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Mes Univers
21 août 2016

Ma mère, mes états d'âme, et moi, première partie :

X3

Ma mère, qui est également inscrite depuis un certain temps sur Facebook - nous y avons quelques amis en commun -, lit de temps en temps les textes que je publie ici ou ailleurs. Pas tous, bien entendu. Il faut bien avouer que je suis extrêmement prolifique, et que les sujets qui m’intéresse ne sont pas toujours forcément ceux que nous avons en commun. Elle les trouve presque systématiquement trop touffus, trop longs, trop "alambiqués" comme elle aime à me le répéter. Elle dit aussi que je m'y plains trop souvent des aléas de mon existence, de mes souffrances passées ou actuelles, de mes "états d'âme", comme elle aime à me le répéter également. Cela ne veux pourtant pas dire qu'elle n'apprécie pas les sujets que j'aborde, les thèmes qui me sont chers. Mais, comme je l'ai déjà expliqué dans un texte précédent, ma mère est quelqu'un de très terre à terre, pour qui le matérialisme, les nécessités financières, les problèmes du quotidien, priment sur toute autre considération philosophique, spirituelle, ou sur les souffrances morales, psychologiques, etc.

 

C'est souvent qu'elle me bouscule, qu'elle me secoue, pour que je dépasse mes difficultés, les épreuves que la vie m'a infligées depuis que je suis enfant. Et Dieu sait que, moi comme l'ensemble de ma famille, avons traversé de nombreuses tempêtes qui auraient mis à bas des personnes moins solides moralement et psychologiquement ; qui en aurait conduit certaines à la folie ou au suicide.

 

Car, ce que j'évoque régulièrement ici dans mes souvenirs, dans mes réflexions personnelles concernant ma propre histoire, mon vécu, n'est qu'une goutte d'eau comparé à tous les événements auxquels nous avons tous été confronté dans ma famille. Malgré tout, peu à peu, je m'ouvre lentement à tout ceci en le mettant par écrit. Et cela me fait énormément de bien, quoiqu'elle en dise. C'est un moyen pour moi - du moins partiellement - de me libérer de mes démons, de m'affranchir de mes souffrances passées ou actuelles. Je sais que cela n'est pas suffisant, que j'ai un énorme travail à effectuer intérieurement. Mais cela me soulage ; un peu comme si je déposais une partie du fardeau installé depuis des dizaines d'années parfois sur mes épaules, sur le sol. Et que ce simple geste m'aidait à reprendre des forces avant de retourner au cœur de ce combat farouche, sans pitié, sans répit, continuel, qu'est ma lutte quotidienne pour la survie, dans un monde qui ne m'a jamais fait aucun cadeau.

 

Je suis parfaitement conscient que je ne suis pas l'homme le plus malheureux du monde. Il y a toujours plus malheureux que soi ; une personne qui a affronté davantage d'épreuves ou de malheurs que soi. J'ai un bel appartement ; j'ai des revenus réguliers ; je suis passionné par tout un tas de sujets ; je suis intelligent, cultivé ; j'ai une famille qui m'aime et que j'aime. Nier que je suis plus avantagé que d'autres serait une aberration. Ce serait coupable de ma part, égoïste, monstrueux. Quand on voit toute la misère qui existe autour de soi, la pauvreté, la maladie, la mort, la guerre, j'en passe, quelle audace de se plaindre de ses petites difficultés personnelles, si insignifiantes face à tant de malheurs et de souffrances.

 

Contrairement à moi, ma mère n'est pas dotée d'une sensibilité aussi exacerbée que la mienne. Elle est sensible à sa manière. Mais elle ne le montre que très peu ; pratiquement jamais en fait. Dans ma famille, montrer sa sensibilité, pleurer, "se plaindre" des épreuves que la vie vous inflige, est considéré comme une faiblesse. Et il ne faut pas se montrer faible ; il faut aller de l'avant coûte que coûte, mème lorsqu'on est épuisé, à bout de forces, terrorisé, blessé. Ces considérations sont des handicaps qu'il est indispensable de surmonter, mème si on y est pas préparé, mème si on ne sait pas comment faire.

 

Ce que ma mère n'a jamais réalisé, je pense - est t'elle capable de le comprendre iy de l'admettre ? -, c'est que dans ce domaine, comme dans bien d'autres, nous ne sommes pas tous égaux. Certaines personnes parviennent à s'affranchir de leur sensibilité, de leurs douleurs, de leur passé, de leurs blessures, pour avancer ; d'autres moins ; d'autres pas du tout. Certaines personnes sont fortes dans quelques uns des aspects de leur personnalité pour progresser. Par contre, pour d'autres aspects de celle-ci, elles sont incapables de trouver les moyens et les solutions pour franchir les obstacles qui se dressent devant elles. Pour ma mère, "qui veux peut", c'est aussi simple que cela. En ce qui me concerne, j'appartiens d'ailleurs à cette dernière catégorie. Autant je suis capable d'endurer certaines formes de douleurs morales ou physiques, autant d'autres me paralysent, me terrifient, me rendent incapables de réagir ou de trouver les solutions adéquates pour y mettre un terme. C'est ainsi, je n'y peux rien ; j'ai beau faire tous les efforts que je suis capable pour "changer", "évoluer" dans le sens que ma mère souhaiterait me voir suivre, je ne peux pas transformer la personne que je suis en profondeur. Mon passé, mon vécu, ma personnalité, mes rêves, mes espoirs, mes blessures, mes joies, mes victoires ou mes défaites, ont fait de moi l'individu à part entière que je suis aujourd'hui. Je suis certain que l'on peux évoluer sur un certain nombre de points ; mais se transformer totalement, c'est impossible. 

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