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Mes Univers
16 janvier 2017

Ecrire sur soi :

 

X1C’est un exercice très difficile que d’écrire. Et ça l’est encore plus lorsqu’il s’agit d’écrire sur soi. Tout simplement parce que l’on ne peut pas être totalement objectif quant au regard que l’on porte sur soi. Tantôt, on met les meilleurs cotés de sa personnalité en avant. On montre ce qui peut être l’objet d’admiration, d’honneurs, de respect, de joie, ou de bonheur. Tantôt, on met nos souffrances, nos malheurs, nos blessures, nos épreuves, nos désillusions, en avant. Et là, on est regardé avec inquiétude, horreur, incompréhension, mépris ; on vous jette du venin à la figure, on vous regarde de haut, on vous déconsidère ; ou, pire encore, on vous ignore ou on vous blesse délibérément.

 

Les gens jugent facilement ; et condamnent encore plus aisément. Ils se basent souvent sur des parcelles de réalités dont ils ne connaissent ni les tenants ni les aboutissants ; ni le pourquoi ni le comment. Puis, ils se disent : « Parce que cette personne a évoqué cela en cette heure et cet endroit, c’est que c’est représentatif de ce qu’elle est. ». Ils s’en contentent, ne se posent pas de questions sur les raisons qui ont poussé cette personne a souligner un fait, un événement, un épisode heureux ou malheureux de son existence ; un ressenti, une impression, etc.

 

Quand on écrit – comme je le fais quotidiennement -, on prête forcément le flanc à ce genre de réaction. Il ne faut pas se faire d’illusions. C’est profondément humain, presque de l’ordre de l’instinctif. Cette facilité, cet automatisme, qui se met en mouvement malgré nous, et qui nous pousse à émettre une critique – constructive ou délétère – envers l’autre, malgré nous. Y compris envers des personnes qu’on ne connaît que peu, ou pas.

 

Je le répète souvent : chacun de mes articles, de mes textes, de mes exposés, etc. ne révèle qu’une infime fraction de l’individu que je suis dans sa globalité. Chacun ne s’arrête que sur l’un des aspects de ma personnalité, de ma pensée, de mes connaissances, de mon ressenti, à un instant « T », et en fonction de circonstances qui lui sont liées. Or, si, justement, mes textes sont souvent si longs – certains et certaines me réprimandent assez à ce sujet ; comme si j’étais un petit garçon pris en faute parce qu’il ne se conforme pas à leurs normes -, c’est justement pour tenter, au maximum, de le souligner.

 

N’effleurer brièvement qu’un aspect d’un sujet lorsque je m’y attaque n’a jamais été, n’est pas, et ne sera jamais, dans mes habitudes. Ce serait aller à l’encontre de ma personnalité, de qui je suis au plus profond de moi ; viscéralement. Que certains ou certaines le comprennent ou l’acceptent n’y changera rien. Que certains ou certaines estiment que ce n’est pas la bonne manière de faire ; et que, forcément, ils en ont une meilleure, ne changera rien non plus.

 

Car, il est vrai que, comme la maxime bien connue le dit : « la critique est facile, l’exercice, lui, l’est beaucoup moins. ». Et, en ce qui concerne ma propre expérience, j’ai souvent constaté de la part de ceux et de celles qui ne me lisent qu’épisodiquement, ou qu’une fois parce qu’ils sont tombés par hasard sur un de mes articles, avec quelle prestance, avec quelle aptitude, ils se lancent à l’assaut de celui-ci sans en savoir davantage sur moi.

 

Il est vrai aussi qu’ils ou elles peuvent voir mes textes comme des provocations à leur encontre, à l’encontre de ce en quoi ils croient, de leurs philosophies, de leurs idéologies, de leurs religions, etc. Des provocations à l’encontre de l’ordre établi ou d’une « norme » à laquelle ils appartiennent et qu’ils ne désirent pas voir modifier ou évoluer. J’en suis conscient, puisque depuis que je me suis lancé dans la rédaction de textes – personnels, philosophiques, idéologiques, sociétaux, ou sur l’actualité… - se renouvellent ces jugements et ses condamnations. Je suppose donc que je les gène, que je les irrite, que je parle de choses qu’ils aimeraient voir tues.

 

Mais je ne suis pas de la trempe de ceux qu’on muselle. Nul ne m’a jamais fait taire – ni hier, ni aujourd’hui, ni demain – dans quelque domaine que ce soit ; sur quelque sujet que ce soit. Qu’il me soit éminemment personnel, ou qu’il évoque l’un des combats que je mène à ma manière afin de rendre ce monde un petit peu plus humain. Modestement, humblement, à mon petit niveau.

 

Néanmoins, je m’y emploie lorsque tant d’autres ne se contentent que d’être des moutons, des aigris, vaniteux, imbus d’eux-mêmes, centrés sur leur petite vie morne et sans attraits, sur les honneurs, le pouvoir, l’argent ; le mercantilisme.

 

Car, il faut bien expliquer que ce sont ces derniers, en général, qui fondent sur moi comme un oiseau de proie sur sa victime potentielle. Ils voient en moi un faible parce que j’ai enduré maintes épreuves, maintes difficultés, lors de ma vie ; et encore aujourd’hui. Ils supposent que mes mots parfois empreints de tristesse, rappelant des blessures plus ou moins anciennes, sont le reflet de ma réalité quotidienne. J’en ai encore fait l’expérience hier dans un groupe où plusieurs de ses membres m’ont pris à parti. C’était à propos d’un écrit où je faisais ressortir mon ressenti lié à un instant T, et vis-à-vis d’un événement qui m’a touché à cet instant précis.

 

Ils ne réfléchissent même pas. Ils réagissent dans la précipitation. Ils font d’une anecdote une généralité. Quand d’autres savent à quel point mon existence a été – est – parsemée d’expériences diverses et variées, de chemins sinueux, d’aspects de ma personnalité complexes et parfois paradoxaux. De savoirs et de rencontres qui ont forgé – et qui forgent – l’homme que je suis de myriades de manières différentes. En bien ou en mal d’ailleurs. Car, ici bas, qui peut se targuer d’être parfait, d’avoir atteint – ou d’atteindre – un idéal de vie inatteignable. Puisque, par essence, l’idéal ou la perfection ne sont pas de ce monde ; et ne le seront jamais. Pour nul homme ou femme du passé, du présent, ou de l’avenir.

 

Quoi qu’il en soit, ces hommes et ces femmes ne voient qu’une infime part de moi-même au travers de ce que j’écris ici ou ailleurs. Et ce, même si j’y publie quotidiennement des textes. Il y a peut-être trois ou quatre personnes – elles se comptent sur le doigt d’une main – à qui j’ai ouvert davantage qu’aux autres la réalité de mon existence ; qui sont informés du pourquoi et du comment de mes souffrances, de mes peurs, de mes blessures, de mes cauchemars. Mais aussi, de mes joies, de mes fiertés, de mes bonheurs, de mes passions, de mes convictions. Il y a de nombreux aspects personnels que je ne dévoile pas, parce qu’ils sont ancrés au plus profond de mon âme et de mon cœur. Parce qu’ils remuent tant de choses, qu’ils sont liés à tant de faits qui m’ont bouleversé – en bien ou en mal -, qui m’ont fait évoluer, qui m’ont fait voir le monde, les hommes, les femmes, sous des regards que jamais je n’aurai cru possible au sortir de l’enfance.

 

Chacun vit des expériences qui le marquent à jamais. Il peut en tirer du positif ou du négatif ; et souvent un peu des deux, en fait. Il y a toujours plus malheureux ou plus heureux que soi.

 

Il y a des personnes qui sont marqués par la maladie, par le handicap – j’y appartiens, comme vous le savez pour ceux et celles qui me connaissent bien, ou depuis longtemps. Il y a des personnes qui sont marqués par la faim, la pauvreté, la solitude – j’en ai fais parti à une époque. Il y a des personnes qui n’ont pas toujours la force de franchir leurs propres difficultés – là encore, je suis rattaché à cette catégorie. Il y a des personnes qui vivent dans des zones de guerre, qui sont maltraités, humiliés, torturés, soumis à la plus ignominieuse des violences. Je pourrais poursuivre cette liste longtemps.

 

A coté de cela, il y a des personnes qui ont le privilège d’être en bonne santé, qui ne sont pas dotées de handicap. Qui ont un travail qui leur plaît, une famille, des revenus leur permettant de vivre correctement ; même si de temps en temps, tout n’est pas facile. Des personnes qui appartiennent à l’immense majorité – en tout cas, dans des pays « riches » comme la France. Ce sont elles, le plus souvent, qui appartiennent à cette catégorie qui juge et condamne, qui regarde de haut, avec mépris, avec violence parfois, ceux qui ne leur ressemblent pas.

 

Ce sont ces gens qui, sur des réseaux sociaux comme celui-ci, parcourent en biais des textes comme ceux que je produis régulièrement. Puis qui, ensuite, se font une idée de ce qu’est la vie de gens comme moi, selon leur bref et éphémère perception de la réalité. Ce sont eux qui postent, ici ou ailleurs, des vidéos, des images, des extraits d’articles, des citations, élaborés par d’autres, pour « marquer le coup » en fonction de leur humeur et de leurs centres d’intérêts.

 

Ce sont eux, aussi, qui s’enorgueillissent, qui sont vaniteux, vindicatifs, qui se regardent le nombril en considérant que ce qu’ils sont, que ce qu’ils pensent, que ce qu’ils vivent, vaut mille fois mieux que l’existence d’autrui. Qui se permettent d’expliquer ce qui est bien ou ce qui est mal, ce qui est important ou ce qui ne l’est pas, quelles sont les valeurs auxquelles doit se conformer l’ensemble de la société. Ce sont eux qui repoussent ceux et celles qui sont différents.

 

Alors, avant de juger et de condamner, avant de proférer leurs vérités comme si elles étaient écrites dans le marbre pour l’Éternité, qu’ils observent les choses au-delà de leur confort et de ce qu’ils sont. Qu’ils s’ouvrent à la diversité ; qu’ils soient cieux de ce qu’ils ne connaissent pas ; des gens qui n’ont pas les mêmes ambitions, les mêmes rêves, les mêmes personnalités, les mêmes possibilités, les mêmes capacités qu’eux.

 

Et, plus que tout le reste, en ce qui me concerne, je leur enjoint de s’exercer à écrire sept heures par jour, sauf le Dimanche, chaque semaine, chaque mois, chaque année, des années durant, comme je m’y emploie. Et ils se rendront compte que ce n’est pas si aisé que cela de rédiger des textes personnels, des articles, des nouvelles, des poèmes, des romans, des exposés, et de prêter volontairement le flanc au jugement – bon ou mauvais – d’autrui...

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