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Mes Univers
13 août 2016

Qu'est-ce-que la Vérité ?

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Il est malheureux de constater que, dès que l'on s'interroge sur la religion – et sur l'Islam en particulier -, les croyants de tous bords se sentent agressés, humiliés, insultés. On a le sentiment que leur foi a plus d'importance que leur raison. On a l'impression que leur dévotion efface leur individualité ; qu'elle les soumet irrémédiablement sans possibilité de partager autre chose que leur conception de la vérité. Tenter de leur expliquer que leur vision du monde, de l'univers, de la place de l'Homme à l'intérieur de ces derniers, n'est pas la seule qui a le droit de cité, essayer de les amener à réaliser que remettre leurs doctrines en cause, n'est pas les nier ou leur manquer de respect. Se risquer à les bousculer, à les malmener, à leur faire découvrir d'autres aspects de celles-ci qui ne sont pas révélées dans leurs livres saints, ne fait pas de son détracteur un impie, un malfaisant, ou un hérétique. S'aventurer à démontrer que la science est susceptible de dévoiler, d'infirmer ou de confirmer, que les préceptes qui sont les leurs sont aptes à être invalidés, contrecarrés, désacralisés, n'est pas les tuer. Comme si démythifier la religion, ses dogmes et ses traditions, s'apparentait à un insupportable, intolérable, danger ? Comme si la bouleverser, la déranger dans ses principes les plus fondamentaux, et ancrés dans la conscience collective et séculaire, devait la déstabiliser à tout jamais ?

 

La religion, quelle que soit la forme qu'elle ait prise au cours des millénaires et des siècles passés, a toujours existé. Depuis l'aube des ages, depuis que l’être humain est doté d'un minimum d'intelligence, de sentiments, et de notions concernant sa place au sein de son environnements, s'est toujours interrogé sur l'existence de divinités. Longtemps, il les a cru multiples. Il les a rattaché aux éléments – arbres, plantes, rochers, vents, pluie, orage, etc. -, à une nature dont il n'avait pas percé les mystères – Terre mère, chamanisme. Il les a longtemps personnifiés – religions sumérienne, mésopotamienne, égyptienne, grecque, inca, hindoue, celte, etc. Puis, avec l'apparition de la religion juive, le monothéisme a progressivement remplacé le polythéisme : christianisme et islam se sont imposés à sa suite.

 

Evidemment, je simplifie et je raccourcis. S'il fallait que je développe, je devrais reprendre l'ensemble des 1800 pages de notes que j'ai rédigées lorsque j'ai étudié les origines de la Religion au cours de mes années de recherches à la Bibliothèque Nationale de France. Et, croyez moi ou non – peu importe -, j'ai décortiqué les fondements de chaque religion polythéiste ou monothéiste aussi profondément que possible et que nécessaire. Et toutes, je dis bien toutes, s'appuient sur des schémas originels à peu près équivalents. A quelques différences près constituant leur originalité et leur spécificité. Malgré tout, elles se rattachent toutes plus ou moins aux mythes fondamentaux existant au sein de la conscience collective depuis que l'humanité s'est développée. Le mythe du Sauveur, le mythe de la fin du monde, le mythe du paradis, le mythe du père fondateur – de la déesse-mère parfois ; on l'oublie assez souvent, hélas -, et bien d'autres, se retrouvent sous une forme ou sous une autre au cœur de l'ensemble de nos religions passées ou actuelles.

 

Je ne me fais aucune illusion : je suis conscient qu'une fois encore, s’élèvera une armée de boucliers en affirmant cela. Certains jureront que la vérité inscrite dans leurs livres saints prouve que ce n'est pas le cas. Ils allégueront que les mots qui y sont proférés sont issus de la bouche même de leur Prophète (Coran), du Fils de Dieu (Bible), ou des Patriarches (Torah). Ils n'auront de cesse de prouver et d'insister, en toute bonne foi, et avec sincérité, que je suis dans l'erreur. Je n'en serai pas surpris, ni outragé. Cela ne me fait pas peur, car je connais leurs arguments sur le bout des doigts. Ils sont toujours les mêmes, et tous résultant de passages de leurs livres saints. Ce qui, pour moi, ne corrobora pas leur vision de leur vérité. Au contraire, ils démontreront de cette manière à quel point ils n'ont aucune autre référence que leur religion sur laquelle s'appuyer. Aucune preuve scientifique ou matérielle, aucune trace historique, etc. ne viennent les étayer.

 

Cependant, Mahomet a effectivement existé, et son parcours personnel est connu. De là à croire qu'il a été pénétré de la parole d'Allah, il y a un pas que je ne franchirai pas. Quant à Jésus, Abraham, Moïse, etc, leur existence n'est pure qu'hypothèse. Et même si cela a été le cas, les récits évoquant leur parcours initiatique se réfèrent à des faits et à des périodes historiques indéniables. Mais l'importance de leur influence sur eux est très exagérée.

 

En partant donc de ce postulat, je cherche à attirer l'attention sur ceci : la perception de ce que nous nommons « la vérité » est très volatile. Elle change en fonction des lieux, des traditions, des sociétés, des modes de pensée, des itinéraires personnels, des origines familiales, de l'éducation, qui sont les nôtres. Je rajouterai par ailleurs, qu'elle change également en fonction de chaque personne. Il y a autant de « vérités » que de personnes parcourant notre planète. Et elles sont tout aussi bien religieuses que philosophiques, traditionnelles que scientifiques, sociétales qu'historiques. La vérité, si elle est censée exister, n'est en aucun cas monolithique, immuable ou définitive. Elle évolue continuellement au fil des ages, au gré des événements, par rapport à sa propre perception de la « Réalité ». Or, comme la réalité est elle-même une notion en permanence remise en question pour des équivalentes à celles précitées, la vérité est elle aussi sujette à interprétation.

 

Est-ce un bien, est-ce un mal ? C'est un autre débat. En ce qui me concerne, j'estime que c'est un bien parce que, de mon point de vue, les certitudes sont toujours sources de conflit : « J'ai raison, donc tu as tort. Et si tu as tort, il est naturel que tu te soumettes à ce en quoi je crois. ». C'est générateur d'intolérance, de désir d'asservir l'autre à sa volonté ou à ses préceptes. C'est abandonner son libre arbitre au profit de celui qui se proclame détenteur de la vérité. Et, de la plus lointaine Antiquité aux soubresauts de l'actualité la plus récente, les méfaits résultant de cette constante sont innombrables.

 

De ce fait, je demeure convaincu que se fier à une seule et unique « vérité » - religieuse, idéologique, philosophique, scientifique, etc. - est la chose la plus dangereuse qui soit au monde. Mes observations personnelles durant mes années de recherches à la Bibliothèque Nationale m'ont amené à remettre en question ces commandements. J'ai découvert que, plus on a de sources concernant tel ou tel sujet, plus on est libéré des jugements à l'emporte-pièce, des à-priori, ou des préjugés. Car nous en sommes tous, plus ou moins inconsciemment, tributaires, qu'on le veuille ou non. Et ils nous enchaînent à leurs exigences, à leurs certitudes, à leur « infaillibilité ». Avec toutes les dérives qu'elles engendrent inévitablement.

 

L'homme, c'est un fait, a depuis toujours, tenté de dépasser les limites qui lui ont été édictées. Quelles qu'aient été son intelligence, sa sagesse, ses possibilités ou ses capacités, il a toujours essayé de déborder les frontières qu'on lui a fixé. Il a renversé toutes les idéologies, toutes les traditions, toutes les autorités qui ont voulu le contraindre durablement. L'idéal de liberté – de conscience, de s'exprimer, de propriété, de voyager, de commercer, de penser, etc. - est inné. Nul ne peux le museler. Tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre ont, au cours des ages, été persuadés d'y arriver, ont été terrassés. Ils étaient convaincus de détenir l'unique vérité tolérable, satisfaisante, digne d’être enseignée et propagée. Ils ont été destitués. Leur hégémonie, leur impérialisme, leur tyrannie, a été broyée. Et que ce soit au nom d'une religion, d'une  philosophie, d'un rêve, etc., aucun n'y a survécu.

 

Nous ne sommes que peu de choses au sein de cet univers. Notre Terre n'est qu'un grain de sable perdu au milieu d'une immensité quasi-infinie. Notre espèce n'a, environ, que 10 000 ans de civilisation derrière elle. Ce n'est qu'une seconde d’Éternité comparé aux milliards d'années qui se sont succédé depuis que le monde est monde. Il y a tellement de choses que nous ne savons pas. Nous avons encore tant découvrir, à apprendre, à expérimenter. Notre intelligence est limitée. Elle est en conflit permanent avec l'instinct qui nous anime. Les savoirs que nous détenons sont infimes face à l'immensité de l'espace et du temps. Notre perception de nous même, des autres, des notre environnement, est dérisoire. En fait, nous ne sommes encore que des enfants. Or, des défis phénoménaux se discernent déjà devant nous. Alors, au lieu de s'accrocher désespérément à nos certitudes, à nos vérités, à nos à-priori, usons de nos différences de vues, de nos réalités divergentes. Servons nous de la multiplicité de nos croyances et de nos acquis, pour faire en sorte que notre Civilisation, que notre espèce, puisse évoluer. Plutôt que de l'enferrer dans des querelles stériles qui l'aveuglent et la condamnent à l'extinction, en vérité...      

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