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Mes Univers
24 août 2016

Ma mère, mes états d'âme, et moi, quatrième partie :

X3

Or, depuis que nous sommes enfants, c'est ce principe sur lequel s'est en partie bâtie la relation que nous avons tous entretenu avec nos grands-parents ; et aujourd'hui avec ma grand-mère. Ma mère est prisonnière de ce système, et si jamais elle avait l'audace de s'élever contre ce diktat, elle sait très bien que la manne financière dont elle est bénéficiaire disparaîtrait ; ce qui handicaperait énormément dans son quotidien, matériellement parlant. Moi, j'en suis prisonnier parce que ma mère m'a éduqué pour que je garde en permanence à l'esprit que je suis redevable à vie de tout ce que mes grands-parents nous ont apporté matériellement. Et que se soumettre à eux est un moindre mal. Et que, de fait, mes "états d'âme", je ne dois pas les montrer afin de ne pas contrarier mes aînés.

 

Mais, plus les années passent, plus ce système de fonctionnement est de plus en plus pesant. C'est un fardeau, un carcan dont je suis prisonnier et dont je ne parviens à me libérer qu'en le mettant pas écrit, et en partageant mes pensées les plus intimes, les plus lourdes, ici ou ailleurs. Ma mère n'a certainement pas conscience de ce poids qui pèse sur mes épaules depuis tant d'années. Je ne lui en veux pas, bien entendu. Il est très difficile de remettre en cause une façon de fonctionner qui nous a été inculquée depuis notre plus tendre enfance. Elle s'est construite ainsi, elle s'en est accommodée, elle y a trouvé une forme d'équilibre certainement depuis que ma grand-mère vit avec elle. D'autres membres de ma famille s'y sont également habitué ; ils ne souffrent pas aussi intensément que moi de devoir plier devant les exigences de ma grand-mère, et par ricochet, de ma mère. Mais moi, je ne suis pas comme eux. Ma sensibilité, dont je ne peux me défaire, et qui est exacerbée, se transforme dès lors en torture morale. D'un coté, je souhaite correspondre à l'image que l'on attend de moi parce que je suis bien élevé, respectueux, ouvert. Parce que, tout simplement, je les aime et je les accepte comme ils sont, avec leurs qualités et leurs défauts, avec leurs différences et leurs personnalités. D'un autre coté, je souffre de cette situation qui perdure depuis des dizaines d'années, et qui me blesse profondément ; sans qu'ils aient véritablement conscience des dégâts que cette façon de faire ont engendré en moi. Du fait que je ne sais plus comment me comporter, que j'ai parfois l'impression d’être un étranger dans ma propre famille. Que ce que je suis en plus profond de mon cœur et de mon âme est à chaque fois remis en question, en cause, au cours de nos réunions de famille.

 

Je le répète, je ne suis pas l'homme le plus malheureux du monde, loin de là. Je ne souhaite pas que ce texte soit compris comme une plainte, une manière de m'épancher sur mes malheurs - bien que je sais pertinemment que si ma mère le lit, c'est ainsi qu'elle va le percevoir -. Mais peut t'on être objectif lorsqu'on est personnellement concerné par un texte, quel qu'il soit ? Je ne le crois pas. On a toujours des attitudes différentes lorsque ce sont les autres qui sont décrits, interpellés. Quand il s'agit de nous, on est forcément de parti pris. Moi même, je l'avoue en songeant à tout ce que je viens de divulguer, je m'interroge : je me dis : "n'es tu pas allé trop loin ? Devais tu révéler tout cela ? Est ce que tu ne vas pas blesser les personnes que tu aime le plus au monde ?" J'ai peur, parce que ce n'est pas le but de ce récit. J'en est presque les larmes aux yeux en y pensant parce que je ne veux pas faire de mal, ni à ma mère, ni à ma grand-mère, ni à quiconque d'ailleurs. Mais, je me dis aussi que ma mère, si elle m'aime aussi profondément que je l'aime, comprendras ; qu'elle réalisera que mes "états d'âme" ne sont pas de simples plaintes d'un homme qui fait le "malheureux", alors qu'il y en a tant d'autres qui le sont plus que lui. Nous sommes tous différents, nous réagissons tous différemment face aux événements, aux épreuves, face à notre passé, notre présent ou notre avenir. Nous ne sommes pas tous égaux face aux duretés de l'existence, face au comportement de telle ou telle personne, qu'elle nous soit proche ou pas. Il y a des choses qui nous marquent au fer rouge à vie. Moi, il y a beaucoup de choses qui se sont gravées à jamais dans mon âme et dont je ne parviens pas à me libérer. J'attends uniquement de la compréhension, de la tolérance, de l'ouverture d'esprit, et surtout, de l'aide, de la part de cette mère sans qui, aujourd'hui, je ne serai rien…

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