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Mes Univers
1 août 2017

Un homme, un fils :

X1Parfois, j'aimerai écrire ce que j'ai sur le cœur, mais je ne le peut pas. Ce n'est pas une question de savoir manier la langue française ou non. Ce n'est pas, non plus, une question de savoir exprimer ce que je ressens. C'est uniquement le fait que ce sont des choses qui remontent tellement, qui sont tellement profondément enfouie au fond de mon âme, de mon cœur, et de mon corps, qui me brisent, qui me détruisent, qui mettent tellement mes chairs à vif, qu'elles en sont presque impossibles à décrire ou à détailler.

Aujourd'hui, je pleure. Je pleure parce que ma maman est retournée chez elle après une semaine de vacances passée chez moi. J'ai été heureux de son séjour. Celui-ci n'a pas forcément été des plus calmes et des plus reposants, j'en conviens. Ma cohabitation avec elle est parfois dure - c'est la même chose quand je vais séjourner chez elle à peu près deux fois par an. C'est ainsi.

Je ne suis pas exempt de fautes, c'est un fait. Je suis parfois maladroit. J'ai un besoin irrépressible de souplesse ; au niveau du temps, au niveau de la façon de se comporter à mon égard. Je me froisse facilement, et en particulier sur certains sujets, ou dans certains domaines. Je ressens les choses avec une extrême sensibilité ; exacerbée. Je ne suis pas toujours d'accord avec mes proches, et je n'hésite pas à en faire état. On me le reproche d'ailleurs assez. Comme s'il s'agissait là d'un manque de respect à leur égard, ou si le "privilège de l'age" devait dominer tout le reste. Souvent, d'ailleurs, lorsque je suis mécontent et que je me mets en colère, ceci est mal vu. Comme un enfant qui faisait sa crise de nerf. Parfois encore, c'est considéré comme une crise "d'hystérie' là où pour la colère de quelqu'un d'autre serait entendue, acceptée, comprise, intégrée.

Bref, je ne vais pas entrer dans les détails. Cependant, je tiens à dire ceci, parce que ce me semble important. Je suis profondément affligé que ma maman soit partie. J'aime quand elle est chez moi. J'apprécie plus que tout au monde les moments de complicité, de dialogues, d'échanges, que nous avons ensemble. Ces moments privilégiés Où nous dialoguons sur les sujets où nous nous rejoignons, ou nous avons des points communs. A mes yeux, ils sont précieux, irremplaçables. Ils valent tous les trésors du monde, et je ne les échangerai pour rien.

Hélas, plus les années s'écoulent, plus ma maman devient intolérante vis à vis de mes épreuves personnelles. "C'est ton problème, pas le mien", ne cesse t'elle de me seriner. Elle ne voit qu'au travers de ses préoccupations personnelles. En sa présence, l'emploi du temps est presque chronométré. Il n'y a pas de place pour prendre le temps. Enfin, lorsque je suis concerné par son emploi du temps. Quand c'est le sien et qu'il s'agit de ses préoccupations, là, elle est plus large avec les horaires. Mème si à son tour, c'est elle qui exagère. Mais là, c'est normal. On ne peut, on ne doit, pas lui en faire le reproche. Après tout, c'est non seulement son plaisir, mais, en plus, comme le revendique ma grand-mère vis-à-vis d'elle, ou vis-à-vis du reste de notre famille - et moi en premier lieu -, elle a le privilège de l'age.

Celui-ci excuse tout. Moi, je dois me taire et acquiescer, y compris quand elle est chez moi. Elle me dit qu'elle s'adapte à mon rythme de vie, qu'elle fait un effort parce que nous n'avons pas les mêmes modes de vie. C'est vrai. Mais c'est identique dans chaque famille. En fonction des générations présentes sous le même toit, les personnes s'adaptent les unes aux autres du mieux qu'elles le peuvent. Ce n'est pas toujours aisé. Ce n'est pas toujours évident. Je ne suis pas différent des autres de ce point de vue là. Ni le plus malheureux. Ne vous y trompez pas.

Et c'est là justement mon propos. Ce n'est pas parce que nous ne sommes pas toujours d'accord, que nos modes d'existences ne coïncident pas toujours, qu'ils doivent être un frein à ce que nous échangeons les uns avec les autres. Les reproches que nous nous lançons à un moment donné, les dissensions, ne sont qu'éphémères. Et si sur le moment nous en sommes naturellement affligés, blessés, effrayés, ce n'est que passager. Ce n'est pas la première fois, ce n'est pas la dernière fois. La vie est ainsi faite. Les rapports humains en sont constellés. Ce sont parfois des rires, ce sont parfois des larmes ; parfois des joies, parfois des peines ; parfois des accords, parfois des désaccords, etc.

Nous sommes tous différents, et c'est ce qui fais notre richesse. C'est ce qui fait l'intensité de nos échanges, la passion que nous y mettons, la part de nous mêmes que nous y montrons. Sinon, à quoi bon ? Si c'est pour faire semblant d’être quelqu'un d'autre pour paire plaisir, parce qu'ainsi, nous ne heurtons personne, parce que ça fait bien sur la photo, c'est comme si on nous demandait de mourir un petit peu à chaque fois dans ce genre de circonstances. Si ce doit être un rapport de force continuel, que le respect doit être teinté de soumission, c'est un peu comme dire à quelqu'un qu'il ne doit plus exister. C'est se laisser dévorer sa vie pour contenter sa famille.

Et là, je ne suis plus d'accord. Il est trop facile de prendre chez quelqu'un ce qui plait parce que c'est en accord avec ce qu'on en attend, puis rejeter, cacher, ce qui nous en gène, ce qui nous en dérange. Malheureusement, c'est souvent ainsi que je dois me plier lorsque je suis en désaccord avec les miens. C'est d'autant plus frustrant que parmi plusieurs femmes, je suis le seul homme.

Ce matin, une fulgurance à ce sujet m'a d'ailleurs sauté aux yeux. Ma maman a, malheureusement, longtemps été dominée par mon père aujourd'hui décédé. Pour d'innombrables raisons, les blessures de ma maman vis-à-vis de mon père sont nombreuses et profondes. Les épisodes dramatiques, pleins de peut, de souffrance, de violence, etc. sont encore marqué au fer rouge dans sa mémoire... et dans la mienne puisque j'ai assisté à plusieurs d'entre eux. Et je suis convaincu qu'inconsciemment, elle me fait payer par sa façon de se comporter parfois envers moi, ce que mon père lui a fait subir. Elle ne le fait pas exprès, bien entendu. Sa façon de vouloir régenter, sans possibilité de trouver un compromis autre de ce qu'elle a décidé, est sa façon à elle de me dire : "jamais plus un homme, et surtout pas un homme de ma famille, ne me contraindra à quoi que ce soit. Maintenant que mon mari n'est plus là pour me dominer, je fais ce que je veux. Et ce n'est pas toi, mon fils - du sang de ton père - qui m'obligera à adopter une attitude, un point de vue, ou autre, que je n'ai pas choisi. A n'importe quel prix. Y compris si je te blesse régulièrement pour cette raison.".

J'avoue qu'avant ce matin, je n'avais jamais songé à cet aspect des choses. Comme quoi, lorsque j'y pense, je paye aussi ce dont je suis ni coupable ni responsable dans ce qui nous oppose parfois, ma maman et moi. Je suis d'autant plus en état de faiblesse qu'il s'agit de ma maman, qu'elle met en avant le respect de l'age, et que je suis le seul homme de la maisonnée. Comment puis-je lutter ?

Dès lors, je suis celui qui doit acquiescer. Forcément, naturellement. Mes désaccords sont forcément négligeables, puisqu'en état d'infériorité numérique. Mes besoin d'un peu d'indulgence- notamment au niveau des horaires, du fait de mon activité littéraire qui exige que je ne peux pas arrêter mon écrit en cours en claquant des doigts, est quantité négligeable. Seul face à la toute puissance de sa condition, il n'est pas question que je ne m'y soumette pas. Mon père disparu, il est inadmissible à ses yeux qu'un autre homme de notre maisonnée montre qu'il a son mot à dire. "Plus jamais". Il en de mème de la part de ma grand-mère ou de ma sœur. De ce point de vue là, elles font bloc. Toutes unie contre la masculinité familiale que je représente et qui, via mon père, et pour des raisons trop longues et trop complexes à présenter ici, les ont heurté au plus profond d'elles mêmes durant plus de 40 ans.

Je ne suis pas le seul dans ce cas. Je n'en doute pas. Ni le plus malheureux. Il fait bien comprendre que je ne me plains pas au travers de ce texte. Ma maman va dire que "si". Elle va dire que je n'ai pas à étaler tout ceci dans un de mes écrits. J'avoue que je n'ai ni honte ni peur de tout ce que ces expériences de vie m'apportent. Pourquoi devrais-je cacher tout cela de moi ? C'est si sale, si secret ? Est-ce pour autant que je n'ai ni respect ni pudeur ? En ce qui me concerne, j'ai une vue plus ambitieuse de ma pudeur, du respect, de la dignité, etc. qui sont les miennes.

Que l'on me croit ou non - peu importe après tout -, le jour où je n'écrirai plus ici, le jour où je me retrancherai véritablement dans l'ombre et le silence, cela voudra dire que des choses vraiment vitales, essentielles, auront été atteintes en moi. Que ce soit de la part de ma famille ou de la part de quiconque d'autre ici, ailleurs sur le Web, ou dans la vie réelle. Ça a déjà failli se produire à plusieurs reprises depuis que je publie sur Facebook. J'ai quelques fois hésité, été à deux doigts de me retirer définitivement. Et si un jour c'est nécessaire pour une raison ou pour une autre, je n'hésiterai pas un instant.

Je suis quelqu'un d'entier, de franc, de sincère. Je n'ai pas honte d’être l'homme que je suis. Dans toute sa complexité, dans toute sa diversité, avec ses particularités. Avec ses forces et ses faiblesses, avec ses victoires et ses défaites, avec ses bonheurs et ses malheurs, avec ses joies et ses déceptions, etc. Je n'ai pas à en rougir. Je suis un être imparfait, comme quiconque. Mais je ne suis pas le seul dans ce cas. Et si moi je le suis, les gens que j'aime, de ma famille en particulier, n'en sont pas exempts non plus. Et il faut arrêter de me montrer du doigt parce que je suis le seul homme de la famille - en tout cas famille de sang au premier degré. Ce n'est pas parce que j'ai un mode de vie différent, ce n'est pas parce que je suis handicapé, que ma vie est couturée de cicatrices - parfois non refermées -, de blessures - non pansées -, ce n'est pas parce que je suis un homme face à des femmes émancipées" qui ont été blessées par mon père jadis, que je dois en payer le prix.

Pour ceux et celles qui lisent mes "Mémoires" par épisodes via mon blog personnel, ils découvriront tôt ou tard quelles ont été ces épreuves dont je parle. Les autres, qu'ils en pensent ce qu'ils veulent, cela m'est indifférent. Quant à ma maman, une fois de plus, elle va "tout me mettre sur le dos". Je l'ai eu tout à l'heure au téléphone, car elle est arrivée chez elle désormais. Et aucune réflexion, aucune remises en cause de son inflexibilité, de son manque de volonté - de capacité - d'arrondir les angles pour que tout se déroule dans la douceur plutôt que dans le bras de fer.

Sincèrement, je ne pense pas être de mauvaise composition. Je suis quelqu'un d'ouvert, de tolérant. Quand j'affronte des difficultés, je me remets en question en me disant que je suis peut-ètre responsable d'une fraction plus ou moins grande de la situation que j'affronte. Je ne suis pas irrespectueux. Si j'ai des convictions, des prises de position que je défends farouchement, ça ne veut pas dire que je n'essaye pas de me mettre à la place de mon contradicteur pour comprendre son point de vue. Ça ne réussit pas toujours, mais je m'y emploie, en essayant d'être le moins possible dans le jugement et la condamnation. Nul ne peut me contredire sur ce point - pour ceux et celles qui me connaissent depuis assez longtemps pour avoir lu nombre de textes de moi ici ou ailleurs.

Et je le répète encore une fois pour que ce soit bien clair pour tout le monde - y compris ma famille -, je ne me plains pas. J'énonce uniquement des faits, bruts. J"'énonce mon ressenti, tel qu'il est, et tel qu'il sort- peut-être maladroitement, encore une fois ; j'en conviens -, dans le désordre, etc. Mais ils reflètent qui je suis. Et si j'ai des défauts, on ne peut me retirer mes qualités non plus. Tout n'est pas tout blanc ou tout noir chez quelqu'un. C'est vrai pour chacun, c'est vrai également pour moi. Et je commence à être excédé par cette simplification à outrance, par cette facilité à me montrer du doigt parce que je ne correspond pas aux cases dans lesquelles on veut m'emprisonner. Je ne suis pas un jouet que l'on prend quand ça arrange, quand il ressemble à cet enfant "sage", "soumis", "gentil" qui laisse faire "comme on veut" "ce qu'on veut", sans se soucier si ça le touche, si ça le blesse, si ça l'émeut, si ça lui plait, si ça lui convient, etc... ou non.

Tout cela, entre autres, parce que je suis un homme, parce que je suis le fils de ma mère, et qu'en tant que tel, je suis tenu de tout accepter ; parce que je suis censé être redevable à vie, sans broncher, de la magnanimité des femmes de la famille. Parce qu'on brandit devant moi la menace de m'abandonner à mon triste sort puisque je "n'accepte pas" le sort qui m'est dévolu.

Pour terminer, je dirai ceci : ma maman m'a toujours dit que : "quand on veut on peut". Avec l'expérience, j'ai appris que ce n'est pas toujours vrai. Pour ma part, sur certaines choses, je peux changer, évoluer, m'adapter. Sur d'autres non. Ça tient à ma personnalité, à mon vécu, etc. Elle m'a aussi souvent dit qu'on apprend à tout age. Et ça c'est vrai, et oh combien. Mais ce qui est exact pour moi, est aussi exact pour chacun de nous ; y compris elle. Parce que c'est bien de donner des leçons aux autres, mais elles ne valent rien si on ne se les applique pas à soi mème. Je crois que dans tout ce que je viens d'écrire, c'est ça qui me rend le plus triste et le plus malheureux. Cette déconcertante habilité de me désigner en tant que coupable d'être ce que je suis, sans s'appliquer à elle même ce qu'elle me reproche. Ma maman a toujours eu un don à retourner contre celui qui la contredit des arguments qui l'arrangent pour faire oublier ses propres défauts. Ses propres manques de volonté d'arranger la situation si celle-ci n'est pas à son avantage. De renverser la situation pour accuser son accusateur. Vraiment, sur ce plan là, elle est très habile. C'est très déstabilisant, elle le sait, et elle en joue dans la moments où elle se sent acculée, au pied du mur... juste avant de fuit si elle n'est pas capable de parvenir à ses fins.

Je connais assez bien ma maman pour la jauger. Et une fois encore, il ne s'agit là ni d'une critique, ni d'une mise en accusation./ Telle que je la connais, si elle lit ces mots, elle va m’invectiver, trouver tous les arguments afin de retourner tout ce que je viens d'écrire à son profit, et m'en faire porter le poids. Jamais elle ne réfléchira au sens profond du message qui y est : "Si je ne suis pas exempt de défauts, de faiblesses, de contradictions, de maladresses, d'aptitudes à blesser, etc. toi non plus. Et avant de me montrer du doigt, réfléchis à ce que toi tu peux faire pour améliorer les choses. Moi, je réfléchis à ce que je peux faire également pour améliorer les choses.".

Qui plus est, en sachant que depuis quelques mois, et pour des raisons toutes personnelles qui relèvent, là, de mon intimité, de ma pudeur, etc. -, ces derniers mois j'ai fais énormément d'efforts pour évoluer afin de prendre en compte les incapacités d'une personne proche. J'ai partiellement suivi ce chemin. Je continue d'ailleurs. Ce qui prouve bien que je n'y suis pas hermétique, contrairement à ce que ma maman s'imagine. Mais dont elle ne tient pas compte parce que ça ne va pas dans son sens.

Voila. Finalement, ce que je croyais impossible au départ de ce texte, j'ai réussi à le sortir. Encore une fois, c'est maladroit, encore une fois, c'est pas de la façon dont je e désirais. Encore une fois, je ne prétends pas avoir la science infuse. Je suis imparfait, bourré de défauts, de contradictions, de faiblesses, de souffrances, de peurs, de désespoirs, de tristesses. Mais je ne suis pas que cela, loin de là. Je suis qui je suis, ni plus ni moins. Comme chacun d'entre vous, comme chacune d'entre vous. Et surtout comme ma maman l'est également, qu'elle le veuille ou non, qu'elle l'accepte ou non, qu'elle le voit ou non. Et si, elle ne le voit pas, ne le veut pas, ne l'accepte pas, ne le comprends pas, moi si. Et c'est ce qui nous différencie l'un de l'autre...

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