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Mes Univers
16 juillet 2016

autobiographie, pages 286 à 288 / 312

X3Malgré tout, ce jour-là, un tout petit miracle s’est produit. Elle a pris sur elle pour me remercier à sa façon, de tout ce que j’avais fait pour elle. Alors que c’était le soir et que j’étais en train de lire au lit, elle est venue dans ma chambre. Timidement, gênée, elle s’est dévêtue. Elle s’est allongée à côté de moi. Ses intentions étaient on ne peut plus claires. Mais je sentais que le cœur n’y était pas, qu’elle se donnait à moi, juste pour me faire plaisir.

Evidemment, depuis le temps que je rêvais de cet instant-là, je ne l’ai pas refusé. Il a été empreint de tendresse, de doux partage, d’affection, de gentillesse. Il a été maladroit, plein de gêne, pour l’un comme pour l’autre. Ce n’est pas ainsi que je me l’étais imaginé. Mais c’était mieux que rien. Et la douleur que je ressentais de l’échec qu’il concluait n’en n’était que plus amère. Malgré tout, cela a été un beau moment. Et il reste encore gravé dans ma mémoire comme un des instants les plus tristes, mais aussi, les plus merveilleux, de ma vie. Car, mon Dieu qu’elle était belle. Et rien que pour avoir pu la contempler, la caresser, explorer son corps, son âme meurtrie à ce moment-là, dans toutes leurs magnificences, je ne le regrette pas. Mais à quel prix – rien à voir avec l’argent -, au prix de quels désenchantements, de quelles blessures, de quelles déceptions, de quels rêves brisés.

Evidemment, comme prévu, et bien que cette perspective ne l’enchantât guère comme elle me l’avait avoué durant nos ébats, elle est repartie le jour prévu. Alors que nous étions allongés tous les deux, nus, je lui ai expliqué » que, si elle le souhaitait, tout était encore possible. Au bord des larmes, elle m’a répété ce qu’elle m’avait déjà relaté quelques heures auparavant : « Je te rendrais malheureux, parce que le jour où je croiserai un homme dont je tomberai réellement amoureuse, je te quitterai sans état d’âme et je te ferai abominablement souffrir. Et ce n’est pas ce que je souhaite, ni pour toi, ni pour moi. ». J’ai acquiescé. Or, j’espérais encore que ce que nous venions de partager puisse ôter les chaines dont elle avait entouré son cœur. Et finalement, le jour dit, à l’heure prévue, je l’ai raccompagnée jusqu’à l’aéroport Charles de Gaulle. Encombrée de tous les présents que je lui avais offerts, elle m’a dit « au revoir ». Sachant tous deux que c’était certainement la dernière fois de notre vie que nous nous voyions. J’ai eu un dernier geste envers elle, en payant le monumental excédent de voyage qui l’accompagnait, et qui exigeait des taxes supplémentaires. Je l’ai vu disparaitre à l’intérieur du tunnel la conduisant à son avion. Et je me suis retrouvé seul. Encore une fois seul, éternellement seul.

Quand je suis rentré chez moi, le reste de la journée – elle a quitté la France vers 9h du matin -, j’ai tourné en rond. Vivre avec quelqu’un un mois laisse des traces. Je me suis senti vide, isolé, blessé, décontenancé, perdu. Je n’ai rien fait de mes heures. Peut-être ai-je été sur mon ordinateur, mais cela reste vague dans ma mémoire. Arrivée chez elle, elle m’a tout de même téléphoné à l’aide du téléphone portable que je lui avais offert, pour me dire que son voyage du retour s’était bien déroulé. Nous avons continué à communiquer ensemble par mail et par téléphone portable durant un certain temps. Puis, de plus en plus épisodiquement. La rupture définitive a été lorsque je me suis rendu-compte que la ligne téléphonique que je lui avais offerte, et que je payais pour elle, était très élevée. Je lui avais expliqué, avant de partir, qu’elle ne devait l’utiliser qu’avec parcimonie, puisque ce téléphone et la ligne qui allait avec, était un cadeau de ma part. Et que le prix des échanges téléphoniques était relativement élevé. J’ai accepté, pensant que c’était le dernier lien qui me reliait à elle ; l’ultime espoir au milieu de cet océan de douleur dont j’étais la proie. Mais, comme il s’est très vite agi de plusieurs milliers de francs, j’ai immédiatement fait couper cette ligne téléphonique, et c’est ainsi que notre relation s’est brutalement terminée.

Le dernier rebondissement de cette histoire, avant sa conclusion financière un an et demi plus tard avec les dettes qu’elle avait contribué à multiplier, a été que, pendant un certain temps, je n’ai plus eu gout à rien. Sentimentalement, j’ai baissé les bras. J’étais profondément blessé, humilié, perdu. La douleur qui m’étreignait était insupportable, même si je ne le montrais pas. Je vivais avec comme un avec un poids mort sur les épaules. Et, afin de témoigner de l’expérience que j’avais vécu, je me suis décidé à écrire à « Femme actuelle ». J’ai rédigé une longue lettre révélant ce que j’avais enduré tout le long des dix-huit mois que s’était éternisé cet espoir vain. J’avoue qu’à ce moment-là, je n’avais aucune intention d’aucune sorte. Je souhaitais uniquement faire part de mon expérience malheureuse. Je ne m’attendais même pas à être publié. Or, « Femme Actuelle » m’a répondu qu’ils trouvaient mon récit intéressant, triste et bouleversant de vérité. Ils m’ont dit qu’ils allaient le remanier légèrement afin qu’ils puissent le publier dans leur magazine. Ce qui a été fait deux ou trois semaines plus tard. Et que si ce texte suscitait des réponses ou des commentaires, ils me les enverraient.

De fait, dans les semaines et les mois qui ont suivi, j’ai dû recevoir près de deux-cents ou trois-cents lettres. Beaucoup de jeunes femmes qui compatissaient à mon malheur, qui souhaitaient, pour certaines, entrer en contact avec moi. D’autres me parlaient des désillusions qu’elles avaient elles-mêmes vécues. Parmi toutes celles-ci, je me suis plus ou moins lié d’amitié avec quelques-unes. Et, parmi ces quelques-unes, je me suis progressivement rapproché de cette jeune femme d’une vingtaine d’années qui était ma petite amie au moment du refus de ma titularisation au sein de l’Éducation Nationale. Avec toutes les conséquences qui en ont découlé et que j’ai relatées dans un chapitre précédent.

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