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Mes Univers
3 août 2017

Introspection familiale :

X1J'aimerai rajouter ceci à propos de mes deux « textes familiaux » intitulés « Un homme, un fils » et « Ma famille et l'argent » afin d'en tourner définitivement la page. Une fois encore, j'ai pris tout mon après-midi pour cela, mais cette fois, au terme de ce texte, j'aurai évoqué tous les aspects que je souhaitais mettre en lumière. Ensuite, ce ne sera plus de mon ressort.

Car je dois bien avouer que ces rapports entre les uns et les autres au sein de ma famille pèsent lourdement. Ils sont, chez moi, vecteurs d'énormément de souffrances, de peurs, d'isolements, de désespoirs. A un point dont les personnes concernées n'ont aucune conscience, aucune idée. Celles-ci me plongent en effet, lors des situations que j'ai présenté, dans des affres des tourments qui ne guérissent jamais. Qui, au contraire, sont constamment ravivées. Qui mettent mes chairs à vif. Qui déchirent mon âme et mon cœur au-delà du supportable. C'est d'ailleurs aussi pour cette dernière raison que j'y réagis avec autant d'émotions. En plus de tout ce que j'ai expliqué précédemment.

Si je suis aussi sévère avec les membres de ma famille, ce n'est pas pour les affliger. Ce n'est pas pour les peiner ou les blesser. Ce n'est pas pour que les gens qui lisent mes écrits à leur propos s'imaginent qu'ils sont des monstres ou dénués de sentiments. Ce n'est pas vrai. Chacun réagit aux événements auxquels il est confronté en fonction de ses moyens, de ses capacités, de son passé, de sa personnalité, etc. Je suis assez bien placé pour en être pleinement conscient puisque je ne cesse de clamer cette évidence au fil de mes récits – personnels ou non.

Ai-je dit que c'était simple, évident, facile ? Non plus. Là aussi, je suis le premier à en être conscient, et o combien !!! Ai-je dit que l'on était capable de vaincre ses propres démons, son vécu qui vous a marqué au fer rouge durant des années ou des décennies, sur un simple claquement de doigt ; du jour au lendemain ; voire en quelques semaines ou quelques mois ? Non plus il me semble. C'est un travail sur soi de longue haleine. C'est par une introspection sans concession, sans minorer le négatif au profit du positif – et vice-versa -, en prenant conscience de ses qualités et de ses défauts, de ses forces et de ses faiblesses, de ses bonheurs et de ses malheurs, de ses victoires et de ses défaites, etc. qu'on y parvient.

Ce n'est pas en édulcorant la réalité, la vérité, les innombrables facettes de l'individu qu'on est, que cette introspection est possible et faisable. Ce n'est Pas en niant le fait que l'on soit un être complexe, paradoxal, soumis à de nombreuses manières de se confronter à la réalité de sa condition, qu'on y réussit.

Et mème lorsqu'on entreprend ce chemin vers la connaissance de soi-même – et des autres, par la même occasion -, on n'y parvient pas forcément toujours entièrement. C'est plutôt rare en fait. On ne réussit pas non plus à vaincre l'ensemble de ses démons. Jamais. Certains oui. Davantage chez un certain nombre de gens, moins chez d'autres. A chaque fois à sa façon, en fonction de ce qu'on est, de ce qu'on peut, etc. Ce que je peux dire en tout cas, du fait de ma propre expérience, c'est que c'est une route éminemment solitaire. Elle est semée d’embûches, de peurs, de souffrances, de désespoirs, de violences morales et psychologiques, d'incompréhensions, d'intolérances, de ressentiments. C'est un véritable parcours du combattant que chacun est susceptible d'entreprendre à tout âge, de quelque milieu qu'il vienne, quel que soit le regard qu'il porte sur lui-même ou sur les autres. La seule question qui vaille d'être posée, en fait, est celle-ci : est-ce que je le veux vraiment ? Est-ce que je souhaite que les choses changent véritablement dans ma vie afin de me sentir plus en accord avec moi-même et avec mon entourage ?

En ce qui me concerne, c'est le cas. J'ai même compris, au fil des années, que c'était une nécessité vitale pour moi. Que si je n'effectuais pas cette démarche – autant que possible, et autant que j'en étais capable ; car cela ne veut pas dire que je résoudrai tout ce qui me touche, me bouleverse, me blesse, au terme de mon existence -, je finirai détruit par ce que j'ai détaillé tout le long de mes deux textes précédents. Oui, ces secrets, ces non-dits, ces chuchotements, ces relations empreintes de domination-soumission, de bras de fers continuels, etc. m'épuisent psychiquement, physiquement, moralement. A chaque fois, j'y laisse un peu de moi-même, un peu de mon âme, de mon cœur, de l'homme que je suis réellement et que je ne peux dévoiler qu'au travers de mes écrits. Quand j'y songe, et comme je l'ai exprimé hier, à chaque fois, c'est un peu comme si mes proches, par leur façon de se comporter à mon égard, me condamnent à me replier sur moi-même, et de là, à mourir un petit peu plus chaque fois.

Je suis sévère, je le sais. Et comme je l'ai déjà spécifié, moi non plus je ne suis pas exempt de défauts, de maladresses, de provoquer des blessures ou de la tristesse chez ceux et celles que j'aime et qui m'aiment. Je ne suis pas le plus malheureux du monde non plus. Comme tout un chacun, je suis un homme, avec ce qu'il porte un lui, ni plus ni moins. Ce fait est en permanence présent dans mon esprit ; en permanence ; mème dans les pires moments auxquels je suis confronté.

Vous, lecteur et lectrice qui lisez ces lignes – qui avez peut-être lu, ou qui lirez peut-être – les différents épisodes que je relate dans mes « Mémoires », en plus des textes d'hier et d'avant-hier, découvrez la multiplicité des aspects qu'est ma vie, ma personnalité, mon passé, etc. J'ai vécu énormément de choses. Toutes ces expériences ont forgé l'homme que je suis aujourd'hui. Elles m'ont appris dans beaucoup de domaines. Il y a néanmoins un ou deux points sur lesquels j'aimerai insister pour terminer cette page : comme vous l'avez constaté, les relations entre les différents membres de ma famille sont constellés de non-dits, de secrets, de mensonges, d'omissions. Si je suis si virulent, si prompt à dire tout haut ce que ses protagonistes pensent tout bas, agissent sans vouloir que leur image soit détériorée, c'est parce que cette façon de procéder que je subis depuis ma plus tendre enfance, me fait souffrir. Elle me rends malheureux, elle m'anéantit, elle me détruit.

Je sais que quand les membres de ma famille se comportent ainsi, ils n'y songent pas. Ce sont des choses qui leur passent au-dessus de la tète. Il faut avouer que l'aspect « psychologique » et « émotionnels » de nos rapports est la dernière de leur préoccupation. En pragmatiques et matérialistes forcenés qu'ils sont, ce sont des aspects qui les dépassent souvent. Pour eux, c'est « de la prise de tète » inutile et sans objet. L'essentiel n'est pas là.

Ce qui, évidemment, n'est pas le cas pour moi. Au contraire, et c'est là le fossé qui me sépare d'eux, à mes yeux, c'est ce qui compte le plus. Je souhaite avoir les rapports les plus harmonieux, les plus apaisés, c'est vrai. Mais pas au détriment de la personne que je suis réellement. Pas au détriment de ce que je ressens véritablement. Pas en mentant, pas en me soumettant pour être en accord avec l'image qu'ils voudraient avoir de moi. Pas en m’enchaînant au pouvoir de l'argent dont ils sont dépendants. Pas en confondant le respect des anciens avec la docilité et l'asservissement. Pas en amalgamant l'amour à la sujétion et à l'obéissance aveugle. Pas en identifiant l'estime que l'on a pour les siens avec la discipline et l'autorité castratrice.

A force d'observer, de réfléchir, à la façon dont nos rapports fonctionnent, j'ai compris une chose essentielle, vitale - en tout cas pour moi - : ce rapport de force perpétuel est, non seulement nocif, destructeur pour tous, mais aussi et surtout, contre-productif. Il en résulte l'effet inverse de celui que l'on désire obtenir. Quand j'y songe, je trouve cela terrifiant. Ce n'est pas parce que l'on a l'habitude de se comporter d'une certaine manière que celle-ci est bénéfique.

Bien-sûr, je me répète : on ne peut tout modifier en soi, on ne peut pas tout faire évoluer. Mais, dans certains domaines, on peut quand même, si ce n'est réussir, du moins essayer et en acquérir un minimum de bienfaits.

C'est ce qui me mets le plus en colère vis-à-vis des membres de ma famille. Ils me demande de faire des efforts, d'être plus souple, plus conciliant, à leur endroit. Quand eux-mêmes ne mettent pas en pratique ce qu'ils m'imposent de faire. Les exemples cités hier et avant-hier parlent d'eux-mêmes.

La notion d'age, en outre, est un faux prétexte. C'est pour éviter de faire soi-même ce qu'on exige de l'autre. C'est une excuse pour se défausser. Car, de par les nombreuses personnes de tout ages que j'ai fréquenté dans tous les lieux où je suis passé, j'ai constaté qu'il n'y avait là rien d'impossible. Mème des personnes de l'age de ma grand-mère, parfois, et par la force des événements, sont contraintes de bousculer leurs certitudes et leurs habitudes. Je me souviens encore de mon arrière grand-mère maternelle ou de mon grand-père paternel qui, s'ils n'avaient pas son age, étaient tout de même au crépuscule de leur existence, qui ont dû s'y soumettre. Tous deux ayant vécu chez eux depuis toujours, et qui, du jour au lendemain, ont été contraints de déménager dans des environnements totalement nouveaux, déstabilisants.

Ce n'est pas propre aux miens d'ailleurs. Chaque famille y est un jour confronté, malheureusement.

Il est évident que je ne souhaite pas en arriver à de telles extrémités pour ma grand-mère. Loin de moi cette idée. Mais, comme vous l'avez compris dans mes textes précédents, sa rigidité du fait de son statut social de jadis, du regard qu'elle porte sur elle même et sur les autres, est un facteur de troubles. Ses rapports à l'argent, susceptible de tout acheter, y compris les personnes de son entourage, est révoltant. Combien de fois, « pour avoir la paix », alors que j'étais en souffrance, que je demandais juste un peu d'attention, de tendresse, d'écoute, on m'a fait un chèque ou offert un objet quelconque afin de me « faire plaisir », et surtout, pour se débarrasser de mes états d'âme » gênants.

C'est non seulement révoltant, mais c'est aussi humiliant. Et vecteur d'encore plus de souffrances que je n'en n'ai à l'origine de la situation. Dès lors, quand je m'en suis rendu compte, comme je l'ai indiqué hier, j'ai réalisé que ce ne pouvait plus durer ainsi. Quitte à souffrir, autant souffrir en me battant contre cet état de fait que l'on m'imposait, plutôt qu'en étant soumis et contraint à être quelqu'un que je ne suis pas. D'où les altercations régulières que j'ai avec ma mère ou ma grand-mère se terminant par des cris et par des larmes.

Car, à mes yeux, c'est là que se trouvent ma dignité, mon respect vis-à-vis de moi mème et des autres, ma pudeur, mon identité, et mon honorabilité. Pas par le fait que je sois aisé financièrement ou pas, pas par le fait que je sois instruit ou pas, que j'ai voyagé ou pas, que je vienne de tel milieu socio-culturel ou pas, etc. Tout ceci, à mes yeux, est petit, minable. C'est faire bien peu cas de la véritable valeur que l'on s'octroie en tant qu'être humain. Si c'est au travers de ce qu'on possède, de son métier, de son compte en banque, que l'on mesure sa dignité, le respect que l'on a de soi-même et des autres, c'est que l'a considération de soi et des autres est mesquine, pauvre, pitoyable. Et qu'on ne compte pas sur moi pour y souscrire. Que ce soit au sein de mon milieu familial, ou avec n'importe qui d'autre.

Un exemple qui me tient particulièrement à cœur vis-à-vis des membres de ma famille, est parlant. Le respect que j'ai de ma mère et de ma grand-mère ne se mesure au fait que j'ai cinq minutes de retard parce que j'ai besoin de ce laps de temps pour effectuer une coupure nette à ce que j'écris. Ces minutes, elles me sont essentielles pour pouvoir ensuite reprendre mon récit sans que les idées que j'y développe ne soient « cassées » par la précipitation. Ça, elles ne l'ont jamais admis, compris, accepté. Or, n'importe quel écrivain vous le dira, s’arrêter d'écrire dans la précipitation est le meilleur moyen de d'anéantir l'ensemble du texte.

Cependant, à leur regard, peu importe. Le plus important est que je sois présent en temps et en heure, plutôt que je travaille bien sur le texte que je rédige ; plutôt que celui-ci soit conforme à la forme et au fonds que je souhaite lui donner. Des heures, des jours, des semaines, d'acharnement, de concentration, de réflexion, de relectures, de corrections, etc. éventuellement détruites pour cinq minutes qui me sont nécessaires pour avoir l'esprit libre et pleinement avec elles.

Le pire, voyez vous, c'est que ma mère, en lisant ces mots, va certainement acquiescer à la réflexion sous-jacente à ce raisonnement. Elle va comprendre le message que je désire lui faire passer. Néanmoins, il est tout de même triste que ce soit par ce moyen et sous cette forme que je tente de lui faire entendre raison. Mais, surtout, la prochaine fois que nous serons face à face, dans le genre de situation qui me fait tant souffrir, pleurer, qui me blesse tant, ses « bonnes vieilles habitudes », ses « réflexes conditionnés » vont reprendre systématiquement le dessus. La bonne volonté déclarée va faire place au visage impérieux, au ton intransigeant, qui est le sien dans ce genre de circonstances. Elle excusera tout à ma grand-mère, mème sachant que celle-ci profite de son statut de personne la plus âgée de la famille, ou de son statut de plus « aisée financièrement ».

Et là, on n'est plus dans le respect, d'elle-même, de ma grand-mère, ou de moi, mais dans la soumission, dans la dépendance, dans l'humiliation, dans la violence psychologique. Je m'y refuse. Je ne joue plus à « l'enfant » soumis, servile. Avec qui on fait ce qu'on veut parce que je suis le seul homme Parce que mon métier est en dehors des « normes » admises dans ma famille. Parce que le respect que je lui dois se résume à ça.

Le respect, c'est d'être là quand, aux pires heures de leurs existences, il n'y avait pratiquement personne d'autre sur qui s'appuyer. Quand je les écoute, quand je partage avec elles des instants privilégiés. Quand, à l'époque où ma mère était en difficulté face à mon père, je l'ai soutenu à bout de bras alors qu'elle était à bout de forces. Quand ma grand-mère a vu son mari disparaître et que j'ai été à ses cotés. Quand toutes deux ont été dévastées par la mort de mon petit frère Aymeric. J'ai été là parce que les liens que nous avons sont plus puissants que ces clivages anodins qui se présentent dans chaque famille. Qui sont des éléments normaux des échanges intergénérationnels, qui nous différencient les uns des autres. Mais pas dans ces anecdotes du quotidien qui, une fois terminées, tombent aux oubliettes.

Alors non, en tant qu'adulte, responsable, assumant entièrement la personne qu'il est, je le droit, le devoir, d'être regardé en tant que tel. Ma voix a autant de valeur, a autant d'arguments, a autant d'importance, que celle de ma mère, de ma grand-mère, ou que celle de ma sœur. Or, tant qu'elles ne l'auront pas admis, tant qu'elles ne l'auront pas accepté, tant qu'elles ne l'auront pas compris, et surtout, tant qu'elles ne l'auront pas intégré dans leur comportement à mon égard, il y aura toujours des cris et des larmes. Il y aura toujours, de ma part, des paroles dites tout haut, qu'elles chuchotent pour ne pas heurter la personne à qui elles sont destinées. Il y aura toujours des clash parce que je ne me soumettrai pas aux diktats que j'ai décris précédemment. Et surtout, je me mettrai toujours à l'écart des conversations où je n'ai aucune place parce que les sujets abordés ne sont pas faits pour que l'on échange ensemble. Ils sont juste fait pour se soumettre à la toute puissance de ma grand-mère et de son statut de « privilégiée ». Ça, ce n'est pas du respect.

Si c'est pour jouer à la plante verte qui fait joli dans un coin, ce n'est pas ma conception du dialogue, de l'échange, du partage, de la convivialité. Dans ce cas, je préfère aller écrire sur mon ordinateur, aller discuter avec un(e) correspondant(e) sur Facebook, aller dans ma chambre pour regarder un bon film ou lire un bon bouquin. Le respect, c'est quand on est ensemble, que toutes les voix puissent s'exprimer d'égal à égal. C'est d'avoir autant de considération pour celui qui travaille la terre que celui qui manipule les mots. C'est de parler autant des écrits de son fils que des chevaux de sa fille. C'est de parler autant des repas ou des voyages de sa grand-mère que des émissions culturelles ou des films que son petit-fils a visionné dernièrement. C'est d'avoir autant d'attention pour les uns que pour les autres, sans distinction d'age, de profession, de lieu.

C'est aussi ne pas dénigrer l'un par derrière tout en étant mielleux avec lui par devant. Ce n'est pas en s'enorgueillissant de ce qu'a été sa vie, ses expériences, qu'on a plus de valeur ou qu'on mérite davantage de respect qu'autrui. Ce n'est pas parce que les gens qui sont autour de la tablée n'ont pas les mêmes moyens, n'ont pas les mêmes ambitions, n'ont pas les mêmes professions, n'ont pas le même « lustre », qu'ils sont moins honorables et que ce qu'ils partagent à moins d’intérêt.

Je le dis haut et fort, je m'élève avec la plus ferme des virulence contre cette façon de procéder. Si je suis obligé de participer à ce genre d'échanges, je ne me tais pas. Alors, je préfère m'en retirer. Parce qu'il s'agit là d'un manque de respect flagrant, dont les gens qui viennent chez ma mère pour boire un verre n'ont pas conscience. Combien de fois, dès qu'ils ont le dos tourné, ma grand-mère les dénigre. Ma mère laisse faire, pour « avoir la paix », parce que ma grand-mère « est vieille », qu'elle a « le privilège de l'age ».

Non. J'en souffre. Autant pour moi lorsque c'est moi qui suis particulièrement visé. Autant pour ces amis de ma mère, véritables. Que pour ces « amis » de ma grand-mère qui n'ont de véritable valeur qu'à hauteur de leur statut social ou de leur compte en banque.

Car, voyez-vous, se promener, ou inviter à dîner le maire, l'ancien maire, de la commune où on habite, est honorable. Un ancien médecin, une ancienne avocate également. La conversation est agréable, riche, passionnante, aux yeux de ma grand-mère. Par contre, manger en compagnie de « gens du commun », ouvriers, agriculteurs, petits artisans, etc. est peut-être acceptable. Mais ils peuvent être dénigrés, rabaissés, humiliés, une fois la porte refermée. Et ça, ma grand-mère ne s'en prive pas.

C'est contre cette médisance, contre cette hypocrisie, que ma mère laisse faire parce qu'elle aussi, « veut avoir la paix ». Comme je l'ai dit, ma mère a vécu beaucoup de choses dures dans sa vie. Et, elle aussi, commence à prendre de l'age. Elle aussi souhaite obtenir, enfin, sa tranquillité, sa sérénité, c'est naturel. Mais, selon mes observations, la façon dont elle s'y prend n'est pas la bonne. Au contraire, à trop vouloir ménager ma grand-mère, elle ne fait qu'attiser les tensions. Elle ne fait qu'entretenir les dissensions. D'autant qu'elle en souffre autant que moi – voire davantage peut-être puisqu'elle vit avec elle au quotidien. Elle ne peut pas avoir les activités qu'elle souhaite autant qu'elle le souhaite parce que ma grand-mère se sent dès lors délaissée. Ma mère préférerait aller lire au lit le soir, plutôt que de visionner des séries télévisées maintes fois vues et revues que ma grand-mère affectionne et dont elle ne se souvient plus les avoir déjà vu. Mais non. Elle préférerait des repas sans « mettre les petits plats dans les grands », en toute simplicité. Mais comme c'est ma grand-mère qui fait les courses, elle se soumet à son menu. Evidemment, puisque c'est ma grand-mère qui paye tout.

Je ne suis pas d'accord. Ce n'est pas rendre service à ma grand-mère. Le lien qui les unit est faussé. Le lien qui nous unit tous est teinté d'hypocrisie, de faux semblants, de contraintes, de souffrances. Ce n'est pas parce que ma grand-mère vit ses dernières années – hélas – qu'elle doit imposer sa loi. Au contraire, elle devrait être heureuse, consciente, qu'elle a ce privilège que tant et tant de gens de son age n'ont pas : celui d’être entourée, de vivre au milieu des siens, d'avoir la liberté d'avoir un chez soi sans finir ses jours dans une maison de retraite ; seule et abandonnée. Elle devrait avoir de la considération pour ses proches qui prennent soin d'elle, qui se soucient de sa santé, de son bien-être. Et ma mère, au lieu de lui ouvrir les yeux « en douceur » - car il y a une manière de faire tout de mème -, jusqu'au bout, elle se soumet ; et m'oblige à me soumettre aussi.

Non, je dis non, et je redis non, encore et encore. Et je m’élèverai autant que possible, autant que j'en ai les moyens, les capacités, contre ce totalitarisme familial. Ma mère s'est délivré de la soumission que lui a imposé mon père, pour s’enchaîner à une soumission bien plus pernicieuse et sournoise encore. Celle où les liens du sang entrent en ligne de compte. Je pensais que l'expérience qui a été la sienne durant plus de 40 ans avec mon père lui servirait de leçon. Mème pas. Là où moi j'ai appris, j'ai compris, qu'il ne fallait pas reproduire ce processus qui se perpétue de génération en génération, elle contribue à sa propre souffrance ; et à la mienne par la mème occasion.

Je vois que je me suis, une fois de plus, laissé emporter par mes pensées que j'ai dès lors couché sur le papier. C'est plus fort que moi. Écrivain je suis, écrivain je demeure. Mon introspection, mes réflexions, me conduisent là où elles veulent, malgré moi. Mes mots me portent...

Toutefois, pour conclure, et définitivement cette fois car demain retour au Nazisme, aussi maladroit, aussi sévère, aussi franc et direct suis-je, j'ai appris de mon passé où le secret était roi, où le non-dit était souverain, ou les chuchotements étaient de rigueur, que c'était extrêmement dévastateur. En fait, il n'y a rien de plus destructeur, et les déflagrations engendrées peuvent s'étendre sur des années, des décennies, et peuvent être irréversibles. Et je ne veux plus, je n'en peux plus de cela. Et autant moi, je fais mon travail personnel de mon coté pour y remédier. A mon rythme, à ma façon, en fonction de mes capacités et de mes possibilités, de qui je suis, de mes forces et faiblesses, etc. J'avance, je progresse ; pas autant que je souhaiterai, ou qu'elle l'attend de moi. Mais je le fais.

Autant ma mère, autant ma grand-mère, je les aime du plus profond de mon cœur et de mon âme. Elles font partie de moi. Je ne serai pas l'homme que je suis aujourd’hui sans elles. Nous avons vécu beaucoup de choses, d'épreuves, de joies, de bonheurs, de souffrances, ensemble. Je ne sais pas si elles se rendent compte à quel point je tiens à elles. Sinon, tout ce que je dis et j'écris en ce qui concerne nos relations parfois tumultueuses n'auraient pas tant d'importance à mon regard. Je ne l'écrirai pas. Je le passerai sous silence, en me contenant de passer outre, et de vivre ma vie sans m'en préoccuper.

Cependant, elles ont leur travail à faire. Il n'est pas trop tard. Ce n'est pas impossible. Et surtout, cela n'a rien à voir avec le respect que je leur dois, naturellement. Je l'ai dis, celui-ci se situe à un autre niveau. Et ce n,'est pas déroger au respect que je dois à ma grand-mère, a celui que ma mère doit à ma grand-mère, que de rééquilibrer les rapports que nous avons les uns avec les autres. Car vu comment ils évoluent au fil des années, j'en souffre de plus en plus. Je suis de plus en plus déchiré. Je suis de plus en plus violenté par cette situation. Et cette fois, c'est à ma maman, et à ma grand-mère, de montrer qu'elles veulent que les choses changent… véritablement...

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