De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux, pages 986 à 987 / 1803 :

Portugal, première moitié du XVI^ème siècle :

En 1494, par le traité de Tordesillas, les royaumes d’Espagne et de Portugal se sont partagé les nouvelles terres explorées. Manuel I^er, roi de Portugal, qui succède à Jean II en 1495, prend rapidement conscience de l’urgence et de l’importance de l’enjeu : il s’agit de reconnaître les îles et les terres qui peuvent relever de sa zone, et de gagner sur l’Espagne cette course à l’occupation de terres nouvelles. Au-delà d’une certaine latitude Nord, la Couronne de Castille se désintéresse des explorations, tandis que les expéditions portugaises se déploient sur plusieurs axes.

Dès lors, un laboureur des Açores, associé à des marins de Bristol, prend la mer pour reconnaître de nouvelles cotes, vers l’Atlantique Nord. Cette expédition privée aboutit, en 1498, sur les cotes du Labrador.

En Mai 1501, le roi Manuel donne licence à un autre « Açoréen », Gaspar Corte Real, d’explorer les régions du Nord, afin de chercher un passage vers l’Inde. Corte Real parvient au Groenland, il suit les cotes de Terre-Neuve et du Canada, jusqu’au Saint-Laurent et l’Hudson, puis il disparaît corps et biens. Parti l’année suivante à sa recherche, son frère se perd à son tour.

Beaucoup plus fructueuses sont les expéditions menées dans l’Atlantique Sud : Vasco de Gama, puis Pedro Alvarez Cabral sont chargés d’explorer la route du cap de Bonne-Espérance, ouverte par Bartolomeu Dias en 1487.

Le 8 Juillet 1497, Vasco de Gama quitte Lisbonne, avec une mission militaire et diplomatique : il emporte une lettre destinée au souverain de Calicut, avec lequel le roi Manuel veut établir des relations commerciales. Le navigateur espère aussi retrouver ces chrétiens d’Asie que l’on croit très nombreux – la Tradition veut que l’Inde ait été évangélisée par l’Apôtre Thomas.

Vasco de Gama est à la tète d’une flottille de quatre bateaux. Le Saint-Gabriel est sous son commandement, le Saint-Raphaël sous le commandement de son frère, le Bérrio sous celui de Coelho. Le quatrième bateau transporte des vivres.

Bartolomeu Dias accompagne la flottille jusqu'à Saint-Georges de la Mine. Interprètes, soldats, écrivains de bord sont du voyage, ainsi qu’un groupe de proscrits : laissés sur place, ils tentent de s’intégrer à la population locale, et servent de liaison avec les Portugais qui vont s’installer par la suite.

Le 4 Novembre, la flotte arrive au Nord-Ouest du cap de Bonne-Espérance. Route difficile mais « classique », où, pour franchir les calmes équitoriaux, il faut se laisser emporter très loin vers l’Ouest, et obliquer ensuite vers le Sud. Le 7 Novembre, les Portugais touchent une baie qu’ils nomment « Sainte-Hélène ». Ils y font escale pour réparer les bateaux et se ravitailler. Le 22 Novembre, ils doublent le cap de Bonne-Espérance. Le jour de Noël, ils longent une terre qu’ils appellent « Natal », puis ils reconnaissent les côtes du Mozambique. Près de Mombasa, la population se montre hostile. Le 25 Avril, la flotte entre dans l’océan Indien, et elle jette l’ancre, le 20 Mai, près de Calicut.

La mission commence. Les Portugais veulent pratiquer le commerce des épices sans intermédiaires arabes. Vasco de Gama fait sa première visite au raja. On le mène jusqu'à un temple hindou, qu’il prend pour une église, tant il est persuadé d’avoir pris contact avec les « chrétiens de l’Inde ». Sa mission accomplie, il repart le 5 Octobre 1498, après avoir fait réparer ses bateaux. La traversée est pénible, l’équipage est décimé par le scorbut. A l’arrivée au Portugal, en Août 1499, la flotte n’a plus que deux vaisseaux.

Dès le retour de Vasco de Gama, le roi Manuel I^er décide d’envoyer une nouvelle flotte en Inde : beaucoup plus importante, elle comprend 13 navires, 1200 hommes. Il en confie le commandement à un gentilhomme de trente-deux ans, Pedro Alvarez Cabral.

L’expédition quitte Lisbonne le 8 Mars 1500, et passe devant les îles du Cap Vert le 22 Mars. Elle met le cap vers le Sud-ouest, pour amorcer la grande boucle qui permet d’éviter les eaux calmes au large de la Guinée, et elle rencontre les courant équatoriaux Est-Ouest. C’est alors, le 22 Avril 1500 – jour de l’invention de la Croix -, que Cabral aperçoit une terre, qu’il nomme « Ile de la Vraie Croix ». Quelques marins débarquent, tandis que le navire de vivres repart aussitôt, pour annoncer la bonne nouvelle au roi. C’est l’écrivain du bord, Caminho, qui rédige la lettre. Il y relate les principaux événements : la rencontre amicale avec les indigènes, l’érection de la croix, la célébration solennelle de la première messe. Il décrit la beauté innocente des indigènes, leurs armes, l’importance de la pèche, assure que les autochtones vont être faciles à évangéliser. Puis la flotte reprend sa route vers l’Inde, en affrontant une terrible tempête, et revient au Portugal, chargée d’épices, en 1501.

A suivre...