De Deiteus Mythica, pages 763 à 764 / 1804 :

Egalement en 850, le duc de Bretagne Nominoë affirme son indépendance vis à vis du royaume Franc de Charles le Chauve ; tandis que Robert le Fort – un abbé laïque de Marmoutier – est nommé « missus dominicus » de Charles le Chauve ; et qu’en 855, le frère de Charles le Chauve, Lothaire I^er, crée la Lotharingie. Tandis que son royaume s’étend de la Mer du Nord aux Alpes, et entre la Meuse, l’Escaut, et le Rhin. D’un autre coté, il modèle pour son fils Charles le royaume de Provence.

L’Empereur demeure, mais l’Empire est mort. Mais les premières lignes de l’Europe à venir se dessinent. Car, quand Lothaire meurt, le 29 Septembre 855, son royaume est, à son tour, partagé entre ses trois fils : cinq royaumes occupent désormais les ruines de l’Empire de Charlemagne. L’aîné de Lothaire, Louis, avec l’Italie, hérite du titre impérial. Entouré de souvenirs romains, celui-ci se présente comme l’héritier des anciens Empereurs. De son coté, Baudouin Bras de Fer de Flandres, enlève et épouse Judith, la fille de Charles le Chauve, en 862. Et celui-ci consent alors à créer pour lui le comté de Flandres, où Baudouin se met à régner sous le nom de Baudouin I^er, et où il fonde Bruges.

Puis, en 866, lors de la bataille de Bissarthe, les Francs de Charles le Chauve vainquent les Vikings pour la première fois depuis que ceux-ci se sont introduits dans son royaume. Hastings, le roi Viking, se retire, mais le chef Franc Robert le Fort et tué lors de l’affrontement.

Des rois Francs, Charles « le Chauve » est maintenant le plus puissant. En 870, par le traité de Meersen – après la mort du roi de Lotharingie Lothaire II -, il se partage ce territoire avec Louis le Germanique. Grâce à l’appui du pape Jean VIII, il est proclamé Empereur et couronné à Rome, le 25 Décembre 875. Puis, inquiet de l’avancée musulmane sur ses territoires, le pape l’appelle à l’aide. Et celui-ci gagne l’Italie en 877.

Minés par les successions, assaillis par les Normands qui les harcèlent de toutes parts, les royaumes Francs doivent, en outre, compter avec les révoltes qui se succèdent en Francie occidentale. Pour gouverner, les fils de Louis le Pieux s’appuient sur des groupes de guerriers privés, les « vassaux » - ou « fidèles » -, payés à l’aide de biens fonciers – « le bénéfice » -. Très vite, leur souci majeur est de ne pas les mécontenter. Peu à peu, la faiblesse des rois accroît en effet les appétits de cette « aristocratie ». Le roi perd progressivement le contrôle de ses comtes, ses représentants dans le royaume et éprouve de plus en plus de difficultés à imposer son autorité.

La vassalité devient de ce fait héréditaire. Le roi n’a donc plus la possibilité de reprendre un bénéfice à la mort de son vassal. Une nouvelle morale politique se développe, fondée sur l’idée de contrat : en échange de sa fidélité, le comte s’estime libre possesseur de sa charge.

Et, en Novembre 877, par le capitulaire de Quierzy, Charles le Chauve admet officiellement que, tout seigneur ayant à son service des hommes lui prêtant aide et conseils se doit de les récompenser par l’octroi d’un bénéfice – ou « bénéficium ». Ce don est généralement une terre accordée en usufruit. Et à la mort du bénéficiaire, elle retourne au seigneur. Le capitulaire de Quierzy décide aussi que les fils de comtes ou de vassaux directs, relèvent la charge de leur père défunt.

Ainsi, se constituent les comtés, des « lignages » stables. Le terme de « bénéficium » est, par ailleurs, progressivement remplacé par celui de « féodum » ; ou fief. Et ainsi, se trouvent posées les conditions d’un pouvoir de type nouveau, qui domine peu à peu partout sur le territoire.

A cette date également, Hincmar de Reims domine de sa personnalité le royaume de Francie occidentale. Préoccupé de la vie religieuse des fidèles, il pourchasse l’hétérodoxie. Il défend les droits de l’Eglise de Reims et fait reconnaître le privilège de celle-ci à sacrer les rois.

Fidèle conseiller de Charles le Chauve, il écrit à son intention un « Miroir du Prince », prend la tète de la résistance à l’invasion de la Francie occidentale par Louis le Germanique, et exerce une véritable régence. Dans ses écrits, il défend ensuite les droits de la descendance royale, et ne cesse de proposer un retour à « l’époque idéale » de Charlemagne.

D’autre part, c’est à partir de ce moment là que les enluminures décorant les manuscrits enrichissent l’apport des textes juridiques ou législatifs. Le psautier – recueil de psaumes de David – est la partie de la Bible la plus diffusée et la plus connue. Abondamment utilisée dans la liturgie, ce recueil sert aussi à apprendre à lire.

Certains aristocrates possèdent leur propre psautier. La plupart sont décorés de miniatures et deux thèmes sont abondamment illustrés : les travaux de la terre et la guerre. Le psautier montre alors la succession des activités paysannes – labours, semailles, taille de la vigne, moissons, vendanges -, indique les techniques en usage – araire, faucille pour la moisson – et évoque le paysage – vignes grimpantes -.

Traitant de la guerre, il présente une panoplie de combat complète. Certaines armes – francisques – et certains aspects de la tactique militaire – chevaux montés sans étrier, cavaliers peu protégés – évoquent une situation difficile. En revanche, les soins apportés à la fabrication de l’énorme épée sont souvent montrés.

Fin 877, Charles le Chauve tombe malade en franchissant le Mont-Cenis ; et il meurt bientôt dans un village de Maurienne.

Puis, en 878, les Normands, chassés d’Angleterre, pillent le Nord de la France. Un an plus tard, Louis le Bègue part combattre le comte Bernard de Gothie en Septimanie, car celui-ci a refusé de le reconnaître en tant que suzerain. Mais, il meurt au cours de la campagne. Et dès lors, Louis III et Carloman lui succèdent ; tandis que quelques mois plus tard, le fils posthume de Louis le Bègue – Charles le Simple – vient au monde.

A suivre, si ce texte vous intéresse..