Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mes Univers
4 janvier 2017

Expériences d'hier, d'aujourd'hui, et de demain :

X1Aujourd’hui, il y a plusieurs sujets que je souhaiterai aborder brièvement, parce qu’ils m’ont profondément choqué au cours de ces deux derniers jours. Ils sont concomitants. Donc, il m’est aisé de les développer un minimum, et de les partager avec vous au travers de ce récit :

 

Hier soir, alors que je dînais avec les membres de ma famille, et que nous regardions le journal télévisé en même temps, un thème a été abordé un instant : le déficit de la sécurité sociale, et la réforme que François Fillion veut mettre en œuvre s’il est élu président de la République au cours des prochaines échéances électorales. Comme vous le savez peut-être si vous suivez l’actualité du moment, il désire que les mutuelles remplacent davantage la Sécurité Sociale pour les remboursements médicaux de soins jugés « peu vitaux pour le patient. Il souhaite également réduire les effectifs au sein des services de l’État ; il veut atteindre le nombre de 500 000 au terme de son mandat.

 

C’est un sujet pour lequel je suis en total désaccord avec lui. Pourquoi ? Parce qu’une fois de plus, ce sont les plus faibles et les plus fragiles qui vont être les victimes de ce rabotage. Ce sont ceux qui ont le moins de moyens, qui ont un salaire peu élevé – ou qui sont au chômage -, qui sont dans la détresse, qui ont le plus besoin de ces services que leur offre l’État, qui vont, de plus en plus être mis au ban de la société. Et cela, je ne peux le supporter.

 

Pour une fois, alors que j’étais à table avec le reste de ma famille, j’ai pu exprimer deux ou trois mots sur ce sujet. Incroyable, quand on sait que, d’habitude, mon opinion est réprimandée, muselée, niée !!! Je suis contraint d’écouter les avis des autres sans avoir le droit de les remettre en question ou de les discuter. « Respect aux plus anciens », me serine-t-on à longueur de temps. « Tu ne dois pas les brusquer, les bousculer, parce que ce sont des personnes âgées », me répète t-on indéfiniment.

 

Comme nul, autour de moi, ne réagissait, concentré sur son assiette, ou à échanger de ses préoccupations quotidiennes – cette fois, il s’agissait des courses que ma grand-mère était allé faire au supermarché le plus proche de la maison de ma mère ; c’était au sujet du repas en cours ou ceux à venir ; c’était à propos de la jeunesse de ma grand-mère. Bref, toujours les mêmes thèmes dont on parle à l’infini jusqu’à l’overdose -, j’ai dit que je n’approuvais pas les propositions de François Fillion. Mais, évidemment, je n’ai pas pu détailler le pourquoi de ma pensée, que ma grand-mère, outrée, s’est écriée – et là, ce sont ses propres mots - : « ce sont toujours les mêmes qui payent !!! ». A quoi j’ai rétorqué : « Oui, ce sont toujours les mêmes qui payent !!! ». Sauf que dans ma bouche, ces mots n’avaient pas le même sens que dans la sienne.

 

En effet, dans la sienne, cela signifiait que c’était elle, en tant que retraitée, qui a travaillé toute sa vie, qui payait pour les autres. Ma grand-mère, il est vrai, a toujours possédé un emploi après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Elle a travaillé dans la même multinationale que mon grand-père jusqu’à la retraite. Il s’agissait d’une société spécialisée dans le forage d’eau, de gaz, et de pétrole, un peu partout dans le monde ; mais, plus spécialement en Afrique. C’est pour cette raison que, durant des années, mes grands-parents ont été expatriés au Sénégal. Puisque c’est à Dakar que ma mère est née. C’est pour cette raison qu’ils ont beaucoup voyagé un peu partout sur ce continent. Ma grand-mère était la secrétaire du DG de cette entreprise ; mon grand-père y était expert-comptable. Et ils suivaient leur DG lors de ses déplacements. Ou mon grand-père allait parfois sur les sites de production pour regarder de plus près la façon dont ils étaient gérés financièrement.

 

Je n’oublie pas que mon grand-père a eu une enfance difficile sur bien des plans. Je n’entrerai pas dans les détails ici, car il me faudrait beaucoup pour décrire son parcours. Et puis, ce n’est pas le centre de ce sujet. Ma grand-mère vient d’un milieu un peu plus aisé. Même si comparé au niveau de vie d’aujourd’hui, celui-ci était différent. Il faut se resituer dans le contexte des années vingt et des années trente. Ce que bon nombre de gens de cette génération ont du mal à faire. Ils se réfèrent à une époque qui n’a plus rien à voir avec le monde actuel. Les bouleversements que ce dernier a connu, dans tous les domaines, ont été profonds. Il est totalement différent de celui d’avant-guerre, ou de la période des « Trente Glorieuses ».

 

En tout état de cause, je suis conscient que mes grands-parents ont été des privilégiés durant toute l’époque où ils ont été employés au sein de cette multinationale. Ils ont, certes, travaillé dur. Mais, en mème temps, ils ont l’avantage de vivre dans une maison dont le loyer était payé par leur employeur. Toutes leurs charges étaient aux frais de leur « boite ». Ils avaient un « homme à tout faire » appelé Mamadou. Leurs frais de transport, quand ils revenaient en France, n’étaient pas pour eux. Là aussi, leur entreprise s’occupait de ces détails.

 

De fait, durant toutes ces années, mes grands-parents ont eu la chance de pouvoir mettre de l’argent de coté. Ils ont aussi fait bâtir une maison pour eux aux Lilas, dans la proche banlieue parisienne. Ils l’ont vendu après 1998 et la mort de mon petit frère Aymeric dans un accident de voiture. Ils ont fait rénover notre maison familiale du Doubs. Ce sont les parents de ma grand-mère qui l’ont occupée pendant leur retraire. Puis, ce sont mes grands-parents qui s’y sont définitivement installé après 1998. Ils ont aussi investi en bourse. Et ils ont eu – ma grand-mère a – un excellent revenu grâce à leur retraite.

 

Mes grands-parents – ma grand-mère qui vit aujourd’hui avec ma mère – ont toujours aidé financièrement mes parents afin qu’ils puissent améliorer l’ordinaire. Il faut avouer que mon père ne donnait que le minimum à ma mère. En bon « pied-noir » qu’il était, il estimait que la mère devait s’occuper des enfants – de nous -, et le père devait ramener l’argent à la maison. Lui seul avait accès aux comptes en banque, etc. Il allouait une somme par mois à ma mère ; le reste, il en disposait à son gré sans que ma mère n’ait rien à dire. Ce n’est qu’en 2004, avec les événements de cette année terrible pour la famille, que nous avons tous compris pourquoi. De fait, mes grands-parents ne supportant pas cet état de fait, ils ont toujours contribué pour que ma mère et nous, puissions vivre le plus agréablement possible.

 

La contrepartie, cependant, a été que, dès notre plus jeune age, notre mère nous a sans cesse répété que nous devions être redevables pour tout ce que nos grands-parents faisaient. Nous devions leur être reconnaissant pour leur générosité à notre encontre. Au fil du temps, c’est devenu une attitude « normale » qui ne devait – qui ne pouvait – être remise en question. Nul n’avait le droit de remettre cet ordre établi en cause. Même si celui-ci nous étouffait, nous emprisonnait, nous muselait, nous leur devions le respect et la gratitude.

 

Je suis le seul qui, avec l’age, au fil de mes propres expériences de vie, ait réalisé que ce n’était pas la bonne manière de procéder. Bien entendu, je mentirais en disant que je n’étais pas content lorsqu’enfant, ils m’ensevelissaient – comme ma sœur ou mon petit frère – de montagnes de cadeaux. Je mentirais si je disais que je n’étais pas content lorsqu’ils me glissaient un petit billet de temps en temps. Mème aujourd’hui encore, quand, pour mon anniversaire ou pour Noël, ma grand-mère s’avère généreuse à ce propos. Pour autant, je pars du principe que c’est parce que cela lui fait plaisir de nous faire plaisir qu’elle entreprend cette démarche. Ce n’est pas pour en attendre notre soumission en retour.

 

Or, c’est justement là où est la difficulté. Comme je l’évoquais plus haut, ma grand-mère a vécu durant une période de notre histoire récente particulièrement prospère. Et cette période particulièrement prospère qu’a été les « Trente Glorieuse » a été très généreuse avec elle ; pour les motifs que j’ai brièvement développé plus haut. Elle en a donc retiré un principe selon lequel tout lui était – est – dû. Parce qu’elle a payé – parce qu’elle paye -, nul ne doit s’opposer à ses conceptions de l’existence, à ses idées, à ce qui est important pour elle, ou pas.

 

Ainsi en est-il de ce fameux exemple pour la Sécurité Sociale et les réformes proposées par François Fillion s’il est élu président de la République. Oubliant – volontairement ou pas – que l’époque a changé, que notre modèle de société a évolué, que les écarts se sont creusés entre riches en pauvres, entre démunis et gens aisés, François Fillion – comme ma grand-mère – se réfère aux « Trente Glorieuse » et au plein emploi, à cet idéal où le capitalisme triomphant, peut faire le bonheur de tous. Où la libre entreprise, où la concurrence, ne peut qu’être avantageuse pour tous. Et que, dans ces conditions, l’État doit se concentrer sur quelques organes centraux comme la sécurité, les relations internationales, le rayonnement de notre modèle.

 

Le problème qu’ils n’ont pas pris en compte, c’est que cette forme de pensée, aussi belle soit-elle, n’a rien à voir avec la réalité des problèmes auxquels les gens du quotidien sont confrontés. Ma grand-mère, comme François Fillion, ainsi que les libéraux les plus acharnés revendiquant « le financier » comme moteur de notre modèle de société, sont en décalage complet avec les attentes de la grande majorité des français. Je ne peux pas revenir sur la multitude d’aspects que soulève ce que je souligne là ; il me faudrait réécrire ici l’ensemble des articles sur ces thèmes, que j’ai déjà rédigé par le passé. Plus de 600 pages tout de même.

 

Non, ce qu’attendent les gens, c’est d’être rassurés, épaulés. C’est d’avoir confiance, c’est de croire en l’avenir ; de croire en quelque chose qui leur fasse dire : demain sera meilleur qu’hier. Mes enfants auront davantage de chances d’avoir un bon métier que moi. Un droit au bonheur qui ne passe pas forcément par les concepts auxquels notre civilisation se raccroche du bout des ongles, tout en sachant que ceux-ci nous mènent droit dans le mur. Et s’ils nous mènent droit dans le murs, c’est que nous n’avons pas appris les leçons du passé. Nous estimons toujours que le bonheur individuel ou collectif est lié à la réussite sociale, aux sommes que nous avons sur notre compte en banque.

 

Tant pis si ces concepts ont maintes fois échoués au cours des décennies passées lors des crises pétrolières, financières, bancaires, etc. que nous avons traversé. Avec la chute du Communisme en 1991 – et tant mieux -, il n’y a pas de modèle alternatif prêt à croiser le fer avec l’ultra-libéralisme qui est l’héritage offert par des gens comme François Fillion et consort. On se réfère encore au pétrole comme moteur de l’économie, via les automobiles vendues, alors qu’on sait très bien que ce mode de fonctionnement est condamné à plus ou moins brève échéance. L’État s’endette afin de soutenir une économie à bout de souffle, plutôt que d’investir dans l’avenir. Dans des énergies de remplacement, dans des projets déjà obsolètes. Et, en conséquences, il demande aux plus pauvres, aux plus fragiles, aux plus démunis, de se serrer la ceinture. Alors que d’autres, comme ma grand-mère, qui « payent pour les autres » selon son expression, se plaignent parce qu’ils ont eu un bon emploi à l’époque où ils travaillaient. Alors qu’ils ont pleinement profité des bienfaits d’une époque exceptionnelle de notre Histoire.

 

Et encore, ma grand-mère, a été privilégiée. Il y en a des millions d’autres qui n’ont pas eu sa chance. Qui ont dû trimer en se levant à cinq heures du matin pour aller à l’usine, sur les marchés, avec un salaire de misère, et aujourd’hui, une retraite de misère. Ils en ont profité, et maintenant, se plaignent de devoir participer à l’effort collectif – chacun en proportion de ses moyens – pour tenter de sauver ce qui peut l’être ; la Sécurité Sociale pour tous.

 

C’est une erreur monumentale de nos dirigeants politiques ou industriels, de croire que la solution se trouve dans des concepts de civilisation, dans des modèles économiques, éculés. L’Islamisme, avec sa pensée rétrograde, violente, haineuse, injuste, est, en matière de religion, la pire des barbarie. Une barbarie comme le christianisme, lui aussi, en a généré en son temps. Ce sont les musulmans qui en sont les premières victimes, les occidentaux les secondes. L’ultra-capitalisme, le libéralisme à outrance, est lui aussi responsable des malheurs du monde par le comportement qu(il génère. Par l’individualisme monstrueux qu’il dévoile. « D’abord moi, les autres ensuite ».

 

Je ne dis pas que penser à soi, à son bonheur, aux bénéfices, au confort, qu’il peut retirer de notre modèle de société, est quelque chose de répréhensible. Loin de là. Il faut juste l’adapter aux temps nouveaux, aux nouvelles difficultés qui s’annonce. Et surtout, ne pas prendre exemple sur les réussites d’hier qui ne sont plus d’actualité. Qui sont issues d’une époque qui ne reviendra jamais. Ces nostalgies sont ce qui empêchent nos décideurs d’aujourd’hui de trouver des solutions viables aux épreuves qui sont les nôtres actuellement ; et pire encore, que nous nous préparons à laisser en héritage à nos enfants...

Publicité
Publicité
Commentaires
Mes Univers
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 287 450
Derniers commentaires
Archives
Mes Univers
Newsletter
Pages
Publicité