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Mes Univers
31 août 2016

Fini, les vacances :

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Aujourd’hui, il s’agit de mon dernier jour de vacances au sein de ma maison familiale, en compagnie de ma mère et de ma grand-mère. Demain, dans la matinée, celles-ci me raccompagnent en voiture chez moi, à Valognes. Elles y demeurent le soir, avant de reprendre la route dans le sens inverse dès le jour suivant.

 

Que dire, sinon que je suis triste que ce séjour en leur compagnie ait été si court. Certes, il a duré près d’un mois. Et, comme d’habitude, nous avons eu maints sujets où nos avis, nos visions des choses, etc. ont divergé. Mais, comme j’aime à le répéter, nous sommes tous différents. S’adapter les uns aux autres n’est, évidemment, ni simple ni aisé. Cependant, nous nous rejoignons sur l’essentiel, et lorsque des épreuves et des difficultés traversent notre existence, nous sommes toujours là les uns pour les autres. En tout cas, c’est ainsi que, moi, je le vois.

 

C’est donc toujours un déchirement au terme de chacun de mes séjours chez elles. Je m’y sens bien, décontracté, apaisé, serein, tranquille, calme. Et c’est tout ce que je demande. Bien entendu, les horaires y sont autres, ce qui m’est pénible parfois. Surtout avec l’ordinateur portable que je possède et qui me suis chez elles lorsque je m’y rends. Ce dernier est d’une lenteur exaspérante, stressante même. Et ce que je fais en dix minutes chez moi, tout en travaillant sur d’autres projets en même temps, il me faut une heure, voire davantage, à l’effectuer. Ce qui me fait perdre un temps considérable, et me contraint – souvent malgré moi – à être en retard lorsque ma mère ou ma grand-mère m’appellent ; notamment pour déjeuner ou pour diner. Les moments que nous partageons essentiellement ensemble, vu que chacun est à ses propres occupations durant le reste de la journée.

 

Si ce n’est cet inconvénient donc, j’y suis heureux. Les chiens de ma mère, Doris et Louga, me font sans arrêt la fête. Ils sont doux, joueurs. Leur présence va également énormément me manquer une fois que je serai de retour à mon domicile. J’ai beau apprécier mon environnement familier, mon antre, être entouré de mes livres, de mon univers, de mes occupations quotidiennes, la présence de mes proches me manque énormément de temps en temps. Malheureusement, les circonstances font que je ne peux pas me dérober à nombre des obligations qui m’attendent dans la ville où je vis depuis treize ans environs maintenant. Même si celles-ci me condamnent la grande majorité du temps à demeurer chez moi, isolé, sans pouvoir m’éloigner de mon appartement. Le seul refuge, la seule alternative qui m’y soit donnée, c’est d’écrire, de lire, de poursuivre mes recherches historiques, religieuses, mythologiques, philosophiques, ésotériques, théologiques, etc. C’est en effet non seulement ma passion, ma vocation en tant qu’écrivain – je suis malgré tout heureux de pouvoir, sous peu, reprendre la rédaction de mon ouvrage sur les origines idéologiques et ésotériques du Nazisme -, mais c’est aussi mon seul moyen de m’évader de chez moi.

 

Je ne peux pratiquement plus me déplacer au-delà de quelques centaines de mètres à pied de chez moi. J’ai une aide-ménagère qui va me chercher mes courses commandées par Internet ; je me fais livrer DVD, livres, etc., via la Poste et la FNAC généralement. Pareil pour mes médicaments : c’est mon aide-ménagère qui va les chercher à la pharmacie. La seule fenêtre ouverte sur l’extérieur qui est à ma portée, c’est par Internet et les réseaux sociaux sur lesquels je poste mes articles, mes nouvelles, mes poèmes, mes textes personnels, etc., que je l’ai.

 

Sinon, je ne sors qu’exceptionnellement de chez moi. Je ne vois que très peu de monde. D’autant que Valognes n’étant qu’une petite ville où il n’y a pas d’activités conforme à mes besoins d’échanges culturel, intellectuels, philosophiques, ou autres, je ne peux rien en attendre. Contrairement à l’époque où j’habitais Paris ou Laval, où là, ce genre de partages était plus facilement réalisable. Y compris quand, comme moi, en y arrivant, je n’y connaissais personne. Néanmoins, avec le temps, je suis parvenu à me constituer un réseau relationnel lié à nombre de mes sujets de prédilection.

Ce qui, hélas, n’est pas le cas à Valognes ; et qui n’a jamais été le cas. Et pourtant, vous pouvez me croire sur parole, j’ai cherché. J’ai arpenté la ville dans tous les sens, frappé à toutes les portes, j’ai approché toutes les associations qui pouvaient éventuellement m’intéresser. Or, rien n’est ressorti de mes investigations à marche forcée. Dans le meilleur des cas, ces associations étaient, soit pour les très jeunes, soit pour les personnes âgées ; alors que j’ai la quarantaine.      

 

Vous pourriez vous poser la question suivante dans ce cas : « Pourquoi je reste à Valognes, si rien ne m’y retiens véritablement ». Premièrement, parce que l’appartement que j’y possède est très agréable, lumineux, dans un quartier calme, paisible, serein, sans problèmes. Il est le reflet de mon univers, de ma personnalité, de l’homme que je suis véritablement au fond de mon âme et de mon cœur.

 

J’avoue que la seule difficulté, qui me fait terriblement souffrir, et m’oblige, là encore, à me replier sur moi-même la plupart du temps, c’est qu’en société, je sers principalement de potiche. Lorsque je me retrouve seul avec ma mère, ou seul avec ma grand-mère, le dialogue est riche, heureux, épanoui. L’écoute est présente, l’attention aussi. Tout change dans la seconde dès que ma sœur, son compagnon, ou d’autres personnes de l’entourage proche de ma famille sont présents. Un exemple simple pour illustrer mon propos : Hier soir, la petite sœur du compagnon de ma sœur, est venue voir ma mère et ma grand-mère avec son petit-copain. Cette jeune femme qui a la vingtaine, et qui est une magnifique jeune femme, d’une beauté rare je l’avoue, est charmante. Je la connais depuis qu’elle a une dizaine d’années. Et, dès le début, j’ai su qu’au fur et à mesure des années, elle se transformerait en une jeune femme lumineuse, possédant un physique avantageux, presque hypnotique. Elle est, comme d’autres que j’ai croisés tout le long de mon existence, d’une beauté qui m’impressionne. Je crois qu’elle ne s’en rend pas compte, car cela vient surtout de moi, de mon ressenti, de ce que j’éprouve face au physique que j’estime ingrat – voire repoussant -, dont je suis le détenteur. Sans compter mon handicap, le fait que je sois un intellectuel plongé dans ses livres du matin au soir, et le nez rivé à l’écran de son ordinateur la plus grande partie de la journée. Tout cela me met donc mal à l’aise dans ce genre de circonstances, même si j’apprécie énormément cette jeune femme.

 

Quoiqu’il en soit, le fonds du problème n’est pas véritablement là. La véritable difficulté, lorsque je suis en société, c’est que du fait de ma différence – handicap et intellectuel -, les conversations du quotidien qui se déroulent autour de moi, à 99 % ne me concernent pas. Untel va parler de son voyage, ou de son séjour dans notre maison de famille située dans le Doubs. Un autre va parler des leçons au club hippique, des randonnées équestres. Ma grand-mère va axer ses conversations sur ses voyages d’autrefois, sur les courses alimentaires récentes, sur les repas à venir. Ma sœur va concentrer ses échanges sur son métier, son compagnon sur son élevage de poulets de Loué. Je ne dis pas que ces conversations sont rébarbatives, mais il n’y a de la place que pour leurs avis, leurs préoccupations légitimes, que pour ce qui les intéresse.

 

Je ne leur en veux pas. Ils dialoguent sur des thèmes qui leur sont chers, c’est naturel, c’est humain. Cependant, moi qui ne suis pas partie prenante dans ce qui les anime au quotidien, je me sens pratiquement tout le temps mis à l’écart. Je suis là, à les écouter parler. J’essaye, sagement, comme un fils dévoué et soumis, de suivre leurs propos. J’essaye de m’y intéresser, autant que j’en suis capable. Néanmoins, il faut bien avouer qu’au bout d’un moment, malgré tous mes efforts, mon attention finit par dériver. Le brouhaha ambiant – qui dure des heures – m’épuise psychiquement. J’éprouve dès lors un besoin urgent de m’éloigner, de m’isoler, pour récupérer. A la suite de chaque repas de ce genre, j’ai l’impression qu’on m’a passé le cerveau à la moulinette. Je ne dis pas, si je pouvais capter un peu de l’attention générale, je pense que cette fatigue ne viendrait pas aussi rapidement, et ne m’obligerait pas à fuit aussi vite que possible. Et encore que, même lorsque l’on traite, exceptionnellement, des thèmes où je suis en terrain connu, au bout de deux heures d’échange environ, j’ai usé l’ensemble de mes forces mentales. Il en a toujours été ainsi. Y compris à l’époque où je pratiquais assidument les jeux de rôles, où je sortais, où j’avais des amis qui venaient me rendre visite régulièrement chez moi. Je sais que le cachet que je prends pour contrôler mes crises de convulsions épisodiques y est pour quelque chose. Il me fatigue plus aisément. Et j’ai l’impression qu’avec l’âge, j’y suis plus sensible.

 

Il faut donc souligner le fait que jouer les potiches n’est pas fait pour arranger la situation. En même temps, et c’est là toute la tristesse de la chose, et ce qui me meurtrit le plus, c’est que j’ai le sentiment ancré au plus profond de moi – instinctif, presque – que ce qui m’anime, mes préoccupations, mes centres d’intérêts – mes textes notamment, puisque c’est ce qui occupe l’essentiel de mon quotidien – est indigne de l’attention de mes proches lorsque nous sommes tous réunis autour de la même table. Je peux même avouer que, secrètement, à chaque fois, lorsqu’il y a des conversations, et que je me suis réfugié dans le bureau, plutôt que d’être avec eux, je rêve que l’on vienne me chercher pour me questionner sur ce que je suis en train de faire. Qu’est-ce que j’écris ? Quelle est la conversation qui m’occupe tant avec l’individu avec lequel j’échange sur Facebook ? Comme je l’ai déjà évoqué il y a quelques jours dans mon texte parlant de la mort de mon petit-frère Aymeric le 25 Juillet 1998, c’est le seul avec lequel ce genre de conversation était possible. Depuis, c’est le néant total lorsque je suis en famille, ou parmi les proches qui entourent celle-ci.

 

Il y a bien eu une ou deux exceptions. Ce ne sont resté que des exceptions. Alors, oui, je préfère écrire. Je préfère échanger sur la philosophie, sur l’histoire, sur la religion, sur l’actualité, etc. par le biais d’Internet, des réseaux sociaux sur lesquels je partage mes textes. Et je suis meurtri, blessé, humilié, de ne pas avoir le droit d’en faire autant avec mes proches. J’ai souvent le sentiment profondément ancré en moi que, comme je ne suis pas du même monde qu'eux, que mes préoccupations, ne sont pas les mêmes, l’idée ne leur viendra même pas à l’esprit de m’interroger sur ce qui est au premier plan des miennes. J’ai beau écouter, j’ai beau essayer de me pencher sur ce qui les touche, de les questionner à ce propos, il n’y a pas de retour ; c’est à sens unique. Et cela a été ainsi depuis d’aussi loin que je m’en souvienne.

 

Il est vrai que, comme je l’ai décrit plusieurs fois, consciemment ou inconsciemment, ils me montrent ainsi – comme jadis ouvertement -, que la vocation d’écrivain n’est pas un véritable métier. Que s’intéresser journellement au travers des monceaux de lectures, de documentaires, etc. à l’Histoire, à la Religion, à la Philosophie, à la Cosmologie, à la Préhistoire, au devenir de l’Homme – bref, tout ce à quoi j’attache une extrême importance dans mes textes – est, à leurs yeux, abstrait, étranger, lointain, hors de ce qui les touche. Et c’est une souffrance que j’ai du mal à décrire avec des mots, je l’avoue. Une sorte de torture psychique dont je suis la proie. Une prison de laquelle je suis incapable de me libérer, et dont la seule porte est l’isolement, l’écriture, la lecture ; tandis qu’à quelques mètres de moi, j’entends l’écho de leur conversations.

 

Alors que paradoxalement, lorsque nous nous retrouvons seuls, ma mère et moi, ma grand-mère et moi, j’ose m’affirmer ; j’ose dire ce que je pense, ce que j’éprouve, mes opinions, etc. On m’a tellement inculqué cette culture de la soumission, de demeurer en retrait parce que ce sont les « adultes », les « autres » qui doivent avoir la primeur de l’intérêt, que je le reproduis systématiquement. Non seulement je ne me donne pas l’autorisation d’affirmer devant eux l’individu que je suis, avec ses spécificités. Mais aussi, on ne me fait jamais oublier que je dois rester en retrait. Que je dois être soumis à leurs échanges, à leurs centres d’intérêts. Que les miens passeront toujours en dernier ; si jamais ils passent à un moment ou à un autre sur le devant de la scène.

 

C’est l’un des seuls regrets, l’une des seules blessures encore à vif, que j’ai, lorsque je suis en famille, ou chez ma mère, en contact « isolé » avec les uns ou les autres. Et cela ne remet aucunement en cause le plaisir que j’ai d’y être, et la tristesse qui est la mienne de quitter c et environnement qui m’est si cher, si paisible, si serein, si tranquille. Qui plus est, je les aime tous du fonds de mon âme, de mon cœur, et je serai prêt à sacrifier tout ce que j’ai – et ce que je n’ai pas – pour leur bonheur, pour leur santé, pour leur joie, parce qu’il s’agit de ma famille. Et que pour sa famille, on est capable d’endurer toutes les misères, toutes les peurs, toutes les larmes, toutes les duretés de l’existence. Je l’ai appris depuis longtemps, et c’est une des valeurs principales à laquelle je me réfère en permanence. Quel qu’en soit le prix à payer…           

 

De fait, la prochaine fois que je serai disponible, ce sera demain en fin d’après-midi au plus tôt, ou vendredi matin au plus tard. En attendant, mes pensées les plus amicales et les plus affectueuses vous accompagnent, et je vous souhaite, à tous et à toutes, le meilleur possible…

     

 

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