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Mes Univers
8 juillet 2016

Vive le sport

X1Je vais peut-être, encore une fois, donner un coup de pied dans la fourmilière. Car, je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me concerne, je commence à avoir une overdose de sport télévisuel. Et ces derniers jours, à l'approche de la finale de l'Euro, c'en est devenu quasiment insupportable.

 

D'accord, hier soir, nous, Français, nous avons gagné face à une Allemagne contre laquelle nous nous sommes inclinés depuis les années cinquante. D'accord, nous sommes les plus beaux, les plus forts. Et en ces temps de morosité ambiante face à la crise que notre pays traverse, cela fait du bien de voir un peu de ciel bleu. Cela remonte le moral d'espérer en une victoire ; de montrer que nous pouvons réussir dans quelque chose. Surtout dans un sport comme le football, qui est devenu une véritable religion pour l'immense majorité des concitoyens de notre pays. Surtout depuis que les médias et les milieux financiers s'en sont emparés pour transformer ses participants en véritables demi-dieux, en icônes comparables à celles que l'on vénérait jadis à l'église ou dans les temples. Surtout depuis qu'à coups de millions d'euros, chaque gamin rêve d'être le futur Zidane, de rouler en ferrari, d'être couvert d'or par des sponsors cherchant à attirer dans leurs filets des nations entières prêtes à entrer en transe, et à consommer à outrance, lorsque ces demi-dieux apparaissent sur le petit écran.

 

D'accord, ce genre de manifestation ressoude les liens d'un peuple en déshérence. D'accord, cette ferveur patriotique donne du baume au cœur. Elle permet de laisser derrière soi tous ses problèmes du quotidien. Elle est censé apaiser les esprits ; sauf lorsqu'on regarde, ahuris, à la fin de certains matchs, des tribus de hooligans déchaînés qui s'affrontent en pleine rue, comme des animaux pris de démence et de haine pour celui qui ne porte pas le même maillot qu'eux.

 

J'avoue que ce spectacle n'est pas des plus flatteur. Ceci dit, il demeure, heureusement, assez marginal. Ce qui me sidère et me choque davantage, c'est la frénésie de ces hommes et de ces femmes intelligents, doués de raison, sensés, qui se métamorphosent en troupeau de moutons dès qu'une compétition débute. Les jeux du cirque de l'époque de l'Empire Romain n'étaient pas si différents, quand on y pense : publicité, sponsors, argent, vedettes, déification. Entre ce qui existait il y a 2000 ans et aujourd'hui, rien n'a véritablement changé. La grande majorité des gens se soumettent de leur plein gré, entièrement, à ce culte toujours renouvelé afin de les tenir en haleine ; afin de les tenir en laisse pour qu'elle ne réfléchisse pas trop. « Du pain et des jeux, voila ce qu'il faut pour tenir éloigné une populace de l'envie de changer les choses. ». C'était vrai autrefois, ça l'est encore aujourd'hui. Sauf qu'autrefois, les moyens, les possibilités, susceptibles d'engourdir l'esprit des gens n'étaient pas aussi perfectionnés. Néanmoins, les bases facilitant la métamorphose d'un peuple en hordes de zombis décérébrés, étaient déjà définies.

 

Lorsqu'aux informations télévisées, je vois la place que prend l'euro 2016, je suis médusé, anéanti. Cela en dit long sur la nature humaine de cette immense majorité de personnes qui s'y perdent corps et âme. Lorsque j'imagine ces anonymes un soir de match, affalés sur leur divan, une canette de bière à la main, un seau de pop-corn entre les cuisses, habillés aux couleurs de leur équipe favorite, et hurlant comme des forcenés pour l'encourager ; quand je les imagine sautant en l'air comme des cabris, se serrant virilement dans les bras des uns des autres, klaxonnant dans les rues, ou brandissant des drapeaux à tout va dès qu'un but a été marqué, je me demande dans quel monde de fous je suis tombé. Pire, je ne les envie pas ; je les considère avec pitié et compassion. Je me dis alors que l'Humanité est tombée bien bas lorsqu'elle s'exprime ainsi dans ce genre de circonstances. Qu'elle ne se montre pas à la hauteur de son intelligence – alors qu'elle se croit supérieure à toutes les autres espèces de la Terre. Puisque même des animaux ne se comportent pas ainsi. Puisque même eux ne s'abrutissent pas, ne s'enorgueillissent pas, ne jouissent pas de cette bestialité dont ils sont les porteurs lorsqu'ils luttent pour leur survie.

 

Et encore, je ne m'attarde pas sur les autres compétitions sportives estivales : Roland Garros, le Tour de France, les Jeux Olympiques au Brésil qui vont bientôt prendre leur place. Et qui vont prolonger cette glorification d'un système souvent corrompu, en proie à la fraude plus ou moins généralisée, où le dopage est la règle, où les dirigeants s'accrochent à leurs fauteuils parce qu'ils ne souhaitent pas renoncer aux privilèges que ceux-ci leur confèrent.

 

C'est sûr que c'est un univers qui, dans ces conditions faut rêver. Toutefois, n'en demandons pas trop. Ce n'est pas ce que ses multimillionnaires, ses sponsors, ou ses caciques attendent des foules en délire qui fantasment sur leurs gradins ou devant leurs téléviseurs. Non, ils attendent d'eux qu'ils soient de fidèles consommateurs ingurgitant à longueur de journées les publicités dont on leur inonde les yeux et les oreilles. Ils attendent d'eux qu'ils se noient dans la « moutonnerie » et la régression vers l'instinct animal. C'est tout, rien d'autre.

 

Car le peuple, en tout cas dans ces moments-là, n'est pas destiné à penser ou à raisonner. Il est là pour alimenter de son argent ces multinationales du sport détournant leur attention de ce qui est important. Il est là pour n'être qu'un « client », qu'un « électeur », que l'on brosse dans le sens du poil quand on a besoin qu'il mette la main à la poche, ou quand on a besoin de son bulletin de votant.

 

C'est affligeant. C'est déplorable. En tout cas, c'est ainsi que je le conçois. Alors, n'attendez pas de moi que je me joigne à ces millions de gens qui se comportent de cette manière. Et, pour vous avouer l'entière vérité, hier soir, j'ai téléchargé un film qui m'a un peu changé les idées des textes que j'ai rédigé ces derniers jours. Ensuite, vers 22h, alors que des myriades de personnes se congratulaient béatement à l'issue des deux buts marqués par l'équipe de France, je suis allé dans ma chambre. Je me suis allongé sur mon lit, accompagné d'un bon bouquin. Et je l'ai dévoré jusqu’à 1h du matin. Je n'ai d'ailleurs pas eu besoin de m'informer pour savoir si nous avions gagné ou perdu le match. Les cris délirants de mon voisin du dessus, ainsi que le coups de klaxons de automobiles dans la rue, m'ont tenu un instant au courant du résultat. Il m'a suffi de lever la tête de mon livre brièvement pour comprendre que c'était la France qui va participer à la finale Dimanche soir. Cela me suffit amplement.

 

En tout état de cause, je suis désolé si j'en déçois plus d'un ou plus d'une. Je gage qu'il y a des personnes qui vont mes considérer comme un traître, comme quelqu'un qui n'est pas patriote. Comme quelqu'un qui prend un air supérieur, etc. J'attends ces remarques et ces commentaires teintés d'impulsivité et d'injures, avec autant de curiosité que d'impatience. Je suis comme je suis, ni plus ni moins, que cela plaise ou non. Je dis les choses comme je les pense et les ressens ; mes lecteurs et lectrices habituels ou occasionnels le savent. Et je n'ai pas pour habitude de suivre les avis de la majorité parce qu'il s'agit de la majorité.

 

De fait, en effet, j'en arrive à avoir une véritable overdose de tout ce tapage que l'on fait autour de l'euro 2016 ; comme autour du Tour de France ou des Jeux Olympiques qui s'approchent désormais à grands pas. Heureusement que j'ai de la ressources et que j'ai des tas d'émissions, de débats, de documentaires, de films, relevant un peu le niveau, à disposition. Sinon, j'avoue que je n'ouvrirai même pas mon poste de télévision, et que je passerai mon temps à lire ou à écrire. Et là aussi, heureusement que j'ai de quoi de m'occuper dans ces domaines qui me passionnent, me fascinent, m’intéressent intensément.

 

Heureusement que j'ai toujours mille projets sous la main, près à être mis en œuvre. Heureusement que j'ai de quoi me nourrir l'esprit, que j'ai des motifs de réflexions philosophique, sociaux, culturels, artistiques, etc. Parce que mon but n'est pas de ressembler à ce que j'ai décris tout le long de ce texte. Pour rien au monde. Je préférerai me suicider, quitter cette Terre d'une façon ou d'une autre, plutôt que d'être contraint un jour à me conformer à cet état où je ne suis pas à ma place. Je le laisse sans regrets et remords aux hommes et aux femmes pour lesquels c'est quelque chose d'important. Je ne les blâme pas. Je suis juste triste, affligé, désespéré, que, parfois, l'Humanité, ce soit aussi cela. Mais, après tout, c'est aussi cela la diversité. Que ça me plaise ou pas ; que ça ne plaise ou pas à ceux et celles qui n'ont pas le même regard que moi sur le « sport-spectacle-business », mais c'est ce qui est à la base de notre diversité, de notre individualité, de notre spécificité...

 

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