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Mes Univers
13 octobre 2016

Cauchemar d'adolescent, seconde partie :

X3C'est à cette époque où j'ai commencé à me replier sur moi-même. Le seul refuge à ma disposition s'est très tôt avéré être le monde du livre et de la connaissance. C'est à cette époque où j'ai découvert qu'il existait un autre univers où j'étais davantage chez moi que parmi mes semblables. Et pourtant, Dieu sait combien, dès cette époque, - et bien que celai ait été rarement réciproque - j'ai aimé la plupart des gens que je fréquentais. Combien j'ai aimé partager avec les hommes et les femmes qu'il m'est arrivé de côtoyer. Dieu sait que, toute mon existence durant, j'ai cherché leur compagnie. Lorsque je l'ai pu, le les ai écouté, je les ai conseillé. J'ai toujours essayé, dans la mesure de mes moyens et de mes possibilités, d’être présent pour les aider. Les jeunes femmes que j'ai connu et apprécié sont venu me conter leurs déboires sentimentaux ; les jeunes hommes m'ont abreuvé de leurs vantardises et de leurs conquêtes féminines aisées. Mais aucun d'eux, aucune d'elles, ne se souciait de savoir à quel point je souffrais. Pire encore, lorsque je leur montrais qu'ils me blessaient, qu'ils me bousculaient, qu'ils me violentaient, ils étaient surpris ; je les dérangeais. Ils me fuyaient, ne comprenant pas pourquoi je ne me contentais pas de quelques miettes qu'ils me jetaient du haut de leur tablée.

Pendant longtemps, j'ai subi toutes ces contraintes, toutes ces violences quotidiennes, insidieuses, qui torturaient mon corps et mon esprit. Jusqu'au jour où j'ai réalisé que, si je désirais survivre, il était vital que je fuis ce monde où je n'étais pas le bienvenu. J'ai compris que je me devais de laisser derrière moi cet univers de souffrances et de malheurs permanents.

Il y a une chose, pourtant, que je peux révéler aujourd'hui: malgré tout ce que ces jeunes femmes m'ont infligé, malgré qu'elles m'aient a d'innombrables reprises repoussé, mon cœur a battu pour elles avec ardeur et abnégation. Et jamais je ne les ai condamné. Souvent, pour ne pas être, par elles, davantage trahi ou blessé, je me suis contenté, de loin, de les admirer. A chaque fois que j'ai pu, dans l'ombre et le silence de ma demeure évanescente, je les ai soutenu, aidé, guidé. Bien entendu, jamais elles n'en n'ont rien su ; jamais elles n'ont soupçonné que je tentais l'impossible pour leur apporter joie et félicité. Je n'attendais d'elles ni honneur ni bienveillance. Ma seule ambition était de les vénérer, de les aduler. Mais je ne peux nier ma souffrance de ne pas avoir le droit de les approcher, de ne pas avoir le droit de les prendre dans mes bras, de ne pas avoir le droit de les aimer.

J'ai donc progressivement réalisé que je n'étais, à leurs yeux, qu'un monstre, qu'une parodie d’être humain. J'ai donc maintes fois déchiré mon âme et mon cœur. J'ai repoussé à maintes reprises ce que, pour moi, elles représentaient. J'ai pleuré, j'ai hurlé, je me suis flagellé, pour combattre les sentiments passionnés, irrésistibles, qu'en moi, sans cesse, elles éveillaient. Et, épuisé, anéanti, par des années de luttes, j'ai fini par me murer au sommet de ce donjon solitaire et abandonné. Je me suis plongé le plus possible dans mes écrits, dans mes livres, qui m'ont jadis aidé à ne pas sombrer dans la folie ; et qui aujourd'hui encore, me permettent de survivre à cet éternel désespoir, à cette interminable souffrance dont je suis depuis lors emplis. Lesquels sont ravivés à chaque fois que je croise le regard de l'une de ses déesses qui me font, ici, fugitivement vibrer ; puisqu’elles apparaissent quelques instants, quelques heures, quelques jours, quelques mois éventuellement, au sein de mon existence ; avant d'en disparaître tout aussi rapidement ; me laissant anéanti et tourmenté.

C'est pour toutes ces raisons, ici présentées, que je suis recroquevillé, aujourd'hui, sur moi-même. Et que seuls mes écrits, mes livres, et mes manuscrits, me permettent de survivre à cette démence quotidienne. Il y a si longtemps que celle-ci s'est emparée de mon esprit, que c'est le seul moyen qu'il me reste pour ne pas sombrer définitivement à cette folie destructrice qui me poursuit...

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