Brèves Philosophiques, pages 112 à 113 ; Le Diktat de la mode, seconde partie :

L'âme, le cœur, sont aussi importants – voire plus importants – que ses attributs charismatiques. Car ce sont eux qui restent lorsque la jeunesse et l'esthétisme se fanent ; ce qui advient inévitablement à un moment ou à un autre. Et même s'il y en a qui essayent de retarder au maximum cette inéluctabilité.

D'ailleurs, en y réfléchissant, celles qui emploient ce genre d’artifice – et quelquefois, alors que les ravages du temps n'ont pas encore débuté – sont plus à plaindre qu'à envier. C'est qu'elles n'ont pas confiance en elles et en ce que la nature leur a offert.

Moi qui ai le visage en partie couturé de cicatrices à cause de la tâche de vin avec laquelle je suis né, j'ai usé à plusieurs reprises de chirurgie esthétique et reconstructrice. Et le résultat est loin d'être parfait. J'aurai encore des possibilités d'améliorer les choses.

Mais à quoi bon ? Ce qui importe, c'est la personne que je suis, ce qui brûle au fond de mon cœur et de mon âme. C'est ce que je suis, ce que je sais, ce que je fais, ce que je partage ; ce sont mes passions, mes rêves, mes ambitions, les épreuves que j'ai surmonté et qui ont forgé ma personnalité au fil des années. Ceux et celles qui ne voient que l'apparence qui est la mienne ne valent pas la peine que je m’intéresse à eux. C'est qu'ils sont superficiels, sans profondeur, insipides.

Certes, j'aime les femmes que je trouve belles, attirantes, désirables d'aspect. Je ne le nie pas. Je suis un homme après tout. Et découvrir le corps d'une femme que je trouve séduisante, est ce à quoi j'aspire continuellement. C'est ma quête, c'est mon rêve. Et je serai capable de renverser des montagnes, de traverser des déserts, d'affronter les mille démons de l'Enfer pour atteindre ce but.

Malgré tout, si elle dénuée de personnalité, si elle prend des airs supérieurs parce qu'elle se sait le centre de toutes les attentions masculines ; si elle en joue, et qu'au-delà, il n'y a rien à découvrir, à explorer intérieurement, elle est, pour moi, sans saveur. Juste un joli jouet que d'autres hommes s'empresseront de mettre dans leur lit pour profiter d'elle ; mais pas moi. Pour moi, elle n'aura aucun attrait, et je me détournerai sans regret d'elle, laissant volontiers ma place à tous ces Adonis désirant briller, voulant accrocher un nouveau trophée à leur tableau de chasse.

La beauté prend de nombreuses formes ; elles sont aussi variées et diverses qu'il y a de femmes sur cette Terre. Chacune a ses particularités, ses attributs, ses attraits. Toutefois, jamais je ne céderai à la facilité. Jamais je ne dirai à une femme que je la trouve belle, charmante, sensuelle, désirable, si je ne le pense pas.

Je tenterai de la conquérir avec les moyens qui sont à ma disposition. Maladroitement, le plus souvent, j'en conviens. Timidement parfois, parce que justement, ce qu'elle dégagera m'impressionnera et suscitera de fortes émotions en moi, des passions exacerbées que j'aurai du mal à contrôler. Je préférerai souvent la fuir, qu'elle ne pénètre pas ma réalité pour que je n'ai pas à souffrir de ce qu'elle réveille en moi. Mais elle restera le but ultime à frôler, à toucher, si elle ose s'aventurer dans ma direction ; et briser la carapace dans laquelle je me suis emmuré. Et, en tout état de cause, qu'elle accepte ou refuse les sentiments qu'elle provoquera, les émois qu'elle attisera, je serai toujours franc, sincère, avec elle. Elle sera ma passion, ma déesse, mon ange, ma perfection faite femme…

Et cela, aucun critère, aucun diktat, aucun top-model, aucune affiche ou spot publicitaire modelé dont on a effacé les imperfections, ne le remplacera…