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Mes Univers
2 décembre 2016

Le 25 Juillet 1998, cinquième partie :

X3C’est à ce moment-là que je n’ai plus pu retenir mes larmes. Comme un torrent incontrôlable, elles se sont déversées sans que je puisse les retenir. J’ai alors réalisé que, cette fois, tout était terminé. Plus jamais je ne reverrai mon Aymeric. Plus jamais je ne partagerai de moments avec lui. Jamais je ne le verrai avoir une petite amie, se marier, avoir des enfants. Jamais plus il ne serait à mes côtés lorsque j’aurai besoin de son soutien, de son aide face aux épreuves de l’existence qui m’attendaient. Jamais plus il ne m’épaulerait face à ce père dominant, castrateur, qui m’humiliait régulièrement, qui me considérait comme un moins que rien. Oui, c’est à cet instant précis que j’ai compris que j’étais orphelin.

Inconsolable devant son corps, j’ai demandé une ultime faveur à mes parents : je désirais passer une dernière nuit à ses côtés, avant que son cercueil, dès le lendemain, ne prenne la direction du Doubs. Je les ai suppliés, implorés. Je ne pouvais pas le quitter de cette manière. J’avais l’impression de l’abandonner, de le trahir. C’était inenvisageable. Y songer était une torture insoutenable. Ma mère m’a dit que ce n’était pas possible, que le funérarium n’était pas autorisé à ce genre d’intervention. J’ai essayé de leur faire comprendre que je ne pouvais pas le laisser seul. Que j’avais besoin d’un ultime moment en sa compagnie. Ma mère m’a accordé quelques minutes supplémentaires avant que nous reprenions le chemin du domicile parental. Et je l’ai veillé une dizaine de minutes, en lui promettant qu’un jour, dans un avenir plus ou moins proche – même si je ne savais pas exactement quand -, je serai heureux. Que malgré toutes les embuches, malgré toutes les violences morales ou physiques dont je pourrais être l’objet, malgré ces femmes qui ne voyaient en moi qu’un être difforme, moqué, rejeté, je réussirai, un jour, à être heureux. Pour lui.

Pour que, de là où il était – même si je ne pouvais déterminer cde qu’était ce « où » puisque je ne croyais ni à l’Enfer, ni au Paradis, ni à Dieu, ni au Diable -, il soit fier de moi. Il soit heureux de me voir heureux. Il soit content de me voir réussir la vie que j’ai envie de mener, envers et contre tout, envers et contre tous. J’ai prêté serment devant lui sur ce que j’ai de plus cher au monde. C’est-à-dire : lui. Et, alors que la pierre tombale le cache désormais, je le lui promets une dernière fois. Et je me jure que je ne trahirai jamais cette parole.

Maintenant, mes parents, le reste de ma famille, s’éloigne du caveau. Ils remontent l’allée du cimetière conduisant vers l’extérieur de celui-ci. Je jette un dernier regard vers lui, tout en essayant de m’essuyer les yeux. Je n’y parviens pas. J’ai trop de larmes qui ne demandent encore qu’à s’en échapper. Je me sens seul, si seul. J’ai peur. Je suis effrayé par cette solitude qui m’emplit désormais le cœur et l’âme, et que je ne réussirais peut-être jamais à combler. Cette fêlure, cette blessure qui ne se refermera jamais réellement. Je suis seul face à l’ensemble du reste de ma famille aujourd’hui. Définitivement. Que vais-je devenir ?...

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