Ailleurs :

Je rêve d'un ailleurs qui n'existe que dans mon imagination. Cet ailleurs transcende mon cœur et mon âme au-delà de toutes proportions.

Il me grandit, il m'enrichit, il me permet de voyager aux tréfonds de moi-même. Il autorise à mon inconscient de se révéler au reste du monde. Il défie les certitudes gravées dans le marbre par certains et certaines. Il dépasse les clivages et les idolâtries perfides. Il réveille mon conscience ; il me donne envie de me questionner sur ce qui est et ce qui n'est pas. Il souscrit à mon désir de m'interroger sur hier, aujourd'hui, ou demain.

Cet ailleurs se dresse contre une réalité morne et insipide qui n'a, à mes yeux, aucune saveur. Car elle glorifie la violence, la bêtise, l'ignorance, ou la cupidité. Je leur préfère mille fois cette ultime frontière derrière laquelle se cache un autre univers. Un univers aux possibilités infinies, aux espoirs inédits, aux richesses intellectuelles et spirituelles éternelles.

C'est cet ailleurs qui me détermine et me définis. Pas cette norme où chacun ressemble à son voisin, pense comme son voisin, croit comme son voisin, a les mêmes aspirations et les mêmes desseins que son voisin. Pas ce précepte qui veut que chacun nait, vit, et meurt enchainé à des satisfactions éphémères, à des convictions ineptes ou aberrantes ; qui nous transforment en dégénérés imbéciles et heureux de le demeurer.

Alors, tant pis si je suis honni. Tant pis si je suis malmené, chassé ou moqué. Tant pis si je n'appartiens pas à cette multitude décadente. Tant pis si je vis retiré, si je suis isolé. Car cet ailleurs est présent en moi depuis plus longtemps que nul ne peut le supposer.

Il me transporte plus loin que nul n'osera jamais aller. Il me conduit sur des routes jamais empruntées. Il est plus substantiel que tous les trésors, que toutes les pierres précieuses, que tous les ors de cette Terre. Et pour l'ensemble de ces raisons, et pour toutes celles que je vous révèle pas, cet ailleurs dont je rêve est aussi réel que vous et moi. En tout cas, il l'est bien davantage que ces idéaux ayant disparu de vos cœurs, de vos consciences, et de vos âmes autrefois...