Réflexion sur le 8 Décembre 2018

Au départ, je n'avais pas l'intention d'écrire de texte aujourd'hui - Dimanche est habituellement mon jour de repos -, d'autant que ces derniers jours, ces dernières semaines, ont été particulièrement éprouvantes pour moi pour de nombreuses raisons. Cependant, je me sens obligé d'intervenir afin de mettre un certain nombre de faits au clair.

Comme tout le monde, hier, j'ai assisté à ce qui s'est une nouvelle fois passé dans la capitale. J'ai aussi suivi sur Facebook les réactions et les publications qui y transitaient. En même temps, je me consacrais pour la première fois depuis des semaines, parce que les événements actuels m'en ont éloigné, à la reprise de la rédaction de mon livre sur les origines idéologiques et ésotériques du Nazisme. De même, parce que cette cause me tient personnellement à cœur, j'ai suivi le Téléthon, et j'y ai modestement contribué.

De fait, ce que j'ai constaté hier m'a profondément irrité. Depuis le début, je soutiens fermement la cause des Gilets Jaunes. Leur cause est juste, leur combat pour être entendus, écoutés, pour que la politique de notre président de la République et de son gouvernent change, est légitime.

Car, depuis son élection, ceux-ci suscitent la colère, le désespoir, du peuple. Ils se sont arc-bouté afin de maintenir "le cap qu'ils se sont fixé", jusqu’à pousser le peuple dans la rue. Ils ont favorisé les ^lus riches, en faisant porter tout l'effort sur les plus modestes, les plus fragiles, poussant les habitants des régions extra-urbaines délaissées, abandonnées, appauvries, à se manifester de la façon dont nous avons vu les effets.

Au-delà de la hausse de la taxe sur l'essence - qui est la goutte qui a fait déborder le vase -, c'est quarante ans de frustrations, de ressentiments, de désillusions, de peur de l'avenir, d'impuissance face à l'emprise d'un ultra-libéralisme, d'une mondialisation, qui ne profite qu'à quelques-uns, qui sont les moteurs de leur colère.Les plus modestes - dont je fait partie puisque je vis moi-même avec 800 euros par mois - se sentent écrasés, humilités, par ce système qui les broie sans état d'âme.

Leur colère et leur ressentiment est d'autant plus grand quand ils voient ces grands patrons de multinationales, ces actionnaires, qui s'en mettent plein des poches, alors que leurs ouvriers n'arrivent même pas à boucler leurs fins de mois. Quand ces mêmes ouvriers voient leurs entreprises démantelées, délocalisées, etc. Bref, rien que pour cet aspect des choses, j'aurai beaucoup à développer, et je l'ai déjà partiellement fait dans des articles datant de quelques mois ou de quelques années qui annonçaient les événements auxquels nous assistons aujourd'hui. Je peux d'ailleurs fournir les liens de ces articles à ceux et celles qui s'intéressent à ce que je pressentait alors.

En tout état de cause, si les violences ont été moindres hier - et en ordre plus dispersé -, c'est parce que les forces de l'ordre étaient plus nombreuses, et qu'elles ont changé leur tactique pour faire face aux "casseurs". Je souligne le fait que la grande majorité de ces casseurs, que ce soit en province ou à Paris, n'étaient pas liés au mouvement des Gilets Jaunes. Comme je l'ai moi-même constaté via les commentaires et les posts publiés sur Facebook, ils étaient le fait de membres de l'ultra-gauche anarchiste et de membres de l'ultra-droite désirant renverser la République et la Démocratie.

Les propos haineux, appelant à marcher sur l’Élysée, menaçant physiquement M. Macron, des ministres, des députés, sont inadmissibles, inqualifiables, intolérables. Je le répète haut et fort, je suis contre la politique menée depuis 18 mois par M. Macron et son gouvernement. J'en suis d'autant plus déçu qu'avec son élection ayant balayé les partis traditionnels, j'ai espéré que les choses changeraient vraiment. Ce n'est pas le cas ; c'est même pire qu'avant. Mais, M. Macron n'est que l'arbre qui cache la forêt. Ce à quoi nous assistons en ce moment au travers du mouvement des Gilets Jaunes et du soutien de 70 à 80 % de la population à ce mouvement, n'est que le résultat d'une quarantaine d'années où Gauche et Droite alternativement au pouvoir, ont poussé dans ce sens. C'est d'ailleurs la raison de la défiance des Gilets Jaunes, et plus largement du peuple, envers nos partis politiques, nos syndicats, etc. Parce que ceux-ci ont été impuissants, au fil des décennies, à ce qu'on n'en n'arrive là.

Est-ce une raison pour menacer physiquement notre président de la République, pour vouloir renverser la démocratie et la république ? Non. Heureusement, notre Cinquième République est dotée d'institutions assez fortes pour résister à ce genre de péril. Et pour ceux et celles qui l'oublieraient, le départ du Général de Gaulle en 1969 n'est pas lié aux événements de Mai 68, auxquels certains et certaines se réfèrent à propos du mouvement des Gilets Jaunes. Le contexte, les motifs, l'ampleur, n'étaient pas les mêmes. Et si le Général de Gaulle est parti, c'est du fait d'un référendum sur un tout autre sujet.

Par ailleurs, si les français sont mécontents, ils tiennent à notre république et à notre démocratie. Et je gage qu'ils les défendront corps et âme contre ces ultra-gauchiste et ultra-droitiste qui voient dans les mouvements sociaux d'aujourd'hui le moyen d'imposer leur vision de la société. Je rajouterai d'ailleurs, dans ce que j'ai moi-même constaté, que cette ultra-droite haineuse, vindicative, appelant à s'en prendre physiquement à M. Macron - une troisième fois, je répète que je ne suis pas pour la politique qu'il mène - ne veulent qu'un chose finalement : le remplacer par Marine LePen. Ils veulent un repli sur soi, un refus de la marche en avant de l'Histoire qui fait que la mondialisation, la construction européenne, sont des nécessités dont on ne peut se passer.

Comme je l'ai mentionné à quelqu'un hier, sinon, tout simplement, pas d'Internet, pas de Facebook, ou autres vecteurs qui sont depuis longtemps entré dans notre quotidien ; pour prendre des exemples simples et qui parlent à tout le monde. En outre, la mondialisation, a toujours existé d'une façon ou d'une autre. Les interactions économiques, scientifiques, culturels, idéologiques, entre nations, ont toujours existé. Depuis l'Antiquité, les échanges, par exemple, entre l'Angleterre et le Proche-Orient, à partir du 16e siècle, entre le Nouveau Monde et l'Ancien Monde, ont été essentiels dans nombre de domaines. Les flux migratoires qui les ont accompagné - on m'a reparlé de l'invasion prochaine de la France par les étrangers !!! J'hallucine !!! montre bien les idéologies qui se cachent derrière les membres de l'ultra-droite qui tentent d'utiliser le mouvement des Gilets Jaunes à leur profit.

Une partie de la journée d'hier, j'ai dû me battre mot à mot pour rétablir un certain nombre de vérités face aux fake-news que j'ai vu circuler sur Facebook. Ces individus qui prônent la haine, la violence, la peur, le rejet des institutions, sont dangereux. Pire, ils sont ignorants de la complexité et de la diversité des enjeux auxquels nous avons à faire. Leurs propos, leurs réactions, leurs revendications, non seulement, vont à contre-courant des demandes légitimes de la population au travers du mouvement des Gilets Jaunes. Les casseurs qui se manifestent à leurs cotés mettent en péril l'économie de notre pays, en une période particulièrement importante pour nombre de commerçants - de petits commerçants dont le niveau de revenus est aussi modeste que celui de l'ouvrier qui ne parvient pas à finir ses fins de mois -. Ils donnent une image détestable de la France au monde, alors que nous savons bien qu'une part de notre économie - toujours, le plus souvent liée à de petites entreprises - repose sur le tourisme.

Ces casseurs se trompent de cible, ce qui montre leur ignorance de ce à quoi ils vouent leur haine et leur ressentiment. Si leurs cibles étaient les multinationales, les actionnaires, les fonds d'investissements, qui s'enrichissent honteusement sur le dos des plus démunis, des classes moyennes qui s'appauvrissent de jour en jour, je comprendrais. Je n'approuverais pas leur violence, mais je la comprendrais. Mais ces petits commerçants sont autant victimes que les Gilets Jaunes qui combattent la politique de M. Macron et de son Gouvernement. En fait, je le répète, ils ne sont là que dans un but : renverser la République et la Démocratie pour mettre une Marine LePen à la place. Ils prônent le repli identitaire, économique, social, culturel, etc. qui conduit inévitablement, irrémédiablement, au déclin de la société et de la civilisation qu'ils pensent défendre.

Seul le dialogue, seule la raison, en continuant de faire pacifiquement au travers de manifestations, de blocages de routes, ou toutes autres formes de pression sur nos dirigeants pourront obliger ceux-ci à prendre en compte le désespoirs et les aspirations du peuple. Preuve en est que ces aspirations ne sont pas incompatibles avec la transition écologique, que des Gilets Jaunes se sont joint a la marche pour le climat.

Par contre, ce n'est pas en diffusant des fake-news, des propos violents, haineux, des revendications destinées à déstabiliser, a susciter la peur, que cette ultra-droite et cette ultra-gauche rallieront les gens à leur idéologie. Au contraire, ils ne feront que les braquer, ils ne feront qu'être l'objet de leur rejet.

Seul l'échange, des propositions concrètes pour améliorer les conditions d'existence des gens, tout en accompagnant les changements majeurs de notre société en matière de transition écologique, fonctionneront. Avec le peuple, et non contre lui. Non pas en se servant de lui pour d'autres causes qui n'ont rien à voir, et qui sont contre-productives, mais en l'écoutant, en accedant à ses besoins ses plus élémentaires pour qu'il ne se sente pas exclu de cette mondialisation qui est aujourd'hui l'un des piliers de notre civilisation. Car si nous n'arrivons pas à nous entendre, je crains non seulement le pire pour la France, mais pour notre planète qui saura nous rappeler qu'a force de la malmener au profit de nos intérêts partisans, elle, n'hésitera pas à nous balayer d'un revers de la main...