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Mes Univers
11 septembre 2016

Ce "don" qui ne m'appartient pas, seconde partie :

X3Sa réaction m'a navrée et blessée, bien entendu. Qui ne le serait pas, vis-à-vis de l'un de ses parents ? Toutefois, cette explication orageuse m'a libérée d'un poids que je portais sur les épaules depuis trop longtemps. Je me suis évadé d'une prison intérieure dans laquelle on m'avait enfermé contre mon gré à un age où je n'étais pas en mesure de comprendre les intentions ou les volontés des adultes. Et il m'a fallu tout ce temps, et bien des efforts sur moi-même, pour arriver à me sortir de cette défiance envers mes propres capacités et possibilités en tant que littérateur.

Plusieurs années m'ont été nécessaires ensuite, afin de pouvoir retrouver un peu d'assurance. Pas énormément, mais juste suffisamment pour que j'ose commencer à publier quelques petits textes poétiques sur Facebook. A cette époque, j'étais persuadé que ceux-ci passeraient inaperçus. Dans ma tète, j'avais toujours plus ou moins dans ma tête l'image que mon père, et ma famille plus généralement, avaient de moi. Je ne me sentais pas à la hauteur de ce que je rêvais d'être : un écrivain. Pour moi, il s'agissait d'ambitions démesurées hors de ma portée ; même si quelques amis de cette époque, me conseillaient de persévérer parce que j'avais une imagination fertile, et que lorsque je présidais à des séances de jeux de rôles, ils appréciaient toujours mes scénarios. Ils aimaient leur inventivité, leur complexité, leur originalité. Et ils m'encourageaient.

Puis, lorsque quelques personnes, des dizaines, des centaines de gens, ont commencé à lire mes textes, j'ai été surpris, décontenancé. Un peu effrayé également. Parce que ce n'étaient pas des retours auxquels j'avais l'habitude vis-à-vis de mes écrits. J'étais tellement conditionné par la mésestimation de ceux-ci par mes proches, que je ne pouvais croire en leur qualité. Il était viscéralement ancré en moi, au plus profond de mon « moi », de ma personnalité, que je ne produirais jamais de mots, de paragraphes, de textes, susceptibles de susciter la curiosité ou l'intérêt, voire la passion, d'inconnu(e)s.

Comment moi, Dominique, un humble, quelqu'un qui ne représente rien, qui, si ce n'est la culture livresque qu'il a acquis solitairement au fil des décennies – et, en particulier, lors de son séjour à la Bibliothèque Nationale – peut-il apporter aux autres par ce qu'il est, par ce qu'il sait ? Alors qu'on l'a tant de fois moqué, repoussé, humilié, rejeté, rabaissé ? C'était, à mes yeux, incompréhensible, inconcevable, presque blasphématoire. C'en était presque douloureux physiquement et psychiquement. Car cela remettait en cause tout ce que l'on m'avait appris à croire sur moi. Cela remettait aussi en cause le regard que j'avais sur moi. Et, croyez moi ou non, il m'a fallu beaucoup de temps, que beaucoup de personnes différentes, venues d'horizons divers et variés, me répètent régulièrement que j'ai un « don » pour l'écriture – et encore une fois, je n'aime pas trop ce terme qui me donne l'image de quelqu'un à l'ego surdimensionné me renvoyant à ce père tout puissant -, pour que je commence à y croire... un peu.

Ce n'est pas gagné, loin de là. J'ai beaucoup de chemin à parcourir aux tréfonds de mon cœur et de mon âme, afin de pouvoir posséder cette assurance qui me manque. On ne se refait pas en un jour ; surtout quand ces blessures viennent de très loin dans le passé, et de très loin dans ce qui vous a construit. Mais, progressivement, lentement, à force de ténacité, et surtout, de constater jour après jour qu'il y a de plus en plus de personnes qui me contactent afin de me féliciter pour mon travail - « Dieu et le Big-bang » ; mes deux longs exposés sur la crise des Migrants de Syrie ; celui sur le 13 Novembre 2015 ; « le Manoir des Ombres » ; ou celui en devenir sur « les Origines occultes de l'Hitlérisme – peut-être le plus important, le plus riche, le plus abouti, pour moi, de ces dix dernières années -, je réussis peu à peu à dépasser mes impossibilités de croire en moi. C'est long, c'est douloureux, c'est difficile de parvenir à me convaincre moi-même qu'il s'agit de la réalité. Mais, lentement, sûrement, en partageant sur Facebook des textes de ma compositions, en lisant les retours qu'ils évoquent, les débats qu'ils provoquent, je suis cette route sur laquelle je me suis engagé contre vents et marées au cours de mon adolescence.

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