Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mes Univers
28 septembre 2016

A propos de "Marion, 13 ans pour toujours" et de ce dont j'ai été victime :

X1Lorsque j'y songe, et au vu de mon expérience personnelle, je crois que l'on ne sort jamais totalement indemne d'une période de harcèlement scolaire. On ne s'en remet jamais vraiment. Elle demeure, pour longtemps – ou pour le reste de son existence – profondément ancrée en soi. Ses séquelles, plus ou moins visibles, s’enchaînent à la personnalité de l'enfant en train de se construire à ce moment-là. Et elles ne s'en détachent plus.

 

Pour ma part, cet enfer a duré à peu près trois ans. Mes camarades de classe – entre la cinquième et la troisième – trouvaient chaque jour de nouvelles manières de me harceler. Ils trouvaient chaque jour de nouvelles façons de me blesser, de me meurtrir, de se moquer de moi, de me repousser. Je me souviens qu'à cette époque, aucun d'entre eux ne s'asseyait sur le même banc que moi, en classe. Comme je l'ai déjà détaillé dans d'autres textes antérieurs à celui-ci, ils grimaçaient à mon passage non loin d'eux. Aucun d'eux ne me serrait la main – comme le font des camarades entre eux – pour me souhaiter le bonjour. Aucune fille ne me faisait la bise non plus. Ou, lorsqu'ils ou elles étaient contraints de s'y adonner pour une raison ou pour une autre, aussitôt après, ils s'essuyaient à s'en arracher la peau, l'endroit de leur corps que ma peau avait brièvement frôlé. Evidemment, Ils se cachaient des adultes pour s'essuyer. Mais ils ne se cachaient pas de moi.

 

En sport, lors des activités extra-scolaires, je n'étais jamais le bienvenu. Ils râlaient toujours lorsqu'ils devaient m'accepter dans leur groupe ou leur équipe. Ils évitaient d'y être obligés autant que faire se peut. Et, quand, malheureusement, ils n'avaient pas d'autre choix de m'accepter parmi eux, je me retrouvais isolé. J'étais toujours celui qui faisait perdre l'ensemble des participants.

 

A la cantine, le même processus se répétait invariablement. Lorsque je m'approchais d'une table où étaient assis quelques-uns de mes camarades, et qu'il y en avait qui étaient inoccupées, la réponse était toujours la même : « Elles sont réservées ». La plupart du temps, bien entendu, ce n'était pas vrai. Car lorsque je m'en éloignais pour me poster à une table isolée, le plus souvent, personne ne venait les rejoindre. Au contraire, tandis que je les quittais, je percevais leurs ricanements moqueurs ; et je voyais parfois leurs doigts s'agiter dans ma direction, signifiant « bon débarras ».

 

Durant cette période, je n'ai eu que très peu d'amis. Alors que mes camarades de classes s'invitaient régulièrement les uns et les autres à leurs domiciles respectifs, ils me faisaient comprendre que ma présence n'était pas désirée. Dans la cour de l'école, durant les récréations, ils se regroupaient sous le préau ou sur la pelouse attenante au cloître goudronné. Si, pour une raison ou pour une autre, j'avais le malheur de me diriger vers eux, ils changeaient immédiatement de place. Parfois, en me lançant un regard venimeux, hostile. D'autre fois, en ne levant même pas les yeux sur moi. Comme si ma présence était perceptible, mais qu'ils me considéraient comme invisible ; n'appartenant pas au même monde qu'eux.

 

Leurs persécutions insidieuses à mon encontre se déroulaient toujours à l'abri des regard des adultes. En classe, par exemple, soudainement, l'un d'eux s'emparait de ma trousse. Ils se l'envoyaient, de main en main, sans que je puisse stopper celui qui s'en emparait durant deux ou trois secondes. En Été, il arrivait que les fenêtres de la salle soient ouvertes. Dès lors, ils l'éjectaient à travers. Elle atterrissait dans la cour. Et je devais demander la permission au professeur d'aller la récupérer. Ce dernier s'interrogeait souvent pour savoir de quelle manière je m'y étais pris pour qu'elle emprunte ce chemin. Pas un bruit n'était émis dans la pièce à cet instant précis. On aurait entendu une mouche voler. Mes camarades paraissaient sages comme des images ; même si des gloussements furtifs résonnaient autour de moi alors.

 

Ils volaient aussi mon cartable, que je cherchais longuement à la fin de la récréation. Je le récupérais toujours à l'endroit le plus éloigné de celui où je devais me rendre. Avant de pénétrer dans la salle de cours, ils renversaient ma table. Parfois, silencieusement, ils s'en emparaient, la sortaient dans le couloir, et la jetaient du haut des escaliers. Le bruit qui en résultait était épouvantable ; il se répercutait au sein de l'ensemble de établissement. Et ils riaient, avant de venir s'asseoir à leurs places. Parfois aussi, en plein hiver, ils me rackettaient de mon argent de poche hebdomadaire. Ils m'obligeaient à les accompagner chez un marchand de farces et attrapes dont le magasin était situé à quelques pâtes de maison du collège. Ils m'ordonnaient de me fournir en boules puantes et autres pétards. Puis, en plein cours, ils les lançaient dans la pièce. Et le professeur n'avait pas d'autre choix d'ouvrir les fenêtres par une température descendant bien au-dessous de zéro.

 

Parfois encore, ils me délestaient de mon fromage ou d'autres aliments. Puis, lorsque notre professeur était occupé à autre chose, ils les lançaient sur le tableau noir. Le fromage, notamment, s'y collait, avant d'y glisser et de tomber sur le sol. Ou encore, ils le posaient sur la chaise du professeur, qui ne s'apercevait pas de leur méfait. Et lorsqu'il s'asseyait, ils gloussaient et se vantaient de leur exploit entre eux en chuchotant. Evidemment, le pantalon de notre professeur était dès lors irrécupérable. Je me rappelle d'ailleurs qu'ils ont fini par faire craquer l'un d'eux – un novice qui était confronté à sa première rentrée scolaire – au bout de quelques semaines. Un jour, il s'est effondré en larmes devant l'ensemble des élèves, s'est enfui de la classe. On ne l'a jamais revu, et n'a été remplacé qu'au bout de deux à trois mois. Je me souviens que c'était un professeur de français.

 

Ils ne 'épargnaient aucun supplice lorsqu'ils me dérobaient stylos, cahiers, livres d'enseignement. Les seuls ouvrages auxquels ils ne touchaient pas, c'était ceux que j'emmenais avec moi chaque jour, afin de m'occuper durant les pauses. En fait, il s'agissait là de mes seuls véritables compagnons. Les seuls sur lesquels je pouvais véritablement compter ; qui ne se moquaient pas de moi, qui ne jugeaient pas, qui ne me trahissaient pas, qui ne me rejetaient pas. Très tôt, j'ai réalisé que si je ne désirais pas craquer sous les coups de leurs brimades continuelles, les livres seraient mon seul dérivatif.

 

Une fois, bien entendu, j'ai tenté d'avertir le principal du collège des tourments auxquels j'étais soumis. Je lui ai demandé une entrevue. J'étais alors accompagné de ma mère. Et timidement, je lui ai avoué que je ne me sentais pas bien en classe. Je dois avouer qu'il était depuis longtemps informé que j'étais handicapé. D'autant plus que j'ai dû m'absenter à plusieurs reprises de son établissement pendant des mois. En effet, à cette époque, la maladie de Sturge-Weber, dont je suis victime, était beaucoup plus développée qu'aujourd'hui. Les médicaments que je prenais alors afin de la stabiliser, n'étaient pas aussi efficaces qu'à l'heure actuelle. Et lorsque j'avais des crises de convulsions – rares mais violentes – mon hémiplégie du coté droit de mon corps était exacerbée. Mes membres droits étaient entièrement paralysées pendant des semaines entières. Et je devais être hospitalisé durant de longues semaines, afin de récupérer, et que les médecins spécialistes de cette maladie surveillent l'évolution de mon état.

 

Dès lors, j'ai dû redoubler à deux reprises au cours de ma scolarité. J'avais manqué tant de cours que mes professeurs que c'était inévitable. D'ailleurs, c'est à la suite du second de ces redoublements que je me suis retrouvé parmi des camarades de classe qui ont immédiatement fait de moi leur « tète de turc » en me harcelant à la moindre occasion quotidiennement. Au début, pour dire la vérité, ils n'ont été qu'un ou deux à s'en prendre à moi. Il y a toujours un ou deux « cancres », qui s'installent au dernier rang dans chaque classe. C'est classique. Des « graines de voyou » dont les parents se fichent ; qui sont livrés à eux-mêmes, défiant l'autorité dès que cela leur est possible. Ce sont eux qui, très vite, ont commencé à me rejeter et à se moquer de moi. Puis, progressivement, au fil des semaines et des mois, ceux-ci ont entraîné le reste de mes camarades de classe derrière eux. Et ce n'est qu'en dernier ressort, acculé, parce que je n'avais pas d'autre choix, que je m'en suis enquis auprès du Principal de mon collège.

 

Or, connaissant la fragilité de ma santé, et celui-ci, et ma mère, ont mis ma gène, mon repli sur moi, et mes inquiétudes vis-à-vis de mes camarades, sur le fait que je venais de passer plusieurs mois hospitalisé. Et puis, je dois l'avouer, il y avait une chose qui me terrifiait. Comme tout enfant harcelé psychologiquement et scolairement, j'étais angoissé par les représailles qui pouvaient me foudroyaient plus tard. Si jamais mes tortionnaires étaient amenés à savoir que je les avais dénoncé, si jamais ils étaient sanctionnés par ma faute, je craignais avec une extrême angoisse, qu'ils décuplent leur violence à mon encontre. Et que, de violence morale, ils n'en arrivent à la violence physique. Jamais je n'aurai pu me défendre contre eux. Et je savais qu'aucun élève ne viendrait à mon secours. Comme j'étais le « vilain petit canard », non seulement dans ma classe, mais aussi au sein de l'ensemble de l'établissement, personne n'aurait pris ma défense, ou les aurait empêché de me battre. La seule différence avec mes camarades de classes, c'est que les autres élèves m'ignoraient. J'étais inexistant pour eux, et ils ne désiraient aucun contact proche ou lointain avec moi. Ils me laissaient tranquille, du moment que je ne les approchais pas.

 

Dans les commentaires que j'ai lu ce matin, concernant mon petit texte relatif au téléfilm d'hier soir sur le harcèlement scolaire, je me suis aperçu qu'une question revenait souvent : comment les parents ne s’aperçoivent pas de ce qu'est en train de subir leur enfant ? Je répondrai donc, une fois encore, en fonction de ma propre expérience. Pour l'administration scolaire, j'ai expliqué qu'étant « différent » du fait de mon handicap et de ma maladie, cet état a beaucoup joué sur le regard des adultes quant à ma souffrance.

 

Il faut aussi souligner qu'à l'époque – au début et au milieu des années quatre-vingt -, le harcèlement scolaire était un sujet qui n'était pas abordé, ni par les institutions, ni par les médias. L'enfant qui en était victime se retrouvait toujours seul face à ses bourreaux. Il n'avait quasiment personne vers qui se tourner. L'assistante sociale, le médecin, aurait pensé à un caprice d'adolescent pour ne pas se rendre en cours ; de la « fainéantise ». L'enfant était extrêmement rarement écouté, entendu. On ne le prenait pas au sérieux. Il n'y a que depuis quelques années que ce thème est mis en avant. C'est très récent. De fait, à mon époque, aucune prise en charge n'existait, aucun recours n'était possible, aucune association – en tout cas, je n'en connaissais pas – n'était susceptible d'épauler et de soutenir l'enfant qui était traumatisé.

 

Quant aux parents, donc, il faut bien admettre qu'eux non plus n'étaient pas au courant de ce qu'était un harcèlement. Ils étaient à l'image de leur époque : ignorants de ce genre de choses. Au pire, ils n'auraient pas cru celui ou celle qui en était victime. Et ce, pour les mêmes raisons que celles citées un peu plus haut. A cette époque, comment auraient-ils pu songer que ce genre de comportement existait au sein de l'établissement scolaire dans lequel ils envoyaient leur fils ou leur fille ? Comment auraient-ils pu croire que leur enfant devait, chaque jour, faire face à des bourreaux qui prenaient plaisir à torturer moralement, psychologiquement, leur progéniture ? Ils ressemblaient à n'importe quel autre parent. Ils avaient leurs préoccupations quotidiennes, leurs emplois, leur famille, etc.

 

Tout comme aujourd'hui en outre. Sauf qu'aujourd'hui, ce sujet est un sujet qui est régulièrement mis en avant par l'actualité. C'est un thème dont la société, les médias, j'en passe, se préoccupent et s'inquiètent. Les gens en sont informés, tentent d'être le plus vigilants possibles ; même s'ils sont toujours surpris quand ils découvrent – par inadvertance, par hasard, le plus souvent – que leur enfant y est confronté. Je le répète parce que c'est important, et que c'est ainsi que je l'ai ressenti à l'époque : non seulement j'étais persuadé que mes parents ne me croiraient pas ; qu'ils me soupçonneraient de vouloir me soustraire à mes obligations scolaires ; mais aussi, je craignais avec une hantise démesurée ce que mes harceleurs me feraient si je les dénonçais. J'étais convaincus qu'une fois la paix revenue, la page tournée au sein du collège, ils s'en prendraient à moi avec plus de virulence encore.

 

Un autre point à souligner encore : il ne faut pas oublier que j'étais différent. Autant par mon aspect physique, que par mon intellectualité balbutiante. Du fait que je me repliais sur mes livres, que je n'allais pas vers les autres, de peur de subir les mêmes tourments, l'ensemble des enfants de mon age me considéraient comme un « anormal ». Pour eux, il était incompréhensible, voire intolérable, de me voir lire à longueur de récréation. Tandis qu'eux s'adonnaient au football, au chahut, à la consommation de cigarettes en cachette dans les toilettes, à discuter des derniers tubes musicaux à la mode. Ou, pour les plus âgés, à s'intéresser de plus en plus activement à la gente féminine et aux premiers émois que celle-ci leur procurait.

 

A ce niveau-là, je n'étais pas différent d'eux. Cependant, ce qu'ils me faisaient subir avait bridé, avant que je ne puisse me pencher sur ce sujet, tout ce que j'aurais dû commencer à éprouver, ou à désirer expérimenter. Je m'étais renfermé en moi-même, dans mon univers, pour ne pas être blessé encore plus que je ne l'étais. Si la ou les jeunes femmes pour lesquelles j'avais un penchant, avaient surenchéri en méchanceté, en moqueries, en rejets, à mon encontre, je pense sincèrement qu'un cap aurait été dépassé. Peut-être ne m'en serai-je alors jamais remis, et aurai-je mis en œuvre ma condamnation à mort effective.

 

J'étais seul, désespérément seul. Ce qui m'a sauvé, ce sont les livres. C'est aussi l'univers personnel enfantin que je m'étais construit dans ma chambre. Avec mes legos, mes playmobils. Mon élaboration de ville, de vaisseaux spatiaux à l'aide de ses briques en plastique. Je m'y adonnais durant tous mes week-ends et mes vacances scolaires. Ensuite, il y a eu les livres dont vous êtes le héros, et l'univers des jeux de rôles, que j'ai progressivement découvert au cours de ces mêmes années. Tout cela a été consécutif également, à la rédaction de mes premières nouvelles – celles, naïves, enfantines, romantiques lorsqu'elles s’arrêtaient sur les premiers émois que j'ai ressenti vis-à-vis d'une ou deux jeunes filles de mon entourage. Ces textes étaient mal rédigés, plein de fautes d'orthographe, de fautes de grammaire. Néanmoins, si je n'avais pas trouvé les dérivatifs que je viens de décrire, je suis convaincu que je me serai alors suicidé.

 

Comme, plus tard, au cours des années quatre-vingt-dix, dans d'autres circonstances. Mais toujours à cause de ce que j'éprouvais à l'égard de ces jeunes femmes qui me semblaient inaccessibles, et dont je me sentais indigne à cause de mon physique ingrat. Cette opinion de moi-même, je l'ai acquise durant ces années de collège. Cette sensibilité exacerbée face au regard des autres s'est développée au cours de cette période. Elle s'est insinuée dans mon esprit, et n'en n'est plus jamais ressorti.

 

Aujourd'hui, je sais ce que je vaux en tant qu'être humain : mes qualités et mes défauts ; mes rêves et mes cauchemars ; mes possibilités et mes impossibilités ; mes forces et mes faiblesses ; etc. Leur genèse se situe à ce moment précis de ma vie. D'autant plus que, pour terminer, vous devez comprendre que, non seulement les événements étaient durs à vivre au collège. Mais ils l'étaient également à mon domicile. Je n'entrerai pas dans les détails les plus pénibles. Je les ai déjà abordé partiellement dans mes « mémoires » ou mes « souvenirs fragmentaires ». Toutefois, il est à souligner que mes parents vivaient une période extrêmement compliqué au sein de leur couple. Ils se déchiraient sans cesse. J'ai été le témoin de disputes véhémentes, de violences verbales et physiques. Ils se sont même séparé pendant dix-huit mois environ, alors que moi-même, j'étais la proie de mes harceleurs au même moment.

 

Pour résumer, la journée, j'affrontais l'Enfer au sein de mon établissement scolaire. Le soir, les week-ends, j'y étais confronté à mon domicile. Ma famille se délabrait sous mes yeux. J'ai essayé, avec mes maigres moyens, de jouer les intermédiaires entre mon père et ma mère afin qu'ils se réconcilient. Peine perdue, évidemment. Leur conflit dépassait mers capacités. Et pourtant, que n'ai-je pas entendu de paroles de la part de l'un et de l'autre. Leurs pleurs, leurs cris, leurs reproches, leurs incompréhensions. Leurs propres parents respectifs s'y mêlant, ranimant ainsi les vieilles rancœurs, les illusions, les blessures depuis des années restées enfouies.

 

Du fait de l'ensemble de ces paramètres, à un moment donné, j'en suis devenu littéralement anorexique. Manger était devenu une épreuve. Je vomissais épisodiquement, à cause de la tension permanente, sans repos ni répit, à laquelle j'étais soumise. Mes parents, tout à leur différends, ne s'en sont même pas aperçu. Tout au plus, un jour, ma mère m'a questionné et m'a conduit chez le docteur généraliste pour lui demander si « je ne couvais pas quelque chose ? ». Celui-ci m'a trouvé en bonne santé, bien que maigre. Longtemps, même après la fin de ce harcèlement scolaire, je suis resté « maigre comme un fil de fer ». Ce n'est qu'après mes trente ans, et dans d'autres circonstances, que je me suis épaissi, et que j'ai acquis le poids qui est le mien aujourd'hui.

 

Cette anorexie a duré quelques mois. Mais elle est apparu au plus fort de la crise que je viens de détailler, et en ce qui concerne mes parents, et en ce qui concerne le harcèlement scolaire que j'ai subi pendant à peu près trois ans. C'est à dire, de ma cinquième à mon passage au lycée.

 

Voilà pourquoi le film d'hier soir, « Moi, Marion, 13 ans pour toujours » a remué tant de souvenirs en moi. Voilà pourquoi il m'a tant touché : parce que c'est quelque chose qui vous poursuit d'une façon ou d'une autre toute votre vie ; qui s'imprime en vous, qui vous colle à la peau, et dont vous ne parvenez pas à vous débarrasser. Et ce, même si vous êtes conscient de ce que vous avez subit ; même si votre intelligence et votre raison vous disent que c'est loin derrière vous ; même si elles vous relatent que les gens que vous croisez aujourd'hui ne sont pas les mêmes qu'hier, et qu'il n'y a aucune raison pour qu'ils vous jugent ou vous fassent du mal. Pour autant, l'expérience m'a appris ceci : dès que je m'aventurais en terrain inconnu, que je croisais dans la réalité quotidienne des personnes dont le contact m'apporterait énormément, les foudres se déchaînaient sur moi. La preuve la plus palpable est qu'ici, comme ailleurs, les personnes pour lesquelles j'éprouve une certaine forme d'attirance amicale, les femmes qui suscitent en en moi un élan sentimental, et auxquelles je donne mon numéro de téléphone notamment, ne sont systématiquement pas réceptives.

 

Voilà aussi une partie de l'explication – ce n'est pas la seule, loin de là. Par la suite, d'autres épisodes de mon existence ont joué un rôle important, voire déterminant -, qui relate pourquoi je suis si replié sur moi-même. Pourquoi les livres, l'écriture, ont une importance aussi vitale pour moi. Pourquoi je préfère la solitude, le silence, la paix, le calme. « J'en ai trop bavé pour tenter le Diable en donnant l'occasion à l’extérieur de me meurtrir au point de me conduire de nouveau aux portes de l'Enfer. »

 

Dans ce cas, pourquoi se confronter au monde ? Autant demeurer dans sa bulle, dans son univers. Autant préserver l'équilibre fragile, mais essentiel à mon bien être, à ma tranquillité d'esprit. Puisque ce rejet dont j'ai été l'objet enfant, se poursuit sous une autre forme, et pour des raisons différentes, aujourd'hui encore. Puisqu'il n'y a que par mes textes, que par ce que je partage littérairement parlant, que je peux exprimer qui je suis, ce que je suis, ce que je ressens, ce que je sais, ou ce que je désire expérimenter spirituellement ou émotionnellement...

Publicité
Publicité
Commentaires
Mes Univers
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 287 571
Derniers commentaires
Archives
Mes Univers
Newsletter
Pages
Publicité