Brèves Philosophiques, pages 153 à 154 ; La Grande Menace, quatrième partie :

De ce fragment de mon parcours, j'en ai tiré un enseignement essentiel : la peur vient de l'ignorance. L'ignorance est issue de la méconnaissance de la myriade de formes que la réalité peut avoir.

Souvent, j'expose des relations philosophiques ou théologiques, scientifiques ou conceptuelles. Là, c'en est un aspect éminemment concret. Apprendre l'Histoire permet d'analyser et de rattacher des éléments qui ne paraissent pas évidents à lier les uns aux autres au premier abord. C'est une source inépuisable, incalculable, de renseignements sur notre passé ; mais aussi sur le pourquoi et le comment de situations telles que celles auxquelles nous sommes confronté avec Daesh. Et comprendre, cela amoindrit la peur. Elle ne la fait pas disparaître totalement. Mais elle l'amoindrit. Et sont dès lors autorisés des points de vue extrêmement développés prenant en compte l'ensemble des pièces de ce gigantesque puzzle.

C'est pour cette raison également que j'ai rédigé cette tribune. Les passions exacerbées suscitées par les différents épisodes de cette Troisième Guerre Mondiale sont inutiles et contre-productives. Elles sont compréhensibles, puisqu'il s'agit là de réactions humaines. D'autant qu'elles sont exprimées « à chaud », dans la foulée immédiate de ces meurtres de masse ignominieux et vils.

Toutefois, il n'en ressort rien de bon, si ce n'est aggraver davantage encore une situation déjà éminemment sensible. De plus, c'est donner raison à ceux et celles qui veulent nous épouvanter. Nous leur envoyons ce message : « Allez y, continuez. Poursuivez votre œuvre de destruction et de mort. Regardez comment nous réagissons, comment nous nous comportons à chaque fois que vous nous attaquez. Nous devenons aussi barbares, aussi haineux, aussi violents, aussi vindicatifs que vous. Regardez de quelle manière nous vous donnons des raisons de nous mépriser et de nous détester. ».

Ce n'est pas pour autant malgré tout qu'il ne faut rien faire ; qu'il faut tolérer cet engrenage perfide, cruel et impitoyable. Ce n'est pas pour autant qu'il faut accepter que des innocents paient le prix du sang.

Or, le véritable combat , ce n'est pas en Occident qu'il faut le mener. Fermer les frontières, refuser les étrangers, ou les stigmatiser, est davantage un aveu de faiblesse et d'impuissance. Stigmatiser les musulmans dans leur ensemble, comme certains et certaines ont tendance à le faire, ne profite qu'à Daesh ou partis extrémistes européens. Le véritable combat à mener est en Syrie et en Irak, en Libye ou au Mali ; là où des antennes de cette organisation aux visées expansionnistes et totalitaires à des antennes.

Tant que l'Occident ne voudra pas s'engager frontalement avec cet ennemi, les attentats continueront de se multiplier sur le sol européen. Tant qu'une coalition ayant la puissance de feu et les troupes nécessaires pour éradiquer définitivement ces criminels, ils ne cesseront pas de nous harceler. Tant que les gouvernements occidentaux n'auront pas véritablement pris conscience du danger qui se développe à une vitesse hallucinante à nos portes – il ne faut pas oublier que l’État Islamique, sous sa forme actuelle, n'a que deux ans d'existence -, les habitants de nos territoires continueront de périr dans des attentats ; des dizaines de morts succomberont aux quatre coins du continent.

A suivre...