Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mes Univers
18 novembre 2016

1989-1995 ; quelques extraits ponctuels qui ont fait de moi l'homme que je suis aujourd'hui :

A4Après cet intermède involontaire de ces derniers jours dont vous avez tous et toutes pris plus ou moins connaissance, je poursuis ce que j'ai auparavant débuté avec joie et sérénité :

 

Une autre aspect de ma passion pour les figurines s'est matérialisé alors que j'avais une vingtaine d'années. A cette époque, je me suis inscris à un club de jeux de rôles situé dans une « maison des associations » de la ville de Tremblay en France. Mes parents et moi vivions dans la ville limitrophe de Villeparisis. C'était au tout début des années 1990, et je peux vous assurer que l'atmosphère qui y régnait était tout à fait différente de celle dont on constate les effets aujourd'hui.

 

Ces bourgades étaient paisibles ; on pouvait s'y promener en toute quiétude, à toute heure du jour ou de la nuit. Je peux en témoigner puisque, plus d'une fois, j'ai parcouru les deux ou trois kilomètres qui séparaient cette maison des associations aux environs de deux, trois, quatre, ou cinq heures du matin, sans être pris à parti par des jeunes traînards prompts à agresser quiconque se trouve sur leur chemin. Les rues que je longeait étaient silencieuses, ensommeillées, désertes. Je ne suis pas certain qu'aujourd'hui, si je m'y promenais aux mêmes heures et pour les mêmes raisons, j'y sois aussi confiant.

 

En tout état de cause, j'étais un des plus jeunes des participants à l'association de jeux de rôles installée dans les locaux de cette maison des associations chaque vendredi soir. Je dois avouer que j'étais terriblement impressionnés par ces jeunes hommes – oui, à cette époque, l'univers des jeux de rôles était quasi-exclusivement masculin – de quelques années plus âgés que moi. Je dois souligner que les années où j'ai été harcelé moralement et physiquement lors de mes études étaient encore récentes. Et j'étais encore fraîchement marqué par leurs conséquences désastreuses sur mon existence.

 

En outre, je me sentais en permanence mal à l'aise vis-à-vis du regard des autres face à ma tâche de naissance sur mon visage, et face à mon hémiplégie partielle du coté droit. Même si chaque vendredi, j'étais impatient et heureux de me rendre à ce rendez-vous, j'y restais constamment en retrait. J'y parlais peu. Comme si mes mots demeuraient, malgré moi, coincés au fond de ma gorge. J'observais surtout mes condisciples échanger sur les quêtes en cours, sur les péripéties auxquelles ils étaient confrontés dans chacune d'elles.

 

Quand j'y songe, énormément de jeux de rôles qui servaient de support à leurs aventures imaginaires ont désormais disparu depuis longtemps ; quelques-uns ont évolué. D'autres sont devenus des références, voire sont vus comme mythiques par les amateurs. Les livres de règles d'Advanced Donjons et Dragons – familièrement appelé « ADD » étaient uniquement disponibles en anglais. C'était encore l'époque où l'Appel de Cthulhu était vendu dans une boite. La première version de Star Wars, le jeu de rôle, venait d’être édité. Des jeux désormais retirés de la vente faisaient la joie des groupes de joueurs : Stormbringer, JRTM, Paranoïa, Empire Galactique, Chimères, Pendragon, ou Runequest, par exemple. Pour dire l'entière vérité, dans le grenier de la maison de ma mère sont encore rangés plusieurs de ceux que je viens de citer.

Mais, ce que j'ai également découvert durant cette époque épique, ce sont les jeux de réflexion, les wargames, et les reconstitutions de batailles historiques et de fantasy à l'aide de figurines. Le jeu de batailles Warhammer – à ne pas confondre avec Warhammer, le jeu de rôle ; néanmoins rattaché au même univers et usant de beaucoup des mêmes règles – est celui qui m'a alors le plus passionné.

 

Comme le jeu de plateau « Civilization » qui a ensuite donné naissance au wargames sur ordinateur ; dont la cinquième version est disponible à la vente depuis deux ou trois ans déjà. Entre parenthèse, sur mon ordinateur personnel, j'ai joué, à ce jour, aux quatre de ses premières moutures.

 

Pour autant, Warhammer est celui pour lequel je me suis le plus investi. Lorsque je me suis acheté la boite contenant la traduction primitive de ses règles. Elle aussi doit être rangée quelque part dans le grenier de la maison de ma mère, aux cotés des boites de Donjons et Dragons, de JRTM, de l'Appel de Cthulhu, de l’œil Noir de cette période. J'ai de temps en temps l'étrange impression que tout cela s'est déroulé dans une autre vie, quad j'y pense. J'ai vécu tellement d'événements, d'expériences, etc. que cela me paraît être une autre personne qui y a été confronté.

 

En tout état de cause, mon père m'a fabriqué une maquette représentant l'aire de jeu qui accompagnait la boite Warhammer. Je me rappelle qu'elle mesurait environ trois mètres sur deux. Il l'a installée dans le studio attenant à notre maison de Villeparisis. Sa surface s'étendait sur les trois-quart de sa pièce principale – à savoir, son salon-salle à manger- chambre. C'était aussi en ce lieu qu'un certain temps, avec des amis rencontrés par l'intermédiaire de connaissances de lycée, j'ai présidé à des séances d'ADD ou de Warhammer. Car en effet, très vite, avec mon argent de poche, j'ai commencé à m'acheter des figurines en plomb de 25mm destinées à constituer des armées d'héroic-fantasy. Le principal fournisseur de celles-ci étaient – sont toujours, il me semble – les boutiques Games Workshop. Plusieurs existaient à Paris. Mais celle où je me rendais régulièrement était celle du métro « Porte d'Orléans ». J'avais décidé de réaliser une armée d'Elfes Noirs, soutenus par des régiments auxiliaires de Gobelins et d'Orcs. Il m'a fallu de nombreux mois, et y dépenser la majorité de mes finances d'alors, pour y parvenir.

 

Bientôt, je me suis retrouvé à la tète de centaines de figurines. Comme je l'ai déjà mentionné, du fait de mon handicap, je ne pouvais pas les peindre et les décorer ainsi que je l'aurai souhaité. J'en étais frustré parce que l'un de mes amis de cette période, lui aussi s'intéressant à ce hobby, créait une armée de nains. Sauf qu'il maquillait chacune avec une extrême délicatesse et une extrême précision qui me laissait admiratif. Chaque figurine était magnifique, un véritable œuvre d'art, tout en détails et en originalité. Toutes différentes. Je l'enviait d'avoir ce talent que jamais je ne posséderais du fait de mon infirmité. Nous nous sommes cependant affronté deux ou trois fois au cours de batailles reconstituées intenses. Et j'en garde un merveilleux souvenir.

 

Puis, en 1991, mes parents ont définitivement quitté la région parisienne pour s'installer en Sarthe. Moi, j'ai décidé de rester à Paris. Je ne me voyais pas aller « m'enterrer » dans un « coin perdu » où je serai forcé d'abandonner tous mes compagnons de jeux, toutes mes relation amicales, etc. Le hasard a fait qu'après avoir postulé dans une entreprise de chimie, j'y ai été embauché. De fait, comme notre maison de Villeparisis n'avait pas encore trouvé d'acquéreur, j'y ai logé seul. N'y restaient que ma chambre, mes affaires. J'ai réquisitionné l'ancienne chambre de ma sœur pour y disposer mes figurines évoquant cette fameuse armée d'Elfes Noirs et alliés. Elle était si importante que toute la surface plane de cette pièce lui a servi de support entre deux reconstitutions de batailles épisodiques. Par ailleurs, étant seul désormais à gérer mon budget, j'ai consacré une fraction de ce dernier chaque mois, à m'acheter de nouveaux sujets. Je prenais mon pied la route, le RER, puis le métro, jusqu’à porte d'Orléans. Généralement, j'en profitais également pour effectuer des haltes dans d'autres magasins de jeux de rôles éparpillés au sein de la métropole, ainsi qu'à la FNAC des Halles. J'y acquérais suppléments de jeux de rôles, cassettes vidéos, ou livres. Et je revenais chez moi, portant des sacs volumineux rattachés à ma passion pour ces centres d’intérêt.

 

Car, ainsi que l'ai souligné dans d'autres textes antérieurs, j'étais déjà depuis ma plus tendre enfance un lecteur vorace. Les jeux de rôles, avec les livres dont vous êtes le héros avant eux – un autre épisode – m'ont ouvert la voie de l'écriture de récits ; mais, surtout, ont permis à mon imagination fertile, et enrichies des multitudes d'ouvrages, de films, de scénarios, à ma disposition, de prendre son envol. Elle ne se déploierait cependant véritablement qu'à partir de 1992 et mon entrée à la Bibliothèque Nationale.

 

Auparavant, après avoir été employé quelques mois dans cette entreprise de chimie, j'ai travaillé au musée des Arts décoratifs, situé rue de Rivoli, et non loin du musée du Louvre. C'était à l'occasion d'une exposition d’œuvres de l'artiste Lalique, et en qualité d'Adjoint au Commissaire de l'Exposition. C'est seulement à l'issue de ces différents emplois que j'ai été embauché en tant qu'Aide-Bibliothécaire à la Bibliothèque Nationale, et qu'en parallèle , en dehors de mes horaires officiels, j'y revenais en lecteur. En tant que chercheur spécialisé dans l'étude de l’émergence des premières Civilisations, des premières Religions, des Mythologies. Ainsi que de l'interaction entre les uns et les autres, et de leurs apports à l'Histoire de l'Humanité.

 

C'est aussi en prenant mes fonctions à la Bibliothèque Nationale que j'ai définitivement quitté notre maison de Villeparisis. J'ai emménagé dans un appartement du 19e arrondissement. Boulevard Serrurier, pour être exact. Je n'avais qu'une demi-heure de trajet à l'aller, et une demi-heure pour le retour, en métro, pour me rendre à la Bibliothèque Nationale. Et comme il s'agissait d'un appartement de fonction destiné à mon père – qui n'en n'avait pas besoin - en tant qu'inspecteur divisionnaire des Renseignements Généraux, il me l'a sous-loué.

 

Pour l'anecdote, d'ailleurs, c'est au tournant de ces années 1989-1992 que je décris dans ce texte, que mon père est devenu l'un des spécialistes de l'intégrisme islamiste en France. C'est à cette époque qu'il a mis en place les premiers réseaux d'informateurs destinés à surveiller les plus dangereux de ces fanatiques basés un peu partout sur le sol français. C'est à cette époque qu'il a commencé à former, au cours de colloques et de conférences nationales et internationales, des cellules policières sur l'ensemble du territoire. Il a encore été en première ligne lors de la vague d'attentats de 1995 ; et notamment de celui de la station de métro Saint-Michel. Je m'en souviens particulièrement parce qu'il participait souvent à des réunions qui se terminaient tard, et que c'est pour cette raison qu'il a un temps habité à le pied-à-terre que j'occupais ; plutôt que de retourner dans la Sarthe par le TGV chaque soir. Il y a même eu quelques week-ends où il a été contraint de rester à Paris ; et où des briefings se sont tenus à l'appartement, afin, que le ministre de l'Intérieur d'alors ait les informations nécessaires à son action quasiment en temps réel.

 

Bref, tout cela pour souligner que cette période a été, pour moi, riche en événements de toutes sortes. Néanmoins, en ce qui concerne mon propos principal – ma passion pour les figurines -, lorsque j'ai intégré mon logement boulevard Serrurier, j'y ai emmené avec moi mes armées d'Elfes Noirs de Warhammer. Et, un temps, j'ai continué à exécuter des reconstitutions de batailles fantastiques grâce à elles. Toutefois, après mon entrée à la Bibliothèque Nationale, et ma « révélation » face aux millions de livres contenant tant de savoirs et de connaissances qui se trouvaient à portée de ma main, sans que je m'en rende compte, ma vie avait pris une toute autre direction.

 

L’expérience des années précédentes n'avait pas été inutile, loin de là. Elle avait forgé mon esprit de telle sorte qu'il soit réceptif à la voie qui s'ouvrait devant lui. Les imaginaires qui m'avaient imprégnés lors de mes séances de jeux de rôles, étaient prêts à se mouvoir, à se nourrir de mes futures lectures de centaines livres sur la Mythologie, sur l'Histoire, sur la Religion, sur la Philosophie, sur l’Ésotérisme, sur la Science, sur l'Art, etc. Et la collusion de tous ses facteurs donnerait naissance, à partir de 2003, à la vocation et au métier d'écrivain qui sont les miens aujourd'hui.

 

Quant à ma passion pour les figurines, elle a suivi une route semblable. Puisque des Wargames et des figurines de 25 mm qui en sont les symboles, elle s'est métamorphosé en passion pour les figurines de collection. Des figurines à la durée de vente limitée dans le temps, à la valeur marchande donc plus importante une fois retirées du commerce – certaines très rares. Mais, qui outre ce médiocre aspect purement mercantile, ont une valeur à mes yeux beaucoup plus importante : elles montrent mon attachement profond à l'Histoire, à ses multiples diversités ; à ce que qu'elle nous enseigne sur le passé des peuples et des civilisations. Au pourquoi de ce que nous vivons actuellement. Et aux possibles conséquences qu'elle peut avoir pour le devenir de l'Humanité.

 

Ma passion pour les figurines n'en n'est que le pâle reflet. Néanmoins, je l'alimente, je le développe, je l'enrichis autant que je le peux. De la même manière que par l'intermédiaire des autres sources de savoirs et de connaissances qui me nourrissent depuis si longtemps ; et dont mes textes décrivent quelques-uns de leurs fragments...

Publicité
Publicité
Commentaires
Mes Univers
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 287 450
Derniers commentaires
Archives
Mes Univers
Newsletter
Pages
Publicité