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24 janvier 2018

De Deiteus Mythica, le Mythe des Demi-Dieux, pages 1017 à 1018 / 1803

X1Colonies de l’Espagne, Amérique Centrale, première moitié du XVIème Siècle :

 

Amerigo Vespucci, le navigateur florentin reconnaît, au cours d’une expédition entre 1499 et 1502, les côtes du Surinam et du Brésil. Il adresse d’ailleurs à Laurent de Médicis une lettre traduite en latin en 1503 sous le titre de « Mundus Novus », ou « Nouveau Monde ». En 1507 est publié à Saint-Dié une relation des « Quatre Navigations ». Dans l’introduction, l’éditeur propose une division du Monde en quatre parties, Europe, Afrique, Asie, appelant la dernière « Amérique », en l’honneur d’Amerigo Vespucci.

 

A partir de 1510, les Espagnols progressent largement dans l’exploration des côtes de l’Amérique centrale et établissent des bases jusque dans l’isthme de Panama. De leur coté, les Portugais font du troc sur les rivages du Brésil. L’intérieur du Continent reste encore ignoré par les navigateurs, mais bientôt, la soif de l’or pousse les aventuriers, avides et miséreux, à pénétrer plus avant.

 

Car, la conquête du Nouveau Monde est la plupart du temps le fait d’expéditions privées : un capitaine signe un contrat – capitulacion – avec des marchands ou des banquiers, qui avancent les fonds et fournissent bateau, provisions et pacotille nécessaires au voyage. La Couronne se contente de donner des consignes générales et n’assume aucun risque. Sur les navires s’embarque un contrôleur des finances – « condator » -, chargé de veiller au « quint du roi » - un cinquième du butin revient en effet à ce dernier. Le capitaine partage la prise avec le commanditaire, puis répartit le reste entre ses hommes. Il lui faut beaucoup de bravoure, de justice et d’ascendant pour se faire respecter, car les occasions de conflits sont légion – l’équipage se livre au pillage lorsque le butin n’est pas à la hauteur des espérances, et le partage d’Indiens « repartimiento » est une source constante de disputes.

 

Ces conquistadors, avides d’or et d’aventure sont, pour beaucoup, originaires du centre et du Sud de la péninsule Ibérique, et un tiers seulement sont d’origine noble. Et conformément à la tradition féodale, le chef reçoit une concession de terres – « encomienda » - et le droit de percevoir un tribut sur les indigènes – prérogatives calquées sur les avantages accordés lors de la Reconquista, lorsque le fait de prendre les armes a valu terre et titre de noblesse. En échange, le capitaine a l’obligation de se sédentariser et d’évangéliser les Indiens.

 

Le père de Bartolomé de Las Casas a participé au deuxième voyage de Colomb ; lui même débarque à Saint-Domingue, la plus ancienne des colonies espagnoles en Amérique, et y dévient d’abord « encomendero », propriétaire d’une « encomienda », exploitation concédée par la Couronne d’Espagne à des hommes qui réduisent les Indiens en esclavage. C’est là qu’il découvre la cruauté du travail forcé. Ordonné prêtre, il accompagne Diego Velázquez lors de la conquête de Cuba et assiste à d’effroyables massacres. En 1514, il renonce à son encomienda et s’élève contre le sort réservé aux Indiens.

 

Désormais, il veut consacrer sa vie à défendre leur cause. Il pense qu’une « bonne colonisation » est possible et, de retour en Espagne, il présente au roi Ferdinand une série de réformes. Il souhaite que soient fondées des communautés de paysans espagnols, dotées d’écoles et d’hôpitaux et auxquelles seraient adjoints des villages d’Indiens. Ceux-ci, en s’affranchissant progressivement, deviendraient les vassaux de la Couronne d’Espagne. Las Casas propose aussi l’implantation de contingents d’esclaves africains pour remédier au dépeuplement que la conquête a déjà provoquée. Mais il renonce bientôt à cette idée.

 

Las Casas tente de mettre en pratique ses convictions en fondant sur la cote vénézuélienne, une exploitation modèle où Espagnols et Indiens peuvent vivre en harmonie. Mais ce projet échoue, et renonçant à toute activité temporelle, il décide de rejoindre les dominicains. Infatigablement, il multiplie alors les prêches, les lettres et les livres afin de dénoncer la cupidité des conquistadors, le travail forcé – « la mita » - et l’extermination d’un peuple.

 

Las Casas réussit à se faire entendre. Déjà, le pape Paul III déclare dans sa bulle : « Les Indiens étant de véritables hommes, ils ne pourront être privés de leur liberté. ». L’évangélisation doit donc être pacifique, et l’excommunication doit frapper les trafiquants d’esclaves. Las Casas joue de son influence morale pour obtenir de Charles Quint qu’il place les Indiens sous sa suzeraineté directe, et le souverain fait promulguer une série de lois pour les protéger. Ces « lois nouvelles » stipulent qu’à la mort d’un encomendero les Indiens qui lui ont été confiés sont rattachés automatiquement à la Couronne d’Espagne. Le tribut que ceux-ci doivent payer doit rester modéré, l’ensemble des esclaves doit être libéré par les colons, et aucun travail ne doit leur être imposé contre leur gré. Enfin, aucune nouvelle encomienda ne va être attribuée.

 

A suivre...

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