Angoisse

Nul ne peut échapper à don destin. Et moi, encore moins que les autres.

J'aurai beau me débattre, me démener, hurler "ne m'oubliez pas ; ne me négligez pas ; ne m'abandonnez pas.", rien n'y fait. Je suis et reste celui dont on se préoccupe en dernier. Je suis celui dont on se souvient quand on a un moment à combler. Je suis celui qui a beau déployer des efforts qui dépassent ses possibilités et ses capacité, rien n'a jamais changé, rien ne change. Rien ne changera jamais.

J'aime les gens. J'adore ma famille. Mes amis sont un pilier essentiel, vital, de mon existence. Sans toutes ces personnes à mes cotés, avec lesquelles j'ai la possibilité de discuter, d'échanger, de partager, je suis perdu, désespéré. Mon univers s'effondre, se disloque, se brise. C'est comme si Dieu, le Destin, me brisait, se riait de moi, me torturait.

Non seulement cela, mais davantage encore. Comme s'il rouvrait des blessures non cicatrisées. Comme s'il s'acharnait à les dévaster, à les bruler, à les exacerber.

Alors je pleure, je gémis. Mon corps est secoué de spasmes incontrôlables. Parfois, je suis la proie de convulsions me rappelant que je ne suis qu'un handicapé atteint de la maladie de Sturge-Weber.

Cette dernière, tapie dans l'ombre, n'attend qu'un moment de faiblesse, de souffrance, de stress, de ma part, pour me remémorer que ni le calme, ni la sérénité, ni la paix, n'ont chez moi droit de cité. "Ta place est à terre, soumis, humilié, oublié, l'esprit et le corps crucifiés", gronde t-elle. Elle me condamne, elle ma juge, fait le vide autour de moi. Puis, comme si ma destinée, pour elle, était une simple farce, me force à regarder en face mes peurs, mes angoisses, mes supplices, pour que leur ascendant soit toujours plus efficient.

Puis, vaincu, anéanti, le silence et la solitude - ces éternelles compagnes -, me précipitent au sein d'un abyme sans fond. D'où elles me sortiront prochainement pour rentamer ce jeu me conduisant en permanence aux frontières de la mort et de la démence...