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1 octobre 2017

De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux, pages 908 à 910 / 1803

X1France, XIVème siècle :

 

Vers 1300, une inquiétude diffuse saisit les esprits. La démographie plafonne et la population commence à décroître. Le nombre d’enfants par famille diminue ; on se marie généralement plus tard, ce qui réduit encore la période de fertilité des couples et augmente le nombre des célibataires. En outre, des difficultés de subsistance apparaissent : tout a été mis en culture, mme les terres les plus pauvres ou les plus froides. Tout est occupé par les céréales – seigle, orge, méteil – nécessaires pour procurer à tous le brouet et la galette que quelques oignons ou un morceau de lard enrichissent à peine. Les autres cultures et l’élevage sont réduits à la portion congrue.

 

Le seul résultat de la mise en culture des mauvaises terres est, en fait, l’abaissement général du rendement de l’agriculture. Une série de mauvaises récoltes, provoquées par une succession d’étés pluvieux, entraîne le retour de la famine. Même les grandes villes drapières flamandes – Gand, Ypres et Bruges -, pourtant exceptionnellement riches, voient disparaître une partie de leurs populations – 10 % de la population d’Ypres en six mois,. La rareté fait aussi augmenter les prix alors même que la dépression continuelle dans les villes provoque le chômage et la baisse des salaires.

 

Mais, surtout, un autre mal frappe la France et les contrées qui l’environnent. Les heurts fréquents qui opposent la France et l’Angleterre depuis 1291 prennent, au fil des ans, la tournure d’une véritable tragédie. Pour lever les armées qu’exige cette lutte interminable, les rois mettent en place un nouveau circuit de prélèvement, celui de l’impôt national, qui vient se superposer à celui de la seigneurie pour écraser encore plus les campagnes. Celles-ci subissent en outre des destructions, car la guerre franco-anglaise s’étend, par alliances successives, à l’Ecosse, aux Pays-Bas, à l’Espagne. Les circuits économiques sont totalement désorganisés : les foires de Champagne périclitent et les grandes banques florentines, qui prêtent imprudemment d’importantes sommes aux belligérants des deux camps, font faillite dans les années. A cela s’ajoute un nouveau fléau : la Peste, qui frappe aveuglément et décime des villages entiers.

 

L’évolution de la population est contrastée et violente en milieu urbain. La montée des salaires désorganise les métiers, qui réagissent en renforçant leur protectionnisme. L’accès à la maîtrise est restreint et la condition des valets et des apprentis, autrefois futurs maîtres, se rapproche de celle des ouvriers. Des luttes violentes s’engagent entre les différents métiers, qui n’ont, ni les mêmes intérêts, ni les mêmes attitudes – les tisserands et les foulons des villes flamandes, par exemple -. Pour contourner le protectionnisme des métiers urbains, l’artisanat se développe dans les campagnes et les villages : les milices des grandes villes flamandes brûlent alors plusieurs rivales potentielles qui n’observent pas leurs réglementations. Mais, dans les pays où l’industrie a été jusque là relativement faible, cette mutation est une réussite. Les draps normands, fabriqués avec les techniques modernes, interdites dans les villes, viennent concurrencer le prestigieux drap flamand.

 

En fait c’est une diversification de l’économie qui s’ébauche : contre les positions acquises et les protectionnismes, il faut innover. Certains domaines connaissent alors des progrès technologiques spectaculaires : la verrerie et les diverses métallurgies, avec la mise au point du haut-fourneau, le textile, avec la roue à ailette et le moulin à foulon. La rareté des métaux précieux encourage l’exploitation des mines, faisant la fortunes des régions limitrophes de la France du Nord. Pour les galères qui assurent depuis le début du siècle la liaison entre la France du Sud et l’Europe du Nord-Ouest en toute saison, pour les gros porteurs basques et catalans qui sillonnent l’Atlantique comme la Méditerranée, fréquentant les Açores et bientôt les Canaries, les techniques de construction maritime progressent, elles aussi, de façon remarquable.

 

En même temps, les question de financements prennent une nouvelle dimension. La couronne est au-dessus du roi, qui, lui même, ne doit rendre des comptes qu’à Dieu et à la « communauté du royaume ». Les règles de succession doivent être fixes et stables, les finances saines, et les lois justes.

 

A la même époque, aussi, le mathématicien et philosophe Nicole Oresme rédige un traité, « De la monnaie », où il affirme que les ressources propres du souverain doivent être distinctes des finances publiques, et que la monnaie doit être stable. Il permet cependant des « mutations » - dévaluations – monétaires, si c’est pour le bien du royaume.

 

De son coté, l’expérience chrétienne, sous l’impulsion des Ordres mendiants d’abord, puis des Mystiques, s’individualise. La pratique de la prière solitaire et, dans les couches cultivées de la population, celle de la lecture des livres d’heures ou d’ouvrages de dévotion se répand. A la crise qui secoue la société en tous sens, ses différentes composantes répondent par l’affirmation et l’approfondissement de leur identité. Cette société mouvante, fractionnée, est sensible aux idées nouvelles : la « dévotion moderne » des clercs des Pays-Bas, l’Humanisme des Italiens, s’implantent profondément en France. Tous ces mouvements accélèrent une mutation dans laquelle l’hérésie a sa part.

 

A suivre...

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