Brèves Philosophiques, pages 159 à 160 ; Amalgames, aveuglements et simplification, troisième partie :

Combien de fois extrémistes juifs et musulmans se sont déchirés à propos d’Israël et de Gaza ? Quand un attentat était commis d'un coté, l'autre répliquait automatiquement, systématiquement, sans chercher à trouver un moyen d'élaborer une paix durable ? Combien de fois l'un et l'autre ont usé – usent – de la surenchère et de la provocation ? Combien de fois, en France, les communautés spécifiques qui la composent ont été – sont – partie prenante, alors qu'elles – que nous – n'y sommes pour rien en France et en Europe.

En fait, quand je dis que nous n'y sommes pour rien, ce n'est pas tout à fait exact. Et c'est là où je veux en venir finalement. Où que se déroulent les événements dramatiques auxquels sont confrontées les régions du monde en proie à la guerre, aux attentats, aux extrémismes idéologiques ou religieux, aux tensions de toutes sortes, nous sommes tous concernés par ceux-ci.

Car, d'une manière ou d'une autre, ils influent sur le cours de nos existences. Souvent, de très loin : par ce que nous en voyons aux informations télévisées ; par ce que nous en lisons dans nos journaux papier ; par ce que nous en découvrant sur Internet, et plus encore, sur les réseaux sociaux. D'ailleurs, en ce qui concerne ce dernier média, il s'agit surtout de propagande, de contre-vérités, de rumeurs – volontaires ou non -, d'approximations, ou d'amalgames.

Si je rédige, à chaque fois que j'aborde des thèmes ayant un lien avec la politique, la religion, les faits de société, l'Histoire, la philosophie, etc., c'est parce qu'ils sont complexes à traiter. Ils sont tout en nuances, en facettes diverses, multiples. Ils touchent à des aspects de notre société, de notre mode de vie, de notre mode de pensée, de nos acquis, de nos espoirs, de nos aspirations, de nos ambitions, hétérogènes. Et ils ancrent leurs origines, leurs pourquoi et leurs comment, profondément en leur sein. Les décrypter, les analyser, y réfléchir en tenant compte de l'ensemble de divergences, de leurs distinctions, de leurs contradictions, et de leurs paradoxes, est essentiel… pour ne pas dire vital. Il n'y a qu'en étant informé de ce qu'ils dissimulent que l'on peut être le plus objectif possible. Quoiqu'il soit humainement impossible de l'être entièrement.

Cependant, je constate que la grande majorité des personnes qui lisent mes textes – et encore plus ceux et celles qui les survolent ou en contemple distraitement les illustrations – se contentent de simplifier à l’extrême leurs jugements. Elles ne s’embarrassent pas de leurs modalités historiques, politiques, économiques, religieuses, sociales, que sais-je encore. Non, leurs discernements sont bridés par leurs émotions, par la colère qui les anime face à une telle barbarie. Elles se laissent emporter par leur colère, par leur effroi, par les images qu'on leur ressasse en permanence afin de diriger leurs convictions, leurs ébranlements dans telle ou telle direction. Afin qu'ils se transforment en pantins dont on tire les ficelles. Afin que les partis politiques en place, afin que les multinationales profitant de leur naïveté, de leur crédulité, de leurs inquiétudes, de leurs fragilités, puissent perdurer.

A suivre...