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Mes Univers
17 septembre 2016

Jour de deuil :

X1Je reviens tout juste du funérarium où cette personne de ma famille décédée Mercredi aux alentours de 16h30 est au repos jusqu’à mardi ; jour de son inhumation. J'avoue que je n'ai pas le cœur à écrire grand-chose, car pour avoir vécu ce genre d'événement – en tout cas, parmi ceux qui m'ont particulièrement marqués - deux fois par le passé, ce sont des instants éminemment douloureux où le silence, le souvenir, valent mieux que tous les discours du monde.

 

Les précédents sont toujours gravés dans ma mémoire : le décès de mon petit frère Aymeric à l'age de dix-huit ans, après un accident de la route en automobile à deux kilomètres à peine du domicile de mes parents. Il avait quitté la maison une dizaine de minutes auparavant en compagnie de quatre de ses copains un samedi après-midi. Ils avaient l'intention de faire une virée en ville, avant de revenir chez nous tranquillement. Ils étaient donc cinq à l'intérieur du véhicule ; deux à l'avant, trois à l'arrière. A cette époque, le port de la ceinture de sécurité à l'arrière n'était pas obligatoire. Aymeric était installé coté passager à l'arrière. Lorsque la voiture a accroché le fossé, s'est renversée, à effectué plusieurs tonneaux avant de s'immobiliser, Aymeric a été éjecté de l'endroit où il était assis. Il a traversé la vitre du véhicule. Il a fait un vol plané de plusieurs mètres, avant d’atterrir violemment dans le fossé en contrebas de la route. A l'impact, ses cervicales se sont brisées net, et il est mort sur le coup.

 

C'est pour cette raison qu'aujourd'hui encore, je demeure très vigilant lorsque je suis accompagné en voiture. A une époque, lorsque j'étais jeune, mes parents m'ont longtemps incité à apprendre à conduite ; histoire d'être plus autonome. Or, comme j'ai presque quinze vécu à Paris ou dans la région parisienne, avec la quantité de moyens de transports qui y existent, je n'en n'ai jamais éprouvé le besoin. Puis, lorsque j'ai déménagé pour Laval – années 1996 – 1999 de mon parcours personnel -, je n'en n'ai pas ressenti l'utilité non plus. Et après le décès d'Aymeric, je n'ai plus jamais eu envie de conduire ; sachant, qui plus est, que les médicaments que je prends quotidiennement matin et soir altèrent légèrement ma concentration pour la manipulation de ce genre de véhicule.

 

Depuis, moi qui ai connu ce genre de tragédie, je suis en permanence attentif aux effets des accidents de voiture dont on constate régulièrement les conséquences dans nos journaux papier, à la radio, aux informations télévisées.

 

Et je suis outré, mortifié, affligé, quand je me rends compte de l'inconscience de certaines personnes au volant. Qui ont bu de l'alcool – peu parfois – en se disant qu'ils sont assez sobres pour prendre le volant ; et que l'on retrouve estropiés, paralysés, morts, quelques centaines de mètres plus loin. Quand ils n'ont pas « assassiné » - le mot n'est pas trop fort à mon avis – une ou deux autres personnes par la mème occasion ; parce qu'elles ont eu le malheur de croiser leur route, ou de s'asseoir dans le mème véhicule qu'elles. Qui téléphonent en faisant approximativement attention à la route qui défile devant eux, et aux voitures qui suivent la même trajectoire. Qui ont fumé des « pétards » et qui sont semi-comateux, alors que leur perception de la réalité est totalement altérée. Ou encore, qui roulent à des vitesses incroyables, alors que les portions de route qu'ils empruntent sont limitées. Tout cela parce que leurs véhicules en sont capables, parce qu'il n'y aucune autre voiture dans les parages, parce qu'ils se prennent pour des conducteurs de formule un, ou parce que leur virilité le leur commande, à grands coups de vrombissements et de courses à 180, 200, 220km/h parfois.

 

Ils se disent que cela n'arrive qu'aux autres : « que moi, je suis prudent, vigilant, attentif. Que je ne suis pas comme les autres. Que ce sont les autres qui ne savent pas conduire ; mais que, moi, je sais me maîtriser. », etc. Toujours les mêmes excuses, jusqu’à ce que l'irréparable ne se produise, et qu'ensuite, ils se lamentent en répétant : « si j'avais su ; je ne l'ai pas fait exprès ; je ne le voulais pas ; pourtant, j'étais attentif. ». Mais, ils se retrouvent amputés, paralysés, handicapés à vie. Quand ils ne meurent pas. Ou pire encore, qu'ils entraînent des anonymes ou des personnes qu'ils aimaient dans la mort. Sans compter les dommages collatéraux au sein des familles, des proches, des amis.

 

Mais non, le plus important, c'est de se laisser aller à ces instincts primaires auxquels font appel la prise de volant ; quelles qu'en soient les conséquences pour soi ou pour autrui. J'avoue que cet égoïsme qu’ils reflètent me laissent transi d'horreur, de stupéfaction, et de viscérale indignation. C'est vraiment se montrer « petit », « minable ».

 

Le second décès qui a marqué mon esprit, c'est celui de mon grand-père, au mois d'Avril 2007. Et dire que nous venions de quitter, quelques jours plus tôt, la demeure familiale du Doubs où j'aimais tant passer mes vacances. Depuis, hélas, je n'y suis plus jamais retourné, et cela me manque. Car cette maison est le lieu où je garde les meilleurs souvenirs de mon existence ; là où j'ai été, de tous temps, protégé des vicissitudes, des embûches, des épreuves, de la vie. C'est là où j'ai pu me ressourcer, où la méchanceté, le regard hautain et moqueur des autres sur mon handicap ou ma différence, ne m'a jamais atteint. Là où se trouvent es seules racines familiales que j'ai réussi à conserver intactes, après tous les déménagements, toutes les souffrances, les peurs, les solitudes, dont j'ai été victime tout le long de mon existence. Tout cela disparaissait lorsque j'y passais quelques semaines de paix et de sérénité.

 

Je me souviens encore de la nuit où ma mère, en pleurs, m'a téléphoné pour m'annoncer le décès de mon grand-père. Immédiatement, j'ai eu un haut le cœur, et je me suis précipité aux toilettes pour vomir mon repas du soir. J'ai hurlé à la mort dans mon appartement vide. J'ai pleuré des heures durant, incapable de me rendormir. Mille images de temps heureux passés en sa compagnie remontant à la mémoire. Mille souvenirs de mon enfance que je ne parvenais pas à repousser. J'ai erré plusieurs heures, captif de mes pensées, dans mon appartement. Dans le noir, dans le silence, en proie à la solitude la plus extrême, à revivre avec force des instants clefs partagés avec lui.

 

Que j'ai pleuré, lors de ces deux enterrements. J'ai eu l'impression que toutes les larmes de mon corps s'échappaient de lui. Alors qu'habituellement, je ne pleure que très rarement ; tout simplement parce que je ne réussis pas à extérioriser de cette manière mes émotions.

 

Oh, bien sûr, lorsque je suis triste, lorsque je souffre, cela se discerne sur mon visage. Mes traits sont empreints de douleur et de désespoir. Intérieurement, je hurle, j'appelle au secours, je me débats. Je m'inflige des scarification pour que la détresse physique soit plus présente que la douleur psychique ou morale. Néanmoins, cela ne dure que quelques instants, avant que la torture émotionnelle ne reprenne le dessus. C'est ce que j'ai éprouvé, et que ces mots sont bien faibles à retranscrire, durant ce mois d'Avril 2007.

 

Mon petit frère, comme mon grand-père, demeurent dans mon cœur, dans mon âme, à tout jamais. Chaque jour qui s'écoule, ils sont, d'une façon ou d'une autre, présents en moi. Chaque jour, si je me bats pour être heureux, pour réussir dans mes ambitions – y compris littéraires -, c'est aussi pour qu'ils soient fier et heureux de voir ce que je suis aujourd'hui. Qu'ils voient le chemin que j'ai parcouru depuis l'époque où j'étais cet enfant, cet adolescent, ce jeune adulte, apeuré, humilié, méprisé, infériorisé par ce père tout-puissant qui se considérait au-dessus des autres. Qui estimait que je ne réussirais jamais dans ma vocation d'écrivain, d'historien, de philosophe, etc. Qui profitait de chaque occasion pour me rappeler que je n'arriverais jamais à sa cheville. Qui me lançait des remarques blessantes à tout bout de champs parce qu'il pensait que, quoi que je fasse, quoi que je dise, quoi que je pense, je ne valais rien.

 

Tout cela est depuis longtemps derrière moi. Si je le mentionne aujourd'hui, c'est parce qu'en assistant cette personne de ma famille sur le cercueil de laquelle je suis allé me recueillir tout à l'heure, tout ça remonte inévitablement à la surface. Je n'en ressens aucune tristesse, rancœur, etc. vis-à-vis de ces deux épisodes précédents. Cependant, ils sont toujours présents en moi ; ils font parti de l'homme que je suis désormais ; avec ses bons ou ses mauvais cotés, avec ses bonheurs ou ses malheurs, avec ses joies ou ses souffrances.

 

Je tenais à l'écrire, car c'est grâce à l'écriture que suis capable de relater au mieux ce que je ressens. Que je suis apte à mettre de l'ordre dans mes idées, dans mon esprit.

 

Mardi, c'est l'enterrement de cette personne de ma famille. Encore un autre moment particulièrement douloureux en perspective. Mon esprit est rongé par l'angoisse de ces futurs instants. Par les douleurs et les chagrins dont je vais alors être la proie. Pour autant, moins que cela aurait pu être le cas un ou deux ans en arrière. Ou j'aurai certainement eu plusieurs crises d'angoisse, des crises de vomissements, des insomnies, des manque d'appétit, etc. J'y suis beaucoup moins sujet, heureusement.

 

Il me semblait que je n'avais envie de rien écrire, en commençant ce texte. J'ai laissé mon esprit, mes souvenirs, mes émotions, dériver. Mes doigts ont instinctivement inscrits sur le papier, par l'intermédiaire du clavier de mon ordinateur, ce qui est caché tout au fond de moi en ces heures pénibles. En tout cas, sachez, fidèle lecteur, fidèle lectrice, que vous me suiviez régulièrement ou épisodiquement, que je suis toujours présent, et que mes pensées les plus affectueuses vous accompagnent en permanence...

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