Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mes Univers
29 novembre 2016

Le 25 Juillet 1998, seconde partie :

X3J’aimerai être comme eux, toutefois je n’y arrive pas. C’est trop dur. Tandis que je regarde le cercueil descendre dans le noir, je me répète que j’aurai préféré que ce soit moi qui ai cet accident de voiture à moins d’un kilomètre de notre domicile de la Sarthe. C’est moi qui aurais dû mourir, pas Aymeric.

Aymeric avait dix-huit ans. Il était jeune, il était beau, il avait toute la vie devant lui. Il était sportif, il avait le privilège de plaire aux jeunes femmes de son âge. Il avait une facilité à se faire des amis partout où il allait. Certes, il fumait un peu de shit de temps en temps. Mais si ce n’est moi qui n’ai jamais bu une goutte d’alcool – ou presque -, qui n’ait jamais fumé, qui n’a pas, un jour, tenté cette expérience ?

Oui !!! C’est moi qui aurais dû disparaitre. Ce jeune homme que je suis, handicapé, faible, avec une tâche de vin sur le visage ; celui que l’on a moqué, que l’on a repoussé, que l’on a évité, durant toute son enfance et durant toute son adolescence. Et maintenant encore parce qu’intellectuellement, il a choisi une autre voie que la grande majorité des gens. Parce que, malgré tous ses efforts pour se trouver une compagne, il demeure désespérément seul. Au point d’endurer quotidiennement une torture mentale difficilement imaginable, exceptionnellement atteignable par le commun des mortels. Au point de se scarifier régulièrement les bras à coups de lames de rasoir, dans le but que la douleur physique soit plus présente que la douleur mentale le conduisant progressivement aux portes de la folie.

Oui, c’est moi qui devrais être à sa place. Parce que je suis inutile ; parce que toutes les épreuves que j’ai surmontées jusqu’alors m’ont conduit ici, devant le cercueil de l’être que je chérissais le plus au monde. Le seul être de notre famille qui m’ait toujours compris, qui m’ait toujours épaulé, avec lequel j’ai partagé des moments inoubliables, uniques. Le seul être qui m’ait admiré pour mon travail d’écrivain, de rédacteur de scénarios de jeux de rôles. Il était fier des connaissances qui étaient les miennes. Il était fier de mes récits ; il n’avait pas honte – au contraire des autres membres de ma famille – d’en parler autour de lui.

Lorsque mon père faisait mine de s’en prendre à moi – surtout depuis deux ou trois ans où la carrure d’Aymeric s’est modifiée : il a dépassé mon père en taille, et à force de faire du football et du judo, sa musculature s’est amplement développée -, c’est le seul qui intervenait en ma faveur. Et mon père, sachant qu’il n’aurait pas le dessus, abandonnait. Car il savait très bien que si une baffe partait, Aymeric répliquerait physiquement immédiatement ; et que ses réparties verbales seraient cinglantes.

Publicité
Publicité
Commentaires
Mes Univers
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 287 586
Derniers commentaires
Archives
Mes Univers
Newsletter
Pages
Publicité