Brèves Philosophiques, pages 120 à 122 ; les Paradoxes du Phénomène Religieux, première partie :

Beaucoup de Croyants – toutes Religions confondues – prétendent que leur Église est « Amour ». Ils soulignent que leurs Dogmes et leurs préceptes sont basés sur le partage, la conviction que le chemin qui les conduisent vers Dieu est destiné à révéler ce qu'ils ont de meilleur en eux. Ils soulignent que les Textes Sacrés sur lesquels ils s'appuient contiennent toutes les « vérités » nécessaires à l'épanouissement spirituel de l'Homme. Ils condamnent la matérialisme, l'amour charnel, l'individualisme, le bonheur personnel. Ils sont viscéralement persuadés qu'un avenir meilleur les attend dans « l'autre monde » ; et qu'ils renaîtront à la vie pour l'Éternité le jour du Jugement Dernier. Ils présument que les prières au Tout Puissant sont systématiquement entendues par Lui ; et qu'il les exaucera. Et que, plus ils lui sont soumis, déférent, plus le Seigneur leur accordera ses bienfaits. Enfin, lorsque des malheurs surviennent dans leur existence – maladie, pauvreté, chômage, mort, désastres naturels, guerres, etc. -, à leurs yeux, c'est toujours de la faute de l'Homme ; et plus particulièrement de la faute de ceux et de celles qui ne croient pas exactement de la même manière qu'eux.

C'est tellement simple, c'est tellement facile, de décrier l'Homme, de faire de lui le porteur de tous les maux de la Terre. Cette attitude permet aux Croyants de se dédouaner des erreurs, des fautes, des égarements, dont ils sont les propagateurs.

Evidemment, les Religions sont, depuis toujours, dotées des meilleures intentions : la protection du plus faible, la solidarité envers les pauvres et les affligés, l'espoir de révéler ce qu'il y a de meilleur en chacun de nous. Par contre, dès que certains et certaines ne suivent pas leurs Enseignements, ils sont considérés comme des âme damnées, vouées aux flammes de l'Enfer. Ils brandissent leurs Bibles, leurs Corans, leurs Torah, ou autre, comme des boucliers contre les fléaux qui ravagent le monde ; et ce, depuis l'Aube de l'Humanité.

Or, depuis le temps, il est évident que si l'Homme avait dû emprunter le chemin que ces Croyants expriment comme étant la Vérité incontestable de Dieu, il y a des siècles qu'il aurait commencé à le suivre. Néanmoins, l'Homme n'a pas évolué dans ce sens... uniquement parce que tel n'est le but de son passage sur Terre.

Si Dieu existe, ce qui est loin d'être prouvé, quoiqu'ils en disent, telle n'est certainement pas son intention. Si Dieu existe, il se serait manifesté depuis longtemps par d'autres intermédiaires que des Textes Sacrés ou des Dogmes élaborés il y des siècles ou des millénaires de cela. Si Dieu existe, il aurait modifié Ses jugements envers l'Humanité, sa façon de propager Sa parole, en fonction des époques que celle-ci a traversé.

Mais, que constate t-on ? Les Révélations, les Doctrines, n'ont pas évoluées depuis qu'elles ont été rédigées ; qui plus est, par des hommes se disant « Prophètes », avec des mots d'hommes, des vérités aux consonances humaines, et à destination des hommes. Si Dieu existe, il aurait, c'est évident, utilisé un langage universel et équivalent à toutes les populations du monde. Ses Prophètes, qu'ils se nomment Moïse, Jésus, Mahomet, etc., lui auraient tous donné le même nom ; ils auraient tous évoqué les mêmes Vérités ; il n'y aurait eu aucune différence dans leurs Enseignements, quelle que soit la période, le lieu, les traditions, la société, etc. dont ils étaient originaires.

Ce qui prouve bien, si c'était nécessaire, que Dieu n'est qu'une personnification d'un idéal de société ; différent en fonction de Ses « Prophètes » ; si tant est qu'ils en soient – je les vois davantage comme des mystiques ayant leur propre conception de ce que devrait être l'être humain. Dieu est différent, aussi, en fonction des peuples, des régions du monde, du mode de civilisation, des traditions locales, etc.