquement l'expérience -, les désaccords restent partie,s ou entiers. Ce n'est pas grave. Car, comme le dit le sage, c'est chaque pas qui mène au but que tu t'es fixé qui est important, pas le but en lui-même.

 

Dès lors, vive les paradoxes. Vives les contradictions. Vive les incompréhensions. Vive les différences. Vive cette multiplicité à laquelle je me suis brièvement et partiellement référée tout le long de ce texte. Parce qu'ils sont à la source de tout ce que je suis, et de tout ce que je désire humblement apporter à ceux et celles qui me suivent au sein de cette grande aventure qu'est ma modeste existence. Puisque, comme je ne cesse de le répéter, je ne ne suis qu'un minuscule grain de sable au sein de cet univers. Et qu'en tant que tel, je tente, à ma façon, avec mes mots, avec mes idées, avec mes réflexions, de contribuer à ce que chacun ou chacune se retrouve dans ce que je lui expose ici...

 

http://www.atramenta.net/lire/breves-philosophiques/58355

Publicité
Publicité
Commentaires
Mes Univers
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 287 450
Derniers commentaires
Archives
Mes Univers
Newsletter
Pages
Publicité