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Mes Univers
7 mai 2017

De Deiteus Mythica, pages 778 à 780 / 1804 :

X1Au Maghreb, la da’i gagne le soutien d’une tribu berbère, les Kutama, en entretenant le mystère autour de la personne d’Ubayd Allah. Il établit une subtile distinction entre l’imam permanent « occulté », ou Ismail, disparu depuis 760, et l’imam « dépositaire » - Ubayd Allah -, qui a été investi par le précédent, et dont il est à la fois le « Voile », la « Représentation » et la « Parole dans le Siècle ».

 

Grâce aux Kutama, le da’i conquiert l’Ifriqiya. En 909, il en chasse les Ahrabides, qui y règnent depuis l’an 800 : la dynastie des Fatimides – du nom de la fille du Prophète – voit le jour.

 

Ubayd Allah al-Mahdi, qui s’est caché à Sidjilmasa, dans le Tafilalet – au Sahara Marocain -, réapparaît en 910 et se fait nommer calife à Kairouan. Puis, il étend sa domination de la Tripolitaine aux confins du royaume des Idrissides, au Maroc, fondé en 788. Afin de repartir à la reconquête de la Sicile, il construit une flotte. Ses corsaires attaquent et pillent successivement les cotes d’Italie, de Provence, de Corse et de Sardaigne, avant d’occuper Gènes.

 

Une fois son pouvoir consolidé, Ubayd Allah fonde Mahdia, à mi-chemin de Susa et de Sfax, à la fois nouvelle capitale et place forte, et s’y installe en 921. Ensuite il tente, sans succès, de conquérir l’Egypte. Son rêve n’est réalisé qu’en 969, par le quatrième calife Fatimide, al-Mu’izz.

 

En Egypte, le pouvoir est assumé depuis 946 par un eunuque abyssin, Kafur, tuteur des enfants de Muhammad ibn Turhdj. Hédoniste et mécène, Kafur attire à la cour poètes et musiciens. Mais il laisse à sa mort, en 968, un pays désorganisé et très affaibli par la famine.

 

Mu’izz li-Din-Allah, dit « le Glorificateur de la religion de Dieu », lui, monte sur le trône d’Arabie en 953. Il reprend aussitôt le rêve oriental d’Ubayd, la fertile vallée du Nil étant désormais devenue une proie facile. En 969, al-Mu’izz dépêche donc son meilleur général, le Sicilien Abou Hassan Jawar, qui ne rencontre aucune résistance. L’ordre est rétabli et le calife fonde une nouvelle capitale, qu’il souhaite appeler Mansuriyah – ou « la Victorieuse ». Or, à la cérémonie de fondation, un corbeau apparaît inopinément à l’heure de l’ascendant de la planète Mars, Qahir al-Falak ; enclin au mysticisme et croyant à l’astrologie comme tous les Fatimides, al-Mu’izz voit un signe positif du ciel. Et lorsqu’en 973 il s’installe dans sa capitale, construite dans un temps record de deux ans, il la baptise du nom d’al-Qahira – ou le Caire, « la Triomphante » -.

 

Parmi les monuments érigés à cette date, la mosquée d’al-Azhar – ou « la Splendide » - devient une des premières universités Arabes. Elle demeure pour longtemps le centre théologique le plus prestigieux du monde Musulman. Les bibliothèques du Caire, riches de manuscrits précieux, attirent les savants les plus réputés : le physicien Ibn Haitham fait un long séjour dans la ville ; il donne le premier une formule concrète sur les lois de l’optique. L’astronome Ibn Yunus y établit ses « Tables hakimites », du nom du calife Al-Hakim ; ces dernières sont à la base des calculs qui divisent l’année en 365 jours, 5 heures, 49 minutes et 16 secondes.

 

Al-Biruni, astronome, mathématicien et médecin, est l’une des autres figures les plus emblématiques de la science arabe. Il est en effet l’inventeur de l’astrolabe – instrument de navigation servant à déterminer la hauteur des astres au-dessus de l’horizon -.

 

D’autres encore, adoptent le zéro – ou « As-Sifr », « le vide » - en même temps que les neuf signes numériques, de 1 à 9. C’est le moine Gerbert d’Aurillac, en mission en Orient, qui découvre les chiffres arabes et les introduit en Occident.

 

Dans le domaine littéraire, les souverains Fatimides se penchent sur le passé pré-islamique de l’Egypte et encouragent la tradition populaire du conte. Véritable creuset de diverses traditions – romaine, copte, maghrébine – l’Egypte Fatimide engendre un art composite original qui, à son tour, influence l’Orient, le Maghreb et l’Andalousie. Ibn Sina, ou Avicenne – qui influence fortement la pensée philosophique orientale, puis occidentale – en est le meilleur exemple.

 

Ce dernier commence en effet sa vie de cour après avoir guéri le prince de Boukhara, puis il est nommé vizir du sultan buwayhide Chams al-Dawla, à Hamadhan. Après la mort de ce dernier, il passe au service du Kurde Ala al-Dawla, à Ispahan. Puis, de retour à Hamadhan, après avoir été incarcéré à Fardajan, et sentant ses forces décliner, il fait tapisser sa chambre d’étoffes blanches et récite le Coran qu’il connaît par cœur, en attendant la mort.

 

De leur coté, les Ismaéliens, appelés aussi « duo-décimains », reconnaissent sept imams, à partir d’Ali et ses deux fils, Hasan et Husayn. Le dernier imam, Ismail, le fils de Djaafar, disparaît, à l’age de sept ans, dans les souterrains de Samarra. Imam « occulté », il demeure mystérieusement présent parmi les fidèles et va réapparaître comme « Mahdi », ou « Guide Suprême », à la fin des temps, pour restaurer la justice dans le monde.

 

Le Chiisme Ismaélien donne bientôt naissance à plusieurs sectes auxquelles appartiennent notamment les Qarmates, en Orient, et les Fatimides au Maghreb et en Egypte.

 

Mais, bientôt, à l’Ouest, l’agitation est intense. En effet, de religion chiite, et donc opposée aux sunnites, al-Mu’izz fait bientôt du Caire le siège d’un Califat ismaélien, rival du Califat Abbasside de Bagdad, bastion de l’Islam Sunnite. Il étend son Empire à la Palestine et à la Syrie, et contrôle les lieux Saints d’Orient : la Mecque, Médine et Jérusalem. Son règne, et celui de son successeur, al-Azziz – 975 – 996 -, se caractérisent par leur tolérance à l’égard des Chrétiens et des Juifs : on construit des églises et des monastères coptes, on protège les synagogues. La nomination de chrétiens et de juifs à des postes de vizirs et de hauts fonctionnaires permet une large ouverture d’esprit en même temps qu’elle écarte du pouvoir les sunnites, demeurés majoritaires dans la population égyptienne.

 

Lorsqu’il part pour l’Egypte, le calife al-Mu’izz confie la gestion du Maghreb à un Berbère, Bulukkin ibn Ziri. Simple gouverneur en théorie, ce dernier ne tarde pas à se comporter en vice-roi, fondant sa propre dynastie, celle des Zirides et déplaçant la capitale de Kairouan à Mansuriyah. Son fils, Bulukkin al-Mansour affiche un peu plus son indépendance tout en maintenant les liens avec les Fatimides, qui conservent encore des moyens de pression. Finalement, c’est son petit-fils, al-Mu’izz, qui rompt définitivement avec le Caire et renoue avec Bagdad. Sous prétexte de parfaire l’arabisation du Maghreb – mais en réalité pour se venger -, le calife Fatimide a-Mustansir y envoie deux tribus turbulentes originaires d’Arabie. Au total, ce sont quelque 200 000 nomades qui déferlent sur le pays, ruinant les pouvoirs organisés et se taillant des principautés ; à leur suite, les Seldjoukides, descendent des steppes de l’Asie centrale et en font de même.

 

Mais tout change avec le sixième calife, Al-Hakim – 996 – 1021 -, qui se distingue par son comportement extravaguant et énigmatique, tour à tour cruel et ascétique, fanatique et généreux. En 1017, sur les conseils d’un de ses fidèles, al-Durzi, il se proclame Dieu. Toutefois, il disparaît peu après, le plus mystérieusement du monde : un matin, on ne retrouve que ses vêtements ensanglantés au pied de la colline du Mokattam, où il a coutume d’interroger les astres. Al-Durzi est alors obligé de fuir et trouve refuge en Syrie, où il donne son nom à une nouvelle secte, les Druzes, dont la doctrine s’appuie sur l’Esotérisme et la Métempsycose.

 

A la même époque, à Bagdad, le sultan Buwayhide Baha al-Dawla dépose le calife Abbasside régnant et installe à sa place le jeune al-Qadir, en espérant le maintenir fermement sous son autorité. Mais le jeune garçon prend de l’assurance et tente de lutter contre les multiples sectes. En 1019, il fait lire solennellement la profession de foi officielle des Musulmans et ferme ainsi la « porte de l’ijtihad » - ou « effort de recherche personnel » -. Sa décision entraîne, pour longtemps, le déclin des sciences dans le monde Islamique.

 

A suivre, si ce texte vous intéresse..

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