Pour conclure (texte à prendre au second degré) :

Oui !!! Pour conclure, j'aimerai sincèrement et chaleureusement remercier ces quelques personnes qui se préoccupent tant du sort de mon âme. Il est vrai que je ne suis qu'un perfide athée ; un sans-Dieu, un hérétique, un mécréant qui ne connaît rien à ce qu'est la Religion. Que sont mes plus de vingt ans d'études de la construction, de la propagation, et de l'histoire des religions ? Que sont me investigations en matière de philosophie, de sciences, de théologie ? Que sont les centaines d'ouvrages que j'ai exploré dans ces domaines, et dans bien d'autres ? Que sont mes milliers de pages de notes sur ces thèmes, et issues de mon passage à la Bibliothèque Nationale et ensuite ?

Rien, sans aucun doute. Je suis un ignorant face à ces docteurs de la foi qui ont en charge la remise sur le droit chemin de ma conscience, de mon itinéraire spirituel personnel, de ce que doivent éprouver mon âme et mon cœur. Je ne suis qu'une fourmi qui se prend pour un géant ; un novice face à des initiés détenant les clefs du Savoir engendré par leurs Livres Saints.

Comment puis-je rivaliser ? Comment est-ce-que je peux oser critiquer, bousculer, questionner, des dogmes séculaires dont ces Croyants sont les seuls, les véritables, les indétrônables détenteurs ? Quelle présomption, quelle audace, quel orgueil, quel ego, démesurés de ma part. Vraiment ? Pour qui est-ce que me prends ?

De fait, je leur demande pardon. Je m'incline devant leur sagesse, et leur vérité absolue, incontestable, inéluctable, inébranlable. Heureusement qu'il existe de telles personnes de par le monde. Sinon, mon âme serait irrémédiablement vouées aux flammes de l'Enfer. J'avoue que si j'avais un silice sous la main, je le lierai de toutes me forces à mon bras ou à ma jambe, afin de faire pénitence. Je m'agenouillerai humblement, révérencieusement, devant elles afin de remettre le grain de poussière qui me sert de conscience entre leurs mains. Je me soumettrai sans conteste, sans m'interroger, sans douter, sans chercher des réponses ailleurs, à leur suprématie. N'oublions pas que je ne suis qu'un vermisseau qui n'a aucune spiritualité, un être perdu et et dénué de raison, d'intelligence, d'amour de son prochain. Je ne suis qu'un matérialiste sans mysticité ; un égoïste, pire, un égocentrique doté de tous les vices et de tous les défauts de la Terre.

Pauvre de moi !!! Il faut que l'on me flagelle. Il faut que je sois cloué au pilori. Et surtout, je dois subir mon juste et noble châtiment sans velléité de rébellion. Pas un mot, pas un son, ne doit sortir de ma bouche salie par cette engeance immonde qui souille mon esprit. Je dois plier sous le regard tout puissant de ces croyants qui ont pour tâche sacrée de me ramener au sein du troupeau obéissant aux desseins du Tout Puissant. Leur Bible, leur Torah, leur Coran sont des armes contre lesquelles je ne puis rien. Quel idiot je fais de ne pas l'avoir réalisé plus tôt.

De fait, je ne peux que louer la providence d'avoir mis ces docteurs de la foi -Chrétienne, Islamique, Judaïque – sur ma route. Je ne peux que pleurer d'émerveillement et de reconnaissance devant cette Sagesse sans commune mesure qui est la leur. Je ne peux qu'approuver les choix de leurs prédécesseurs séculaires de se haïr, de se maudire, de se combattre, de torturer des hommes et des femmes impures telles que moi, au nom de leur foi. Je ne peux qu'applaudir les guerres qui ont ensanglanté, et qui ensanglantent aujourd'hui encore, nombre de nations, nombre de peuples à travers le monde. Je ne peux qu'exalter leur intolérance, leur mépris, envers moi et ceux qui me ressemblent, au nom d'un Dieu prônant l'amour, la mansuétude, le pardon, l'acceptation de la différence. Je ne peux que rejeter ces individus qui ne me ressemblent pas, qui bravent les commandements du Seigneur en tentant de comprendre, de réfléchir, de trouver des réponses par eux-mêmes.

Quelle outrecuidance de leur part. Quelle honte dois-je éprouver pour moi-même, quelle indignité dois-je ressentir. Jamais je ne me pardonnerai cette irrévérence. Jamais je ne devrai être réhabilité face à tant de déshonneur, face au persiflage et au dédain, face aux critiques et à l'insolence dont j'ai fait preuve. Le plus sincèrement que je puisse le souligner, le plus humblement possible, le plus fidèlement que sois capable de le déclarer, je vous conjure de me m'amnistier.

Véritablement, honnêtement, franchement, résolument, et totalement, mon désir de repentance est immense. Jamais plus je ne mettrai en doute vos si sages paroles. Jamais plus, je ne m'indignerai face à ce que je croyais être de fausses promesses. Ce Paradis qui attend chaque adorateur de Dieu après sa mort s'il se conduit au plus près de préceptes Christique, musulmans, ou judaïques. Voire, puisque j'y suis et que ma dévotion doit être sans restriction, des trois à la fois. Car je ne désire pas que mon âme connaisse les tourments de l'Enfer qui m'attendent si je ne m'y résous pas. Et si un prêtre, un imam, ou un rabbin m'affirme que la Terre est plate, que le Soleil est une pièce d'or accrochée dans le ciel, je dois l'accepter sans rechigner. Une fois encore, n'oublions pas que je ne suis qu'un mouton dont les vues ne doivent aucunement s'éloigner de celles des autres membres du troupeau auquel j'appartiens.

Heureusement que j'ai rencontré ces personnes. Heureusement que, régulièrement, quelques unes d'entre elles se signalent à moi afin de pourfendre mes thèses hérétiques. Heureusement qu'elles ont à cœur de s'apitoyer sur mon sort. Heureusement qu'elles sont véhémentes, et que leur voix porte loin et fort, face aux centaines et aux milliers d'hommes et de femmes qui suivent mes exposés et mes articles plus ou moins quotidiennement. Après tout, qui sont-ils, tous ces gens, face à ces docteurs de la foi, pour adhérer à ces arguments déviationnistes. Alors qu'ils devraient plutôt se soumettre, eux aussi, au Tout Puissant et à ses clercs. Vraiment, qu'ils sont vilains !!!

Voilà !!! J'espère que Dieu et ses Croyants de toutes confessions ne jugeront pas trop sévèrement mon erreur. J'espère qu'ils me réintégreront volontiers – je n'ose pas dire à bras ouverts – au sein de la masse des dévots. Je promets que, désormais, avant chaque repas, je réciterai mon bénédicité. Je promets que chaque soir, avant d'aller me coucher, je ferai ma prière. Je promets que chaque Dimanche, j'irai à la messe. Que chaque vendredi, je ferai mon sabbat. Que chaque jour, j'irai à la mosquée pour souscrire à mes cinq prières journalières. Que chaque année, j'accomplirai mon pèlerinage à Saint-Pierre de Rome, à Lourdes, à la Mecque devant la Kaaba. Que je m'adonnerai au ramadan, etc. Je promets…

Mais, mon Dieu, puis-je humblement poser une question pour terminer ? Vous êtes sûr ? J'ai le droit ? C'est que je souhaiterais pas me montrer trop présomptueux, voyez-vous. C'est vrai ? Vous m'accordez ce privilège !!! Oh, vous êtes trop bon, trop miséricordieux avec votre humble serviteur qui ne mérite pas tant de complaisance de votre part !!! Surtout après l'hérésie monstrueuse qui a été la mienne depuis si longtemps !!!

Savez-vous si je vais avoir un moment de « libre » pour édifier ma vie, si je consacre tout ce temps à vous adorer ? Si je vais avoir le temps de travailler, de manger, de dormir, de partager des instants avec mes semblables ? Si je vais avoir le temps et l'opportunité de me trouver une compagne, de l'aimer, elle aussi, de lui faire des enfants éventuellement, puis de les élever correctement, etc. ?

Quoi ? Vous craignez qu'avec toute cette charge mystique et spirituelle qui m'est dévolue, je ne puisse m'employer à ces billevesées ? Vous pensez que l'amour que j'ai obligation de vous porter restreint mes possibilités dans les autres contraintes de la vie courante ? Que, de toute manière, la femme étant inférieure à l'homme, que n'ayant pas d'âme, qui est la tentatrice ayant décroché le fruit défendu de l'Arbre du Paradis et vous ayant contraint de chasser Adam de celui-ci, je ne dois pas m'en approcher !!! Et puis, que de toute façon, je n'aurais pas le droit d'avoir des relations sexuelles avec elle avant le mariage. Et ensuite, uniquement dans le but d'engendrer une descendance. Tout en lui octroyant le seul et unique rôle que vous lui avez dévolu : celui de mère.

Je comprends bien. Mais cela risque d’être difficile de la rencontrer si je dois consacrer mon temps à vous adorer et à vous prier. Comment dois-je procéder pour... Ah, ce sont mes parents qui s'occupent de ces choses-là. Tant-pis si je ne l'aime pas, et si elle ne m'aime pas !!! Si nous ne nous entendons pas bien !!! Si nous ne sommes pas heureux ensemble ; y compris intimement !!!

Dans ce cas, comment allons nous procéder pour vous satisfaire, et donner naissance à de futurs adorateurs de votre Toute Puissance ? Ah !!! Nous devrons nous forcer. Cela fait partie de vos injonctions !!! Je suppose qu'étant le Créateur, que la Bible, le Coran, et la Torah étant les livres destinés à enseigner vos préceptes, vous savez ce que vous faites. Et que… ce sont les seuls ouvrages que je dois lire ; tous les autres sont proscrits, interdits, doivent être brûles. Que je dois m'imprégner de chacun de leurs versets ou de leurs sourates jusqu’à l'overdose. Jusqu’à ce que mon cerveau liquéfié fasse de moi un fanatique prêt à brandir le glaive en votre nom ; contre celui qui ne désire pas être enchaînés à vos dogmes. Bon, puisque ces docteurs de la foi m'ont remis entre vos mains, je suppose que je n'ai plus qu'à obéir.

Encore une fois, je les remercie de plus profond de mon cœur et de mon âme, le plus sincèrement et le plus chaleureusement possible, de tout le mal qu'ils se sont donné – et qu'ils se donnent – pour moi. Je ne mérite pas tant de gentillesse et de patience de leur part. Je pense dès lors qu'ils seront périodiquement là pour me rappeler vos enseignements si je m'égare. Pauvre novice et hérétique que je suis, leur appui et leurs conseils me seront bien utiles, dites vous ?

Dans ce cas !!! Et maintenant ? Que je retourne prier ? Et que je resserre mon silice avant ma prochaine flagellation ? Bien Seigneur !!! Merci mon Dieu. Je réintègre ma chapelle privée, avec mon tapis de prière étalé en direction de la Mecque, pour vous implorer avec exaltation. A tout de suite...